Ce qui explique souvent l’hostilité des populations occidentales aux immigrants

Par Leon Tuam

En ces jours où des fleuves d’immigrants déferlent sur l’Europe et l’inondent, les sentiments d’inimitié qui ont toujours suivi partout cette catégorie de personnes vont grandissants actuellement sur ce continent, d’où la nécessite de nourrir quelques réflexions sur les raisons profondes de cette hostilité.

1- Les raisons de l’hostilité aux immigrants
* La première raison qui fonde l’inimitié des populations locales vis-à-vis des immigrants est d’ordre sécuritaire et est quasi instinctive chez tous les humains. L’on ne veut ni partager ce que l’on a ni s’ouvrir aux bras dont on ignore tout.

* Les immigrants sont le plus souvent vus comme des pauvres venant des pays plus pauvres. Ainsi, les populations des pays d’accueil voient en eux des gueux issus des pays mal lotis qui arrivent pour profiter de leurs richesses si ce n’est pour ruiner leur économie. Ceci se voit un peu partout au monde. Cette année même, des Noirs Sud-africains ont couru sus à leurs propres frères et s urs africains immigrants, faisant de nombreuses victimes.

* C’est une hostilité qui est parfois enflammée et poussée à l’ extrême par des préjugés raciaux. C’est pourquoi l’inimitié que ressentent par exemple les Noirs parmi les populations occidentales resterait plus dosée et plus lourde que celle dirigée contre les Syriens, Libyens, Irakiens, etc. à la peau blanche. Ceci accompagne partout le Noir parce qu’il a été, pendant longtemps après traumas physiques et moraux et humiliations, étiqueté et exposé à tort comme un être incapable de productions matérielles et intellectuelles qualitatives et quantitatives. C’est cette pauvreté collée à lui qui en réalité fait du Noir le sous-être humilié et chosifié partout, et non la couleur de sa peau elle-même.

* Les medias occidentaux ont longtemps été le véhicule direct et indirect de cette hostilité des populations occidentales vis-à-vis des immigrants, par la désinformation et les mensonges, avec des journalistes qui se prostituent pour de l’argent et des avantages et plongent l’humanité chaque jour un peu plus dans l’abîme.

* Les politiciens et autorités économiques des pays occidentaux eux aussi ont contribué à l’accroissement de ce sentiment anti-immigrants, en montrant les pays d’origine des immigrants et réfugiés comme des antres ténébreux damnés de la pauvreté et sans espoir.

* D’aucuns en occident ont trouvé des raisons de détester, d’abhorrer et d’isoler des immigrants en s’attaquant à leurs croyances religieuses et à leurs langues différentes des leurs.

Comme nous pouvons le constater, tout a été fait et se fait pour que ces immigrants soient traités comme des humains de seconde classe. Pourtant, il est des vérités qui, bien exposées et répandues, feraient que des regards moins négatifs et nourris de la compassion et du respect se promènent sur ces gens qui sont une catégorie assez fragile.

2- Ce qu’on cache souvent aux populations occidentales
Il y a beaucoup de choses que les autorités politiques, économiques, religieuses et les medium de l’occident n’expliquent pas à leurs peuples et préfèrent garder le silence.

* Par exemple l’on apprendra rarement de leurs bouches que les matières premières qui alimentent leurs industries résultent du vol, du pillage, des violations des droits humains, des tueries, des salaires de misère, de l’appauvrissement et de l’affaiblissement des autres pays dont sont issus la plupart des immigrants qui envahissent ces pays occidentaux.

* Rarement les populations occidentales sauront des actes inhumains des politiques et groupes d’affaires occidentaux dans certains des pays d’où viennent ces réfugiés et immigrants. L’on ne leur dira jamais ni comment ces pays se trouvent endettés ni comment ils restent toujours pauvres.

* Rarement ils parleront de leur immixtion intempestive dans les affaires des autres, des guerres planifiées et de leurs nombreux soutiens aux marionnettes au pouvoir pour qu’ils se maintiennent et les aident à desservir les peuples à leur profit. Par exemple, le coup d’Etat que la compagnie Elf organise au Congo en soutenant Sassou contre le président élu Pascal Lissouba est présenté et vu en France comme une guerre civile opposant des armées tribales.

* Rarement les autorités économiques et politiques et medias occidentaux ouvriront chez eux des débats sur les nombreuses souffrances que leur pays infligent aux autres, allant du choix des dirigeants-valets aux échanges inégaux, aux accords cruels et contrôles financiers et monétaires en passant par des orientations économiques qu’ils imposent directement aux autres ou à travers la BM et le FMI.

Si l’on expliquait tout ceci aux populations occidentales qui reçoivent ces réfugiés, si très clairement on leur expliquait que ces «envahisseurs» dans leur pays vivaient même mieux qu’elles, si on les informait continuellement que ces gens venaient des pays riches, très, très riches que leurs autorités occidentales pillent, appauvrissent et empêchent de se mettre debout, alors, cette inimitié sauvage d’hier et d’aujourd’hui reculerait.

Avant d’abandonner ce sujet, ces vagues migratoires sans précédent vers l’Europe nous imposent quelques interrogations, car ceci à mon entendement a franchi les bornes du seul hasard.

Après les chaos créés dans certains pays, à qui profite ce désordre humanitaire aux portes de l’Europe? Pourquoi cette crise migratoire aiguë seulement maintenant et non pas hier ou demain? Deux hypothèses sont bien plausibles.

*Cette crise migratoire peut bien être une distraction organisée ou un prétexte, un voile sur la face du monde pendant qu’un désordre à l’échelle continentale ou mondiale se prépare dans les bureaux des grands architectes du chaos.

*Ces afflux d’immigrants peuvent aussi être simplement un projet secret visant à affaiblir et briser l’Europe et surtout les pays de l’Union Européenne déjà bien secouée par maintes crises: crises sociales, financières, et de confiance. Somme toute, cette crise migratoire n’est pas anodine. Et le temps ne tardera pas de tout déballer.


Droits réservés)/n

A Sarko et BHL, des guerroyeurs impunis

Par Francois Zoomevele Effa

Monsieur l’ancien président de la république française,

Monsieur le philosophe en blanc, guerrier médiatique,

Je me dois de vous adresser cette lettre afin de vous rappeler vos responsabilités sur une guerre sans fondement que vous avez provoquée tous les deux en Lybie, mettant ce pays à sang et à feu.

Vous affirmiez, vous appuyant sur des déclarations de KADAFI que ce dictateur allait massacrer son peuple.

Ce n’était pas une première dans les mensonges pour déclencher une guerre, BUSCH l’avait déjà fait avec ses mensonges sur les armes à destruction massive en Irak. On voit le massacre que ce mensonge continue de produire, des milliers de morts dans une guerre sans fondement, et le menteur en chef jamais inquiété.

C’est vous SARKO qui devrez être prisonnier à la Cours Pénale Internationale, et non GBAGBO. Vous avez, avec la complicité médiatique de votre philosophe à la noix de coco BHL (dont je suis certain, vous n’avez lu aucun livre), assassiné impunément KADAFI. Il avait trop de révélations compromettantes contre vous.

Vous qui faisiez la pluie et le mauvais temps en Afrique, Affirmant
– Que l’homme africain n’était jamais entré dans l’histoire,
– Que vous alliez délivrer les voleurs d’enfants de l’Arche de Zoé, et vous le fîtes.

Et comme si ça ne suffisait pas, vous revenez à la charge dans votre haine de l’Afrique. Voilà que vous proclamez que «l’Europe et l’Afrique ont des destins liés». Si c’est pour légitimer la traite des Nègres, la Françafrique ou les bienfaits de la colonisation, ce n’est pas la peine de faire vos préambules, comme votre dernière déclaration à la télévision où vous indiquiez que «la population subsaharienne avait en un siècle augmenté de 100%».

Je vous demande, avec toutes guerres dont vous êtes directement responsable en Afrique, pour ne citer que la Côte d’Ivoire et la Lybie, pourquoi n’avoir pas, du temps où vous dirigiez votre pays, proposé ce statut de réfugié de guerre que vous voulez imposer aujourd’hui?

Vous ne serez plus jamais Président de la France, c’est, si vous ne le saviez pas encore, une malédiction que vous jettent les Africains qui vous rendent l’amour que vous leur portez, il vous est même conseillé de vous retirer de toute course au pouvoir, car vous risquez de connaître le même bannissement que D.S.K.

Quant à vous le philosophe médiatique en blanc, votre absence dans les médias est quand même bizarre! Vous n’avez donc aucune pitié pour ces pauvres syriens. Vous n’avez pas appelé à abattre le dictateur de ce pays comme vous l’avez fait avec KADAFI et, depuis l’arrivée en grand nombre de ces réfugiés c’est le silence médiatique avec vous, c’est très suspect. Il est vrai que vous nous avez habitué à ce silence car, malgré les dizaines et les centaines de milliers de morts, de noyés et de naufragés subsahariens depuis la Libye jusqu’en Italie, il aurait été indécent que vous disiez quoi que ce soit.

Mais de vous à moi, l’indécence en matière d’Afrique, ça ne vous connaît pas. Nous espérons que vous allez réagir lors du prochain sommet parisien sur l’écologie… mondiale, que vous ferez un manifeste sur ce qui se sont enrichis et continuent de le faire sur le bois africain exploité sauvagement, à moins que le massacre des essences des forêts tropicales n’ait pas la même médiatisation que ses enfants réfugiés morts aussi en fuyant vos guerres.

Francois Zoomevele Effa.
Journaludcameroun.com)/n

Ces images qui troublent les consciences

Par Michel Lobé Etamé, journaliste

Il y a en Europe des clivages qui s’inscrivent dans une logique sociétale: c’est le cas des migrants qui envahissent l’Europe. Les avis sont partagés. Les pays des Balkans qui ignoraient jusqu’ici l’existence d’un autre monde se trouvent aussi malgré eux, confrontés à la mondialisation. Celle-ci se traduit par de nouveaux réfugiés. Nous pouvons comprendre leur réticence, leur étonnement, leur peur et leur désarroi face à un flux humain que rien ne laissait présager.

Le monde bouge. Pour quelques-uns, il devient un cauchemar. Pour d’autres, ceux qui vivent dans la paix et la sécurité, les guerres sont lointaines, hors de leurs frontières. Elles troublent plus ou moins leur conscience.

Les enjeux politiques sont pourtant de taille. Ils vont dessiner un nouveau monde. La perception de ce nouveau monde échappe au citoyen ordinaire. Il sera l’ uvre des décideurs d’aujourd’hui. Ne soyons pas surpris de voir aux portes de l’Europe des groupuscules dangereux et prêts à tout. Ils s’appellent Al Qaida, Etat Islamique, Daesh, Aqmai, Talibans, Shebabs.

Les horreurs rapportées de ces «contrées lointaines» et si proches à la fois sont insupportables. Il n’est pas loin ce temps où la guerre a jeté dans les rues des enfants, des femmes et des hommes en Europe. Les plaies ne sont toujours pas cicatrisées et les images sont fréquentes sur nos écrans de télévision pour nous rappeler que le mal peut encore sévir.

L’homme est capable de toutes les monstruosités. Nous savons aussi qu’il a la mémoire courte et sélective. Mais, des questions se posent: pourquoi ces guerres? Pourtant l’Occident fait preuve ici d’une solidarité sans faille: il faut éradiquer les extrémistes musulmans. Un monstre sans queue ni tête dont l’objectif premier est la destruction de la civilisation judéo-chrétienne.

Voilà un argument qui a du poids et qui mobilise. Nous comprenons en conséquence la détermination des américains à user de leur artillerie lourde pour venir à bout de ce diable. A ses côtés, les européens ne se font pas prier. Ils s’investissent. L’ennemi est commun.

Nous refusons d’admettre que les monstres qui sont à nos portes sont nés de l’intervention américaine en Irak. Cette guerre injuste est à l’origine des foyers brûlants qu’il nous sera difficile d’éteindre.

Il s’impose à nous un examen de conscience. Nous ne pouvons imposer au reste du monde notre culture. Et si c’est le cas, il faut le faire par étape. Les changements de sociétés se font avec le temps, avec une pédagogie où le respect des autres civilisations doit être la règle essentielle. La force n’y peut rien.

Les armes n’auront pas raison des peuples. L’histoire le montre bien. Les japonais ont échoué en Chine et en Corée. Les américains surarmés n’ont pas eu raison des vietnamiens. Ces enseignements n’ont pas éclairé les dirigeants actuels convaincus que la puissance militaire peut mettre à genou des idéologues fous. Ils se trompent.

En attendant que les robots meurtriers entrent en scène, les drones planent sur les têtes et tuent sans distinction de sexe ni d’âge.

Le monde est fou! Toutes les guerres déclenchées à travers le monde n’enrichissent pas les états. Elles servent les intérêts particuliers. Le chômage et la pauvreté vont continuer à précariser le monde. Où est donc ce monde meilleur que les politiques à la gâchette facile nous promettent?

Les solutions ne sont ni militaires, ni politiques comme le conçoit l’Occident. La solution est économique. Il faut sédentariser les populations, éradiquer la faim et favoriser l’émergence d’une culture démocratique. Dans un monde où la croissance est anémique, les armes montrent leur limite. Seul un développement structurel et non conjoncturel dans les pays pauvres ou en guerre mettra fin à l’exode des populations.

La photo d’un enfant gisant sur une plage en Turquie a-t-elle réveillé les consciences? Nous pouvons en douter. La guerre du Vietnam a livré les mêmes images où les bombes au napalm ont jeté dans la rue des enfants. Au Soudan, nous avons vu les images d’un enfant affine et agonisant sous le regard d’un rapace qui attendait sa pitance. Longtemps, nous avons cru que le monde civilisé prendra conscience de l’ampleur et de l’inutilité de la guerre. Il n’en est rien.

L’histoire ne nous a rien appris. Les nouvelles images largement diffusées en Méditerranée vont troubler nos consciences l’espace d’un jour. Et la guerre repartira. Comme d’habitude!

Demain, d’autres foyers de guerre vont s’ouvrir. La fatalité n’existe pas. Nous la provoquons pour l’égoïsme d’une poignée de financiers qui agissent à la place des politiciens corrompus et sans charisme.

Des foyers dépouillés par la guerre.
Droits réservés)/n

Vive la rentrée!

