La vice-présidente du conseil canadien pour l’Afrique pense que l’expérience économique québécoise peut aider le Cameroun à accroitre ses revenus d’exportation
Vous êtes au Cameroun avec une délégation d’investisseurs canadiens venus assister au salon PROMOTE, parlez nous déjà de cette organisation?
Le Conseil canadien pour l’Afrique c’est une organisation qui représente la part du secteur privé canadien qui s’intéressent à l’environnement économique de l’Afrique. Notre rôle, c’est d’être le chef de file de l’organisation canadienne qui veut contribuer au développement en Afrique. Nous avons des membres dans plusieurs secteurs d’activités. On les retrouve dans plusieurs domaines aussi (Universitaire, public, para public entreprises). Pour le salon PROMOTE nous sommes venus avec plusieurs d’entre elles qui voulaient découvrir le Cameroun et ses opportunités.
Qu’est ce que le Canada a à offrir aux autres participants africains et camerounais à ce salon de l’entreprise?
Je pense que le Canada apporte déjà en termes de formation. Nous avons remarqué qu’il y a souvent des décalages en Afrique entre la formation et les besoins du marché du travail. Le résultat est qu’on se retrouve avec des générations de chômeurs instruits, ce qui n’est pas normal à mon avis. Pour renverser cette tendance, nous pensons qu’il faut se concerter avec le secteur des industries et des services, pour savoir quels seront les besoins et orienter ainsi les options de mise en place d’établissement de formation à court moyen et long terme, encourager ces filières de formations d’une façon ou d’une autre. On pourra ainsi arriver à un stade où des gens qui ont achevé une formation sont directement intégrés dans le marché de l’emploi. C’est un système que nous avons mis en place au Canada depuis des années et qui aujourd’hui a montré son efficacité. C’est ce que nous pouvons partager avec le Cameroun et les autres pays de la sous-région. Au Cameroun il existe plusieurs projets de formation avec des établissements et toutes les entreprises qui sont venues avec nous ont la même conception, permettre aux locaux au delà de la vente, de pouvoir s’assumer eux-mêmes. Dans la diaspora camerounaise on retrouve par exemple la conceptrice de Flash beauté, qui fait des produits de traitement de peaux avec du beurre de Karité venu d’Afrique et c’est quelque chose qui marche très bien.
Comment a été prise la décision de venir à ce Salon international PROMOTE. Volonté de faire vraiment des affaires ou de profiter du soleil de décembre?
C’est vrai que nos compatriotes qui sont restés se disent que nous profitons des vacances (rires), mais c’est faux il y a un programme surchargé ici. Mais pour revenir à votre question, pour le Conseil canadien pour l’Afrique c’est une troisième participation donc nous avons l’habitude. Aujourd’hui nous poursuivons notre démarche qui consiste à vendre l’approche canadienne du commerce. Lorsque nous vendons un produit, nous le vendons déjà tel qu’on l’a promis, mais à la différence des autres, nous leur donnons le mode d’emploi et la méthode pour faire en sorte que les utilisateurs gardent leurs produits longtemps. L’autre objectif est de faire en sorte que les Africains qui prennent des produits chez nous s’approprient ce qu’ils ont pris et puisent le cas échéant y apporter des améliorations. C’est pourquoi nous accompagnons nos ventes de formations. Pour la décision de venir au Cameroun nous sommes trois organisateurs. Il y a l’Association des Camerounais vivant au Canada, le groupe Afrique Expansion et nous même le Conseil. D’un autre côté, le Conseil canadien pour l’Afrique est partenaire du ministère du Développement économique et de l’Innovation pour tout ce qui touche le continent africain. Cette administration a une expertise limitée dans le domaine, et nous jouons ce rôle là pour eux et cela leur permet de jouer un rôle dans ce domaine. Nous sommes fiers d’avoir déplacé une délégation de 23 entreprises canadiennes, ce qui est un petit record.
Quelle perception on se fait du Cameroun au Canada?
La perception globale du Cameroun est bonne puisque c’est un pays qui connait quand même une stabilité politique, ce qui est une chose un peu rare sur le continent africain. Mais, je vais par contre vous dire que la position canadienne est très conservatrice, pas par rapport au Cameroun, mais aux pays en développement de manière générale. Notre message est de leur rappeler que la politique économique canadienne de l’Afrique peut être révisée. Nous avons organisé au mois de mars 2011 une conférence intitulée «Afrique en essor,» un concept repris plus tard par le magazine «The Economist». Donc au niveau du Conseil nous en sommes conscients, il se passe quelque chose sur le continent africain et surtout au Cameroun. Nous rappelons à notre gouvernement que c’est maintenant que cela se passe et pas dans dix ans. C’est maintenant qu’il faudrait agir pour occuper de la place. Nous n’avons pas beaucoup de représentation diplomatique en Afrique il y en a 16 pour 54 pays c’est quand même encore faible. Dans notre rôle de lobbying nous disons au gouvernement canadien, ok il ne faut pas ajouter plus de budget sur l’Afrique peut être, mais il ne faut pas en réduire non plus, car c’est un continent d’opportunités.

On voit bien que vous êtes une avocate de l’Afrique auprès du gouvernement canadien, quelles sont vos attentes à l’égard des dirigeants?
Je pense personnellement que l’attente globale que nous avons à l’endroit des dirigeants africains, c’est la bonne gouvernance. Le continent souffre encore de ce problème. Mais pour y avoir travaillé pendant de longues années, je note des améliorations. Comme on dit «Rome (puissance antique) ne s’est pas construite en un jour». Il y a beaucoup d’initiatives qui sont faites dans ce sens là. Pour nous Conseil canadien pour l’Afrique, dans tous nos déplacements, nous sommes accueillis à bras ouverts par les autorités camerounaises, nous avons eu beaucoup d’échanges et les rencontres étaient très intéressantes. Nous sommes écoutés avec beaucoup d’intérêts. De ce côté-là je dirai que nos attentes sont comblées, maintenant sur un plan général comme je le disais on peut améliorer la gouvernance et autres petits points. Mais c’est en train de venir et on félicite le gouvernement camerounais pour cela.
Un mot sur la concurrence chinoise qui gagne de plus en plus de terrain dans le monde?
Avec les Chinois je ne dirai pas que nous sommes en concurrence, parce que nous opérons sur des niches et on n’y trouve en réalité pas vraiment de concurrents. Nous intervenons dans des domaines très pointus de la formation et de l’agroindustriel et si on s’y concentre, on peut apporter à l’Afrique le soutien dont elle a besoin. L’approche canadienne est une approche très intéressante que je propose fièrement à l’Afrique. Il y a 50 ans le Québec était comme le Cameroun d’aujourd’hui, c’est-à-dire qu’il produisait moins qu’il ne consommait et était obligé d’importer. Or d’un autre côté il exportait toutes ses ressources naturelles vers l’extérieure (autres provinces canadiennes ou Etats-Unis). A un moment, il y a eu ce qu’on a appelé la révolution tranquille. On s’est mis nous-mêmes à transformer nos ressources naturelles ce qui a permis d’augmenter les recettes. Moi je dis aux africains, on ne peut pas réinventer la roue, il faut s’inspirer des expériences qui ont marchées pour apporter des solutions à certains problèmes. Avec certains pays africains on avait mis sur pied un système de première transformation de bois. Le bois transformé arrivait chez nous au canada pour les meubles on les assemblait juste et on réexportait vers la grande zone économique ALENA (Américaine) avec l’estampillage Canada. Nous pensons que ce type d’initiatives peut être multiplié pour le développement du Cameroun et de l’Afrique.
