Le G8 veut respecter ses engagements d’aide envers l’Afrique mais de nombreux acteurs restent sceptiques
Une réunion du G8 consacrée au développement, élargie à six pays émergents s’est ouverte jeudi à Rome, en accordant une large place à l’Afrique. L’impact de la crise économique sur les pays en voie de développement et le développement durable en constituaient les thèmes centraux selon un communiqué officiel. Sur la question du développement durable, l’objectif affirmé était d’harmoniser et de donner plus de cohérence aux interventions de coopération dans les différents secteurs du développement – éducation, environnement, santé, sécurité alimentaire – afin d’optimiser les ressources disponible. Des représentants de plusieurs organisations des Nations unies (FAO, PAM, OMS), ou encore la Banque mondiale ont participé eux aussi à la réunion. Au cours de la première journée, deux points jugés important par le ministre français de la coopération ont fait l’objet de discussions. »Le premier point est une manière différente d’aborder l’aide publique au développement, en prenant en compte l’ensemble de ce qui peut favoriser l’Afrique, c’est-à-dire l’aide directe des Etats, l’épargne des immigrants, les contributions privées et les financements innovants », a-t-il dit. Le second point a été la proposition d’un véritable plan de relance de l’agriculture d’Afrique, un thème qui a fait la quasi-unanimité.
Au sortir de la réunion le vendredi dernier, les ministres du Développement du G8 ont à nouveau réaffirmé qu’ils tiendraient leurs engagements d’aide financière envers les pays en développement, notamment ceux du continent africain, dans leur document final. le G8 s’était engagé lors du sommet de Gleneagles » (Ecosse) en 2005à augmenter de plus de 26 milliards de dollars son aide à l’Afrique d’ici 2010. Après plusieurs révisions à la baisse, le chiffre a été ramené à 21,8 milliards. Mais à une année de l’échéance l’objectif est loin d’être atteint. Pourtant, le ministre italien des affaires étrangères déclare dans une conférence de presse à l’issue de la réunion « Nous avons confirmé ces engagements, ils seront tenus, qu’il s’agisse de ceux des Etats ou des organisations internationales. Mais cela n’est pas assez, il faut aller au-delà et mobiliser toutes les ressources disponibles contre la crise «Concernant spécifiquement l’Afrique, à laquelle ce G8 avait promis d’accorder une large place, les participants indiquent « avoir mis l’accent en particulier sur le besoin de régler la question de la mobilisation de capitaux privés pour le financement d’infrastructures », selon le communiqué. Plus concrètement, à l’initiative de l’Italie qui préside le G8 en 2009, les participants ont proposé de « réduire de 50% les commissions sur les transferts d’argent des immigrés » vers leur pays d’origine, une mesure qui permettrait de dégager « entre 12 et 15 milliards de dollars » par an, a précisé M. Frattini. Sous l’impulsion du gouvernement de Silvio Berlusconi il a été décidé d’examiner la possibilité d’élargir le G8 Développement au Brésil, à la Chine, à l’Inde, au Mexique, à l’Afrique du sud et à l’Egypte. Il a également invité à la réunion l’Union africaine ainsi que le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).
Malgré cette satisfaction générale, on relèvera tout de même que cette ultime réunion du G8 pour le développement s’est tenue à un moment ou le monde traverse justement une des plus graves crise financière des récentes décennies. Cela fait craindre à de nombreux acteurs que les pays développés ne puissent pas d’avantage tenir des engagements auxquels ils n’ont pu faire face pendant les périodes fastes. L’ONG humanitaire One, crée par le chanteur du groupe U2 Bono, accuse dans un rapport l’Italie d’avoir diminué ses aides à l’Afrique malgré les promesses ambitieuses qu’elle avait formulées lors du sommet du G8 de Gleneagles en 2005. Le gouvernement italien a reconnu qu’il n’avait pas atteint ses objectifs, arguant que la crise financière l’en avait empêché. Le rapport accuse également la France d’avoir réduit ses objectifs en termes d’aide et son budget tandis que les Etats-Unis, le Japon et le Canada ont dans l’ensemble tenu leurs engagements. Répondant au chanteur Bono le secrétaire d’Etat a tenu à préciser que « l’effort de la France en faveur de l’aide au développement de l’Afrique restait très importante puisqu’elle passera de 0,39% du RNB en 2008 à 0,43% en 2009 ce qui en fait le 2e pourvoyeur d’aide ». Mais ce qu’il n’a pas dit c’est que de nombreuses années après cette aide n’a contribué qu’à ruiner l’Afrique. Ce qui conforte les partisans de l’économiste zambienne Dambissa Moyo qui pense, elle, que l’aide extérieure au développement est à la source du sous-développement de l’Afrique, et doit être stoppée rapidement et totalement si le continent veut progresser. Elle est en faveur du développement du secteur privé, même s’il vient de Chine, et s’irrite contre le protectionnisme agricole du Nord qui empêche le commerce de devenir un moteur de croissance. Une vision qui fait dresser les cheveux sur la tète de plus d’un.