Par Michel Lobé Etamé, journaliste

Ravi et excité à la fois de savoir que vous avez passé de bonnes et studieuses vacances. Heureux ceux qui se sont déconnectés du net. Le monde a continué à tourner sans nous. Les évènements se sont succédés et comme d’habitude, les nouvelles sont partagées: les naissances, les morts, les anniversaires, la bourse mondiale, les guerres, les pleurs, les migrants, parfois les rires et les espoirs.

Nous avons procédé à un juste récapitulatif des informations qui ont échappé à notre vigilance. Il faut dire que la chaleur a éloigné certains d’entre nous des postes de télévision et des téléphones portables. Le bilan n’est pas très élogieux.

Au proche Orient, la guerre bat toujours son plein avec son lot de morts de chaque côté. Les populations civiles sont poussées à l’exil. L’Europe hérite de ces migrants désemparés qui ne passent plus seulement par la Méditerranée. Une nouvelle voie s’est ouverte dans les Balkans. L’Union européenne gère tant bien que mal. Le drame des migrants en Autriche va-t-il réveiller les consciences?

Mais les questions demeurent sans réponse: pourquoi l’exil? Les guerres en sont-elles les causes? Qui a déclenché ces guerres et à qui profitent-elles? Ces questions sont toujours occultées.

Une première: l’Arabie Saoudite a enfin accepté des candidatures de femmes aux prochaines élections locales. C’est une grande première dans un pays soutenu par les grandes puissances.

En Inde, deux s urs ont été condamnées à être violées. Elles ont le tort d’être les s urs d’un jeune homme qui a enlevé l’épouse d’un homme d’une autre caste.

Dure, la vengeance!

La Grèce va se rendre aux urnes. Syrisa a perdu de sa superbe et son fringuant chef Tsipras a rendu son tablier pour redorer son image épinglée dans son propre camp. L’automne nous dira s’il a eu raison de solliciter une majorité absolue.

L’Unesco se prépare à de grands évènements avec un nouveau programme de développement mondial. Mais soyons vigilants: cet organisme sert-il les intérêts des pays pauvres?

En Asie, la découverte du débris d’un avion à l’île de la Réunion a suscité des espoirs. Il appartient bien au vol MH370 de la Malaysia Airlines.

En Chine, la bourse de Shanghai a fait vaciller l’économie mondiale. La crainte de la dégradation de la situation financière des entreprises chinoises a plongé les bourses occidentales dans le doute.

En France, nous avons vécu une nouvelle tragédie grecque: Marine le Pen a mis fin aux fonctions de son géniteur et l’a exclu du parti qu’il a créé. L’Université d’été du parti socialiste a montré les divisions entre le pouvoir exécutif et les militants nostalgiques d’une gauche qui ne se reconnaît plus. Léon Blum a dû cligner de l’ il dans sa tombe.

Nous avons aussi évité une catastrophe dans le train Thalys reliant Bruxelles à Paris grâce au courage de quelques effrontés. Ils ont eu droit à la légion d’honneur.

Et l’Afrique?
Au Burundi, le toujours «président et fraîchement élu» a demandé à la population de surveiller les opposants supposés saboter la «démocratie». Au soudan, les États-Unis et l’Union européenne ont obligé les belligérants à déposer les armes.

En Mauritanie, la justice vient de confirmer en appel la peine de deux ans de prison ferme contre trois militants anti-esclavagistes pour «appartenance à une organisation non reconnue» et «rébellion». L’esclavage est légitimé en Afrique.

Au Cameroun, la course à la richesse bat son plein. Les crimes rituels ne connaissent pas de répit. Des hommes d’affaires ont été arrêtés pour leur implication dans l’assassinat de cinq enfants de cinq ans. Ce comportement est devenu banal et fait le bonheur des marabouts escrocs qui promettent la richesse et des postes ministériels et décisionnels. Boko Haram sévit toujours en toute impunité.

En sport, les médias nous ont offert des images sublimes des mondiaux de l’athlétisme à Pékin. Encore et toujours Usain Bolt. Au championnat du monde de judo, Teddy Riner a été hissé au sommet du judo mondial avec un huitième sacre.

Voilà! Si vous avez passé les vacances sur un hamac, retrouvez l’actualité qui évolue au gré des évènements.


Droits réservés)/n

Lutte contre le changement climatique: l’Afrique attend une juste rétribution

Par Isidore Kwandja Ngembo

Les quatre prochains mois qui précèdent la fin de l’année 2015 seront déterminants pour l’avenir notre planète Terre et l’héritage que nous laisserons aux générations futures. En effet, l’humanité s’apprête à vivre deux événements majeurs internationaux qui pourront ouvrir la voie à un nouveau chapitre de la lutte contre le changement climatique.

Du 30 novembre au 11 décembre 2015, les États membres des Nations Unies devront se réunir à Paris, dans le cadre de la 21e conférence internationale sur les changements climatiques, pour conclure un accord contraignant sur le climat. Cet accord aura pour objectifs de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et ainsi limiter à 2 degrés Celsius le réchauffement climatique mondial, conformément à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

La conférence de Paris sera précédée par un sommet des Nations Unies à New York, du 25 au 27 septembre 2015, consacré à l’adoption d’un nouveau programme de développement durable pour l’après-2015. Il s’agit en effet des nouveaux Objectifs de Développement Durable (ODD) que les États veulent se fixer pour orienter leurs actions en faveur d’un développement durable et équitable, afin d’améliorer les conditions de la vie humaine. Ces nouveaux Objectifs s’appuieront naturellement sur les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui arrivent à échéance à la fin de l’année 2015.

Mais, même s’il convient de reconnaitre que des progrès notables ont été réalisés pour atteindre les OMD, il y a lieu de noter néanmoins que la pauvreté est loin d’avoir été éradiquée. Certaines régions du monde n’ont pas encore un accès à l’eau potable indispensable à la vie et à l’énergie électrique nécessaire pour une activité économique.

Il est donc important que les décideurs politiques et économiques, tant au niveau international, national qu’au niveau local, prennent conscience que le réchauffement climatique est irréversible et nuit énormément au bien-être des humains. Et, qu’il est temps maintenant de prendre des mesures d’urgence et des solutions novatrices réalistes pour lutter efficacement contre le changement climatique.

Tous les efforts de lutte contre le changement climatique devraient tenir compte à la fois des problèmes liés au développement durable, au développement socioéconomique, à l’équité et l’égalité sociale pour réellement combattre la pauvreté et améliorer les conditions de la vie humaine.

La forêt comme une des solutions au réchauffement climatique
Les scientifiques spécialisés dans les questions de changement climatique sont d’avis que l’augmentation des émissions de GES expose inévitablement la planète Terre au réchauffement climatique. Ils reconnaissent également que les forêts jouent un rôle important dans le processus de réduction des émissions de GES, dans la mesure où elles contribuent au stockage de carbone et à l’atténuation des émissions anthropiques. En effet, les arbres retiennent le CO2 par le mécanisme de la photosynthèse, rejetant l’O2 et stockant le carbone atmosphérique.

Dans une étude menée par les chercheurs de University College London et University of Leeds au Royaume-Uni, les auteurs notent par ailleurs que les forêts tropicales représentent plus de la moitié du patrimoine boisé mondial et sont le principal foyer de biodiversité.

L’Assemblée générale des Nations Unies a, dans une résolution déclarant l’Année internationale de la forêt, rappelé également que: «Les forêts sont une partie intégrante du développement mondial durable : les activités économiques relatives aux forêts ont une incidence sur l’existence de 1,6 milliard de personnes au plan mondial, apportent des bienfaits socioculturels, servent de fondement aux savoirs autochtones et, en tant qu’écosystèmes, jouent un rôle primordial en matière d’atténuation des répercussions des changements climatiques et de protection de la biodiversité».

Incontestablement, la forêt fait partie intégrante des solutions pour un développement durable.

Forêt du bassin du Congo et lutte contre le changement climatique
Avec plus de 200 millions d’hectares de la forêt tropicale, le bassin du Congo en l’Afrique centrale est le second poumon écologique du monde et le plus grand réservoir de biodiversité en Afrique. Cette forêt libère de l’oxygène indispensable à la vie de toute l’humanité, mais force est de reconnaitre honnêtement que les populations locales qui se privent des avantages qu’ils auraient pu tirer de son exploitation, ne reçoivent pas nécessairement une rétribution juste et équitable, correspondant aux sacrifices qu’ils endurent pour garder intact cette forêt au bénéfice de toute l’humanité.

Nous ne devons pas perdre de vue qu’en Afrique subsaharienne, la forêt est un élément vital du mode de vie traditionnel et une ressource socio-économique pour les populations locales. Plusieurs centaines de millions de personnes ne disposant pas de l’énergie électrique, dépendent quasi quotidiennement de la forêt pour leur survie, notamment en se servant du bois pour la construction de cabane; de la biomasse pour cuisiner, se chauffer, s’éclairer; de la chasse et la cueillette pour se nourrir; mais aussi des racines et écorces d’arbre (substances médicamenteuses) pour se soigner, etc.

Accès au financement pour lutter contre le changement climatique
Pour utiliser le langage politiquement correct, disons que certains pays pauvres ne sont pas en mesure d’aller chercher suffisamment des ressources financières disponibles au niveau international pour assumer les coûts d’adaptation et d’atténuation aux effets climatiques. En effet, plusieurs obstacles d’ordre technique se dressent à eux, les empêchant d’accéder équitablement aux instruments de financements internationaux destinés à soutenir tous les efforts d’adaptation et d’atténuation aux effets climatiques.

Très souvent, en entend également dire que les pays pauvres manquent des ressources humaines capables de comprendre la complexification des mécanismes internationaux de financement et de présenter à temps des projets qui répondent aux exigences des bailleurs de fonds. Ceux qui parviennent tout de même à présenter des projets selon les standards exigés, reçoivent des sommes «dérisoires» qui ne correspondent pas du tout aux besoins d’adaptation et d’atténuation aux effets du climat.

Au regard de tout ce que précède, il apparaît clairement que la préservation de l’immense ressource forestière du bassin du Congo n’est pas seulement pour le bien-être de populations locales, il l’est également pour l’humanité toute entière, dans la mesure où cette forêt contribue à la réduction des émissions de GES à échelle mondiale.

Investir dans le développement des énergies renouvelables pourrait faire d’une pierre deux coups dans la préservation de la forêt : à la fois procurer de l’énergie à un prix abordable à la population locale qui utilise la biomasse pour cuisiner, se chauffer et s’éclairer; mais également stimuler l’activité économique pour sortir l’humain de la pauvreté.

Par contre, ne pas investir dans la préservation de cette importante ressource forestière qui contribue à limiter le réchauffement climatique mondial, c’est laisser le bassin du Congo à la merci de «prédateurs», à la recherche effrénée du lucre, qui coupent à la tronçonneuse les arbres et saignent à blanc la forêt tropicale pour extraire des grumes de bois brut destinées à l’exportation.

Ainsi, avec la déforestation qui se poursuit à une vitesse grand V, la dégradation de la forêt du bassin du Congo aura des conséquences néfastes, non seulement pour les populations locales qui en dépendent, mais également pour population mondiale qui bénéficient du bienfait de cette forêt.

Isidore Kwandja Ngembo.
Isidore Kwandja Ngembo)/n

L’Afrique peut nourrir l’Afrique

Face à la hausse du prix du blé sur le marché mondial, les paysans camerounais s’organisent pour assurer la sécurité alimentaire en fabriquant des farines à base de produits locaux

Un couteau dans une main, un tubercule dans l’autre, Mireille Yamben épluche rapidement des tubercules de manioc qu’elle met à laver dans une bassine. Elle passe ensuite ces tubercules dans une cossetteuse, un appareil qui concasse les tubercules. Puis, les cossettes sont mises à sécher pendant quelques heures dans un four artisanal fait de terre cuite. La jeune fille d’une trentaine d’année utilise enfin un moulin pour transformer les bouts de tubercules en farine de manioc.

Mireille Yamben est membre d’une association d’agricultrices dont l’objectif est la transformation des tubercules en farine. Au Cameroun, plusieurs regroupements d’agricultrices, pratiquant l’agriculture familiale, se livrent aussi à la transformation à petite échelle du manioc en farine. Cette farine est ensuite utilisée pour la fabrication du pain, des viennoiseries et des pâtes alimentaires. Ces aliments très consommés par les camerounais sont cependant inaccessibles à une grande majorité de la population à cause du prix prohibitif. En fait, ces aliments sont fabriqués à base de farine de blé, une farine importée dont le prix est sujet à fluctuation en fonction du cours du blé sur le marché mondial. Cette fluctuation des prix expose les populations à l’insécurité alimentaire.

D’après le rapport d’évaluation de l’atteinte par le Cameroun des Objectifs du Millénaire pour le développement, élaboré par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), «au Cameroun, la perspective d’éliminer l’extrême pauvreté et la faim à l’horizon 2020 reste incertaine si on s’en tient à la tendance actuelle». Toutefois, certains pays s’en sont mieux sortis. D’après le rapport intitulé l’Etat de l’insécurité alimentaire dans le monde élaboré en 2015 par la FAO, «les pays ayant fait des progrès dans la lutte contre la faim ont bénéficié de conditions politiques stables et ont promu la croissance économique inclusive et le développement de l’agriculture, de la pêche et de la foresterie».

Conditions difficiles
Depuis 2008 au Cameroun, l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic), le plus grand regroupement de producteurs du Cameroun, mène des études et des plaidoyers pour l’incorporation de 10% de farine de tubercules de manioc produite localement, à la farine de blé importée, lors de la fabrication du pain.

« Le consommateur ne sentira pas de changement au niveau du goût, mais le pain sera plus riche et plus lourd », explique Bernard Njonga, le fondateur de l’Acdic. Il précise qu’à plus de 10% d’incorporation, le pain devient lourd et ne croustille plus. L’association propose également d’incorporer 30% de farine de patate, qui est un peu sucrée, dans la fabrication de viennoiseries. Cela pourrait aider à réduire le coût du sucre utilisé dans les gâteaux.

L’ajout de farines locales pourra réduire le coût du pain, la dépendance vis-à-vis des importations et favoriser la sécurité alimentaire, tout en permettant à l’agriculture locale de se développer. Et pourtant, la réalisation du projet se heurte à divers obstacles.

Les membres de l’Acdic ont expérimenté la transformation locale de la farine de tubercule de manioc et les résultats étaient concluants. Ils ont ensuite approché des boulangers, qui ont accepté d’utiliser les farines locales mais à certaines conditions.

