Malgré de nombreux efforts et un cadre législatif renforcé, le Cameroun tarde à avoir un système de protection civile pertinent
Renforcer la médecine de catastrophe
Le thème de la journée mondiale de la protection civile qui se célèbre ce lundi 1er mars 2010, est «La médecine de catastrophe». Les experts la définissent comme étant une médecine d’extrême urgence, où chaque minute compte, et qui s’exerce dans un environnement difficile compte tenu des risques persistants. C’est une médecine dominée par l’afflux massif et brutal de victimes qu’il faut trier. En cette Journée mondiale de la protection civile 2010, l’OIPC (l’organisation International de la Protection Civile) a tenu à rendre hommage au personnel de santé qui sauve des vies et protège la santé des populations confrontées à des catastrophes, qu’elles soient naturelles ou dues à l’homme. Au Cameroun l’occasion est donnée de revenir sur l’efficacité de cette médecine d’urgence.
Le Cameroun peu outillé
Le premier constat qu’on fait est celui de la limitation de ses capacités en ressources humaines et en matériels. En septembre 2009 dernier s’est tenue une conférence de presse animée par l’Association des médecins urgentistes du Cameroun (AMUCAM), évoquant le double accident ferroviaire qui avait eu lieu à Yaoundé. «Nous avons eu la chance que les catastrophes de l’autre jour sont arrivées en pleine ville, non loin des hôpitaux de référence où il y a un plateau technique. Si cela était arrivé à prêt de 100 km d’ici, c’aurait été plus grave. Parce que déjà l’alerte n’a pas été convenablement donnée. C’est par hasard qu’on pouvait apprendre qu’il se passe ci ou ça. La gestion des secours est empirique et désorganisée? Il faut revoir tout ça? Il faut donner la place qu’il faut aux professionnels. Il est temps de mettre fin au charlatanisme.»,avait expliqué Pierre Malongté, le président de cette association.
24 médecins urgentistes formés pour des besoins mille fois supérieurs
Selon cette association, Le Cameroun compterait vingt-quatre (24) médecins urgentistes formés et tous concentrés dans les principales villes. L’association avait aussi dénoncé un système affairiste et opportuniste qui les met à l’écart lors de la survenance des problèmes et situations d’urgences. Autres problèmes soulevés, la faiblesse des capacités logistiques du système d’intervention d’urgence au Cameroun. Un problème qui est rendu plus complexe dans un pays où 80% de la population n’est pas localisable en urgence. L’association fait ainsi état du fait que le Cameroun utiliserait mal les médecins spécialisés en soins d’urgence. De même, selon des observateurs proches de ce milieu, la majorité des ambulances en service au Cameroun n’auraient pas d’oxygène.
Le gouvernement doit renforcer son action
Le gouvernement se défend d’avoir mis sur pied un cadre légal que ses promoteurs ont jugé solide, pour régir la gestion des catastrophes. Ces textes sont la loi du 6 décembre 1986, le décret du 6 novembre 1995 et le décret du 12 mars 1996. Plusieurs structures interviennent aussi dans la gestion et la prévention des catastrophes. On y répertorie la Croix rouge, des ONG nationales et internationales et sur le plan purement médical le Service d’aide médicale d’urgence (SAMU). Certes la volonté politique est présente, renforcée par des initiatives que des spécialistes estiment louables. Cependant, les résultats demeurent en deçà des attentes. Plus précisément sur le terrain de l’intervention d’urgence, où se posent constamment les problèmes d’insuffisance des ressources humaines, matérielles et financières.
