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Réflexion autour de la distribution numérique de la presse en Afrique (II)

Par Hamoua Baka Armand, Expert en distribution presse, Ancien du système NMMP-Paris II-INQUISITION: LA FACE OCCULTE DE LA DISTRIBUTION NUMERIQUE…

Par Hamoua Baka Armand, Expert en distribution presse, Ancien du système NMMP-Paris

II-INQUISITION: LA FACE OCCULTE DE LA DISTRIBUTION NUMERIQUE OU LA THEORIE DU COMPLOT

A-L’Accord de Florence:
La presse-papier est longtemps restée sans avoir bénéficié des avantages de la convention de Florence; la version numérique peut se réjouir de s’affranchir de la pesanteur des Etats à la mettre en uvre, déjà qu’elle n’en aura que très peu besoin. En effet la plupart des Etats incriminés dans la non-application de la convention de Florence et de son annexe connu sous le nom de Protocole de Nairobi, sont des pays où la liberté d’expression, la démocratie ont de la peine à se faire vraie.

Le fait que l’économie de ces pays dictatoriaux aux techniques managériales anti-conformistes (au sens de l’Occident) est extravertie, ils sont dans l’obligeance de recourir à une forte taxation des importations pour se faire une meilleure santé budgétaire. Par ailleurs pour mieux museler la presse, contraindre les journaux à changer leur ligne éditoriale et dans certains cas extrêmes les contraindre à la banqueroute, l’accord de Florence était l’un des leviers opérationnels des plus appropriés ; l’alourdissement des frais de fabrication d’année en année fait que, en proposant aux éditeurs, un nouveau format de distribution avantageux (voir tableau des avantages), il ne fait l’ombre d’aucun doute que la distribution numérique presque imposée au forceps aux Etats rebelles à l’abolition des tarifs douaniers et autres taxes exorbitants est bel et bien un des moyens des pays du Nord pour contourner la censure, relancer le jeux démocratique par une presse plurielle libre, fragiliser les recettes budgétaires desdits Etats et les contraindre à plus d’ouverture.

Nous allons clôturer cet opus incertum sur la convention de Florence en dénonçant aussi l’attitude anti-patriotique des Etats et des gouvernements qui, par délit d’initié font profiter les avantages de ladite convention aux multinationales Occidentales pour se faire des gros bénéfices dans les manuels scolaires et autres produits de l’édition à travers leurs filiales ; Plutôt que d’importer les produits finis des éditeurs Européens, on aurait mieux fait d’encourager comme le prévoit l’annexe H de la convention de Florence d’importer Machines et matières pour renforcer le tissus industriel, du moment où les auteurs des livres importés sont d’ailleurs sur-place. Au Cameroun, l’estocade donnée au CEPER pour la mettre sous coma végétatif depuis une vingtaine d’année, reste de triste mémoire gravée dans la tête du Ministre Charles ETOUNDI Borromée qui peut, mieux que quiconque, se prononcer et témoigner sur ces genres de complots liés à l’édition et à la distribution matérielle.

B- L’Accord de Kyoto sur le Changement Climatique :
Bien malin qui pourrait comprendre dans un esprit tranchant, le lien entre la distribution numérique, les Etats Africains du Bassin du Congo, ceux de l’espace Amazoniens et la nécessité de préserver la planète contre les changements climatiques.

Comme nous l’avions annoncé subtilement, la distribution numérique peut être volontairement ou inconsciemment, tend à faire admettre la thèse d’un complot ourdi par des puissants penseurs d’une certaine espèce généralement regroupés autour de cercles ésotériques, des ONG, et groupes de pressions divers pour affaiblir certaines économies et en favoriser d’autres, bref de contrôler le développement de certaines parties de la planète. Pour être un peu plus clair, nous voulons montrer par exemple que le réchauffement et les changements climatiques ne sont en rien la responsabilité de certains Etats.

L’Amérique Latine, L’Afrique Sub-Saharienne sont aujourd’hui appelés à sauver la planète. L’on aurait penser qu’il eut été réaliste de les laisser exploiter les ressources végétales(Produits forestier ligneux et non ligneux), minières et autres pour amorcer un développement soutenu et durable afin de rattraper le niveau de développement des grandes puissances Européennes et Nord Américaines et même de les supplanter (le rêve est permis, et la Chine peut s’en féliciter). L’on ne reviendra pas sur les notions élémentaires de macroéconomie qui montrent l’accumulation par le biais des investissements, de la mesure de la croissance par le solde excédentaire de la balance commerciale dans le cadre d’une économie ouverte.

