Au sommet de Syrte qui commence officiellement ce mercredi, les états africains se pencheront sur les questions sensibles
Confrontée à un manque criant d’investissements publics, l’agriculture africaine a un besoin urgent de décisions « radicales », ont averti experts et ONG à la veille d’un sommet de l’Union africaine (UA) à Syrte (Libye). Ce jour s’ouvrira donc à syrte un sommet de l’OUA pour trois jours, le 13e de l’organisation panafricaine qui compte 53 membres, et qui aura pour thème officiel « Investir dans l’agriculture pour la croissance économique et la sécurité alimentaire ». Avant la réunion des leaders africains, qui pourrait se focaliser sur les crises secouant plusieurs pays (Somalie, Madagascar, Niger…) et sur le projet tant controversé de « gouvernement africain » cher au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, des appels et mises en garde se sont multipliés pour que le dossier agricole ne soit pas oublié. « Nous avons besoin de moins de déclarations et de plus d’action », a plaidé à Syrte le représentant de l’organisation britannique Oxfam, Lamine Ndiaye.
Selon un récent rapport de l’ONU, l’agriculture emploie 57% de la main d’ uvre en Afrique pour seulement 17% de son Produit intérieur brut. Au cours des trente dernières années, la production céréalière par habitant n’a augmenté que de 0,14%, entraînant une hausse des importations de 136% sur la même période. Une des clés pour améliorer la situation serait de convaincre les Etats d’ouvrir les frontières entre pays africains en abaissant ou en supprimant les tarifs douaniers. « Nous vendons plus de produits agricoles aux pays de l’extérieur que nous n’en vendons entre nous », a déploré lundi devant la presse la commissaire de l’UA pour l’agriculture Rhoda Peace Tumusiime. De chauds débats sont en perspective pour un 13ème sommet qui pourrait annoncer un tournant dans le processus de construction des Etats-Unis d’Afrique. Notons que dans le même cadre de l’UA, s’est tenu lundi le Forum des chefs d’Etat et de gouvernement du Maep (Mécanisme africain d’évaluation entre pairs, instrument de contrôle auquel adhérent volontairement les Etats membres de l’Union africaine). d’autre part se tiendra, en octobre prochain à Kampala, en Ouganda, d’un Sommet spécial des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine sur les réfugiés, les rapatriés et les personnes déplacées intérieurement (PDI) en Afrique a-t-on indiqué hier à Syrte. Premier du genre, ce Sommet aura pour thème «l’UA relève le défi du déplacement forcé en Afrique». Il a été noté par ailleurs, la présence à Syrte, du président malgache destitué en mars dernier du pouvoir, Marc Ravalomanana, venu en Libye défendre sa cause, selon un communiqué publié dimanche à Johannesburg. «Ravalomanana continuera à travailler étroitement avec toutes les parties intéressées à trouver une solution pacifique et durable à la crise à Madagascar», est-il précisé dans ce communiqué.
Deux chefs d’Etat seront présents à ces assises africaines, le président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, et son homologue iranien, Mahmoud Ahmadinejad. M.Lula da Silva va essentiellement parler de l’expérience du Brésil en matière agricole indique le porte-parole du président brésilien. Selon le porte-parole, le président Lula prônera également des «politiques de soutien à l’agriculture familiale et la création d’emplois dans les zones rurales pour lutter contre la pauvreté de manière plus efficace». Ce sera là la dixième visite du président brésilien en Afrique depuis son accession à la magistrature suprême de son pays, rappelle-t-on. Par ailleurs, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, prendra part au Sommet de l’UA, a rapporté hier l’agence de presse iranienne Mehr.
Au cours de sa visite prévue sur deux jours, le président Ahmadinejad prononcera un discours devant les chefs d’Etats africains, a indiqué l’agence, qui ne donne pas d’autres précisions.
La présence du président iranien à la tribune d’un sommet de l’Union africaine n’est pas une première. Mahmoud Ahmadinejad avait déjà participé au sommet de l’Union africaine, à Banjul (Gambie) en 2006. Cette fois-ci, il est l’invité personnel du guide libyen, président en exercice de l’Union africaine. Le Premier ministre italien est également attendu. Silvio Berlusconi est également invité par le colonel Kadhafi. Les relations entre les deux hommes sont visiblement au beau fixe depuis le règlement du contentieux colonial entre les deux pays. La présence du président iranien est donc diversement appréciée. Embarrassés, les ambassadeurs des pays membres de l’Union européenne se sont réunis dans l’après midi de mardi, à Syrte, pour adopter une position commune.
Les responsables de la Commission, Jean Ping en tête, auraient expliqué, pour se démarquer de cette initiative et pour marquer leur embarras, qu’ils n’ont qu’un seul invité, le président brésilien Lula.

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