La proposition a directement été rejetée par l’opposition et la société civile
Le président sénégalais Abdoulaye Wade a réitéré le mardi 19 juillet sa proposition d’organiser une élection présidentielle anticipée, déjà rejetée par l’opposition et la société civile, la date normalement prévue du premier tour étant fixée au 26 février 2012. Les opposants veulent que je parte tout de suite pour prendre le pouvoir … comme ils sont pressés, la Constitution me donne la possibilité de faire une élection anticipée, a déclaré le président Wade au cours d’une rencontre avec des chefs de village à Dakar. S’ils veulent le pouvoir et sont sûrs de leur majorité, qu’on organise cette élection, ils n’auront même pas 10 à 15% des suffrages, a-t-il continué.
Le président Wade, âgé de 85 ans, avait une première fois proposé le 14 juillet une présidentielle anticipée à laquelle il serait candidat, lors de son premier discours public après les émeutes du 23 juin qui avaient fait une centaine de blessés à Dakar. Le Mouvement du 23 juin, coalition de partis d’opposition et d’organisations de la société civile, ainsi appelé en référence aux évènements survenus à cette date, a rejeté cette proposition de scrutin anticipé. Le Mouvement exige le retrait de la candidature de M. Wade, élu une première fois en 2000 pour sept ans et réélu en 2007 pour un mandat de cinq ans, affirmant que sa candidature pour un nouveau mandat serait anticonstitutionnelle. Les émeutes du 23 juin s’étaient produites alors que l’Assemblée nationale examinait un projet de loi controversé du chef de l’Etat pour faire élire au scrutin de 2012 un président et un vice-président avec un minimum de 25% des voix au premier tour. Sous la pression de la rue et des critiques à l’étranger, le texte a finalement été retiré.
L’autre réaction est celle de l’ancien Premier ministre sénégalais, Idrissa Seck, leader du parti d’opposition Rewmi, qui s’est opposé à Dakar, sur les ondes de la radio privée RFM, à l’idée de l’organisation d’une élection présidentielle anticipée, proposée par le chef de l’Etat. Non, ce que je veux, c’est le respect de la Constitution, le respect du calendrier républicain, l’organisation des élections à date due et échue, a répondu Idrissa Seck à une question au cours de l’émission Grand Jury, sur sa position par rapport à la proposition de Me Wade de tenir une élection présidentielle anticipée puisque l’opposition est si pressée. Ce qu’on demande au président de la République, c’est simplement le respect de son serment et de la Constitution. Et, cela inclut le respect du calendrier républicain, a martelé Idrissa Seck, l’ancien deuxième homme fort du Parti démocratique sénégalais (Pds) au pouvoir, avant d’ajouter que : nous sommes au mois de juillet, nous allons vers l’hivernage, c’est totalement irresponsable de demander aux paysans de venir voter au lieu d’aller cultiver.
On rappelle que, jeudi dernier, le président de la République du Sénégal, Abdoulaye Wade, lors de son message à la nation, suite aux évènements du 23 juin dernier, avait indiqué qu’il pourrait envisager une élection présidentielle anticipée si cela est nécessaire pour la cohésion sociale et la concorde nationale, si l’opposition est pressée et si elle est certaine de détenir la majorité. Il avait aussi rejeté tout projet de dévolution monarchique du pouvoir que lui prêtent les leaders des partis de l’opposition au Sénégal.
