Après sa tournée camerounaise, le jeune chanteur ougandais accepté de nous parler de lui et de sa musique
Maurice Kirya, vous achevez par Yaoundé une tournée dans trois villes du Cameroun. Quel est votre sentiment général?
J’ai été touché par l’accueil, les gens se sont montrés très chaleureux, le spectacle de Douala a été très bien apprécié et à Garoua aussi nous avons eu droit à un public sympathique. Les gens nous ont vraiment bien adoptés. Je dois dire que de manière générale, nous avons aimé le pays, du peu que nous avons vu, il est bien.
Comment est ce que le public a accueilli votre musique?
Je le dis encore, jusqu’ici nous avons eu un bon feed back et nous pensons qu’ils ont chacun à leur manière, compris quelque chose de positif, nous aurions bien sur espéré quelques critiques pour nous améliorer, mais bien sûr c’est toujours bien lorsque les gens vous apprécient.
Lorsque vous quittiez l’Ouganda pour cette tournée, quel est le massage que vous avez voulu porter à ceux que vous rencontrerez ?
Je dois dire que j’ai voulu servir de messager pour la musique de mon pays, l’Ouganda. Je voulais que les gens découvrent qu’il y a des talents dans ce pays, qui sont peut-être comme moi, mais qui n’ont juste pas eu ma chance. Donc aujourd’hui j’ai cette opportunité de chanter sur la scène internationale, alors je pense que c’est une vraie opportunité pour les autres chanteurs ougandais.
Si on vous demandait de vous définir dans une catégorie musicale, que diriez-vous?
Maurice Kirya n’entre pas dans le registre d’une musique précise, parce que lorsque je chante, on retrouve un mélange de tout, et je crois que j’exprime du mieux que je peux ce que nous appelons en Ouganda le Mwooyo, ce qui signifie L’âme ougandaise. C’est un mélange d’amour, de joie de tristesse et de rythme. Donc si le Mwooyo est une catégorie, alors c’est comme cela que je me définirais.
Comment êtes vous devenu musicien?
Je viens d’une famille d’artistes. Mes grands parents étaient des musiciens très connus. Mon grand père jouait du piano et mes parents aussi. J’ai des grands frères qui ont une certaine réputation dans la musique. Ma famille est très connue en Ouganda pour certaines de ses chansons.
Est-ce seulement l’appartenance à une famille musicale qui vous a décidé?
La musique a toujours été ma manière de communiquer. Certaines personnes jouent au football ou alors font autre chose. Moi je chantais. Avec la musique je pouvais exprimer ce que je ressentais. D’une certaine manière la décision de chanter s’est imposée à moi.
Comment êtes vous parvenu à monter votre groupe avec lequel vous effectuez cette tournée aujourd’hui?
Un des membres de ce groupe, Nicolas, je le connais depuis, et aujourd’hui il est mon producteur. Bien avant cela, j’avais déjà joué avec lui pendant près de quatre ans. Roy (Bassiste) et le batteur sont entrés dans le groupe un peu plus tard. Ce que je dois dire c’est que construire un groupe n’est pas facile, parce qu’il faut pouvoir faire partager une seule position, et musicalement ce n’est pas évident. Mais jusqu’ici on travaille en harmonie et on essaye de tenir et c’est plutôt bien.

Etre le lauréat cette année du prix RFI musique du monde vous a apporté quelque chose ? avez-vous ressenti un changement?
Cela m’a vraiment changé et je dirais même changé ma carrière dans la musique. Maintenant, j’ai eu l’opportunité d’être présenté à un auditoire (spectateurs) francophone, ce que je ne serai pas parvenu à faire sans cet appui, surtout que je ne chante pas en français. Or maintenant le marché des francophones m’est ouvert, et ça ce n’est pas rien. De plus en plus les gens vont m’écouter. D’un autre côté, ce prix m’a donné l’occasion de m’exprimer sur un plan international. Pour mon pays c’est la grosse joie, mon pays bénéficie d’un ambassadeur qui peut porter sa culture et son savoir faire musical au delà de ses frontières. Alors oui ce prix a énormément changé ma carrière et l’orientation qu’elle pourra prendre.
Racontez nous comment vous apprenez que vous êtes le gagnant du prix et quelle a été votre réaction?
(Rires). J’étais chez moi et mon téléphone a sonné, un monsieur m’a appelé et m’a dit vous avez gagné le prix RFI. J’ai insisté pour être sûr. J’étais fou de joie, j’ai crié parce que je n’en revenais pas. Ce que j’en pense c’est que j’ai beaucoup de chance. Il y a certainement des chanteurs quelque part qui n’étaient pas au courant du concours, ou qui n’ont pas pu déposer de dossier donc pour cela je dis déjà merci à RFI et puis je me dis c’est un gros coup de chance. Vous savez pour cette compétition il y avait 500 candidat inscrits, donc vous imaginez un peu.
Comment la nouvelle a été accueillie dans votre pays?
Le public ougandais était très heureux. Il y avait de nombreuses personnes à l’aéroport pour m’accueillir. Aujourd’hui encore dans la rue, des gens m’arrêtent et me félicitent. Et sur mon facebook des gens me disent encore merci.
Le continent africain est aujourd’hui traversé par de nombreuses révolutions qui impliquent des jeunes si vous aviez un message à porter à la jeunesse africaine aujourd’hui que leur diriez-vous ?
Je leur dirai simplement que c’est en se mettant d’accord que le monde pourra mieux se réaliser et avancer.
Quel est aujourd’hui le meilleur souvenir que vous emporterez du Cameroun?
C’est mon concert à Douala. J’ai été impressionné par le public. Il ne comprenait peut être pas les paroles mais il a chanté avec moi et cela m’a fait terriblement chaud au c ur de les voir interagir si positivement. Je n’ai vu cela dans aucun autre endroit depuis le début de ma tournée en Afrique centrale. J’ai vraiment eu l’impression en ce moment là que tout le Cameroun chantait avec moi et me soutenait. Les gens dansaient et c’était simplement magnifique.
