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Mincart- Ocapac: Les 524 millions de la discorde

La ministre Amah Muna veut acquérir des voitures et du matériel audiovisuel. J.P. Dikongue Pipa et les siens veulent quant…

La ministre Amah Muna veut acquérir des voitures et du matériel audiovisuel. J.P. Dikongue Pipa et les siens veulent quant à eux un fonds de financement sous forme de crédit

[Nous irons jusqu’au bout; nous savons crier; nous savons manifester]. Ces propos incisifs sont de Jean Pierre Dikongue Pipa. En cet après-midi là, le président de l’OCAPAC et son équipe n’entendent pas baisser la garde dans le conflit les opposant à leur ministère de tutelle. Une affaire d’argent dont l’utilisation semble faire problème. En effet, le financement français de 524 millions de FCFA, octroyé dans le cadre du C2D culture, divise le ministre Amah Tutu Muna et les professionnels camerounais du cinéma et de l’audiovisuel

Dialogue de sourds et combat de titans
Depuis la mise en lumière – par l’ambassadeur de France – de l’existence d’un financement de l’ordre de 800.000 d’euros, le 31 janvier 2012, les deux parties en conflit se parlent sans malheureusement se comprendre. Chacune d’entre elles a présenté et défendu ses arguments au cours d’une séance de travail tenue dans la matinée du 28 février 2012 au siège de la Scaap. Le secrétaire général du ministère de la culture et des arts annonce les activités à financer par les fonds français: mise en uvre du projet «Shoot in Cameroon» présenté au festival de Cannes l’année dernière; acquisition du matériel de production audiovisuelle et l’achat des voitures. A signaler qu’au départ, la ministre Amah Tutu Muna destinait les 524 millions de FCFA à la restauration du musée national. Elle dut changer d’avis après une fin de non recevoir de l’ambassadeur Bruno Gain.

Les professionnels du Cinéma et de l’audiovisuel voient les choses différemment. Le cinéaste Jean Pierre Bekolo s’interroge d’emblée: quelle est la stratégie pour que le Cameroun devienne une industrie cinématographique en 2035? Et de poursuivre: Shoot in Cameroon est un projet bâclé. L’achat du matériel audiovisuel pose le problème de la compétence des personnes chargées de s’en occuper. Il y a déjà du matériel audiovisuel acquis, mais personne ne s’en sert. Aussi, les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel prennent le taureau par les cornes. Ils viennent de créer la commission du cinéma et de l’audiovisuel. Celle-ci se donne pour objectif de relancer toute la profession. Les onze membres de la commission du cinéma et de l’audiovisuel ont pour leitmotiv: renforcer les films qui marchent, pour espérer que les 800.000 euros de la France deviennent 10 millions d’euros dans dix ans.

Amabilités
Pour l’Ocapac, les 524 millions de FCFA querellés devraient servir de fonds de financement sous forme de crédit. Le principe est simple: un film qui marche bien, après avoir été produit par le fonds, rembourse le financement reçu ; ce qui permet d’octroyer l’argent à d’autres productions, ainsi de suite. Nous voulons créer la sauvegarde du cinéma et de l’audiovisuel au Cameroun, lance une rien optimiste Dikongue Pipa. Il précise: Si nous n’avons pas réussi, est-ce que cela donne le droit à l’Etat de ne pas soutenir les jeunes cinéastes? Les jeunes font n’importe quoi, parce nous n’avons pas les moyens de s’autofinancer.

Au ministère de la culture et des arts, l’on rétorque sèchement: nous ne sommes pas un ministère du cinéma: l’Etat n’est pas là pour construire des salles de cinéma; cela revient aux privés. Pourtant, remarque l’Ocapac, l’Etat construit des stades de football. C’est tout dire sur l’état des relations entre les deux parties. L’ambassade de France observe interloqué et un tantinet embarrassé. La commission (dite indépendante par ses géniteurs) du cinéma et de l’audiovisuel lui fait d’ores et déjà les yeux doux. On a commencé un processus avec l’ambassade de France. On va continuer dans la lancée. Peu importe la suite accordée aux 524 millions FCFA. Le ministère de tutelle, quant à lui, est sûr de son fait: un Etat ne traite qu’avec un Etat. Soit! A l’ambassade de France, on prévient: si un terrain d’entente n’est pas trouvé entre les belligérants, le Cameroun perdra ce financement. A bon entendeur . Salut.

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