Depuis plusieurs mois, ses cibles sont les symboles du pouvoir, police, armée, hommes politiques, Nations unies, églises
Kano devient chaque jour qui passe la ville la plus meurtrière du Nigeria. Pour cause, la secte islamiste Boko Haram secoue la grande métropole du Nord par des violences. Selon les nouvelles les plus récentes, deux commissariats ont à nouveau été attaqués, et deux personnes, tuées, par ces islamistes que les autorités ne parviennent pas à mettre en échec. L’une des attaques est survenue le lundi 30 janvier, quand des assaillants ont ouvert le feu sur un poste de police, selon des témoins. Quelques heures plus tôt, dimanche soir, des hommes armés avaient pris d’assaut un autre commissariat. C’était fou. Ces gars sont venus en moto et ont ouvert le feu sur le poste de police, mais ils se sont heurtés à une forte résistance de la police, et le tout a duré 20 minutes, a déclaré Jamilu Muhammad, riverain du commissariat.
e chef de la police de l’Etat de Kano a confirmé l’incident. Ils n’ont pas réussi à accéder au poste. Ils ont été repoussés, a expliqué Ibrahim Idris. Deux civils ont été tués par balle (.) aucun policier n’a été touché mais les assaillants sont parvenus à jeter des explosifs qui ont partiellement endommagé le poste, a-t-il continué. Selon un témoin aussi, Kabiru Maikatako, un nombre important d’hommes armés a fait une descente dans le quartier à l’heure de la prière et a ouvert le feu sur le commissariat, donnant lieu à une longue fusillade avec la police. Un peu plus à l’est, dans la ville de Potiskum, des hommes à vélo ont abattu le gardien d’une église, a déclaré un responsable de la police, Lawan Tanko. Un autre témoin avait affirmé que les assaillants criaient « Allahou Akbar ».
Le 20 janvier, Boko Haram a lancé une série d’attaques coordonnées spectaculaires à Kano, visant principalement des commissariats et faisant au moins 185 morts. Le groupe a depuis revendiqué ces attaques, ses plus meurtrières jusqu’à présent, et proféré de nouvelles menaces. Kano est la deuxième ville du Nigeria, située dans le nord majoritairement musulman du pays tandis que le sud est à dominante chrétienne. Boko Haram multiplie depuis des mois les violences contre des cibles variées: symboles du pouvoir (police, armée, hommes politiques), Nations unies, églises. Ces troubles menacent la stabilité du Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique et premier producteur de brut du continent et font craindre une escalade des violences interconfessionnelles.
Vivement critiqué pour avoir échoué à stopper les attaques, le président Goodluck Jonathan a dit récemment que Boko Haram devait clarifier ses revendications pour un éventuel dialogue. Une proposition rejetée par un porte-parole présumé du groupe, Abul Qaqa, qui a jugé que l’appel n’était pas sincère. Il a accusé les autorités d’avoir arrêté des membres de Boko Haram à Sokoto, dans le nord-est, et averti que le groupe lancerait dans cette ville des attaques semblables aux grandes attaques menées à Kano s’ils n’étaient pas libérés. Sokoto, capitale de l’Etat éponyme, est notamment le siège du sultan de Sokoto, plus haute autorité religieuse musulmane au Nigeria. Boko Haram a dit vouloir un Etat islamique dans le nord du pays. Des experts estiment que le groupe a tissé des liens avec la branche maghrébine d’Al-Qaïda, Aqmi. Mais beaucoup soulignent qu’il est avant tout la résultante de problèmes nigérians, politiques notamment.
