Cela fait un an qu’Urbain Olanguena Awono et Polycarpe Abah Abah sont incarcérés à Nkondengui
C’est le 31 mars 2008 que Urbain Olanguena Awono, ex ministre de la Santé public, et Polycarpe Abah Abah ancien ministre de l’économie et des finances grand argentier devant l’éternel ont été happés par les serres de l’épervier. Ces interpellations qui s’étaient déroulées dans le style des fictions hollywoodiennes avaient ému l’opinion, au vu de la grande médiatisation qui en avait été orchestrée. Les films de leur arrestation dans leurs domiciles, de leur transfert à la police judiciaire ainsi que de leur détention à la prison de Nkondengui avaient été servis aux Camerounais grandeur nature. Cette médiatisation avait atteint le paroxysme de l’humiliation, lorsque les cameras de la télévision d’Etat avaient filmé et diffusé la couchette de Urbain Olanguena Awono. Certains observateurs avaient d’ailleurs cru voir dans cet acte un règlement de compte savamment orchestré.
Seulement, un an après leur arrestation, ces personnalités qui sont poursuivies dans le cadre de leur gestion de la fortune publique ne sont pas encore fixées sur leur sort. C’est donc dans les geôles de la prison centrale de Nkondengui, qu’ils commémorent leur première année de captivité, de privation de liberté.
Triste anniversaire dans la mesure où d’autres prévaricateurs de la fortune publique comme Gervais Mendo Ze ex Directeur Général de la Crtv, l’office de radio télévision nationale, ainsi que Jean Baptiste Nguini Effa, patron de la Société camerounaises de dépôts pétroliers (SCDP), pourtant reconnus coupables de détournements des fonds publics par le conseil de discipline budgétaire et financière du ministère chargé du contrôle supérieur de l’Etat sont eux en liberté. Cet état de chose laisse penser que l’opération épervier n’est rien d’autre qu’une opération de règlement de compte. Une opération à tête chercheuse, comme l’a qualifie une certaine opinion, car qu’est-ce-qui peut expliquer le fait que des personnes supposées avoir commises des mêmes fautes soient jugées par deux structures différentes. A en croire qu’au pays des grandes ambitions, il existe une justice à double vitesse, s’interroge un homme politique au Cameroun.
A l’évidence, cette opération d’assainissement a été lancée sur des bases erronées au point qu’on l’assimile depuis lors à un conglomérat de règlement de compte. Comment comprendre par exemple que dans les condamnations pénales infligées à certains détourneurs des fonds publics, le pouvoir semble leur éviter une double condamnation pénale et pécuniaire, alors même que l’ampleur de leurs crimes économiques respectifs est telle qu’on ne devrait leur concéder aucune circonstance atténuante. Le Cameroun, c’est vraiment le Cameroun!
