Pourtant, d’autres élections pour des postes de gouverneurs et de parlementaires locaux auront lieu le 26 avril
L’Afrique fait face une fois de plus à une crise post électorale. Au Nigeria, Muhammadu Buhari, principal candidat musulman à la présidentielle, a dénoncé mercredi 20 avril des fraudes au scrutin ayant donné la victoire à Goodluck Jonathan, chrétien du Sud. Il a également condamné les émeutes postélectorales qui se sont produites depuis le début de la semaine dans le Nord majoritairement musulman. Plus de 200 personnes ont été tuées dans les émeutes qui ont suivi la présidentielle a déclaré une ONG. « Le bilan des morts dépasse les 200 dans toute la région, d’après les informations qu’a reçues Civil Rights Congress », a déclaré son chef Shehu Sani, évoquant les émeutes qui ont secoué pour l’essentiel le Nord du Nigeria. Plus de mille personnes ont été arrêtées dans la seule ville de Kaduna, où un couvre-feu de 24 heures sur 24 est en vigueur, a ajouté le responsable de l’ONG.
Les émeutes ont affecté 14 des 36 Etats du Nigeria, notamment ceux de Kano, Kaduna, Sokoto. Des manifestants musulmans ont brûlé des commerces, des églises et des maisons, selon un responsable nigérian de la sécurité. On a vu des foules de gens en colère, armées de machettes et de gourdins, sortir des gens de leurs voitures ou incendier des maisons, provoquant ensuite des représailles de chrétiens. Parfois l’initiative des violences est attribuée à ces derniers qui ont brûlé des mosquées. Dans l’Etat de Kaduna (centre-nord), un responsable religieux a parlé sur une radio locale « de massacres incroyables et de destructions colossales ». Des couvre-feux et des patrouilles militaires avaient ramené un certain calme le mercredi 20 avril. Dans le Nord, beaucoup considéraient, avant le scrutin, que sa confirmation serait une entorse à la rotation traditionnelle du pouvoir entre Nord et Sud au sein du parti dominant le PDP (parti populaire démocratique). L’élection, selon les observateurs, a semblé dans l’ensemble plus honnête et transparente que les précédentes au Nigeria mais les résultats anormalement élevés en faveur de M. Jonathan dans plusieurs Etats du Sud ont semé le doute.
D’autres élections sont maintenant prévues mardi prochain, ce qui risque d’alimenter encore davantage les troubles, a prévenu l’analyste Sebastian Boe, de la firme IHS Global Insight. «Les forces de sécurité du nord ne seront probablement pas capables de rétablir l’ordre au cours des prochaines semaines, surtout avec la tenue d’élections le 26 avril pour des postes de gouverneurs et de parlementaires locaux, ce qui risque de raviver l’animosité entre les partisans des différents partis politiques et d’exacerber les divisions religieuses et ethniques», a dit M. Boe.
