La reprise des négociations sur le partage des revenus prévue le 18 novembre à Addis-Abeba n’a pas eu lieu en raison de l’absence de la délégation de Khartoum
Les violences dans la zone frontalière entre le Soudan et le Soudan du Sud se multiplient et la tension est de plus en plus forte entre les deux Soudans. De ce constat, des émissaires du président américain Barack Obama ont manifesté leur profonde inquiétude lors d’une visite dimanche 20 et lundi 21 novembre dans la région. En effet, Les combats font rage depuis juin au Kordofan-Sud, Etat du nord du Soudan et limitrophe du Soudan du Sud et où une partie de la population a combattu au côté des Sudistes pendant la guerre civile entre le Nord et le Sud (1983-2005, 2 millions de morts). Le Kordofan-Sud est aussi le dernier Etat soudanais producteur de pétrole depuis la sécession le 9 juillet du Soudan du Sud, qui détient l’essentiel des réserves de pétrole. Depuis cette date, le Soudan du Sud a vendu 33,4 millions de barils de pétrole à l’étranger, pour une valeur estimée à 3,2 milliards de dollars, malgré le blocage des négociations avec Khartoum sur le partage des revenus, selon un communiqué du ministre du Pétrole et des Mines Stephen Dhieu Dau publié lundi 21 novembre.
En rappel, le nouveau pays, dévasté par des années de guerre contre le Nord tire 98% de ses revenus du pétrole, mais les négociations sur un partage des revenus pétroliers entre le Sud, qui détient la majeure partie des réserves, et le Nord, qui contrôle les infrastructures indispensables à l’exportation, sont au point mort. Le communiqué du ministère n’a donné aucune précision sur le niveau de production des champs pétroliers sud-soudanais, qui était d’environ 350.000 barils par jour avant l’indépendance mais a fortement baissé depuis que Khartoum a rappelé ses ouvriers et sous-traitants qualifiés. Pour tenter de relancer les négociations, l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, qui a pris la tête des efforts de médiation de l’Union africaine, a rencontré dimanche les négociateurs soudanais à Khartoum pour évoquer les questions économiques. « Nous avons proposé aux gouvernements du Soudan et du Sud Soudan que nous devrions reprendre ces négociations sur toutes les questions en suspens à Addis-Abeba cette semaine », a déclaré M. Mbeki, sans préciser de date.
Le Soudan et le Sud-Soudan discutent de nombreuses questions en plus du partage des revenus du pétrole. Des frontières et le différend sur l’affiliation de la région d’Abyei ne sont pas en reste. Khartoum veut régler une question à la fois, Juba veut au contraire toutes les lier. Résultat : aucun des dossiers pendants n’avance. Le régime d’Omar el-Béchir se crispe, constate un diplomate à Addis-Abeba. Dans ces conditions, le régime SPLM (Mouvement de libération du peuple du Soudan) du soudan du Sud estime qu’il n’a rien à négocier. Sur le terrain, les affrontements entre les deux pays se multiplient par rebellions interposées dans les Etats situés à la frontière entre le Nord et le Sud.