« Les boulangers veulent des farines de couleurs uniformes, ayant un même taux d’humidité, une même granulométrie. C’est-à-dire, lorsqu’on écrase la farine, que la finesse soit la même. Or, les paysans sont incapables de respecter ces conditions. Ils sont plus aptes à produire », explique Bernard Djonga.

Décision politique
Ces conditions des boulangers sont impossibles à remplir par les paysans, c’est pourquoi il faudrait une industrialisation. Et les industriels disent attendre une décision politique avant d’investir.
« Il faut que le chef de l’Etat décide que le pain consommé au Cameroun sera dorénavant enrichi à 10% de farines locales. Une telle décision libère les investisseurs et les industriels qui pourront s’engager sans craintes et mettre en place un mécanisme de production et de transformation de la farine locale », poursuit Njonga.

D’après les études menées par l’Acdic, l’incorporation de 10% de farine locale dans le pain entrainerait 5,75 milliards Fcfa net d’économie par an à l’Etat camerounais. De plus, elle va stimuler la production agricole, permettre de créer 49.000 emplois et des usines de production de farines.

Depuis 2008, et malgré les nombreuses démarches entreprises par l’Acdic, la décision politique du Cameroun se fait toujours attendre. Toutefois, d’autres pays ont favorisé l’incorporation de farines locales qui permet à la fois d’assurer la sécurité alimentaire, de promouvoir les agriculteurs.

Depuis plusieurs années, le Nigeria par exemple oblige les fabricants de farine à y incorporer 10 pourcent de farine de manioc. Au Sénégal, le Fonds national pour la recherche agricole et agro-alimentaire a introduit sur le marché un pain fait à base de farines de blé et de farines locales. A court terme, cette combinaison permettra de réduire les importations de blé de plus d’un tiers. Ce pain permettra aussi de garantir la sécurité alimentaire car possédant beaucoup de nutriments.

Selon la FAO, environ de 850 millions de personnes souffrent encore de sous-alimentation chronique dans le monde soit 15.5% de la population mondiale. L’amélioration des politiques communautaires en matière de sécurité alimentaire, aux plans national et continental, pourrait considérablement réduire le nombre de personnes victimes de l’insécurité alimentaire.

Un marché en Afrique.
Droits réservés)/n

Aliko Dangote s’allie à des Chinois pour développer ses cimenteries en Afrique

La compagnie chinoise Sinoma a signé mercredi un contrat de 1,487 milliard de dollars avec le milliardaire nigérian pour construire des usines de ciment dans plusieurs pays dont le Cameroun

Une entreprise chinoise a signé un contrat d’une valeur de 1,487 milliard de dollars avec le géant du ciment basé au Nigeria, le Groupe Dangote, pour construire des usines de ciment dans plusieurs pays africains.

Ces cimenteries seront construites par Sinoma International Engineering Co. Ltd de la Chine, dans des pays dont l’Ethiopie, le Kenya, la Zambie, le Sénégal, le Niger, le Mali, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Ghana.

Ils devraient ajouter 25 millions de tonnes métriques à la capacité existante du Groupe Dangote de près de 50 millions de tonnes de ciment.

Le propriétaire du Groupe Dangote et l’homme le plus riche de l’Afrique, Aliko Dangote, a déclaré mercredi lors de la cérémonie de signature à Lagos que le projet de ces cimenteries serait achevé dans 30 mois.

M. Dangote a dit que le geste est « une autre étape progressive » vers le plan de l’entreprise pour augmenter la production totale de ciment à 100 millions de tonnes d’ici 2020.

« Nous avons un partenariat avec Sinoma pour une très longue durée et je peux vous dire qu’ils sont très fiables pour gérer ce projet », a-t-il affirmé, notant que la l’entreprise chinoise avait construit plusieurs usines au Nigeria et dans d’autres pays pour son entreprise.

M. Dangote a indiqué que les nouvelles usines vont promouvoir la croissance de l’économie des pays d’accueil à travers la création d’emplois, ajoutant qu’il était « déterminé à améliorer l’économie de l’Afrique d’une manière responsable et durable ».

« Cette usine révolutionnera l’industrie du ciment dans chaque pays, car un pays comme le Niger dépend uniquement de l’importation et ils ont tous les matériaux nécessaires pour produire le ciment », a-t-il fait savoir.

Les projets comprendront l’installation d’équipements ainsi que des mines, des carrières et des installations électriques, selon M. Dangote.

Pour sa part, Shen Jun, président de Sinoma, a déclaré lors de la cérémonie que la société chinoise a construit plus de 10 usines de ciment pour le Groupe Dangote depuis 2008 dans plusieurs pays africains.

Il a qualifié les cimenteries et de nombreux autres projets réalisés par des entreprises chinoises en Afrique comme faisant partie des « conditions préalables » pour l’industrialisation du continent.

L’entreprise Sinoma s’engage également dans des activités qui profitent aux communautés locales lors de la réalisation de ces projets, a-t-il poursuivi, promettant d’« employer le meilleur de la technologie de la Chine dans ces projets » et de produire pour les pays africains des travailleurs locaux qualifiés.

A La cérémonie de signature étaient également présents des diplomates de la Chine, de la Zambie et du Niger.

Ce jeudi, 27 août 2015, le Premier ministre camerounais inaugure l’une des usines du groupe Dangote, basé à Douala, dans la capitale économique du pays.

Le Groupe Dangote est le plus grand conglomérat industriel en Afrique de l’ouest et l’un des plus grand en Afrique avec des entreprises impliquées dans la production du ciment, du sucre, de la farine, du sel, des pâtes, des boissons et dans l’immobilier.

Aliko Dangote
afripriz.com)/n

La population mondiale sera composée à 80% d’Africains et d’Asiatiques d’ici 2050

L’Asie sera le centre économique et culturel de la planète d’ici 2050, tandis que l’Afrique aura son mot à dire sur le plan démographique, selon les conclusions du Population Reference Bureau

L’Asie sera le centre économique et culturel de la planète d’ici 2050. L’Afrique aura également son mot à dire, mais surtout en termes démographiques: trois pays de ce continent feront partie des plus densément peuplés avant la moitié du siècle.

Le plus grand d’entre eux – le Nigeria – comptera seulement un million d’habitants de moins que les États-Unis, alors que le Congo et l’Éthiopie évinceront la Russie et le Mexique des 9e et 10e places de cette liste. En tout, la population de la planète comptera presque 2,5 milliards d’individus de plus qu’en 2015 selon les conclusions du Population Reference Bureau (PRB) américain.

L’indicateur clé est celui des enfants. Pendant que les pays développés luttent contre le vieillissement, l’Afrique connaît un boum de natalité. Parmi les leaders figurent le Niger, le Soudan du Sud, le Congo, la Somalie et le Tchad. Il faut également tenir compte de la diminution de la mortalité grâce au développement de la médecine, note le vice-président du PRB, Peter Goldstein. Les analystes supposent que dans 35 ans, les enfants nés en 2015 seront en meilleure santé et plus aisés que ceux qui ont 35 ans aujourd’hui.

Il y a également du changement en tête du classement. La première place, occupée aujourd’hui par la Chine, reviendra d’ici 2050 à l’Inde. « Ces dernières décennies les Chinois ont misé sur la diminution de la natalité, alors que cette croissance est stable en Inde et n’est pas limitée par la loi », explique Peter Goldstein.

L’Onu avait annoncé plus tôt des chiffres similaires – d’ici 2050 la population de la planète devrait passer à 9,7 milliards. On ne pourrait s’attendre à une diminution de ce chiffre que si le taux de natalité chutait dans les pays d’Afrique subsaharienne.

Les femmes restent le principal baromètre du bien-être familial: il est donc primordial de respecter et d’élargir leurs droits, préconise le PRB. Cela ne signifie pas pour autant que plus les femmes auront de droits, plus elles accoucheront. Dans les pays moins développés vivent aujourd’hui plus de 6 milliards d’individus contre seulement 1,254 milliard pour les pays développés. Dans plus de 40 pays, dont la grande majorité se trouve en Afrique, la population doublera dans 35 ans, et dans 34 États, au contraire, elle se réduira. Par exemple, la population du Japon baissera de 30 millions, pendant que la Lettonie perdra près d’un tiers de ses habitants.

L’espérance de vie moyenne des femmes joue un rôle important. Selon le PRB, elles vivent en moyenne aujourd’hui 73 ans, et les hommes 69 ans. Plus un pays est riche et plus son niveau de médecine est élevé, plus ces indices sont élevés.


Reuters)/n

Lucas Abaga Nchama: «Nous ne sommes pas les otages des Français»

Le gouverneur de la BEAC a présidé à Malabo, en fin de semaine dernière, la 38ème réunion annuelle du Conseil des gouverneurs de l’Association des banques centrales africaines. Pour une monnaie unique

Les gouverneurs des banques centrales africaines entrevoient la mise en place d’une monnaie unique sur le continent. «peut-être en 2030», avance le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC). Lucas Abaga Nchama a présidé la semaine dernière, la 38ème réunion annuelle du Conseil des gouverneurs de l’Association des banques centrales africaines (ABCA), clôturée à Malabo vendredi, 14 août 2015.

Le nouveau président de l’ABCA – association créée en 1965 sous les auspices de l’Organisation de l’unité africaine – qui cumule avec les fonctions de gouverneur de la BEAC, estime que le projet n’est pas irréalisable, malgré les conventions liant les pays de la zone Franc à la France.

«C’est comme l’intégration à l’intérieur de la Cemac. Un Etat peut décider d’aller avec les autres, comme il peut décider de revenir. Je rappelle que le Tchad était sorti. Je rappelle qu’en Afrique équatoriale française, le Cameroun n’était pas avec les autres. Je rappelle que la Guinée est entrée en 1985. Donc, l’Etat est toujours souverain pour entre et pour sortir», confie Lucas Abaga Nchama, dans des propos rapportés par le quotidien gouvernemental camerounais, mardi 18 août 2015. «Nous ne sommes pas les otages des Français. Ce sont des partenaires. C’est juste pour la convertibilité extérieure que nous avons signé une convention monétaire avec le Trésor. Nous sommes libres», défend-il.

Le projet de la création d’une banque centrale africaine et d’une monnaie unique sur le continent date de 1963, année marquant la naissance de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Elle a été dissoute en 2002 pour céder la place à l’Union cafricaine (UA), portée sur ses fonts baptismaux deux ans auparavant, à Durban, en Afrique du Sud.

«Nous sommes en train de travailler. On peut fixer un horizon. Peut être 2030. Nous avons préféré adopter une approche graduelle. Constituer d’abord des sous-régions. Il y en a six. Pour rester conforme à la théorie économique, notamment celles des zones monétaires optimales où il faut d’abord un minimum de convergence macroéconomique au niveau de l’économie réelle avant de passer au monétaire. C’est pour cela que nous avons préféré constituer ces groupements sous régionaux», soutient le gouverneur de la BEAC.

La création d’une monnaie unique et d’une seule banque centrale en Afrique charrie de nombreux espoirs. L’ABCA estime que la concrétisation de ces projets favorisera, entre autres, de plus importants échanges inter-africains et une intégration politique projetée depuis un demi-siècle. «S’il y a une intégration africaine avec une population jeune, avec tout ce dont regorge le continent africain, nous sommes capables de rêver qu’avant 2050, comme la Chine l’a montré au monde, l’Afrique est capable de devenir une puissance économique mondiale. C’est dans cette perspective que nous travaillons», assure Lucas Abaga Nchama.

Lucas Abaga Nchama, Gouverneur de la BEAC et président de l’ABCA
Droits réservés)/n

Kibonen Nfi dans la liste des 10 meilleurs stylistes africains de 2015

Classée 9ème aux côtés de ses homologues nigérian, ougandais, keynian, la créatrice camerounaise ne manque pas d’atouts pour faire remarquer son talent

La styliste camerounaise Kibonen Nfi, a été sélectionnée dans la liste des 10 meilleurs stylistes africains publiée par le magazine culturel Afrizap. La créatrice du « Bami Blue » a déjà fait valoir son talent au cours de nombreux défilés de mode dans le monde.

Sa marque Kibonen NY est l’un des labels de mode émergents d’Afrique qui s’avère être des « plus originaux ». Le savoir-faire de Kibonen Nfi a été remarqué par des critiques de mode en 2012, lors de la « Mercedes-Benz Fashion Week « en Afrique du Sud. Un talent qui a été confirmé l’année suivante, au cours de la « Africa Fashion Week » à New York en 2013.

Depuis lors, la créatrice camerounaise est une figure convoitée des médias étrangers. Elle a été en vedette dans « BBC – Focus sur l’Afrique », « GQ Style SA », « the New African Women Magazine » et même « Forbes life ». Résultat, son travail a été exposé au Musée national des Arts africains – Smithsonia Institution aux Etats-Unis.

Aujourd’hui, elle est stagiaire à « Donna Karan Atelier » basé aux Etats-Unis, où elle travaille pour des célébrités. Au Cameroun, Kibonen s’investie pour aider dans le développement de l’industrie de la mode, à travers la fabrication de vêtements « Made in Camer ».

Kibonen Nfi,pour une mode à la camerounaise.
Droits réservés)/n

Afrique subsaharienne: sept points pour comprendre la crise agricole

Par Louis-Marie Kakdeu

Les pays de l’Afrique subsaharienne sont des économies agricoles où certains citoyens meurent encore paradoxalement de faim. Les émeutes de la faim de 2008 au Sénégal, Cameroun et Burkina Faso ont révélé que le système était considérablement déficitaire depuis au moins 30 ans. Pourtant, comme le pensait aussi Jeffrey Sachs, Directeur d’Earth Institute de l’université Columbia à New York, un modèle de développement généré par l’agriculture permettrait à l’Afrique de venir à bout de l’insécurité alimentaire et des périodes de grande famine. Qu’est-ce qui cloche? Quelles sont les différentes facettes de la crise agricole en Afrique subsaharienne ?

Crise de la main d’ uvre
Il s’agit d’abord d’une crise de la main d’ uvre. Selon le FAO, la production de riz en 2014 a baissé de 12% au Liberia, de 8% en Sierra Leone et d’environ 4% en Guinée. La majorité des producteurs appartiennent à la classe des retraités dans des pays où la masse des jeunes de moins de 35 ans représente jusqu’à 75% de la population. Il convient de valoriser ce métier auprès des jeunes en créant un véritable statut pour l’agriculteur. De nos jours, les activités agricoles restent en majorité des exploitations familiales. Des incitations administratives leur permettraient de devenir des entreprises à part entière offrant des opportunités d’emploi.

