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Réponse aux prétendus sorciers du savoir absolu (III), par Shanda Tonme

«Messieurs Achile Bembé et Célestin Monga, apprenez à vous taire parfois!» C- L'Ultime Accord négocié en Afrique du Sud et…

«Messieurs Achile Bembé et Célestin Monga, apprenez à vous taire parfois!»

C- L’Ultime Accord négocié en Afrique du Sud et la mise en uvre du mécanisme du Chapitre VII de la charte de l’ONU relatif au maintien de la paix et de la sécurité internationale
Il faut s’être entretenu avec les premiers ministres successifs qu’à utilisé, usé et abusé Laurent Gbagbo, pour mesurer le degré de cynisme de l’homme. Guei avait vu tellement juste, que ces différents chefs de gouvernement de la transition, n’y voient que du feu lorsqu’ils se mettent à table. Seydou Diarra en garde un des plus tristes souvenirs de sa vie publique. La vérité pour tous, c’est que Gbagbo n’avait aucune volonté d’en finir vraiment avec cette crise. En lieu et place de la fin de la crise, c’est d’abord et peut-être seulement la disparition de ses ennemis politiques dont Ouattara en tête, qui l’intéressait. D’ailleurs, les intimes du président ne s’en sont jamais cachés en privé. Le refrain a toujours été le même : au départ c’est, jamais d’élections avec Ouattara et jamais de certificat de nationalité ivoirienne pour Ouattara. Ensuite c’est, élections ou pas élections, on gardera le pouvoir. Il convient de rappeler que les élections municipales qui constituent un test grandeur nature, effrayeront fortement et définitivement le clan Gbagbo. Le RDR réalise un score très élevé, arrivant en deuxième position, malgré toutes les man uvres du pouvoir, et raflant la mise totalement dans de nombreuses circonscriptions. En réalité, le drame ivoirien s’envenime, lorsque le monde entier découvre un président théoriquement en fin de mandat, mais pas du tout pressé de régler les détails d’un arrangement de sortie de crise. Ce qui est bien plus ennuyeux, c’est que dans cette affaire, les opposants au régime de Gbagbo, sont presque seuls à connaître effectivement celui-ci pour sa capacité man uvrière. Que la guerre reprenne ou pas n’a jamais été véritablement son vrai souci. Même les appels au désarmement signifient d’abord dans sa logique politique, le déshabillage de ses ennemis, puisque dans le même temps, il prend le contact de tous les marchands d’armes clandestins de la planète pour se réarmer solidement. Pour tous ceux qui ont visité Abidjan et fait un peu attention, il était facile de se rendre compte que l’hôtel Ivoire était transformé en QG des mercenaires qui s’offraient en spectacle à longueur de journée et de nuit comme des serpents redécouvrant un soleil radieux.

Voilà dans quelles conditions l’ONU doit prendre entièrement en charge le dossier ivoirien en 2005. Le Conseil de sécurité supervise, parraine, et finalement prends la responsabilité totale de conduire le processus de paix pour ramener la paix dans le pays. Nous sommes alors dans un jeu à trois pôles internes et à un pôle externe agissant comme le maître d’ouvrage. Le maître d’ uvre, ce sont les trois pôles internes agissant collectivement comme signataires des différents accords de sortie de crise : Le régime de Gbagbo ; les partis d’opposition ; les forces nouvelles. Etant donné que l’origine de la crise n’est l’objet de contestation pour personne, c’est-à-dire l’exclusion ethnique, le tableau de bord, fait d’un catalogue de mesures représentant différentes étapes à franchir pour la restauration de la confiance et la clarification du paysage politique, est énoncé selon des certifications précises. Sans plus avoir besoin de revenir en long et en large sur les contenus des différents accords, il est tout simplement important de rappeler que c’est au représentant de l’ONU nommé pour conduire le processus sur place, qu’il revient de certifier chacune des étapes. Si on ne comprend pas ce que cela veut dire dans la pratique du droit international spécifique du maintien de la paix et de la sécurité internationale, on ne peut pas comprendre la suite. En réalité, c’est un véritable proconsul qui est placé à Abidjan, avec des pouvoirs de quasi tutelle qui relègue les privilèges et les attributs de la plénitude de souveraineté de l’Etat ivoirien au second plan.

