Deux des quatre variantes du virus du Sida proviennent de gorilles du sud-ouest du Cameroun, a déterminé une équipe internationale de chercheurs dont les travaux viennent d’être publiés
Deux des quatre variantes du virus du Sida proviennent de gorilles du sud-ouest du Cameroun, a déterminé une équipe internationale de chercheurs dont les travaux viennent d’être publiés dans PNAS. Ainsi, les origines de toutes les souches virales de l’infection chez l’homme sont désormais élucidées.
Les chimpanzés du Cameroun, à l’origine de la pandémie du Sida
GROUPES. Il existe deux types de Virus de l’immunodéficience humaine (VIH) : le VIH-1 et le VIH-2. Le VIH-1 se compose de quatre groupes (M, N, O et P), chacun ayant une origine propre qui a résulté d’une transmission du singe à l’homme à au moins quatre occasions. Alors que l’origine simienne des groupe M et N, en fait des chimpanzés du Cameroun (en particulier la sous-espèce Pan troglodytes troglodytes), avait été identifiée il y a plusieurs années, le réservoir des groupes O et P restait jusqu’alors inconnu, précisent les chercheurs dans leur étude.
Le groupe M du VIH-1, la souche la plus répandue, est responsable de la pandémie de Sida (99 % des infections sur un total de 75 millions). Alors que le groupe P n’a été détecté que chez deux individus jusqu’à présent, le groupe O a pu se propager chez les humains dans plusieurs pays en Afrique centrale et occidentale. On estime qu’il a infecté près de 100.000 personnes. Cette découverte a été réalisée à partir d’analyses génétiques de déjections de chimpanzés et de gorilles du Cameroun, du Gabon, de la République Démocratique du Congo et d’Ouganda (voir carte ci-dessous).

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Mieux évaluer les risques futurs pour les populations humaines
« Cette étude montre que, comme les virus de l’immunodéficience simienne (SIV) infectant des chimpanzés, ceux des gorilles sont aussi capables de traverser la barrière des espèces et peuvent provoquer des épidémies », a expliqué Martine Peeters, virologue à l’Institut français pour la recherche et le développement (IRD) et de l’université de Montpellier. « Ces travaux permettent de mieux comprendre l’origine de cette maladie, et de mieux évaluer les risques futurs pour les populations humaines », a-t-elle ajouté.
TRANSMISSION. Le VIH est donc issu d’une transmission du virus de l’immunodéficience simienne (VIS) infectant naturellement les grands singes du sud du Cameroun. Il aurait franchi la barrière des espèces lors de chasses, par des morsures d’un singe infecté, par des écorchures lors du dépeçage de ces animaux, ou lors de la consommation de viande de brousse, survenus probablement dans les années 1940, précisent ces chercheurs. De nombreux facteurs interviennent ensuite dans sa propagation. Les bouleversements liés aux migrations, à l’urbanisation massive, aux pratiques de médecine de masse (aiguilles non stériles) sont autant de co-facteurs à l’origine de la diffusion épidémique actuelle.
