Une fois de plus pour l’année 2011, les plus pauvres n’y gagnent pas autant et le prix dépasse fortement les prévisions budgétaires
Une facture augmentée de plus de 100 milliards par la conjoncture
La facture de la politique de subvention des prix des hydrocarbures pour le budget public camerounais dépasse largement les prévisions pour 2011. Sur la base des estimations obtenues à partir des données communiquées par la caisse de stabilisation du prix des hydrocarbures (CSPH), cette facture pourrait équivaloir en fin d’année, à 240 milliards de FCFA soit 108 milliards de plus. Cette situation résulte paradoxalement de la bonne tenue des cours du baril de pétrole sur le marché international. Mais il est surtout la conséquence d’une politique aujourd’hui contestable qui est celle de la stabilisation des prix à la pompe. Deux principales critiques sont formulées par des experts, à la politique de subvention des produits pétroliers. La première est que finalement elle ne servirait pas les intérêts du développement, surtout celui du revenu des plus pauvres. Selon une étude encore d’actualité et réalisée en 2007 par des experts du Fonds monétaire international (FMI) sur la distribution des revenus du pétrole, il ressort que 70% des subventions accordées pour le prix de l’essence, profiterait aux 40% des résidents, possédant des revenues élevés. L’étude a aussi démontré que les 20% de la population parmi les plus pauvres, bénéficient à peine de 1% de cette subvention. Même chose pour le pétrole lampant dont l’application de la subvention est souvent la plus présentée pour justifier de l’action du gouvernement en faveur des plus pauvres, il apparait que les 20% de la population parmi les plus pauvre bénéficie à peine de 13% de la subvention et en plus la consommation du pétrole lampant est moins importante que les deux autres produits que sont l’essence et le gasoil.
Un impact peu pertinent sur le revenu des plus pauvres
Face à cette critique, le gouvernement laisse entendre que l’impact de sa politique de subvention à l’échelle macro économique reste incalculable. Un argumentaire qui marque un point. Il a souvent été constaté que la hausse des prix des hydrocarbures à la pompe, a toujours un effet d’entrainement sur l’ensemble des prix sur les marchés. La conséquence est visible et immédiate mais cache l’effet pervers de la subvention. Une des conséquences de la subvention est que la Société nationale de raffinage (SONARA) est fortement créancière de l’Etat. En 2010, le gouvernement a reversé près de 107 milliards d’arriérés de compensation à cette société. Mais il lui devait encore près de 136 milliards de FCFA. La manière dont est calculée cette somme à reverser à la SONARA, reste très obscure, même si on en connait les composantes. En outre et c’est la deuxième critique adressée à la politique de subvention des hydrocarbures, parce que la Sonara attend ces obligations de l’Etat, elle se place, sur des proportions certes non déterminées, en insolvabilité face aux banques qui lui prêtent de l’argent pour son fonctionnement. La conséquence en est que ces banques y trouvent une occasion de justifier leurs « incapacité » à prêter à d’autres segments de l’économie.
Des axes d’améliorations en évidence
Certains partenaires au développement du Cameroun sont parvenus à démontrer qu’une révision progressive de la politique de subvention, permettait à l’Etat d’économiser des fonds qui pourraient être utilisés pour intervenir au profit des plus pauvres. Cela compenserait le surplus de dépenses occasionnées par une hausse du carburant ou du gasoil. D’un autre côté, des experts suggèrent qu’à défaut d’une réduction complète des subventions, l’Etat peut prendre des mesures spécifiques pour certains secteurs, comme celui des transports, permettant à ceux-ci sous certaines conditions, de bénéficier des prix préférentiels sur le carburant, afin de ne pas impacter sur le pouvoir d’achat des ménages. Une telle mesure permettrait une meilleure redistribution des richesses, une meilleure organisation du secteur des transports et par le jeu des ramifications, une capacité plus grande d’intervention de l’Etat sur l’économie. Sur la pression des bailleurs de fonds, l’administration semble consentir à assouplir sa politique de subvention de manière progressive. Mais même si la facture des compensations s’est alourdie de plus de 100 milliards de FCFA de plus qu’initialement prévue, aucun risque que le déficit budgétaire provienne de là. Les prévisions de recettes sur la vente du brut camerounais sont de près de 573 milliards de FCFA pour l’année 2011. Mais les 100 milliards en plus auraient par exemple permis de soutenir le projet en cours de banque des PME et des activités agricoles de manière sereine et pertinente.
