L’annoncé a été faite par Goodluck Jonathan, juste après son investiture ce jeudi, suite à la mort mercredi du président Umaru Yar’Adua
Le roi est mort
La nouvelle de la mort d’Umaru Yar’ Adua a plongé le Nigeria tout entier dans une profonde consternation. Président depuis trois ans, il avait réussi à instaurer un calme relatif entre les nombreuses tribus et factions belligérantes. Malade depuis des mois, le président Umaru Yar’Adua, 58 ans, avait été hospitalisé en novembre dernier en Arabie saoudite durant des semaines avant de revenir en février incognito dans le pays. Ceci pratiquement au moment où le Parlement avait donné les pouvoirs intérimaires, le 9 février, à son vice-président Goodluck Jonathan. Son état de santé était resté secret. Sa dernière manifestation publique aura été une interview accordée à la radio britannique BBC, alors qu’il était encore hospitalisé en Arabie Saoudite. Souffrant de problèmes rénaux depuis des années, il s’y était rendu en fin d’année pour y soigner une péricardite, inflammation de la membrane enveloppant le c ur. Selon des sources médiatiques nigérianes, des chefs religieux chrétiens et musulmans avaient pu aller le voir début avril, mais n’avaient rien indiqué sur son état de santé. Issu du Nord, Umaru Yar’Adua avait été élu en 2008 succédant à Olusegun Obasanjo qui l’avait désigné comme son successeur au sein du Parti démocratique du Peuple (PDP).
Une transition rapide
Sur le plan politique, la transition n’a pas duré trop longtemps. Comme prévu par la constitution nigériane, Goodluck Jonathan a pris ses fonctions à la tête de l’Etat nigérian devant des ministres du gouvernement, des gouverneurs régionaux et des ambassadeurs réunis dans la résidence présidentielle à Abuja, la capitale. Il conduira l’actuel mandat à son terme, en avril 2011. Vice-président d’Umaru Yar’Adua, Jonathan assurait l’intérim à la tête de l’État depuis le 9 février. La maladie ayant éloigné le président du pouvoir depuis des mois. C’est déjà investi de ses pouvoirs qu’il a fait ses premiers commentaires sur le décès de son ancien chef. Le Nigeria a perdu le joyau de sa couronne, a déclaré le nouveau président, âgé de 53 ans, avant la cérémonie. Il a décrété sept jours de deuil national dans ce pays de 140 millions d’habitants et riche en pétrole et en proie à de profondes discordes. Des contradictions auxquelles il fera pleinement face maintenant. Son premier essai sera au moment de la nomination d’un vice-président. Un dilemme qu’il devra résoudre. Le peuple nigérian attend de voir qui sera choisi à ce poste. Goodluck Jonathan étant un chrétien, la logique voudrait qu’il prenne un musulman afin d’assurer les grands équilibre régionaux et religieux.
Une succession difficile pour Jonathan Goodluck
Sur les prochaines élections il ne s’est pas encore prononcé sur sa candidature. On sait néanmoins que depuis le début de son intérim, Goodluck Jonathan a renforcé son pouvoir, au gré des crises gérées, remaniant le gouvernement et nommant sa propre équipe de conseillers, mais la disparition de Yar’Adua annonce une élection très disputée. On ignore pour l’heure si Jonathan, originaire de la région du delta du Niger, dans le Sud, sera candidat. Un accord tacite au sein du (PDP) le parti au pouvoir prévoit une rotation du pouvoir entre Nord et Sud, or le prochain mandat devrait revenir à un dirigeant issu comme Yar’Adua du Nord, majoritairement musulman. Malgré les accusations de bourrage des urnes et de pratiques d’intimidation, dénoncés par l’opposition et certains observateurs européens, le triomphe de Yar’Adua à l’élection d’avril 2007 avait marqué un tournant pour le Nigeria indépendant. Pour la première fois dans l’histoire de ce pays, riche en pétrole et où les coups d’État militaires semblaient être le mode logique de transition politique, le pouvoir passait d’un président civil à un autre.
Un mandat au service de la paix et du développement
Né le 16 août 1951, Yar’Adua était issu d’une famille très impliquée dans la vie politique du pays. Son père avait été ministre dans le premier gouvernement formé après l’indépendance, en 1960. Son frère était numéro deux du gouvernement militaire dirigé par Obasanjo entre 1976 et 1979. A sa prise de fonction, en mai 2007, Yar’Adua s’était engagé à poursuivre la politique de libéralisation économique lancée par son prédécesseur. Il avait dressé une liste de « priorités nationales » couvrant les secteurs de l’énergie, l’agriculture, la sécurité alimentaire, la lutte contre la corruption et l’amélioration du niveau de l’enseignement. Ses séjours fréquents à l’étranger pour raisons de santé avaient progressivement terni la confiance placée dans sa présidence. De nombreuses réformes subissaient le coup des lenteurs. Mais la principale réalisation de sa présidence a été l’amnistie qu’il a proposée en 2008 aux groupes armés du delta du Niger et qui a conduit des milliers de miliciens à déposer les armes et permis à cette région de connaître plus de six mois d’un calme relatif, Goodluck Jonathan s’est engagé ce jour à défendre les mêmes priorités. Notre engagement total en faveur de la bonne gouvernance, de la réforme électorale et de la lutte contre la corruption se poursuivra avec la plus grande vigueur, a-t-il déclaré. Le président Yar’Adua devrait être enterré ce jour conformément à la tradition musulmane.