Foncier rural
Sur le plan financier, l’absence d’une réforme du droit de propriété et du droit foncier fait des terres paysannes des objets sans valeur et non susceptibles de servir d’hypothèques pour l’accès aux marchés financiers. Sans oublier le fléau de l’accaparement des terres excluant les communautés indigènes de leur activité principale. C’est vrai qu’il est de la responsabilité du secteur financier d’innover ses produits pour les adapter aux spécificités de l’activité agricole, notamment en Afrique subsaharienne. En attendant, les États devraient bâtir des institutions fortes pour dissocier la survie des politiques publiques de l’avenir politique des individus comme au Malawi où la révolution verte était dépendante des méthodes du Président Mutharika mort au pouvoir en 2012.

Insuffisance des infrastructures
On a aussi une crise commerciale liée au manque d’infrastructures de base. Depuis le début des années 1990, les stocks d’infrastructures que l’Afrique hérités de la colonisation ne suffisent plus à soutenir la croissance économique. Par conséquent, le manque de moyens de transport ou des voies de communication conduit soit aux pénuries, soit aux flambées des prix, soit aux pertes en productivité estimées à 40% ou encore aux manques à gagner de 5 à 20% dus à l’absence d’électricité. Les investissements massifs dans les infrastructures demeurent une priorité.

Insuffisances technique et technologique
Aussi, la crise est surtout d’ordre technique et technologique. Les techniques traditionnelles d’agriculture sont encore prépondérantes. Par exemple, dans beaucoup de régions montagneuses, l’on cultive encore dans le sens de la montagne. La mécanisation de l’agriculture reste encore un luxe. Les semences les plus répandues sont non-sélectionnées. Au Cameroun, le peu de semences sélectionnées distribuées datent de 1987. Pis, l’essentiel des paysans restent analphabètes et n’ont pas accès de façon autonome aux avancées techniques et technologiques. Il convient donc d’investir massivement dans la vulgarisation des techniques et bonnes pratiques agricoles via des caravanes agricoles, la multiplication des écoles et laboratoires agricoles, le soutien de la recherche locale, etc.

Changement climatique
Il y a aussi une crise environnementale liée à la difficulté à adapter les cultures aux changements climatiques. Par exemple, les cycles des saisons ont changé mais, les cultures restent les mêmes ainsi que le calendrier agricole. Les paysans se retrouvent de plus en plus soit avec des inondations ou des sécheresses, ce qui impacte négativement les récoltes en quantité et en qualité. Il convient de faire de nouvelles études géotechniques et climatiques en vue de réorienter les activités agricoles en Afrique subsaharienne.

Les politiques agricoles continuent de favoriser les cultures rentières qui n’entrent pas dans les habitudes alimentaires locales. Dans les faits, les agriculteurs africains dépendent des produits importés pour la survie, ce qui ne favorise pas l’atteinte des objectifs d’autosuffisance alimentaire. Pis, ces politiques agricoles sont centralisées. Dans des contextes où les découpages des circonscriptions administratives ne correspondent pas aux régions naturelles du pays, l’on continue de décider au niveau central de ce qui ne marche pas de la même manière dans l’ensemble du pays. Il convient d’intensifier la décentralisation de l’agriculture et d’adopter la démarche bottom-up.

Subventions internationales
Plus important, les décisions de l’OMC ne sont toujours pas favorables à l’Afrique subsaharienne. Les producteurs africains subissent la loi de la « Realpolitik ». Il s’agit de l’hypocrisie des puissances mondiales qui subventionnent leur agriculture au détriment de l’Afrique subsaharienne en violation des règles du libre marché. Par exemple, seul un an d’indocilité légitime a permis au Malawi avec l’augmentation des subventions en 2005 de récolter un excédent de céréales d’un demi-million de tonnes et de les exporter au Lesotho, Swaziland et Zimbabwe (400 000 tonnes de maïs). Cet exemple de « révolution verte » montre que les Africains doivent s’autonomiser, développer le marché sous-régional et travailler à la transformation de leurs produits agricoles sur place.

Mauvaise gouvernance
Enfin, la crise est aussi et surtout celle de la mauvaise gouvernance locale. Il existe beaucoup de corruption dans les programmes et projets agricoles au niveau local. Des fonctionnaires véreux détournent les fonds alloués à la production agricole comme cela a été le cas dans le programme maïs au Cameroun en 2009. L’agriculture africaine ne prospérera pas dans la corruption. Le professionnalisme de la magistrature est nécessaire pour y faire face.

Comme le disait Jacques Diouf, Directeur Général de la FAO, une hausse de la facture des importations alimentaires des pays les plus pauvres aurait [« un impact dévastateur sur la sécurité de nombreux peuples et sur les droits de l’Homme »]. Cela veut dire que les crises politiques en Afrique subsaharienne seraient aussi des crises alimentaires. Il convient comme le disait Calestous Juma, professeur kényan à l’université Harvard et auteur de The New Harvest: Agricultural Innovation in Africa, de replacer l’agriculture au centre de toutes les décisions économiques majeures. Les États africains ont pris cet engagement à l’Union Africaine mais, le lobby des importations semble plus fort. Il revient au lobby des agriculteurs africains de se renforcer.

Louis-Marie Kakdeu pense l’agriculture autrement.
Droits réservés)/n

Réseau routier d’Afrique: des experts proposent des péages et pesages communs

Des spécialistes de sept pays africains sont réunis depuis mardi à Yaoundé dans le cadre de la 9ème réunion du groupe focal Afrique centrale de l’Association des Fonds d’entretien routier africains

La 9ème réunion du groupe focal Afrique centrale de l’Association des Fonds d’entretien routier africains (Afera) s’est ouverte mardi, 11 août 2015, dans la capitale camerounaise, Yaoundé, sous la présidence du secrétaire d’Etat auprès du ministre des Travaux publics, Hans Nyetam Nyetam.

Venus des sept pays d’Afrique, notamment la RDC, le Bénin, le Tchad, le Burundi, la République centrafricaine, le Gabon et le Congo, les experts de la route, qui prennent part à cette rencontre de trois jours, évaluent l’état du réseau routier, et cherchent, entre autres, des opportunités et stratégies utiles pour la préservation des routes.

Comment rendre efficace l’entretien routier, en particulier dans les corridors permettant l’intégration sous-régionale? En mettant en place des péages communs et en favorisant la création de pesages routiers autour de ces corridors, ont répondu les spécialistes. L’objectif de cette proposition est de freiner les surcharges et de s’assurer que le réseau routier ne s’abimera pas plus rapidement que prévu.

Seulement, de l’avis des participants réunis à Yaoundé autour du thème: «Viabilité des infrastructures de transport et intégration régionale en Afrique centrale: défis et réalités, les besoins financiers en entretien sont encore insuffisants et le recouvrement des fonds difficile. Seulement 40% des besoins ont pu être couverts jusqu’ici à travers toute l’Afrique.

L’autre difficulté qui compliquerait la tâche, d’après eux, c’est qu’une bonne partie des routes en Afrique est en terre. D’où la création, dans un premier temps, du Fonds routier dans les pays concernés, a justifié Hans Nyetam Nyetam. Selon lui, les gouvernements et les bailleurs de Fonds ont voulu assurer l’amélioration de l’état des réseaux routiers respectifs à travers une prise en charge spécifique.

Le secrétaire d’Etat a également décliné les trois piliers sur lesquels s’appuie le Cameroun en matière de Fonds routier. Il y a d’abord la loi portant création de cette institution qui protège le patrimoine routier national, ensuite l’accès permanent aux ressources, et enfin, le respect des principes de gouvernance.

Les projets financés par le Fonds routier du Cameroun ont également été évoqués. Notamment la route nationale N°2, Yaoundé-Mbalmayo-Ebolowa, financée dans le cadre du programme spécial d’urgence et le projet de construction de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen.

Pour le directeur général du Fonds routier au Burundi, Chantal Baringuvu, la rencontre de Yaoundé a pour but de permettre d’adopter et d’améliorer la méthode managériale et la gestion des ressources allouées pour cette cause.

Une route au Cameroun.
sogea-satom.com)/n

L’urgence de se serrer les coudes face aux menaces djihadistes en Afrique

Par Nestor N’Gampoula

Ce qui s’est passé au Mali les vendredi 7 et samedi 8 août lors d’une prise d’otages qui a coûté la vie à au moins douze personnes, dont un membre de la Minusma après l’attaque de l’hôtel Byblos de Sévaré, en plein c ur de la capitale malienne, et le fait que certains pays d’Afrique soient toujours les cibles d’attaques meurtrières, prouvent à l’évidence que les islamistes ont un objectif clair. Ils sont déterminés à tuer pour intimider les dirigeants africains où d’ailleurs, opposés à leurs ambitions hégémoniques d’étendre des croyances fondamentalistes partout.

Pour ce qui est du Mali, il faut rappeler que ce n’est pas la première fois que ce pays fait l’objet d’attaques visant des sites fréquentés par des Occidentaux. En mars dernier, un assaut lancé par des terroristes dans un restaurant à Bamako avait déclenché une fusillade qui avait fait au moins cinq morts dont un Français, deux Maliens et un Belge.

Si chacun des États concernés par des attaques djihadistes – Nigeria, Cameroun, Tchad, Niger, Mali, Somalie, Kenya, Égypte, Tunisie, pour ne citer que ceux-là, tente de faire quelque chose pour lutter contre le terrorisme, leurs dirigeants doivent comprendre que l’heure n’est plus aux querelles d’ego. L’urgence est plutôt aux résultats, étant donné que le Nigeria n’y est pas parvenu quoique son nouveau président Muhammadu Buhari soit arrivé au pouvoir.

Ceux de ces pays qui sont de plus en plus menacés par des attaques quasi quotidiennes, bien qu’on fasse des efforts de lutter contre le terrorisme, doivent prendre des mesures sécuritaires qui s’imposent pour les contrer. Cela pour la simple raison que la plupart des groupes d’insurgés qui ont fait allégeance à l’Organisation États islamique (EI) sont plus que déterminés à multiplier les attaques contre les nations visées.

D’où la nécessité de l’opérationnalisation de la Force d’intervention conjointe multinationale déjà placée sous commandement nigérian et dont le déploiement était initialement fixé au 30 juillet. Cette force régionale doit compter 8 700 militaires, policiers et personnels civils venus du Nigeria, du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Bénin.

Les services de renseignement sont tous appelés à jouer leur rôle en prenant de sérieuses dispositions de telle sorte que les terroristes ne mettent à exécution les menaces qu’ils vocifèrent dans des vidéos diffusées sur Internet. Ainsi, fouille au corps, examen des bagages et des véhicules, contrôles d’identité, etc. devraient se faire scrupuleusement. Dans cet ordre d’idées, il faut saluer les pays où des détecteurs de métaux sont en cours d’installation à l’entrée des bâtiments « sensibles » et dont les autorités ont pris des mesures courageuses en appelant la population à signaler tout comportement suspect.

Plus n’est besoin de rappeler que le partage du renseignement est l’une des réponses les plus efficaces pour prévenir les attentats-suicides. Une telle coopération a déjà porté ses fruits entre Yaoundé et N’Djamena. En effet, selon une source au sein des services de sécurité du Cameroun, les autorités de ce pays avaient, en janvier, prévenu les dirigeants tchadiens de l’imminence d’une attaque contre le président Idriss Déby Itno. Ces services avaient, en effet, intercepté des communications dont les auteurs s’informaient des itinéraires empruntés par le cortège du président tchadien, de la fréquence de ses déplacements et de l’importance de son dispositif de sécurité. Le projet a été déjoué. Et les terroristes ont dû s’attaquer à des cibles de moindre importance dans la capitale tchadienne, même si le bilan humain – une soixantaine de tués entre le 15 juin et le 11 juillet – est très lourd.

Face à la menace djihadiste, une coalition formée du Nigeria, du Cameroun, du Tchad et du Niger a certes lancé en début d’année une vaste opéra­tion militaire contre les insurgés de Boko Haram en leur infligeant de lourdes pertes sans parvenir à les neutraliser. Ce qui n’a nullement empêché une nouvelle vague de violences ayant fait plus de 800 morts depuis l’investiture, fin mai, du nou­veau président nigérian. Pourtant, ce dernier a fait de la lutte contre le terrorisme l’une de ses priorités.

Les attaques perpétrées par Boko Haram et la répression de l’insurrection par les forces nigérianes ont fait plus de 15 000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria depuis 2009. En outre, même si les armées de la région se mobilisent, les attaques ne cessent pas dans les pays concernés. La sécu­rité est loin d’y être réinstallée.

En Afrique centrale, des attaques sans précédent en territoires camerounais et tchadien doivent susciter une vigilance régionale puisque Boko Haram continue d’enchaîner raids meurtriers et enlèvements dans l’extrême-nord, en même temps qu’il mène des attentats-suicides au Tchad.


Droits réservés)/n

Réflexions sur la question grecque

Par Guy Samuel Nyoumsi, Vice-président du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires de France)

En 2015, avec le conflit entre la Troïka et la Grèce, l’Europe, médusée, a découvert la brutalité des politiques d’ajustement structurel. Évidemment, cela fait quarante ans que ces politiques odieuses sont appliquées en Afrique et en Amérique latine. Quarante ans qu’elles sont dénoncées en vain par les peuples du Sud. Mais là, c’est l’Europe qui est touchée. On traite un État européen comme s’il s’agissait d’«Africains de base» ou de «vulgaires Latinos». Quel scandale! Le CRAN constate une fois de plus une forme d’indignation sélective, et estime que si les peuples du Nord s’étaient mobilisés depuis quarante ans, ils auraient pu non seulement soutenir les peuples du Sud, mais aussi fourbir et préparer les armes qui les auraient rendus plus aptes à affronter les adversaires qui les menacent aujourd’hui.

Car, à l’évidence, la Grèce est en train de subir le traitement néo-colonial appliqué depuis les indépendances africaines à de nombreuses anciennes colonies. Les biens nationaux (aéroports, autoroutes, patrimoine immobilier, etc.) sont dépecés et vendus à la découpe. De manière plus brutale encore, des îles entières sont tout simplement mises à l’encan, procédé tout à fait semblable aux accaparements de terres de plus en plus fréquents dans les pays d’Afrique. Aujourd’hui, on n’a plus besoin d’armées pour s’emparer d’un pays, les banques sont l’arme suffisante pour prendre le pouvoir. Et ce sont ces mêmes banques, dont les pratiques ont mené à la crise mondiale, qui ont été sauvées par l’argent du peuple, et qui aujourd’hui affament les peuples.

