Le sucre n’est pas le seul produit à connaitre des tensions dans les marchés. Et ce, sur tout le territoire!
La ménagère a du mal à faire son marché
Pour de nombreuses ménagères de grandes villes du Cameroun et même dans certaines zones rurales, faire le marché est devenu très difficile. Lorsque les produits ne manquent pas tout simplement chez les vendeurs, ceux qui sont présents ont des prix très élevés. Les autorités se refusent à l’admettre, mais le Cameroun semble connaitre une pénurie silencieuse. Les ménagères se plaignent ces derniers temps encore du manque de gaz ménager. «On fait parfois le tour de toutes les stations-services sans trouver la moindre bouteille de gaz, nous n’avons pas le choix, nous sommes retournés au feu de bois, parce que même le pétrole pour le réchaud est parfois rare déclare une dame qui vit dans la ville de Yaoundé. Il n y a pas que le gaz, les prix de la banane plantain, des ignames, de la pomme de terre et même du riz sont en hausse. Me voici, je suis venue chercher un complément, mais tu demandes le plantain, on te dit 5 doigts à 1000 francs, les ignames sont passés à 1500 FCFA le tas et même les pommes de terre coutent aussi cher, à parfois 1000 FCFA le sceau, c’est très dur surtout avec les enfants qu’on a à la maison, a fait savoir une ménagère rencontrée au marché du Mfoundi à Yaoundé. A cela se sont ajoutées les pénuries du poisson maquereau et du sucre, dont le manque à animé les chroniques la semaine dernière. Les autorités compétentes semblent débordées par la situation, et se saisissent de toute opportunité pour montrer leur engagement à apporter des solutions. Mais sur le terrain, la situation devient de plus en plus difficile pour les ménages.
Maquereau et sucre, toujours la pénurie
Malgré l’annonce de l’arrivée sur le marché de plus de 8 000 tonnes de sucre importé, ce produit de première nécessité manque toujours dans certains marchés des grandes villes et presque totalement en zone rurale. Par bonheur, les commerçants qui ne tiennent pas à perdre une partie de leur clientèle, procèdent au rationnement dans la distribution, pour satisfaire tout le monde. Une technique qui à elle seule ne suffira pas. Les 8 500 tonnes risquent de finir très vite sur le marché et le gouvernement n’a pas indiqué quand viendra de nouvelles importations. Du coup dans certains ménages on fait des provisions, ce qui renforce la demande et fait grimper les prix. La situation du sucre n’est pas prête de s’améliorer. Le Dollar américain continue d’être à un bas niveau, ce qui pousse les spéculateurs à placer des réserves sur les matières premières agricoles, dont le sucre. D’un autre côté, avec l’approche des fêtes, le sucre pourrait se faire encore plus rare. De nombreuses industries d’agroalimentaire qui fabriquent des boissons, des sucreries et des friandises, très demandées durant les fêtes, risquent de doper la demande et lever les enchères de la consommation camerounaise, tant en terme d’importation que de consommation locale. Pour ce qui est du poisson maquereau, il est désormais clair que le ministère du commerce et celui des pêches n’ont pas su anticiper sur la période de rupture. L’activité de pêche reste artisanale et les acteurs du secteur ne bénéficient pas de formations adéquates pour la gestion des ressources halieutiques. Résultats, il n’existe pas de stock pour la basse saison et la rupture est très vite arrivée.

Les conséquences d’un manque d’anticipation
La conséquence logique de l’absence de poisson maquereau, dont la consommation fournit chez beaucoup de camerounais leurs besoins en protéines est que beaucoup se rabattent sur des protéines de substitution, comme les légumes, créant aussi dans ce secteur, une hausse des prix. Le tas de Njamanjama (variété de légumes, ndlr) qu’on achetait à 50Fcfa, on le trouve à 100 Fcfa et parfois 150 Fcfa, se plaignait une ménagère vivant à Yaoundé. Connaissent aussi une hausse, les prix du haricot, du poisson fumé et de nombreux autres biens de consommation alimentaire. Il existe pourtant de nombreux programmes en vue de favoriser soit l’agriculture, soit le secteur des pêches et de l’élevage. Mais plusieurs de ces programmes sont minés par la corruption et parfois par le manque d’expertise et de suivi. Les choix de développement agricole du gouvernement camerounais sont assez surprenants. Pour l’essentiel, ils reposent sur l’aide des partenaires étrangers, qui financent plus les secteurs tournés vers l’exportation. Pour les autres, qui seront orientés vers le marché camerounais, la rentabilité est attendue dans 2 ou 4 ans. L’année dernière le ministre d’Etat Kuete Jean, en charge de l’agriculture et du développement rural, avait annoncé, la création d’une banque agricole, la matérialisation de cette annonce reste attendue. Certaines analyses affirment que la situation du Cameroun au regard de son potentiel naturel est assez exceptionnelle. Son hydrographie, le deuxième en Afrique, lui donne près de 100 milles kilomètres carrés de zones cultivables. 75% d’une population jeune et dynamique exerce l’agriculture. Pourtant, les autorités annoncent sans gêne que les tensions sur le marché interne, sont en partie dues à la conjoncture internationale. Une situation que beaucoup ont du mal à comprendre.
