Le ministre Mama Fouda se veut rassurant et annonce que des efforts sont faits pour maitriser la situation
Déjà 30 morts en deux semaines
L’épidémie de choléra qui est réapparue vers les premières semaines du mois de juin 2010 dans la région de l’extrême nord du Cameroun s’est aggravée avec 293 cas confirmés pour 30 décès déjà enregistrés. Parmi les victimes figurent des soldats du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), une unité d’élite de l’armée camerounaise en activité dans cette partie du pays. Visiblement, les mesures prises pour arrêter l’évolution de la maladie parmi la population n’ont pas été efficaces. Selon certain commentaires, la mauvaise hygiène et l’accès difficile à l’eau potable sont la principale cause de l’aggravation de la situation. A cela, il faut ajouter un accès limité aux soins de santé pour certaines populations de cette partie du pays. Dès l’apparition de la maladie, les autorités ont essayé de contenir l’avancée de la maladie, en réactivant l’unité de lutte et d’alerte contre le choléra et en interdisant la vente des médicaments douteux. Les puits ont été désinfectés, les doses de Doxycyclin distribuées de pair avec les campagnes de sensibilisation. Nos efforts ont été mitigés du fait de la forte densité de la population exposée et la contagion rapide de la maladie, a déclaré des responsables de la Croix rouge camerounaise, qui a déployé de nombreux volontaires sur le terrain.
Le ministre de la santé rassure
Dans le cadre d’une visite générale de travail effectué dans la région de l’extrême nord depuis le début de la semaine, le ministre Mama Fouda en charge de la Santé a fait le point de la situation. Nous nous réjouissons du travail collectif qui est fait par les autorités administratives, les autorités traditionnelles et nos responsables des formations sanitaires, nous pouvons dire que la situation est sous contrôle a déclaré Monsieur Mama Fouda. Sur la situation actuelle, le ministre s’est aussi voulu rassurant. [i Nous nous rendons compte que sur 28 districts de santé, l’épidémie reste localisée dans 8 districts, ce qui est une bonne chose.
Le record est battu par le district de santé de Guéré ou sur les 30 décès enregistrés il y en a eu 13, des efforts seront concentrés à cet endroit pour que l’épidémie soit maitrisée] a précisé le ministre. De nombreux acteurs de la société civile se proposent d’assister le ministère de la Santé face à cette grosse difficulté. La vérité c’est qu’il n’y a pas d’argent, si nous ne nous organisons pas la situation pourrait devenir incontrôlable et l’Etat n’a pas les moyens pour sensibiliser les près de 3 millions d’habitants que compte la région de l’extrême nord, or la maladie bénéficiant des conditions favorables n’aura aucun mal à évoluer a déclaré un responsable d’association dans la ville de Bogor, où ont été signalés quelques cas de choléra.
Des difficultés à trouver une solution définitives
Les observateurs reprochent au gouvernement face à cette maladie son attitude attentiste. La zone de l’Extrême-nord du Cameroun est fortement exposée aux maladies hydriques que sont le choléra et la dysenterie. L’accès à l’eau potable reste difficile pour une partie de la population et lorsqu’arrivent les pluies la quête vers n’importe quelle eau conduit les populations parfois à partager celle disponible avec le bétail. Le faible taux de scolarisation dans la région est aussi un handicap et le nombre de personnels médicaux ou affectés à la sensibilisation de la population reste très faible. La dernière épidémie déclarée dans la zone date d’environ huit mois. Elle avait officiellement 59 morts, officieusement plus de 300. En visite dans les régions sinistrées, le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda avait remis des dons de médicaments et d’équipements dans différentes formations sanitaires. Il avait aussi prescrit que les soins soient dispensés gratuitement. De nombreux observateurs pensent que pour chasser définitivement le choléra dans l’Extrême nord du Cameroun, la seule action du ministère de la Santé publique ne suffit pas. Il faudrait une stratégie concertée du gouvernement incluant l’éducation, l’amélioration de l’accès à l’eau et la multiplication des mesures préventives avec la collaboration permanente des collectivités concernées.