Le monde entier a assisté en témoin médusé, aux mille man uvres et aux trésors de nuisance et de dilatoires déployés par le régime Gbagbo pour bloquer, freiner voire paralyser le processus. La désignation de Guillaume Soro au départ présenté comme une habile combinaison pour sauver effectivement le pays, s’avérer une collaboration aussi délicate que l’étaient, celles des deux prédécesseurs. En réalité sous des apparences de cheminement tranquille, c’est un parcours du combattant. Le premier ministre a été plus d’une centaine de fois placé dans la délicate situation d’abandonner ses fonctions, avec des raisons suffisamment solides et valables pour ne pas être critiqué par qui que ce soit, mais il a résisté. Gbagbo aura tout montré, du sabotage des audiences foraines chargées de vérifier les documents des citoyens et de délivrer des certificats de nationalité, seront soumises à rude épreuve. Un matin c’est mille personnes que le président et son parti ne veulent pas. Un autre jour, c’est telle ville ou tel village qui ne plaît plus au chef du FPI Affi Nguessan. C’est tralala par ici et patatra par là bas. Les nerfs de tous les intervenants de près ou de loin dans ce long processus sont permanemment soumis au charbon. Pour faire bien, vite et complet, l’ONU prends injecte les moyens dans tous les sens et sous toutes les formes. Forces de police multinationale ; avions ; véhicules ; troupes d’interposition. Tout y est.

Le clou du désordre et de la volonté de tout foutre en l’air, arrive avec d’abord la contestation de la composition de la commission électorale indépendante, et ensuite avec la demande de radiation de plus de quatre cent mille ivoiriens de la liste électorale. En fait plus la probabilité des élections matérialise, mieux le régime s’agite et transpire négativement. Gbagbo va recourir à l’audace du chasseur qui fait du bruit et crée de faux événements, pour décourager le gibier. Des sondages sont commandés à tout vent, dans le seul but, de mettre Alassane Ouattara hors course sur le tapis vert. « Jamais racontent ces sondages longuement et amplement repris par des médias payés à prix d’or à l’instar de Jeune Afrique, Ouattara ne verra le second tour ». Toujours est-il que les protagonistes sont obligés de se livrer à une navette infernale entre Abidjan et Ougadougou. Tout cela fini même par ressembler à un pèlerinage qui ne déplaît pas à un Compaoré dont qui s’accroche désespérément au costume de médiateur, pour faire oublier le sang frais de Thomas Sankara qui souille ses mains pour l’éternité. Combien de fois a-t-on reporté la date de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, et qui en est le responsable ? En répondant de façon honnête à cette question, on règle déjà les trois quart des énigmes de la crise post électorale. Mais ces quelques prétendus intellectuels Africains ont-ils le courage d’une telle lecture, d’une telle épreuve ?

Gbagbo aura tout fait jusqu’au dernier moment pour entraîner le pays dans une explosion. Lorsqu’il déclenche la querelle pour la énième fois de la partialité du président de la Commission électorale indépendante, il croit réussir à pousser ses opposants à bout. Autocratique et dictateur à souhait, il prend une série de mesures dont la disqualification du président de la CENI. Abidjan s’embrase, le pays sent la fumée. Compaoré entête puis les autres, Wade, Jean Ping, interviennent. La situation est sauvée de justesse. Un autre président de la CENI conforme aux v ux du roi Gbagbo est désigné. Nous avons parlé tantôt de la portée de la mise en uvre, du mécanisme du chapitre VII de la charte de l’ONU relatif au maintien de la paix et de la sécurité internationale. C’est la partie du texte de San Francisco, qui consacre plus que toute autre, la notion de sécurité collective, de prévention, de désarmement et de résolution des conflits. Lorsque l’organisation universelle et multilatérale se déploie en prenant appui sur ses dispositions pertinentes, elle se fait e réalité supranationale selon l’entendement effectif, total et plein. C’est ce qui fait dire au procureur de la Cour pénale internationale, que « toute agression sur les forces de maintien de l’ONU équivaut à un crime contre l’humanité ». L’illustre diplomate n’invente rien, n’interprète rien, et n’ajoute rien à la vérité normative.

Il peut être compréhensif que des personnes, même affichant des brevets d’érudition en d’autres domaines, en d’autres instances et sous d’autres cieux, ignorent tout de la substance du droit international positif, lequel n’est pas honnêtement à la portée du premier venu. Mais de grâce, le culot qu’il y a lorsque l’on se fait omniscient, en prenant les vertus de l’historien ou de l’économiste pour la clé des secrets du monde, est répugnant. Même en obtenant le concours du mathématicien et du biologiste, toute l’équipe reste incapable de comprendre parfaitement la substance des Accords et conventions spécifiques du droit diplomatique et du droit international du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Il ne peut pas, et il ne saurait être question, de souveraineté ou d’indépendance, dès lors que la gestion matérielle, politique, administrative et diplomatique d’une situation de crise dans un contexte ou dans des contextes nationaux quelconques, est confiée, par le biais d’un accord international, à l’ONU agissant par son organe spécialement chargé des questions de maintien de la paix et de la sécurité internationale, sous la supervision du Secrétaire Général. Votre conseil constitutionnel, dans ces conditions de tutelle de fait, est ramené à un simple ornement organique, dont l’importance, les prérogatives et les pouvoirs, sont encore plus symboliques et plus insignifiants, que ceux de la reine d’Angleterre.

A suivre: D – Des évidences prémonitoires et troublantes

Shanda Tonme