Membre de l’International Solar Energy Research Center en Allemagne, il est porteur d’un projet sur les énergies renouvelables au Cameroun.
Qu’est ce que le centre international de l’énergie solaire dont êtes vous membre ?
L’International Solar Energy Research Center est un centre qui s’occupe des recherches au niveau de l’énergie solaire. Ces recherches sont surtout orientées vers la production, l’optimisation et la mesure de ces cellules solaires.
Qu’est-ce que ça veut dire?
En clair, ISC avec ses recherches permet aux industries solaires de pouvoir produire des cellules solaires plus efficaces mais très minces avec environ une épaisseur de 0,02 microns et avec une efficience de 17%.
Avant de revenir sur votre projet et son application en Afrique et notamment au Cameroun, on va parler de vous. Racontez-nous votre enfance
Je suis né à Douala. Mes études primaires je les ai faites dans mon village situé dans l’arrondissement de Ndom, aux environs de Bambibi III. C’est une localité à environ 150 kilomètres d’Edéa. Après mon certificat d’études, je suis parti au lycée de Ndom qui est à 30 kilomètres du village. Après le Brevet, j’ai quitté le village pour aller à Douala continuer au lycée de New-Bell. Donc j’ai eu le bac au lycée de New-Bell et je me suis inscrit à l’université de Yaoundé dans les années 86-88. J’étais à l’université et je faisais des concours dans les écoles supérieures. J’ai déposé un dossier pour le visa d’études en Allemagne et je l’ai obtenu. Je me suis installé en Allemagne en 1990 dans la ville de Bonn. J’ai fais des études de construction mécanique et après mes études, j’ai travaillé deux années avant de découvrir l’énergie solaire. Je me suis par la suite inscrit et j’ai deux semestres d’études approfondies sur ce domaine et depuis près de dix maintenant je suis dans le domaine du solaire.
De plus en plus on parle d’énergie solaire. Qu’est ce que c’est?
L’énergie solaire est une technique connue depuis de longues années, mais ce sont ses applications qui étaient archaïques. Je me rappelle avoir utilisé les calculatrices solaires au Cameroun. Je ne comprenais pas vraiment comment la calculatrice pouvait fonctionner avec l’énergie solaire. C’est après des études que j’ai compris que l’énergie solaire c’était la transformation des rayons solaires en énergie. C’est un peu plus compliqué, mais en résumé lorsque le soleil brille, il nous apporte la photosynthèse et la lumière. Cette lumière, nous pouvons la transformer non seulement en électricité, mais aussi en chaleur. Avec des procédés techniques pas très compliqués.
Lors du davoc 2010 à Bonn, vous avez évoqué un projet pour votre pays d’origine le Cameroun. Parlez-nous-en.
A travers cet institut international, nous avons lancé un projet qui s’appelle Slak en allemand et en français énergie et lumière pour les pauvres au Cameroun. Ce projet à pour but la construction des kits solaires dans des villages, des écoles et des hôpitaux. Pour nous c’est l’un des moyens les plus palpables pour combattre la pauvreté. Car l’énergie c’est la base de tout : avec l’énergie on peut avoir de la lumière, écouter la radio, écouter de la musique, avoir le téléphone.
Et aujourd’hui vous êtes à quelle phase du projet?
Le premier grand pas de notre projet a été l’installation en novembre 2009 de 30 kits solaires dans un village Bodobadjan dans la Sanaga-Maritime.
Qui sont vos partenaires ?
Les gens qui ont travaillé et qui nous ont aidés à réaliser cette première phase du projet sont des amis, je ne peux pas parler d’eux en tant que partenaires. Justement, nous essayons d’avoir des partenaires institutionnels ou financiers solides et fiables pour nous permettre d’avancer dans le projet qui a déjà prouvé qu’il pouvait se déployer.
Votre projet est-il connu des officiels camerounais?
Le projet est connu au Cameroun. L’ambassadeur du Cameroun en Allemagne connait le projet.
Quel soutien avez-vous reçu des autorités?
Nous n’avons pas encore entamé des démarches dans ce sens. Pour nous, l’essentiel était de mettre quelque chose sur pied, ensuite le réaliser à un niveau expérimental pour avoir des preuves.

Et quels sont les résultats que vous avez? Comment ont réagi les habitants du village électrifié ?
Je peux vous dire que de toute mon existence, je n’avais pas encore vu des gens aussi heureux. J’ai vu des personnes restées sans parler, avec des larmes de joie qui coulaient. Parce qu’elles n’avaient jamais connu la lumière, jamais connu autre chose que la lampe à pétrole. C’était vraiment fascinant. Quand je repense à ces images, j’ai la chair de poule. Quand je sais qu’à peu près trente mille villages ont besoin de cette aide, je me dis tant que je suis en vie, tant que je suis en santé, je vais continuer le travail que j’ai commencé et je le ferai jusqu’au bout.
Qu’est-ce qui vous donne cette fougue?
C’est l’amour que j’ai pour mon pays. C’est la souffrance que je vois, ce sont des problèmes que j’ai moi-même connus. Je suis en Allemagne, j’ai appris quelque chose, je voudrais amener ce que j’ai appris pour des jeunes qui sont au pays, je voudrais aider ceux qui n’ont pas eu la possibilité d’avoir ce qu’ils devaient avoir. Ce patriotisme et cet engouement, je le mettrais au service des autres. Je veux éviter que les générations futures puissent avoir des maux d’yeux comme moi parce que j’étudiais avec des lampes à pétrole.
Quel est votre plus grand souhait aujourd’hui?
Que ce projet d’énergie solaire pour les pauvres puisse devenir au Cameroun comme l’organisation Green Peace en Europe.
Vous êtes au courant de l’évolution des énergies solaires au Cameroun?
Oui, je suis beaucoup informé de ce qui se passe au Cameroun. Le plus grand problème au Cameroun, c’est que les gens ne sont pas informés ou alors ils sont mal informés. Ils ont tendance à penser que l’énergie solaire est très chère mais j’ai prouvé pendant des conférences et des exposés, j’ai montré chiffres à l’appui que les groupes électrogènes et le reste sont plus chers que l’énergie solaire. Il faut que les gens soient informés et par des gens qui s’y connaissent, des spécialistes. L’autre grand problème au Cameroun ce sont les taxes douanières qui ne cessent d’augmenter et donc freiner l’entrée des produits sur le marché au Cameroun. Alors il faut que des mesures soient prises pour ça pour que nous puissions avoir la possibilité de bien aider notre pays.
Un mot pour terminer?
Je souhaiterai que le gouvernement camerounais puisse travailler en partenariat avec la diaspora parce que nous nous sommes ici et nous voulons aider notre pays mais nous sommes confrontés à des difficultés qui ne devraient pas exister.
