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« Opération Epervier » au Cameroun, Issa Tchiroma prend la parole

Tout en réfutant cette expression pour qualifier la lutte contre la corruption initiée au Cameroun, il a essayé de convaincre...…

Tout en réfutant cette expression pour qualifier la lutte contre la corruption initiée au Cameroun, il a essayé de convaincre…

Le ministre Issa Tchiroma de la communication était face à des journalistes hier dans le cadre d’une émission retransmise sur la plupart des chaines de télévision locale. C’est un exercice auquel on ne s’était plus habitué depuis très longtemps, avec le départ du gouvernement De Augustin Kontchou Kouemeni, l’ancien ministre de la communication dont l’art de la réplique et surtout une de ses déclarations sur les faits politiques majeurs de ce moment-là, lui avait valu le titre de « Zéro Mort ». Le thème central de la communication portait sur l’opération de lutte contre la corruption initiée par les autorités camerounaises et que les journalistes camerounais depuis 2004 ont désigné sous l’appellation d' »opération épervier ». Une précision que n’a pas manqué d’apporter le ministre plus d’une fois au cours de cet exercice.

Lorsqu’on dit opération épervier, cela dénature la portée de l’action du gouvernement et donne l’impression qu’elle sera ponctuelle; or la lutte contre la corruption et les détournements est permanente et atemporelle.
Issa Tchiroma, ministre de la communication

Pour l’essentiel, la rencontre avec la presse s’est faite en réponse à un article de l’Agence France presse du 25 janvier dernier qui relevait l’instrumentalisation de la lutte contre la corruption à des fins politiques au Cameroun. Cette préoccupation a occupé la première place dans l’échange qu’il a eu avec les journalistes. Sur le sujet comme sur la plupart des autres points, Issa Tchiroma n’a pas vraiment convaincu. les règles et le droit sont les mêmes pour tous et les procédures sont menées conformément au principe de la présomption d’innocence pourtant plus loin sur une question de Polycarpe Essomba sur les raisons du renouvellement récurent de l’instruction pour certains détenus, le Ministre de la communication donnera une réponse très floue, où se trouveront mis ensemble, le principe de la séparation des pouvoirs judiciaire et exécutif, ce qui l’empêche de répondre à des questions qui selon ses termes relèvent du judiciaire, pour finir par avancer agacé, est-ce qu’on accuse les personnes pour rien?

Sur un autre plan, le ministre qui utilise le droit pénal et ses fondamentaux comme arguments, a parlé des personnes arrêtées comme des coupables, qu’il a nommé sous l’appellation de prévaricateurs et prédateurs de la fortune publique. Pourtant de nombreuses affaires restent en cours et les décisions restent attendues. Le ministre a aussi fait face à la question de l’application de la présomption d’innocence. Est-ce que la présomption d’innocence est encore respectée lorsqu’on humilie des personnes arrêtées et qu’on les montre à la Télévision? Tout en déplorant l’humiliation publique dont ont souffert les présumés détourneurs de fonds, Issa Tchiroma déclare que personne ne connait les problèmes personnels que les agents en charge de l’arrestation ont avec ces personnes qu’elles étaient chargées d’arrêter. Lors de l’arrestation d’Urbain Olanguena Awono (ancien ministre de la santé) et d’autres personnalités, l’office de Télévision nationale, la CRTV, a passé des images de l’arrestation et d’une partie de la détention. Une violation grave du principe de la présomption d’innocence pour un média sujet à la censure officielle.

L’article 66 de la constitution s’applique déjà
Sur de nombreux autres points, le ministre a aussi surpris par ses positions. Interpellé sur la non application de l’article 66 portant sur la déclaration des biens, le ministre informe le public, qu’il fait déjà l’objet d’application et sert de base à la présente lutte contre la corruption. Joli Koum journaliste à Canal 2 lui a rappelé sa surprise venant du fait que cet article de la constitution attendait encore son décret d’application. Autre point abordé par cameroon-tribune, le quotidien national bilingue, la question de la transaction soulevée ces derniers temps. Le ministre a fermement rappelé que l’option de la transaction était prévue par le code pénal, dont il a présenté un exemplaire. Il a aussi déclaré que pour l’instant, la libération de certains détenus contre le remboursement des sommes détournées restait une rumeur.

Le peuple camerounais a manifesté le souhait de voir rapatriées les sommes détournées et le gouvernement s’est penché sur la question.
Issa Tchiroma, ministre de la communication

Le code pénal camerounais qui traite des détournements dans son article 184 ne mentionne pas expressément cette option. Et contrairement à l’affirmation du ministre selon une jurisprudence constante datant de 1964, la restitution des biens détournés ne saurait faire obstacle à la sanction de l’Etat, ni l’application des peines. Indirectement, le ministre a répondu à cette préoccupation en affirmant que le chef de l’Etat était souverain de décider de la conduite de ces affaires. Tout en écartant l’hypothèse d’une grâce.

Issa Tchiroma, ministre de la communication
Journalducameroun.com)/n