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Quête de l’eau potable : Un combat quotidien à Mfandena

L'approvisionnement des populations se fait chaque jour entre malpropreté, gratuité et cherté. Nous avons une source à proximité qui nous…

L’approvisionnement des populations se fait chaque jour entre malpropreté, gratuité et cherté.

Nous avons une source à proximité qui nous procure de l’eau gratuitement. Seulement, il se développe souvent ici une épidémie de maux de ventre. Il y a des périodes où tout le monde en souffre, parfois à tour de rôle ». Babette, couturière, est domiciliée au lieu dit Pont Milo à Mfandena. Non loin de sa maison, trois enfants puisent de l’eau dans le point d’eau aménagé dans un creux. « Les enfants sont les plus menacés. La semaine dernière encore j’étais à l’hôpital avec ma fille; le docteur a diagnostiqué la présence de la levure dans le sang. Et régulièrement, ils ont les démangeaisons sur le corps à force de se laver avec cette eau », se plaint-elle. Les raisons des problèmes des habitants de ce quartier sont à trouver dans la qualité de cette eau qu’ils utilisent. « Quand il pleut, le torrent submerge la source et la boue s’y infiltre. C’est pourquoi juste après la pluie, l’eau a toujours un aspect rougeâtre », explique Rosalie, une élève. Dans ce quartier, les puits, sources et forages abondent.
Mais il n’existe aucune mesure de contrôle de la qualité de l’eau. Tout au plus, ce sont les populations qui s’emploient souvent à curer la source lorsqu’une personne n’a pas formellement été désignée pour le faire. C’est à cette tâche que s’atèle Benjamin dans un forage situé près du lieu dit Nkanda. « Ce forage nous a été offert par l’association Socafer. Et j’ai été désigné pour l’entretien. Chaque fin de mois, j’invite les populations à envoyer des gens pour le nettoyage. Les familles qui ne le peuvent pas doivent donner 500 Fcfa » révèle Benjamin. Seulement, ce mode de paiement est contesté. « Je vis loin de là et je ne puise que l’eau à boire. Je ne puis pas payer la même somme que ceux qui utilisent abondamment cette eau à longueur de journée! », s’insurge Sinclair qui vit au quartier Omnisport, à plusieurs centaines de mètres de la source. C’est pourquoi, il s’arrange toujours à puiser de l’eau en début de mois, lorsque le contrôle est moins accentué.

Nettoyage de forage à Yaoundé
Journal du Cameroun)/n

Prix diversifiés
Si Sinclair doit venir s’approvisionner en eau si loin, ce n’est pas parce que les points d’eau manquent près son habitation. « Il y a une source où nous puisons de l’eau pour les travaux ménagers. Mais pour l’eau à boire je dois aller à Nkanda. Parce que l’eau de la borne fontaine de notre zone est rouge et désagréable dans la bouche. Et l’autre borne fontaine est gérée par une femme qui pratique des prix élevés. Elle vend 25 litres d’eau à 100 Fcfa, pourtant ça coûte souvent 25 Fcfa », regrette il. Le cas de Michèle est plus lourd encore. Elle loue un appartement près de cette borne fontaine où l’on pratique des prix particuliers. A moins de devoir dévaler et grimper la longue pente qui la sépare d’une source située en contre bas, elle doit acheter de l’eau chère pour tous ses travaux ménagers. « C’est inadmissible que quelqu’un vende de l’eau comme ça au Cameroun! A croire qu’il n’existe pas une loi qui régit la vente de l’eau » s’indigne t-elle.
Approchée, la gérante de cette borne fontaine déclare qu’elle n’est pas propriétaire de ladite borne et qu’elle se contente de suivre les directives du patron. Elle nous révèle toutefois que son patron reçoit cette eau du service public qui distribue de l’eau à 235 Fcfa les 1000 litres, soit 25 litres à 5,825 Fcfa. Les populations abonnées comme ce vendeur d’eau à la Camerounaise des eaux ne sont pas épargnées par les soucis liés à l’approvisionnement en eau potable. Elles doivent toujours garder des réserves pour prévenir les coupures qui sont fréquentes. De même, elles doivent fermer les yeux avant de boire cette eau parfois colorée qu’on dit pourtant potable.

Puits d’eau
Journal du Cameroun)/n