Autre parallélisme entre la situation de la Grèce et celle des anciennes colonies, l’absence de souveraineté monétaire. Les pays de la zone CFA sont tributaires d’une monnaie frappée en Europe, dont ils ne contrôlent rien. C’est également le cas pour tous les pays de la zone Euro. Or si le dispositif est avantageux pour l’Allemagne, il est éminemment désavantageux pour un pays comme la Grèce. Dans ces conditions, le peuple grec se trouve à la fois privé de souveraineté monétaire, donc économique, mais aussi de souveraineté politique, puisque son expression populaire (lors des législatives de janvier, puis lors du référendum de juillet) a été par deux fois piétinée. Dans ces conditions, les partis d’extrême droite et les mouvements xénophobes ont devant eux un boulevard, et prennent comme boucs émissaires les minorités ethniques, évidemment persécutées, situation qui ne peut laisser le CRAN indifférent.

Pour autant, le CRAN n’est pas hostile à l’idée qu’il faille payer ses dettes. Au contraire. Encore faut-il que celui qui les exige ait lui-même réglé ses propres dettes à l’égard de celui à qui il les demande. Or, en l’occurrence, force est de constater que l’Allemagne, principal créancier de la Grèce, est aussi son principal débiteur. En effet, lorsque les Nazis occupèrent le pays, ils le soumirent à un emprunt forcé, ils emportèrent les réserves d’or et pillèrent le territoire d’une manière absolue. Et comme l’expliquait Soren Seelow, journaliste du Monde, dans un excellent article publié en 2012, l’Allemagne qui devait payer des réparations après la Première Guerre mondiale, déjà, «a fait trois fois défaut au cours du XXe siècle: dans les années 1930, en 1953 et en 1990».

Pour le dire autrement, l’Allemagne est le pays qui a presque toujours refusé de payer ses dettes tout en exigeant des autres qu’ils respectent leurs échéances, comme l’expliquait récemment Thomas Piketty. Dans ces conditions, s’il convient que la Grèce rembourse ses dettes, il reste tout aussi constant que l’Allemagne est redevable à la Grèce, depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette dette allemande, plus d’une fois évoquée par l’eurodéputé Daniel Cohn-Bendit, peu suspect de germanophobie primaire, a été évaluée par l’ancien secrétaire d’Etat aux finances hellènes, Philippos Sahinidis, qui a cité le chiffre de 162 milliards d’euros, à comparer au montant de la dette grecque qui s’élevait à 350 milliards d’euros fin 2011.

Le CRAN rappelle que les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles, que l’Allemagne n’a que peu réparé le crime qu’elle a commis, et qu’elle est donc bien mal placée pour réclamer des dettes à la Grèce qu’elle a autrefois saignée en toute impunité. Le CRAN rappelle que ce qui est vrai des crimes contre l’humanité liés à la Seconde Guerre Mondiale l’est tout autant des crimes de l’époque coloniale, qu’il s’agisse de l’esclavage aux Antilles, en Guyane ou à la Réunion, de la rançon imposée au peuple haïtien, ou du travail forcé pratiqué en masse en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale jusqu’en 1946, et même au-delà.

Dans ces conditions, le CRAN ne peut qu’exprimer sa solidarité avec le peuple grec endolori, et condamner les Etats comme l’Allemagne, mais aussi la France, qui refusent de régler leurs dettes, tout en exigeant d’autrui (qu’il s’agisse de la Grèce ou des pays africains) qu’il respecte leurs engagements.


Droits réservés)/n

Boko Haram: contributions pour la défense du Cameroun et du Nigéria

Par Franklin Nyamsi, président du Collectif Diasporique Camerounais

Toute l’Afrique est désormais menacée d’invasion par les armées de l’Etat islamique, dont le projet de création d’un califat obscurantiste mondial menace autant le caractère pacifique de l’Islam africain, la coexistence pacifique des religions africaines que la paix et la sécurité de l’ensemble des populations du continent.

Devant la gravité de la menace, rien ne détonne et n’étonne pourtant autant que le vide de pensée stratégique qui augmente les pouvoirs de la peur, de l’angoisse et des fantasmes les plus échevelés au c ur des opinions africaines. Non pas que des écrits, contributions et analyses manquent vraiment, sur le phénomène Boko Haram et les ambitions de la nébuleuse fanatique qui veut soumettre le monde au diktat du littéralisme religieux, du machisme abject et du plus sommaire des monothéismes, où la drogue et les violations de droits humains les plus ostentatoires deviendraient expériences banales dans nos sociétés.

Ce qu’il paraît incontestable de souligner, c’est qu’il ne se dégage pas une vue d’ensemble du phénomène Boko Haram, qui puisse permettre aux Etats et aux citoyens africains concernés de converger vers des solutions communes parce que solidaires et assurées, et qui se traduiraient par l’annihilation à court terme de la secte criminelle qui rampe par-delà leurs frontières, comme pour en montrer paradoxalement l’incongruité historique persistante.

Nous nous sentons dès lors en obligation de nous confronter sérieusement aux cinq questions suivantes: I) Comment opère la nébuleuse militaro-religieuse de Boko Haram? II) Comment se structure la réplique des Etats africains face à Boko Haram? III) Quelles sont les insuffisances spécifiques des Etats du Cameroun et du Nigéria face à la secte Boko Haram? IV) Quelles sont les solutions nécessaires et possibles contre la secte Boko Haram? V) Que faire au final de l’expérience de cette guerre asymétrique imposée notamment à l’Etat du Cameroun et à l’Etat nigérian par la secte Boko Haram?

Il nous semble que tout intellectuel s’intéressant à la crise géostratégique africaine contemporaine devrait répondre courageusement et objectivement à ces questions, afin de rendre possible une lisibilité et une visibilité de l’espérance d’une Afrique résolument capable d’envisager sereinement ses progrès sociaux, économiques, culturels et politiques présents et futurs. Ce que nous nommons donc ici «l’art de vaincre Boko Haram» se propose d’être une contribution désintéressée à la sauvegarde d’un processus démocratique africain plus que jamais vulnérable et menacé, autant par les forces contradictoires de l’intérieur que de l’extérieur de l’Afrique, notamment autour du duo camerouno-nigérian, dont la cohésion sonnera la fin du glas obscurantiste dans la sous-région d’Afrique centrale.

I- du mode opératoire de Boko Haram
Tirons les choses bien au clair pour tous. L’Afrique est confrontée à un nouvel impérialisme politico-religieux, après les impérialismes culturels, économiques et politiques venus d’Occident et du Moyen-Orient des 15èmeau 20ème siècles. Nous avons ici encore, une nouvelle modalité de la sempiternelle pulsion humaine de dominer d’autres humains, afin de s’accaparer non seulement des ressources naturelles, mais aussi des ressources humaines, psychiques et spirituelles des dominés. Observée sur cette échelle longue de l’Histoire multiséculaire de l’Afrique, la démarche bokoharamique n’est donc qu’une des conséquences de la faible intégration sociale, économique et politique du continent africain en ces débuts du 21ème siècle.

Offerte par ses trop nombreux conflits internes et ses nationalismes narcissiques à la prédation des puissances non-africaines, l’Afrique contemporaine se présente comme l’exutoire idéal de tous les désirs d’expansion et d’accumulation primordiale de notre temps. Les choses se clarifient dès lors. La secte Boko Haram, qui a avoué sa connexion directe à l’Organisation de l’Etat Islamique basé en Irak, est le département africain d’un projet mondial né au c ur du sunnisme-wahhabite-salafiste d’Arabie Saoudite.

Ce projet est connu: l’instauration d’un califat mondial islamique, Dar-El-Islam, qui s’imposera par la prédication, pour ceux qui s’y plient, ou par la guerre, pour ceux qui ne se laissent pas convaincre par la prédication. Le Dar-El-Harb, pays de la guerre, est le sort réservé aux peuples, Etats et individus réfractaires à la doctrine islamique du sunnisme-wahhabite-salafiste. Ils seront soumis ou écrasés. L’idéologie est binaire. Quitte ou double. Ami ou Ennemi. Mort violente ou vie soumise. On ne négocie pas avec la secte. On la vainc ou on y adhère, on la fuit ou on en périt.

Quels sont cependant les moyens de la secte Boko Haram? Il y a des moyens matériels, des moyens intellectuels et des moyens humains. Les finances et les armes de Boko Haram sont approvisionnées par les réseaux de l’Etat Islamique, par les élites pétrolières du sunnisme-wahhabite-salafiste, par des élites obscurantistes militaro-politiques des Etats Africains qui veulent déstabiliser les démocraties, par les soutes d’armes dévalisées aux Etats dévastés, par les nébuleuses transsahariennes du commerce de la drogue et des armes qui vivent de l’entretien permanent de la guerre, et par les lobbies internationaux de l’industrie de l’armement qui vendent désormais toutes les armes possibles au plus offrant, sans considération idéologique ou morale quelconque.

La formation militaire des soldats de Boko Haram est cependant fort sommaire, compte tenu des délais courts que le harcèlement imposé à la secte lui accorde entre le temps de la préparation et celui de l’action. L’argumentaire idéologique de Boko Haram est relativement simple : celui qui tue des Infidèles pour Allah aura droit à la vie éternellement heureuse au Paradis des Justes. Le but de l’existence humaine est d’instaurer le Califat Islamique mondial. Mais la secte, bien que super armée, est contrainte de recourir aux moyens les plus extrêmes de la confrontation militaire: l’attaque-suicide et la projection incontrôlée de bombes dans les zones urbaines.

Les moyens humains de Boko Haram sont obtenus enfin, par l’instrumentalisation des misérables abandonnés par les Etats africains, par l’endoctrinement sectaire et par le rapt continu des personnes isolées des dispositifs de défense nationaux. D’un bout à l’autre, la violence est la cause et la finalité de l’action bokoharamique. Boko Haram transforme une personne ordinaire en bombe. Le corps en munition. Ici, la volonté de tuer à foison se fait raison de vivre. Boko Haram fabrique méchamment et perfidement des hommes-momies, des zombies.

La prédication et la guerre sont deux aspects du même modus operandi morbide dont le but ultime est la suprématie sur un territoire transcontinental impressionnant. La tactique et la stratégie sont liées chez Boko Haram. D’un point de vue tactique, comme le signale le drapeau sombre de l’organisation sectaire, la mort gratuite et violente est à la fois l’emblème, la devise et le mot de passe de Boko Haram. Suprême détresse de l’homme, la mort signe l’impuissance absolue de la conscience. Celui qui peut la donner sans limite se donne dès lors un pouvoir absolu sur ses victimes réelles et potentielles. La psychologie de la mort colportée par Boko Haram est très archaïque, mais aussi fort subtile. Elle terrorise par la mort en banalisant la mort. Par-là, elle inverse les polarités du bon sens universel en normalité du monstrueux. Elle sacralise la déshumanisation par la mort, qui se donne comme la consécration des forces de la nuit sur celles du jour.

La nuit, c ur de tous les fantasmes lugubres de l’homme, investit ainsi le jour, l’assombrit de tristesse et fait de la vie quotidienne, une succession de deuils répétés jusqu’à la disparition sans véritable deuil de l’adepte. On entre en endeuillé dans Boko Haram, on y vit en endeuillant et on sort sans deuil. Boko Haram, l’a-t-on remarqué, ne compte ni ne pleure ses morts. Contre toute attente, la secte se contente de s’en glorifier, dans un culte posthume et démoniaque ou le cynisme le plus cruel fait office de sainteté. Démoniaque sainteté ou le mal banalisé se traduit en ricanements glauques et hystériques.

La tactique consiste à donner spectaculairement et aveuglément la mort, aux musulmans, chrétiens, juifs, animistes, athées de tous pays, afin de contraindre les populations à fuir les zones de prédation envisagées par Boko Haram ou à y demeurer sous la férule totale des maîtres du lieu. La stratégie consiste, à long terme, à doter l’Etat Islamique mondial d’un Hinterland aussi immense que l’Union Européenne, la Fédération Russe, la Chine ou les Etats Unis. Avant d’autres confrontations. Ledit territoire mondial du Califat Islamique en construction sera susceptible de remplir au moins trois fonctions: a) Assurer l’autonomie de l’EI en ressources naturelles stratégiques (pétrole, uranium, manganèse, fer, bauxite, or, argent, cuivre, etc.), mais aussi en ressources agricoles et écologiques; b) Assurer le ravitaillement de l’EI en ressources démographiques humaines suffisantes pour rentrer dans la géostratégie des grands ensembles humains mondiaux; c) Assurer le contrepoids de l’Etat Islamique face aux USA, à l’UE, à la Fédération Russe, à la Chine, dans la négociation d’un nouvel équilibre mondial.

Ne faut-il pas dès lors comprendre une bonne fois pour toutes que Boko Haram fait bel et bien de la politique, et même de la géopolitique contre les peuples, nations, républiques et démocraties africaines en cours de construction? Loin de souscrire à la thèse répandue d’une secte sans orientation, sans projet, sans vision, il faudrait que nous prenions conscience que l’Etat Islamique veut faire sens en Afrique à sa manière. Il veut instaurer une domination nouvelle, avec ses idéaux et ses buts propres. L’obscurantisme de Boko Haram, pour le dire autrement, n’est pas obscur pour Boko Haram. Or comment se structure donc jusqu’ici la réponse des Etats Africains à l’avancée dévastatrice de Boko Haram?

II-Les réactions structurelles des Etats africains contre Boko Haram: un réseau de stratégies disparates et déstructurées
On l’a aisément constaté. Les Etats Africains auront procédé exactement de manière inverse à la réalité tangible de Boko Haram. Alors qu’ils avaient affaire dès le départ, à une multinationale impériale, leur réflexe premier a été de se recroqueviller dans les quatre travers géopolitiques les plus funestes de l’Afrique contemporaine: le nationalisme postcolonial, l’individualisme militaire, l’opportunisme antidémocratique et anti-républicain, l’anticolonialisme dogmatique. Ce n’est que par la suite qu’on a vu les Etats Africains, réunis hors d’Afrique à Paris, comme de juste, esquisser un début de solution régionale et continentale au projet impérial bokoharamique.

