La prison de New-Bell a réservé un quartier spécial pour 32 détenus, âgés de 15 à 18 ans. Ils suivent des cours et apprennent à travailler
De prime abord, rien n’indique que l’on est dans une maison d’arrêt. Le corridor qui mène vers le bâtiment abritant les deux cellules réservées aux mineurs de la prison centrale de Douala est séparé de la grande cour intérieure par un portail en fer gardé par des geôliers. Il faut cependant montrer patte blanche avant de s’engager dans l’allée bordée de haies de fleurs. Tout est propre, bien entretenu. Il y a quelques années, des matières fécales s’échappaient des puisards et recouvraient les dalles de cette allée, se souvient un gardien.
Cours et travaux
On entre ici dans le quartier des détenus âgés de 15 à 18 ans. Sur les trente deux mineurs enregistrés fin juin, cinq seulement ont été condamnés. Les autres sont des prévenus, en attente d’un jugement. Beaucoup d’entre eux sont accusés de tentative de vol ou de vol aggravé. Le maître des mineurs nous ouvre le portail avec le sourire. Dans un petit salon, un jeune regarde la télévision. C’est aussi une salle d’études. Nos jeunes suivent des cours durant la période scolaire. Quand ils ne sont pas à l’école, ils apprennent à tisser des sacs, des chapeaux, des bandoulières, explique Emmanuel Mbamba, un adulte « maître mineur ». On se sent ici comme à la maison. On a presque tout, y compris de l’eau et où dormir, se réjouit Léon Hyacinthe, un prévenu âgé de 18 ans. En cette période de vacances, les programmes des corvées de nettoyage et des distractions sont affichés sur le mur, derrière le poste de télévision. Au-dessus, une pensée de Confucius, le philosophe chinois, rappelle : « A ceux que l’on aime, on ne doit pas épargner le dur labeur. A ceux que l’on estime, on ne doit pas épargner les critiques. »
Discipline de rigueur
Dans les cellules dortoirs aux lits superposés, des jeunes garçons sont endormis, d’autres mangent, assis sur leur lit. Actuellement, ils sont en vacances, après avoir reçu leurs bulletins de notes le 16 juin dernier. En période scolaire, ils suivent des cours d’alphabétisation de 8h à 11h, du lundi au jeudi, indique Emmanuel Mbamba, devenu maître en janvier dernier. Je joue un rôle d’encadrement général, qui consiste surtout à discipliner les enfants. En ce qui concerne les sanctions, je m’en réfère à la hiérarchie, précise-t-il. Le maître mineur est désigné par le régisseur de la prison parmi les détenus adultes les plus disciplinés. Il est donc, à en croire un gardien de prison celui-là que le régisseur estime être « un modèle » parmi d’autres prisonniers, et dont la moralité est établie. La journée des jeunes détenus de New-Bell commence à 5h, même durant la période des vacances. Après le bain et le ménage, ils s’occupent, regardent la télévision, selon un programme préétabli privilégiant l’information sans oublier quelques émissions ludiques. Le premier repas est servi à midi. Au menu de ce jour, le « gâteau jamaïcain », des grains de maïs pilés et mélangés avec des haricots en une pâte imbibée d’huile. Le soir, à 19h, ce sera du riz, avant d’aller au lit ou de regarder un programme de télévision. Grâce à cet encadrement bénévole, alliant instruction et discipline, New Bell tente de réussir un peu mieux la réinsertion des jeunes délinquants.
