La chanteuse a émerveillé le public à l’occasion de son premier concert à Douala pour aider les victimes de viol
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle était attendue. Son but, l’avait-elle déjà avoué, était de renverser la tendance et de faire en sorte que son succès parte de chez elle, du Cameroun. Eh bien Kareyce Fotso peut désormais se réjouir, elle a réussi avec succès d’ailleurs. La jeune chanteuse a été accueillie et traitée en prophète à Douala, pour son premier concert officiel dans la ville. Un concert en soutien aux victimes de viol et d’inceste au Cameroun, réunies au sein du Réseau National des Associations de Tantines (RENATA) et dont elle est désormais l’ambassadrice. Partout où vous entendrez parler de lutte contre le viol, je serai désormais là pour que cette pratique malsaine s’arrête au Cameroun a-t-elle déclaré lors du spectacle. Elle qui fut dans son adolescence victime d’une tentative de viol. C’est donc en témoin qu’elle arbore sa tenue de combattante du viol et pour elle, le moyen le plus approprié est le chant.
La magie Kareyce a opéré
C’est bien beau de faire le tour du monde pour chanter devant les autres mais c’est encore mieux quand on chante chez soi et devant les siens déclare Kareyce dès son entrée en scène, une scène parée aux couleurs traditionnelles de l’ouest Cameroun, sans doute pour rappeler aux uns et aux autres qu’il ne faut jamais perdre de vue d’où l’on vient. La jeune Cilla Song’s l’a bien compris, elle qui en première partie de ce concert a su reproduire toute la richesse culturelle de son Moungo natal. La petite perdrix du Moungo, qui petit à petit fait son nid, a eu le temps de six chansons pour présenter au public son style, sa voix et ses racines. Quand à Kareyce, c’est avec Goun yock (notre pays) qu’elle ouvre le bal sous les cris incessants du public en délire. Dans ce titre, elle s’interroge sur l’avenir de son pays, des jeunes camerounais et camerounaises. Mais ce n’est certainement pas le message qui intéresse ce soir. C’est surtout la force avec laquelle elle preste qui enchante, l’originalité de la musique qu’elle distille et la simplicité dont elle fait preuve sur scène. Rien qu’avec son sourire, Kareyce caresse le mélomane et lui transmet ce bonheur intarissable qui vit en elle. Avec aisance, elle manie en même temps les langues ghom’ala de l’ouest, béti du centre et anglais en rappelant dans un titre de son nouvel album qu’elle connait aussi pac-ler française. Du bonheur, il y en a eu, de l’humour aussi, beaucoup d’émotions et de mouvements. Des musiciens au pas, deux choristes déjantées, un public plus ou moins dans la gamme, la bonne recette pour un spectacle intense. Pour que la magie opère complètement, Kareyce a fait appel au talentueux Alain Oyono sur les titres Iyada et Lomdieu, autre joyau à retrouver sur son prochain opus. En somme un pur moment de partage entre la fille de Bandjoun et son public, sur des notes d’espoir, d’amour et de paix entre les peuples.

Hommage à André-Marie Talla
S’il existe un seul nom qui fait référence au village Bandjoun à travers le monde, c’est celui d’André-Marie Talla. Immanquablement. C’est sur les traces de ce dernier que marche aujourd’hui la jeune Kareyce Fotso, fière, tout comme ce patriarche de la musique camerounaise. C’est donc tout naturellement que Kareyce a rendu hommage à son papa du village à travers le titre à succès Sikati, chanté en c ur avec le public. Le concert s’est achevé sur des airs de mouto et de mwop, sur le très beau Yéké Yéké. Au grand plaisir des grands, plus grands et petits venus voir cette jeune fille qui depuis deux ans fait parler d’elle. Qu’en sera-t-il dans les années à venir? Ses plus beaux jours sont à venir répond un mélomane. Courage l’artiste!