Mais ici aussi, les efforts de coordination actuellement entrepris sous la tutelle franco-américaine par le Cameroun, le Nigéria, le Bénin, le Togo, le Tchad, le Niger, le Mali, le Burkina Faso, et la Côte d’Ivoire révèlent aussi un réseau de stratégies disparates et déstructurées en raison même des quatre travers ci-dessus évoqués, auxquels nous ajouterons volontiers l’appétit exacerbé des puissances non-africaines en général pour une exploitation abusive des matières premières stratégiques africaines, et le pouvoir incontrôlé des lobbies industriels d’armement qui nourrissent impitoyablement toutes les guerres du monde au nom de l’Argent-Roi.

Dans les lignes qui suivent, nous analyserons donc six travers caractéristiques problématiques de la réplique africaine et mondiale contre l’engeance bokoharamique. Récapitulons-les: le nationalisme postcolonial, l’individualisme militaire, l’opportunisme anti-démocratique, l’anticolonialisme dogmatique, la cupidité des puissances mondiales envers les matières premières africaines, le cynisme des lobbies internationaux de vente d’armes essentiellement basés en Occident.

Le nationalisme postcolonial face à Boko Haram: il aura consisté, pour les Etats concernés, à considérer pendant toute la période d’incubation de l’Etat Islamique au Nord-Mali, comme au Nord-Nigéria, que la secte Boko Haram ne les concernerait que quand elle frapperait leurs territoires. A quoi peut répondre, dans une Afrique attaquée par-delà ses frontières, la revendication chauvine des frontières héritées de la colonisation occidentale, elle-même barbarie sans nom? A la surdité des monarques républicains africains attachés à leurs fauteuils jouissifs ou à une incapacité de penser le monde en devenir ? Il faut sans doute envisager tous ces facteurs pour comprendre cette incongruité politique et historique. L’attitude camerounaise envers les prémices de Boko Haram au Nigéria aura été pendant longtemps celle de l’autisme et de l’attentisme.

On voyait longtemps dans Boko Haram un problème typiquement nigérian. L’attitude des Etats Ouest-africains, au moment où le Mali était attaqué par les jihadistes, ne fut pas différente. On ne vit aucune armée africaine en première ligne avant l’armée française. Comment ne pas souligner malgré tout sur ce point, le courage exceptionnel de l’armée tchadienne, qui fut la seule armée africaine à se projeter en temps et heure sur le théâtre malien, comme elle aura finalement été décisive dans le reflux récent de la secte Boko Haram dans le contrôle des villes du Nord-Est Nigéria?

L’individualisme militaire face à Boko Haram: le pendant du nationalisme postcolonial des Etats confrontés à Boko Haram, c’est l’individualisme militaire, se traduisant par la prétention de chaque Etat à en découdre tout seul face à la secte pourtant transfrontalière. Par exemple, le Nigéria, pendant longtemps, refusera au Cameroun le droit de poursuite contre les membres de la secte Boko Haram dans son territoire. Pourtant, en débandade par plusieurs fois face à l’ennemi, on verra des régiments nigérians entiers se réfugier provisoirement au Cameroun avant de rebrousser chemin. Le même Nigéria accordera toutefois ledit droit de poursuite à l’armée tchadienne, avec des succès évidents, qui montrent que la secte aurait davantage, voire définitivement reflué si un dispositif de poursuite collective était vraiment activé.

Les résidus des longues périodes de méfiance entre les régimes politiques africains seront passés par là. De part et d’autres, on soupçonne le régime voisin de vouloir soutenir des opposants politiques au détour d’une lutte contre l’ennemi commun. On voit d’un mauvais il les succès de telle armée contre Boko Haram, parce qu’ils augureraient de sa capacité à vaincre la sienne. Une stratégie militaire disparate peut-elle vaincre un ennemi asymétrique, qui joue consciemment des failles avérées de la cohésion régionale des armées africaines? Que nenni.

L’opportunisme antidémocratique et anti-républicain: Le phénomène a deux versants. Il s’agit, d’une part, d’une propension des régimes Africains attaqués par la secte Boko Haram à profiter des circonstances pour réduire davantage le socle des libertés fondamentales de leurs concitoyens, au nom de l’état d’exception engendré par la confrontation avec le terrorisme. D’autre part, l’opportunisme antidémocratique prendra aussi les formes sibyllines du cynisme de certains opposants politiques, qui voient dans la progression criminelle de Boko Haram, un moyen inespéré d’affaiblir les autocrates africains au pouvoir, afin de précipiter l’alternance politique.

Ne faut-il pas résolument faire comprendre aux hommes politiques des pouvoirs et oppositions africaines qu’on ne peut rien tirer de bon du projet bokoharamique? En flétrissant davantage les libertés citoyennes comme l’ont par exemple fait les autorités camerounaises, à l’occasion de la nouvelle loi contre le terrorisme, on désolidarise une partie importante du peuple envers les forces armées nationales. Mais en espérant de la nébuleuse Boko Haram, qu’elle vienne par exemple faciliter l’alternance politique, au Cameroun ou au Tchad, on ne risque surtout pas de sortir du cercle vicieux de la domination autocratique. L’opportunisme antidémocratique et anti-républicain africain ne se fait-il pas dès lors l’allié objectif de Boko Haram, même à son corps défendant?

L’anticolonialisme dogmatique africain: Cette nouvelle approche de la guerre contre Boko Haram affirme que la secte n’est qu’un instrument du projet de recolonisation occidentale de l’Afrique afin d’organiser une plus grande braderie de ses matières premières et ressources humaines. Par conséquent, la guerre contre Boko Haram est présentée comme la défense de la patrie africaine contre l’ogre franco-américain.

Telle est la thèse récurrente des idéologues de la chaîne de télévision Afrique Medias, qui aboutit à une incongruité logique et idéologique effarante. Des régimes politiques établis, comme celui du Cameroun, avec l’aide active de la France coloniale et postcoloniale, et parfois au mépris des revendications souveraines des peuples, sont désormais présentés comme des victimes de la France, au grand dam de la France elle-même, qui n’en revient pas d’être l’objet d’une telle ingratitude. Ne faut-il pas amener les Africains à la reconnaissance objective de la spécificité du projet de Califat Mondial Islamique dont Boko Haram est le représentant évident en Afrique centrale?

La cupidité des grandes puissances mondiales: prises à la gorge par leurs impératifs socioéconomiques immédiats, les grandes puissances mondiales et les puissances émergentes que sont les USA, l’UE, La Fédération Russe, La Chine, L’Inde, le Brésil, le Japon, l’Afrique du Sud, ou même le Nigéria, sont aveuglées par les possibilités d’exploitation immédiates et fructueuses des réserves pétrolières, minières et végétales de la planète.

Comme l’a bien montré Joseph Stiglitz dans Le triomphe de la cupidité (2010), le marché-roi, l’obsession du court terme, la dérèglementation et la libre circulation sont les facteurs principaux de la crise économique mondiale. Enracinée dans une perte de sens moral sans précédent, cette crise nous impose de repenser les priorités d’un monde en processus d’autodestruction incontrôlée, sous l’aveuglement des intérêts de court terme. Comment vaincre Boko Haram avec des puissances mondiales qui n’investissent que là où elles sont sûres de tirer immédiatement de gros bénéfices économiques et le renforcement de leurs positions géopolitiques particulières?

Le cynisme des lobbies industriels de l’armement: Il consiste à vendre les pires armes au plus offrant, quelle que soit son idéologie et ses projets, quitte à vendre également des armes ultra-défensives aux adversaires. La doctrine du preventive war qui a inspiré la guerre lancée par l’administration Bush en Irak, était adossée sur les pressions et orientations militaro-industrielles, du puissant lobby américain de l’industrie militaire, dont la boulimie en débouchés d’écoulement de produits finis est sans mesure. Il faudra cependant relever qu’il existe évidemment une corrélation évidente entre la cupidité de certaines grandes puissances et le type d’armement qu’elles vendent aux différents groupes armés.

Tout se passe en effet comme si, en entente avec les grandes puissances politiques, les lobbies d’armement ne vendaient aux uns et aux autres que des armes susceptibles de les maintenir à égale capacité de nuisance sur le terrain. Y aurait-il là, une manière de fragiliser les Etats Africains dans la négociation de leurs matières premières avec les grandes puissances, de telle sorte qu’ils révisent indéfiniment leurs ambitions de profits à la baisse?

Cette hypothèse est loin d’être absurde, puisque des discours officiels en témoignent. Comment comprendre autrement la complainte du Président Buhari en visite aux Etats-Unis en ce mois de juillet 2015, et qui s’est publiquement plaint des autorités américaines en arguant que le refus de vendre au Nigéria toutes les armes sophistiquées dont il a besoin pour vaincre Boko Haram est une manière de favoriser la capacité de nuisance de Boko Haram?
Il est donc possible de conclure ce deuxième axe de notre analyse.

Les réponses des Etats Africains face au phénomène bokoharamique souffrent d’incohérences internes et externes suffisamment graves. Si les Etats Africains n’y font pas urgemment face, la réalisabilité du projet de Califat Mondial Islamiste de Boko Haram ne sera qu’une question de temps. D’autant plus que la secte mondiale a décidé de déchirer les sociétés africaines du dedans, par les personnes-bombes et la peur devenue forme psychologique d’approche collective du réel.


Droits réservés)/n

L’Afrique réfléchie à comment réduire les risques de catastrophe

Les experts du continent noir sont réunis depuis mardi à Yaoundé dans le cadre de la 7e réunion du groupe de travail africain sur la réduction des risques de catastrophe

La 7e réunion du groupe de travail africain sur la réduction des risques de catastrophe s’est ouverte mardi, 21 juillet 2015, au palais des Congrès de Yaoundé. il s’agit de la première conférence du genre après celle de Sendai au Japon, tenue du 14 au 18 mars 2015, sous la direction de l’Organisation des Nations unies.

Présidée par le ministre délégué auprès du ministre camerounais de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd), Jules Doret Ndongo, la rencontre de Yaoundé a pour but d’arrimer les africains aux objectifs mondiaux en matière de réduction des risques de catastrophes naturelles.

En effet, à la 3ème conférence mondiale sur la prévention des catastrophes naturelles au Japon, qui avait alors mobilisé plus de 6 500 participants, dont 25 chefs d’Etat et de gouvernement de 187 pays, les participants avaient prévu de réduire, d’ici à 2030, les conséquences des catastrophes en termes de mortalité (soit 100 000 morts de moins en moyenne par rapport à la période 2005/2015), le nombre de personnes touchées au niveau mondial dans la même proportion, des pertes économiques directes, des dommages aux infrastructures essentielles et de la désorganisation des services de base, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation.

Pour Thérèse Chantal Mfoula, conseillère politique et diplomatique du secrétaire général de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, il est question cette fois-ci d’élaborer, dans la capitale camerounaise, une stratégie africaine qui s’adapte au nouveau cadre d’action de Sendai adopté en mars dernier.

La catastrophe du lac Nyos au Cameroun il y a 29 ans.
Droits réservés)/n

Les aventures de Faka Bilumba: Voyages officiels et officieux d’un chef d’Etat français dans ses colonies

Par François Zoomevele Effa

Il y a des voyages officiels présidentiels médiatisés, mais aussi des voyages officieux. C’est justement parce que ces derniers sont officieux que vous n’êtes jamais au courant de qui a vu qui, où, quand et pourquoi.

On vous a parlé du dernier voyage, de la dernière tournée du chef d’Etat français dans ses colonies et possessions africaines, le Dahomey et le Kamerun, sans oublier cet eldorado convoité sur lequel il a des visées de supercherie, pardon, de colonisation…économique: l’Angola. Mais ce qu’on ne vous a pas dit, c’est les rencontres secrètes avec les futurs chefs d’Etats africains. Comme d’habitude, j’étais là et je me fais et devoir, moi FAKA BILUMBA, de vous révéler ce qu’on ne vous a pas dit.

«Je vous remercie d’avoir accepté de me rencontrer en secret, car notre rencontre est déterminante pour l’avenir économique de mon pays la France. Nos gouvernements dans le passé n’ont jamais hésité à collaborer avec les futurs dirigeants de votre continent si riche, qu’il nous arrive parfois d’anticiper, de soutenir et de porter au pouvoir par des élections truquées, des bidonnages constitutionnels (avec l’aide de nos conseillers toxiques) des instigations aux guerres tribales, la liste de nos forfaits à ce niveau est longue, oui, nous pouvons et devons vous porter au pouvoir. Mais on me dit que vous, la jeune génération, ne voulez plus manger de notre pain républicain à l’africaine. Alors, parlons !»

«Je vais vous dire que nous avons accepté de vous rencontrer pour faire une bonne et belle mise au point avec vous. Vous souffrez, Monsieur le Président, ainsi que votre peuple, d’une grave maladie culturelle: le réflexe colonial. Vous et les vôtres êtes tellement imbus de votre supériorité que ce vice, vous l’entretenez et l’enseignez à vos enfants. J’en veux pour preuve votre condescendance avec les deux présidents francophones que vous venez de rencontrer. Le protocole et la bienséance vous interdisent les attitudes de mépris que vous avez eues avec les Présidents du Kamerun et du Dahomey. Faites-vous repasser les images, et vous verrez que votre attitude méprisante rappelle un peu celle du discours de Sarko à Dakar. On comprendrait peut être un peu en tenant compte que ces deux présidents continuent à jouer aux gouverneurs coloniaux, avec ce folklore d’accueil soit disant à l’africaine. Vous ne vous êtes jamais déplacé dans un seul de vos aéroports pour accueillir un seul de vos collègues africains. Heureusement qu’en Angola ils ont envoyé un ministre vous accueillir.»

«Ne te fatigue pas cher ami avec ces salamaleks d’un autre temps. Monsieur Le Président, nous avons accepté de vous rencontrer pour vous dire quelles seront très bientôt quelques-unes des nouvelles règles de nos relations:
Nous convoquerons bientôt une conférence générale afin de rétablir le vrai sens des dettes: ce que vous nous devez dans les vols et pillages coloniaux et que vous aller payer comme vous avez fait payer Haïti… vous serez plus mal que la Grèce en ce moment!
L’exploitation des matières premières africaines sera revue à la hausse, au juste prix, et il sera exigé que toutes les transformations se fassent en Afrique. Donc vous allez devoir délocaliser vos usines chez nous afin de tout transformer chez nous. Si vous refusez, nous ferons un appel d’offre aux pays émergents, et la Chine n’attend que ça. Bois, cacao, café uranium, pétrole, fer or diamants… tout sera transformé chez nous.
Le franc CFA n’existera plus, et il se tiendra un procès qui évaluera le montant de tout ce qui a été volé en col blanc par cette invention perfide.
Nous exigerons une place au conseil de sécurité de l’ONU afin de jouir aussi de ce fameux droit de veto et de briser les monopoles des puissances. Nous, producteurs d’uranium, aurons notre mot à dire dans son emploi et ses fins, puisqu’il sera traité chez nous.»