Comment en est-on arrivé à demander aux Etats-forestiers de sauver la planète ? Le Sahara est-il désert aujourd’hui du fait des hommes! Pourquoi les Etats fortement impliqués dans la pollution, la prolifération nucléaire, dans l’émission des gaz à effet de serre rechignent, trainent-ils les pieds à signer, ratifier les différents accords en matière de sauvegarde de la planète?

Les économies des Etats- forestiers reposent en grande partie sur l’exploitation des ressources forestières (vente des assiettes de coupe, taxes diverses, etc.). Les pays nordiques (Norvège, Suède, Finlande, etc.), en dehors de la pêche industrielle basée sur la capture de la morue et du saumon, ont modernisé leur économie à partir de la foresterie ; jusqu’à ce jour c’est l’un des premiers foyers au monde de l’industrie de la pâte à papier.

Si ces pays ont presque épuisé leurs stocks en bois (les conifères, hêtres, chênes, bouleau, etc.), il serait plus juste, dans le souci de la mondialisation qui veut que la chance des Etats au développement soit équitable, de délocaliser l’ensemble des usines de pâte à papier des pays de l’hémisphère Nord en sous-emploi, pour les reloger (délocalisation/transfert de technologie) en Afrique subsaharienne et dans les Etats Amazoniens. Une telle démarche permettrait à ces économies d’être les pourvoyeurs mondiaux de papier et de pâte à papier puis, de prétendre à se débarrasser du qualificatif péjoratif de : Pays en voie de développement(PVD). D’ailleurs, certains pays tiers-mondistes à l’exemple du Brésil, l’Argentine, l’Indonésie, et le Bangladesh ne se laissent pas conter fleurette ; ils ont donné un coup de pied dans la fourmilière et sont entrés dans cette industrie hautement capitalistique où ils découpent comme dans du camembert une part de marché dans cet univers très spéculatif pourtant dédié aux traditionnels(1) producteurs de pâte à papier.

On le sait bien, les Nations Unies ont été bien pensées et certains de ses secrétaires généraux se sont efforcés de veiller à l’équilibre des nations, gagée sur une charte forte. Seulement: que peut seul un individu, même bien intentionné, face à une horde de loups, loup-garou et de loubards, régulièrement organisés dans des cercles marginaux (Franc-Maçonnerie, Blaibrits, Bill berger, Trilatéral, etc.) s’engageant par serment sur les volumes de lois sacrées et formant d’impitoyables groupes de lobbying, afin d’obtenir ce qu’ils veulent ? Leurs conspirations secrètes sont toujours d’une grande efficacité et de notoriété planétaire.

Sans perdre le fil des idées, nous reviendrons à la charge dans le vif de notre réflexion qui veut que, au moment où il y a un ralentissement général de la croissance économique mondiale, il soit de bon ton qu’on sème du poivre dans l’air afin de distraire les économies les plus fragiles qui aspirent au bien être de toutes les couches sociales qui les composent.


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La géopolitique de la pâte à papier montre que la production mondiale est le fait d’un petit nombre de pays producteurs disposant des réserves de changes indépendantes et qui contrôlent un produit dont les alternatives de substitution sont presque nulles ; les stocks des pays importateurs à l’instar de bon nombre de pays en voie de développement sont faibles (1 à 3 mois de consommation) ce qui les contraint à acheter régulièrement au prix spot dans des situations de spéculation et de conjoncture défavorable.

Le tableau ci-dessous démontre que malgré l’existence d’une faible production, les pays sous développés ou plus amicalement les pays en voie de développement ne parviennent pas à couvrir leurs besoins en consommation de papier, ce qui les oblige à saigner en termes de devises pour s’approvisionner. D’autre part, les faibles exportations trahissent l’incapacité à mettre sur pied une véritable industrie hautement capitalistique. Les exportations marginales sont une tentative soit de retournement de la balance commerciale déficitaire, soit résultent d’un orgueil de participer au festin des plus grands, rappelant Gulliver au pays des lilliputiens.

