Chargée de mission pour le compte du ministère français des Affaires étrangères, elle nous donne les raisons de sa présence aux Ecrans Noirs et livre ses impressions
Quelle impression vous a donné cette 14ème édition des Ecrans Noirs?
Au cours de mes activités ici, j’ai rencontré des étudiants et je leur ai demandé comment ils faisaient pour vois des films africains? Ils m’ont répondu que le festival «Les Ecrans Noirs» étaient pour eux une plateforme indiquée. Je pense que ce festival est aujourd’hui très important pour la promotion des films africains au Cameroun et que mis à part les projections qui se déroulent au Centre culturel français ou au Goethe Institut (qui régulièrement montrent des films africains), les films africains n’ont pas beaucoup de possibilité de diffusion. L’utilité des Ecrans Noirs, c’est de montrer des films africains.
Cette année encore le ministère français des Affaires étrangères soutient le festival les Ecrans Noirs, dans le cadre de sa politique globale de soutien aux productions audiovisuelles dans les pays du sud, en quoi consiste ce soutien cette année?
Parallèlement au travail de diffusion qui se déroule tout au long du festival, il y a des ateliers de formation. C’est ce volet qui me concerne. Nous donnons des formations à ceux qui en ont besoin, aux jeunes cinéastes et réalisateurs.
Vous avez vu quelques films réalisés par des Camerounais, quel est le jugement que vous portez sur ces productions?
Malheureusement en raison des difficultés de programmation, je n’ai pas pu voir de film camerounais. Donc je ne peux pas en parler, mais j’ai vu un film haïtien qui m’a beaucoup intéressé, «Les amours d’un Zombie», assez complexe. C’est un film très fantaisiste et certainement au deuxième degré. Ce qui m’a marqué sur ce film, c’est que ça m’a emmenée ailleurs. J’ai trouvé intéressant d’être baladée.
Quel bilan faites-vous du soutien de la France aux productions audiovisuelles des pays africains depuis 40 ans?
Le ministère (des Affaires étrangères) a reçu de très nombreux films qui ont été produits à travers l’accompagnement de ce cinéma africain où on était conscient qu’il y avait beaucoup de talents, mais qui dans un contexte économique difficile ne pouvait pas passer. Récemment avec le Fonds d’Aide Image Afrique qui était un fonds d’aide en production cinéma, on a aidé 420 télévisuels et à peu près 510 films. Ce n’est pas suffisant, mais je crois que c’est déjà quelque chose et surtout au-delà des réalisations, c’était de permettre à des productions africaines de se mettre en place. Ce n’est pas parfait, on se rend compte qu’il faut vraiment encore aider les producteurs à se former à voir comment réaliser et rechercher des productions et des coproductions. On s’approche maintenant d’une production à travers différentes régions d’Afrique.
On a parfois l’impression que la politique de soutien du gouvernement français au cinéma en Afrique bénéficie plus aux pays d’Afrique de l’Ouest qu’est ce qui manque au cinéma camerounais?
Concernant ce point précis, je dois dire que les choses dans ce domaine doivent se faire dans deux sens. Tout d’abord Il y a douze productions télévisuelles camerounaises qui ont été aidées. Je crois qu’il faut que les Camerounais comprennent qu’ils doivent adopter une attitude dynamique et non une attitude d’attente et de frustrations. Il faut se donner les moyens, créer des associations de producteurs, former des groupes de lobbying pour faire pression sur les pouvoirs publics afin de faire évoluer les choses. C’est vrai je suis là pour le festival, compte tenu de son importance comme vitrine notamment du cinéma africain. Je rencontre des gens pour voir comment ils s’organisent et comment l’on peut dans la nouvelle géographie de soutien aux productions africaines, travailler ensemble. J’ai relevé aussi que depuis quelques années on parle plus d’un soutien européen. Ce qui est important, c’est qu’avec la société civile camerounaise et les autorités, nous avons un vrai projet et nous voulons travailler dans le domaine de la télévision. J’imagine qu’avec la CRTV (télévision nationale) qui achète à très bas prix, c’est difficile pour les producteurs camerounais. Je ne sais pas si les chaines privées, elles, ont les moyens d’acheter ces productions, mais il y a un vrai problème et ce n’est pas qu’au Cameroun. Donc je pense qu’il y a des choses qu’il va falloir repenser. Le cinéma en Afrique aujourd’hui est dans un moment critique, nous devons nous mettre ensemble pour apporter des solutions pertinentes.
Quelles sont les orientations actuelles du gouvernement français dans sa politique de soutien aux productions africaines?
Le fonds image qui a été mis sur pied en 2004 et à travers lequel il y a eu 12 productions camerounaises qui ont été soutenues. Il y a une évaluation qui est faite actuellement et en 2011 on va lancer un projet. Peut-être pas avec autant de financement parce que la crise économique comme vous le savez touche tout le monde, y compris nous. Donc nous verrons comment avec nos autres partenaires européens, on va s’entendre sur la meilleure façon d’intervenir. On va mettre l’accent sur la formation à la production et la distribution.
Si les gens réussissent à s’organiser au Cameroun et qu’ils veulent bénéficier de votre système d’aide comment feront-ils, qui vont-ils voir?
Maintenant tout le monde a accès à internet, donc il y a un site qui s’appelle France sud. Le fond d’images pour l’Afrique avait un site lui aussi. Donc forcément on va aussi mettre les informations en ligne. On a commandé au festival d’Amiens de faire une recherche sur tous les festivals en Europe, pour savoir comment on peut avoir des informations sur les formations pour jeunes cinéastes non formés et qui veulent se former. C’est un travail qui se fait avec CFI. On va mettre ces informations en ligne et les personnes intéressées pourront les consulter.