Vous comprendrez chers lecteurs que je ne puis vous livrer les noms de ces futurs chefs d’Etats africains car, si la France négocie avec eux, ils sont un danger pour les pouvoirs africains en place.

François Zoomvele Effa
Journalducameroun.com)/n

La diaspora et le secteur privé interpellés pour le développement de l’Afrique

Les transferts de fonds des migrants et les investissements du secteur privé peuvent constituer des financements innovants en Afrique, estiment des spécialistes

Les transferts de fonds des migrants et les investissements du secteur privé peuvent constituer des financements innovants en Afrique, estiment des spécialistes réunis à Dakar pour étudier les mécanismes innovants de financement du développement dans les pays africains.

Sur ce sujet actuellement examiné depuis lundi à Addis-Abeba en Ethiopie, le professeur Malick Sané de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Malick Sané, fait remarquer que « les besoins de financement sont énormes dans les pays en développement alors qu’ il y a un déficit des financements traditionnels tirés de la coopération bilatérale et multilatérale ».

« Le défi est de trouver des ressources stables et complémentaires aux financements habituels et les transferts de fonds des migrants peuvent être utilisés comme des ressources pour des financements innovants du développement en Afrique », suggère-t- il.

« Les fonds des migrants sont supérieurs à l’aide publique au développement octroyée à l’Afrique et aux investissements directs étrangers dans le continent, mais le plus souvent ces fonds sont destinés à la consommation et à l’immobilier », note-t-il avant de soutenir que « le continent ne manque pas d’épargnes mais connaît un problème d’organisation ».

« Dans un pays comme le Sénégal, les fonds envoyés par la diaspora, chaque année, sont estimés à 900 milliards de FCFA, selon les chiffres officiels qui ne prennent pas en compte certains canaux de transferts », rappelle-t-il.

« Il faut que les Etats encouragent les migrants à investir dans le développement en orientant leurs fonds vers des secteurs productifs », préconise-t-il.

De son côté, Ibrahima Bèye, membre du Conseil national du patronat sénégalais (CNP), soutien qu’« au-delà du montant des transferts, c’est un mécanisme d’organisation des migrants et de mobilisation des fonds qu’il faudra développer ».

« Il faut que les Etats fassent du co-développement en s’appuyant sur les migrants. A travers la coopération, des projets peuvent être développés avec les municipalités dans les pays d’ accueil et les migrants, pour que ces derniers puissent participer au développement du continent », ajoute-t-il.

Pour sa part, le journaliste à la Radiodiffusion télévision sénégalaise, Mbaye Thiam, fait remarquer que « les migrants sont limités dans leur capacité d’investissement parce qu’ils manquent de projets structurels ».

« Les pays africains n’ont pas de politiques d’intégration des migrants dans le tissu économique et ceux qui rentrent dans leurs pays accèdent difficilement aux crédits des banques qui sont, pour la plupart, détenues par des étranger », déplore ce spécialiste en économie.

Durant la rencontre, le secteur privé a été aussi cité comme acteur important dans le financement du développement en Afrique.

Selon Ibrahima Bèye, « le secteur privé réalise les 2/3 des investissements en Afrique et fournit 80% de la production, et avec les marchés étriqués, ce secteur peut permettre d’avoir des marchés communs avec la création d’alliances Sud-Sud ».

« Il faut renforcer le partenariat public privé parce que le secteur privé a l’expertise et des ressources financières à mettre à la disposition des Etats », ajoute-t-il.

« Le privé travaille pour plus de justice sociale et une meilleure répartition des ressources avec une création massive d’emploi », affirme-t-il, avant de rappeler que « les jeunes sur le marché du travail sont estimés à 19 millions en Afrique subsaharienne et à 4 millions en Afrique du Nord en 2015, selon les prévisions de la Banque africaine de développement ».

« Les administrations africaines doivent s’appuyer sur le secteur privé d’autant qu’elles ont parfois des problèmes pour capturer des fonds et mettre en uvre des projets ».

Toutefois, soutient-il, « il y a la corruption, le délai très long de traitement des dossiers et une instabilité institutionnelle qui n’encouragent pas le privé à investir dans le développement ».


unblog.fr)/n

Islam en Afrique et Islam africain

Par Robert Chaudenson

Dans l’indifférence générale des «politiques», due surtout à leur ignorance des réalités de terrains dont ils ne connaissent que les hôtels de luxe, les ambassades et les salons VIP des aéroports, je pose, depuis vingt ans, les problème de l’Islam africain, pour avoir constaté l’évolution des choses en Afrique continentale même, mais aussi à l’Ile Maurice et aux Comores par exemple. Khadafi d’abord, puis les Emirats ont essayé, depuis longtemps, d’y prendre pied, en particulier en «payant» les conversions à l’Islam comme en rémunérant les porteuses de voile ou en offrant de créer, à leurs frais, des université islamiques locales. Aux Comores, ce projet a été contré, mais pour combien de temps, par la création en 2003-2004 d’une université comorienne mixte dont le premier président fut mon ami l’anthropologue Damir Ben Ali qui vient de quitter cette fonction; elle accueillait à ses débuts un gros millier d’étudiants dont 43% de filles; en 2011-2012, 6500 étudiants y sont inscrits, mais je n’ai pas d’informations plus récentes.

L’islamisation radicale ou plus précisément la «wahabisation» du Sahel est un processus engagé, sournoisement ici, ouvertement là, depuis longtemps en tout cas; depuis ces époques, les événements de Tunisie, d’Egypte et de Lybie, si prématurément et imprudemment qualifiés de «printemps arabes», quand ils ont plutôt parfois des couleurs et des parfums d’automnes, ont conduit, entre autres, aux situations, certes diverses mais toutes inquiétantes, du Nord-Mali, du Nigéria, du Niger et de la RCA sans même parler du Soudan.

L’évolution, le plus souvent ignorée, a commencé depuis bien longtemps; cela allait du paiement des conversions à l’Islam (stratégie inattendue chère, de façon plus inattendue encore, à Khadafi, qui, dans son rêve de panarabisme à son profit, à une époque, offrait des tarifs spéciaux pour les chefs d’Etat qui se convertissaient à l’Islam (un million de $!), comme Albert-Bernard Bongo qui en a bénéficié en devenant Omar, ou les Premiers ministres dont le tarif de conversion était moindre (500.000$). À la même époque, le Colonel lybien avait lancé, selon les mêmes principes mais à des tarifs plus modestes, une offensive sur l’Ile Maurice d’où les Lybiens ont fini par se faire expulser par le gouvernement; ces stratégies sont allées jusqu’au versement de sommes très modestes à des femmes africaines (au Burkina Faso par exemple), qui consentaient, pour trois sous, à se voiler complètement, en passant par le développement d’un enseignement islamique intégriste (avec, à la clé, des bourses pour les universités du Golfe). Tout cela est évidemment financé à coup de pétro- et de gazo-dollars!

Cet enseignement islamique intégriste d’importation, surtout au niveau de l’enseignement coranique de base, est naturellement un concurrent redoutable pour l’école musulmane traditionnelle de l’Afrique, vu les moyens, quasi-infinis, dont il dispose (argent et bourses). L’islam traditionnel africain, infiniment plus libéral, ne peut résister à une pareille concurrence aux ressources financières inépuisables!

S’ajoutent même à ces stratégies, comme au Tchad et au Niger, des projets d’enseignement prétendument bilingues (français et arabe), dans lesquels, en réalité, la partie arabe du programme est exclusivement religieuse, seul l’enseignement général, en portion congrue, étant donné en français. De tels projets sont soutenus, à coups de milliards de dollars, par la Banque Islamique de Développement, ce qui est normal, mais aussi acceptés, de façon plus inattendue, sans doute inconsciente mais assurément funeste, par l’UNESCO et même, semble-t-il, par la Francophonie, à travers l’OIF!

Ces constats m’ont conduit, non seulement à tenter (en vain) d’alerter sur cette situation (quoiqu’elle ne me concerne en rien de façon directe) et m’ont amené aussi, en raison, d’une certaine expérience de ces terrains, à proposer des mesures qui pourraient être mises en uvre pour contrer de telles stratégies puisqu’on ne veut décidément rien faire d’autre que pleurnicher une fois que le mal est fait!

Ces constats m’ont amené à des remarques et, au delà, à des suggestions qui ont souvent paru étranges voire provocantes aux hiérarques du Quai d’Orsay ou du Boulevard Saint Germain comme des institutions internationales, quand ils ont eu la rarissime curiosité de prendre connaissance de mes écrits sur ces questions.

En effet, tout cela se passe à l’insu bien sûr, ou en tout cas, dans le silence prudent des responsables de la politique française et francophone dans ces zones, dans la mesure où il y en a une. Ces derniers, en effet, sont comme les petits singes de la sagesse orientale, qui se cachent les yeux, les oreilles et la bouche pour ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire… du moins pendant les trois ou quatre années, confortables et fort rémunératrices, qu’ils passent en fonction diplomatique dans ces Etats. Bien sûr, finissent par survenir, en des lieux de plus en plus nombreux et sous des formes de plus en plus radicales, des événements sur lesquels on ne peut plus continuer à fermer les yeux mais qu’on peut toujours utiliser pour pleurer, comme dit le bon peuple!

Comme je l’ai dit et répété depuis vingt ans et pour faire court, l’Afrique n’a que trois atouts qui pourraient permettre de résister à la redoutable invasion de cet islam wahabite, si on en avait le désir.

Allons en bonne rhétorique classique, du moins important au plus important.

1. Le premier est, de façon un peu étonnante, l’école coranique traditionnelle, la «médersa» (ou les diverses variantes de ce mot, médrasa, etc.). En effet, elle perpétue la tradition séculaire d’un Islam africain ouvert et libéral. Paradoxalement, on devrait donc aider les médersas traditionnelles pour leur permettre de résister à la concurrence et à l’influence des riches et nouvelles écoles d’un Islam intégriste conquérant et qui ne cesse de progresser au détriment de la religion africaine traditionnelle. L’illustration la plus évidente et la moins discutable a été la destruction des monuments comme des documents religieux séculaires de Tombouctou!

2. Les femmes. Chacun sait le traitement que leur réserve l’intégrisme musulman. Or, en Afrique, elles constituent un moyen puissant de résistance à ces minorations voire à ces brimades, par le statut et la place qu’elles tiennent dans les sociétés comme dans les cultures sahéliennes africaines (tant au plan économique que sociétal) et qui n’ont rien à voir avec ceux des pays de l’Islam moyen oriental et des sociétés arabes. L’éducation des filles est donc naturellement un objectif majeur, ce que chacun répète d’ailleurs à satiété depuis des décennies, sans que grand chose se passe. Dans les rues de Niamey, je l’ai à nouveau constaté lors de mon dernier séjour au Niger, aux heures scolaires, on voit bien plus de filles que de garçons!

3. La bière. Ce dernier élément est sans doute, lui aussi, un peu inattendu, mais c’est peut-être le plus fort, à court terme, car je vois mal comment un Islam, même radical et conquérant, pourrait éradiquer des moeurs africaines cette boisson qui constitue assurément le transfert de technologie européen le plus réussi.


lepeuple.be)/n

Afrique: l’approche «Genre» ne peut être réduite à de la discrimination positive

Par Chloé Mour, Analyste pour Audace Institut Afrique

Nombreux sont les projets dédiés au «genre» qui ont fleuri ces dernières années en Côte d’Ivoire. Des programmes spécifiques – tels que «Crossroads», stratégie sur 5 ans de la Banque Africaine de Développement (BAD) axée sur l’émancipation économique de la femme – aux réformes législatives favorables aux droits des femmes, comme la modification en 2012 du code de la famille. Le «genre» semble s’implanter progressivement dans les priorités politiques ivoiriennes.

Toutefois, qu’entend-on par «genre»? En parcourant les diverses initiatives et au travers des discussions, il est facile de s’apercevoir que le « genre » est essentiellement pensé comme la lutte pour l’égalité entre l’homme et la femme. Les femmes occupent une place omniprésente dans les problématiques abordées, notamment celle du développement. L’idée véhiculée par les défenseurs de ce «genre» présente l’inclusion des femmes dans des secteurs masculins, ainsi que leur accès (garanti) aux ressources, comme la solution principale aux inégalités de genre.

Il est indéniable que les avancées dans la promotion des droits de la femme sont cruciales, notamment pour pallier la pauvreté croissante. De même, leur rôle dans la sphère publique se doit d’être tout aussi influent que celui des hommes. Bien que des progrès soient encore nécessaires à accomplir dans cette direction, il s’avère que cette approche réduit le concept du «genre» à un simple substitut d’«égalité des sexes» ou à une équation mathématique de répartition de sièges ou de postes. Elle omet le «genre» en tant qu’outil analytique et prisme au travers duquel nous devrions appréhender les réalités sociales. Dès lors, l’impératif va être perçu comme le besoin, par exemple, de remédier à la faible présence féminine dans certains secteurs d’activités, grâce à des pratiques de discrimination positive, telles que l’imposition de quotas, dans un but d’une égalité simplement arithmétique.

Introduire des systèmes de quotas dans les sphères décisionnelles pourrait se révéler être une mesure temporaire efficiente pour pallier la sous représentation des femmes. Inclure l’expérience des femmes dans la vie politique est également un moyen de fournir des modèles de réussite motivants pour les autres actrices de la société civile. Cependant, ces procédés d’inclusion peuvent rapidement être détournés de leur dessein initial. En effet, la nécessité d’avoir, par exemple, 30% de femmes au sein d’une institution peut aboutir à des pratiques qui non seulement font impasse sur les compétences individuelles, mais laissent également libre cours au favoritisme et au clientélisme. Cette dérive est d’autant plus susceptible de se dérouler dans un contexte de mauvaise gouvernance et de corruption, phénomène marqué dans nombres de pays Africains, notamment la Côte d’Ivoire.