Les pays sous développés ont pourtant de grands atouts pour réussir une industrialisation dans la filière pâte à papier tels que: l’immensité des superficies boisées, une main d’ uvre bon marché, un réseau hydrographique permettant flottage du bois et approvisionnement des machines en eau, etc. Mais de tous les temps, on a comme l’impression qu’une main invisible sabote les installations existantes ou empêche toute velléité à jouer dans la cour des puissants. On se souviendra volontiers de l’explosion-fermeture de la CELLUCAM (Cellulose du Cameroun) à Edéa au Cameroun dont ce pays ne s’en est jamais remis(2). D’ailleurs, un groupe Indonésien dénommé Gudang Garam, dont le siège est à Kediri, fit semblant de réhabiliter cette industrie. Elle exploitera plutôt la réserve boisée de la Cellucam jusqu’à épuisement et démontera tranquillement toute l’usine avant de prendre la poudre d’escampette. Ce groupe de la famille Rahman Halim a t-il été instrumenté? Mystères et boules de chagrin!

Ailleurs, les pays sous développés sont embrigadés dans des clubs où ils signent, ratifient des accords sans en connaître tous les contours par le simple fait de la mode. On les y conduit comme un taureau dans l’arène avant le coup fatal du matador. Les nouveaux vocables tels que le «Développement durable», «le crédit carbone» et consorts sont utilisés abondamment dans les discours politiques pour montrer aux yeux du monde qu’on n’est pas à la traîne. Par-dessus bord, la traçabilité imposée aux PVD, potentiels créateurs de richesse dans la filière bois par les innombrables ONG et organismes de certifications COFRAC, AFNOR, OIBT, FCBA, SGS, CITES etc. leur est-elle vraiment profitable ? Les bénéficiaires de ces arrangements et organisations chimériques ne sont rien d’autre que les pères de l’anti-développement des PVD, toujours plus gourmands en ressources naturelles de toutes sortes.

Dans une usine de fabrication de pâte à papier (photo pour illustration)
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L’idée du complot est effective du moment où on veut nous faire prendre un lapis-lazuli pour un parfait diamant. Même si ceci ne devrait plaire aux vaillants penseurs et scientifiques, toujours manipulés par les groupes de pressions et, inféodés aux loges d’illuminés qui conceptualisent l’idée d’un dernier sursaut des humains pour sauver la planète; alors qu’ils en sont les premiers à ordonner sous cape plus de récolte d’uranium, de pétrole et, davantage de bois exotique ; nous aurions souhaité qu’on laissât les Etats forestiers exploiter leur bois pour succéder aux pays scandinaves essoufflés, position qui leur permettrait d’avoir plus de devises, se développer et satisfaire aux exigences d’une distribution physique de la presse qui correspond mieux à leur environnement et appropriation de la connaissance!

En produisant sur-place du papier, le papier-journal serait moins cher et le distributeur vendrait suffisamment de quantités(4) pour couvrir ses charges et mieux organiser la densification de son réseau; on incite les pays en voie de développement au tout numérique, nous rappelant Hobbes avec la guerre de tous contre tous; ils n’y sont pas prêts ! Pour sauver la planète, il faut arrêter avec les essaies nucléaires, qu’on cesse de pomper du pétrole et surtout que l’on cesse de trouer l’espace intersidéral avec des fusées et sondes dont la finalité réelle des missions se résume plus à la destruction de l’humanité qu’à la sauver. Pour clore cette dénonciation, l’économie numérique est une bonne chose, d’après la rémanence observée depuis une décennie en occident et les PVD ne sauraient refuser de s’y convertir, c’est d’ailleurs impossible. C’est la façon dont on les contraint à y adhérer qui fait problème. En fait, pourquoi, pour se faire bonne conscience, les pays du Nord, immensément riches et savants de tous les temps, ne se résoudraient-ils pas à nous renflouer(5) ou même reboiser les déserts du Sahara et du Kalahari selon qu’ils étaient mers ou savanes boisées?

Il y a des préalables pour le succès d’une économie numérique et par conséquent pour qu’on ait des chances de voir la distribution numérique de la presse (puisque c’est de cela qu’il s’agit au fond), prendre le relais de la distribution traditionnelle plus spécialement dans les PVD. Nous analyserons plus loin notre entêtement à penser que la distribution numérique a encore du chemin à faire avant qu’on annonce la fin de la presse-papier d’ici 2040, comme le soutient mordicus l’essayiste Américain Philippe Meyer(6).

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