Dès lors, il serait nécessaire d’allier ces mesures de discrimination positive à des actions qui garantissent leur application efficace et juste. Dans un premier temps, le recrutement doit être régulé et institutionnalisé pour mobiliser un nombre suffisamment large de femmes qualifiées pour ne pas tomber dans la rente de situation. De plus, des évaluations et bilan doivent être entrepris pour mesurer les avancées et rendre redevables les femmes placées. Tous ces processus doivent enfin être sous l’attention constante des organisations de femmes et autres associations diverses.

Toutefois, qu’en est-il des facteurs qui entravent les femmes au préalable? Il est largement établi aujourd’hui que la ségrégation professionnelle entre hommes et femmes découlent entre autre des stéréotypes associés à chaque sexe; les emplois exercés par les femmes se situent bien souvent dans le prolongement de leur rôle traditionnel qui exige compassion et soin (infirmière, secrétaire) et les exclue des prises de décision. Les normes qui encadrent et définissent les rôles spécifiques pour chaque sexe sont loin d’avoir la même valeur. En effet, une hiérarchie sociale existe, qui privilégie la gent masculine. Ces relations de pouvoir entre hommes et femmes se renouvellent et se modifient en fonction des changements sociétaux et des contextes culturels (e.g. le «plafond de verre» dans les entreprises, terme défini aux États-Unis vers la fin des années 70, qui décrit l’inaccessibilité des positions supérieures par les femmes, malgré leur entrée sur le marché du travail).

Parvenir à l’éradication de ces relations de pouvoir inégales signifie donc que les efforts doivent être entrepris, non pas seulement au travers de quotas, mais également grâce à des initiatives incluant les hommes. Un changement durable et significatif ne peut avoir lieu sans la remise en question des valeurs qui entourent le rôle social de la femme. Cependant, ce questionnement implique à son tour une interrogation sur le rôle de l’homme et son attitude vis-à-vis des femmes. Pour reprendre le contexte de l’entreprise, il s’agirait pour l’employé de considérer sa collègue comme une autre employée, et non de projeter sur elle sa vision de la femme en tant que potentiel partenaire sexuel ou figure maternelle dévouée. Ce changement de comportement entraine non seulement des relations plus respectueuses et une évaluation objective des compétences individuelles, mais il permet également de minimiser les risques de violence et d’abus sur le lieu de travail.

Bien entendu, l’évolution des valeurs patriarcales est un processus lent, qui doit également s’ajuster aux spécificités culturelles locales. Cependant, restreindre le «genre» à une seule dimension quantitative, même si c’est une étape du processus, ne peut parvenir à une émancipation totale des femmes. De plus, le «genre» en tant que vision de nos relations humaines doit être utilisé comme l’arme principale dans la lutte pour plus de justice sociale, qui nous exhorte par la suite à prendre en compte d’autres inégalités révélatrices des structures sociales oppressantes, et à réfléchir sur nos différences, qu’elles soient physique, religieuse, ethnique ou autre.


AFP)/n

La France peut-elle vider son contentieux historique avec le Cameroun?

Par Jean-Marie Moukam

Le général De Gaulle est sans doute vénéré en France pour avoir organisé la résistance française face à l’envahisseur nazi. Mais en Afrique et principalement au Cameroun, il n’est rien d’autre qu’un assassin, un génocidaire et pilleur de richesses.

En effet, les Camerounais tiennent la France pour responsable du retard économique de leur pays car c’est bien le Général De Gaulle à travers le réseau Foccart qui a torpillé le combat des nationaliste camerounais, introduit le Franc CFA au Cameroun, assassiné tous les leaders nationalistes qui se battaient pour l’indépendance du Cameroun, organisé le génocide Camerounais.

Depuis lors, la France s’est réfugiée dans le déni allant même jusqu’à prétendre que la colonisation a été un bonne chose pour les Africains en ce qu’elle leur a permis d’avoir accès à l’école et la médecine occidentale.

Aujourd’hui, un autre fait qui choque les Camerounais, c’est de savoir qu’une bonne partie de leurs avoirs extérieurs nets (50%) est déposée dans un « compte d’opérations » ouvert auprès du trésor Français.

Cependant, ce qu’on n’a pas souvent expliqué à nos compatriotes c’est que cette disposition avait été prise afin de fournir une garantie de convertibilité illimitée à cette zone CFA et que la BEAC et la BCAO bénéficient auprès du trésor Français d’un droit de tirage illimité en cas d’épuisement de leurs réserves en devises.

Par ailleurs, Les dépôts obligatoires effectués par ces Banques Centrales de la Zone CFA bénéficient d’un certain nombre de conditions avantageuses: d’une part, ils sont protégés contre les fluctuations monétaires, puisque leur valeur est garantie par rapport aux Droits de Tirages Spéciaux. D’autre part, ils sont rémunérés par le Trésor français au taux avantageux de la facilité de prêt marginale de la Banque Centrale Européenne.

Quoiqu’il en soit, excédée par ce qu’elle considère comme un autre abus, une bonne frange de la population Camerounaise pense qu’il faut quitter purement et simplement la zone CFA et créer une monnaie nationale. Mais, le problème qui se pose c’est que le Franc CFA est aujourd’hui surévalué par rapport au niveau réel des économies des pays de cette zone monétaire.

Les économistes s’accordent à dire que son niveau réel devrait être de 1 euro pour 1500 FCFA. Vouloir créer une monnaie dans des conditions pareilles avec une économie qui dépend essentiellement des importations ne serait-il pas de la pure folie?

Vilipender également la France à longueur de journée dans les médias n’est pas une solution.

Que faut-il faire?
Il faut tout d’abord préciser que l’article 17 de la convention de coopération monétaire signée à Brazzaville le 23 novembre 1972 entre les Etats membres de la zone CFA et la France dispose que: » Tout Etat signataire peut dénoncer la présente Convention. Cette décision prend effet à compter de la date de sa notification à l’Etat dépositaire. La négociation des arrangements nécessaires sera entreprise immédiatement entre les Etats signataires à la diligence de l’un quelconque d’entre eux.

L’application de la Convention de Compte d’opérations prévue à l’article 9 ci-dessus
Est suspendue de plein droit à compter de la date de cette notification, en ce Qui concerne cet Etat ».

Donc, le Cameroun peut très bien quitter la zone CFA s’il le souhaite.
Cependant avant de s’attaquer à la question du Franc CFA, nous devons d’abord commencer par engager des réformes structurelles profondes de notre pays sur tous les plans (économique, culturelle, social, politique, éducatif.), résoudre le problème de la mal gouvernance qui caractérise le Cameroun depuis l’avènement du « renouveau national », savoir rentabiliser nos ressources humaines et savoir faire confiance à notre expertise nationale.

Comment pouvons-nous expliquer que la majorité des ingénieurs Camerounais résident en Allemagne? Que les meilleurs des médecins Camerounais résident en Belgique et en Angleterre? Que les meilleurs enseignants Camerounais résident en France, aux Etats-Unis et en Afrique du Sud?

Le Cameroun forme à l’école polytechnique de Yaoundé chaque année des centaines d’ingénieurs en travaux publics, pont et chaussées.
Comment expliquons-nous que pour construire un simple pont (fut-il sur le Wouri) que nous nous endettions auprès de la France et que nous fassions appel à l’expertise extérieur?

Nous disposons d’un laboratoire de génie civil et du génie militaire, pourtant, pour construire nos routes, nous allons chercher l’expertise étrangère et nous nous endettons pour acheter des matériaux comme la pouzzolane et le goudron que nous avons chez nous en abondance.

Est-il normal qu’on meurt encore du paludisme au Cameroun alors que son traitement total coûte à peine 1500 FCFA (soit 1,5 euros)?
Le Cameroun dispose des ingénieurs mines spécialisés dans les industries extractives. Est-il normal que ce soient les coréens qui viennent extraire notre or et notre diamant?

La compagnie aérienne de Guinée Equatoriale vient de passer une commande de dix avions Airbus neufs pour sa flotte. Nous au Cameroun, nous avons un vieux Boeing qui constitue l’unique avion de notre compagnie aérienne. Est-ce normal?

Même le football qui restait notre motif de fierté est devenu le temple de la maffia. Est-ce aussi à cause des Français?
Est-il normal qu’avec toutes les terres cultivables et fertiles dont dispose le Cameroun que nous soyons incapables d’atteindre l’autosuffisance alimentaire au point de bénéficier de l’aide alimentaire du fond mondial pour l’alimentation?

La question du Franc CFA est certes préoccupante parce qu’il s’agit d’une monnaie d’asservissement mais avant de décider d’en sortir, un certain nombre de conditions doivent être remplies aux rangs desquelles: la bonne santé de notre économie et la bonne gouvernance. Sinon nous allons simplement précipiter le Cameroun dans la pauvreté plus qu’il ne l’est aujourd’hui.

Notre pays est aujourd’hui une vaste bananeraie parsemée de constructions anarchiques et ne disposant ni plan de développement, ni plan d’urbanisation, ni politique économique.

Est-ce dans ces conditions que nous devons vraiment aller vers la création d’une monnaie nationale?


Droits réservés)/n

Afrique: un continent à la mer?

Par Roland Hureaux, Haut fonctionnaire et essayiste français

57 000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l’année, sans compter tous ceux qui sont arrivés par la Grèce et les Balkans. Les Etats européens – et pas n’importe lesquels : la France, l’Allemagne, l’Italie – se chamaillent sur la question de leur destination.

Après le naufrage qui avait entraîné la mort de près de 366 migrants clandestins au large de l’île italienne de Lampedusa le 3 octobre 2013, les Etats membres de l’UE avaient prévu, lors du Conseil européen des 24 et 25 octobre, d’adopter des mesures communes comportant le renforcement des moyens de Frontex et du bureau européen d’appui en matière d’asile.

Après le naufrage de plus de 400 autres migrants au large de la Sicile le 12 avril 2015, les chefs d’Etats et de gouvernement de l’Union européenne se sont réunis en urgence pour un sommet exceptionnel le 23 avril. Ils ont décidé de tripler les moyens de l’opération de surveillance Triton, menée par Frontex, de saisir et détruire les embarcations transportant des migrants, d’intervenir militairement en Libye contre les réseaux de passeurs et de répartir 5 000 réfugiés syriens sur le territoire européen.

Depuis lors, la commission européenne a précisé la mise en uvre de certaines de ces mesures. Mais 300 personnes ont encore sombré le 18 mai.

On peut d’ores et déjà s’attendre à ce que d’ici quelque temps, à la suite d’une nouvelle noyade, le conseil européen se réunisse à nouveau pour prendre de nouvelles mesures. Etcetera.

Il y a en effet peu de chances qu’une solution de fond soit trouvée dans un délai proche à l’immense question de la poussée migratoire à partir de la Lybie, au moins aussi longtemps qu’elle sera traitée par l’Europe institutionnelle.

L’affaire est embrouillée à plusieurs nivaux.

D’abord dans la compréhension du problème. L’égoïsme des uns se conjugue avec les bons sentiments des autres pour que nous ne cherchions pas à comprendre ce qui se passe au sud de la Méditerranée. Les uns détournent le regard, les autres ne voient que l’aspect moral, pas de faits.

D’où viennent ces migrants ? On entend un peu tout sur ce sujet. Il semble qu’une majorité vienne de l’Erythrée et du Sud-Soudan. Si c’était vrai, ils seraient à moitié chrétiens. L’Erythrée est composée d’une moitié de chrétiens et connaît, hors de toute considération religieuse, une dictature effroyable qui a mis toute la nation sur le pied de guerre pour défendre le pays contre l’Ethiopie ennemie, dix fois plus peuplée. Les Erythréens, chrétiens ou musulmans, sont un peuple intelligent et instruit qui ne poserait pas de gros problème d’intégration.

Le Sud-Soudan est la partie chrétienne (en tous les cas non-musulmane) du Soudan, devenue indépendante en 2009 après cinquante ans de guerre. Libérés du joug islamique, les Sud-Soudanais sont entrés en guerre civile sur une base non plus religieuse mais ethnique.

Si ces gens-là étaient bien la majorité de migrants, il n’y aurait pas lieu de craindre une invasion musulmane (quoique des migrants musulmans aient récemment jeté à l’eau les chrétiens embarqués avec eux). Le mouvement migratoire ne serait pas non plus le trop plein indifférencié d’un continent en pleine croissance démographique mais la conséquence de la guerre qui sévit dans plusieurs pays, ce qui n’est pas la même chose.

Mais il se dit aussi que beaucoup d’immigrants viennent du reste du Sahel, jusqu’au Sénégal, voire de l’Afrique profonde. Combien? On ne sait pas.

Et puis, il y a aussi en attente dans les îles italiennes et en Grèce beaucoup de réfugiés de Syrie, un pays que la diplomatie de certains Etats européens (dont la France et la Grande-Bretagne) n’a pas peu contribué à déstabiliser. Si les efforts de M. Fabius pour renverser le régime d’Assad sont couronnés de succès, ce ne sont pas 20 ou 30 000 Syriens qu’il faudra accueillir mais 2 ou 3 millions.

Ce n’est pas seulement la compréhension du problème qui est embrouillée, c’est aussi la recherche de solutions.

La plus simple serait que l’Europe prenne le contrôle des principaux ports de départ sur la côte nord de la Libye. Cela aurait pu se faire dans la foulée de l’intervention qui a renversé Kadhafi en 2011, et qui a plongé ce pays dans le plus grand chaos, mais on ne l’a pas fait.

Parmi les mesures qui ont été évoquées par le Conseil européen le 23 avril, la principale est une nouvelle intervention militaire en Libye. Une telle action supposerait l’aval du Conseil de sécurité. Mais la Russie et la Chine ont eu l’impression d’avoir été trompées par les Occidentaux lorsqu’ elles ont donné cet aval à l’intervention de 2011. Il n’était prévu au départ que de sauver des populations ; or l’intervention a largement dépassé les termes du mandat, aboutissant au renversement et à l’assassinat de Kadhafi. Russie et Chine ont depuis le sentiment d’avoir été bernées et ne sont absolument pas prêtes à lever leur veto au Conseil de sécurité à toute entreprise du même genre. Il faudrait peut-être négocier avec la Russie, notamment en relâchant la pression sur l’Ukraine. Mais l’Europe ne semble pas disposée à faire sur ce front la moindre concession susceptible de rendre les Russes plus coopératifs.

On pourrait aussi encourager un pays voisin redevenu stable comme l’Egypte à intervenir, si elle le veut bien. Ce service vaut bien quelque Rafales à prix bradé. D’autant que l’Egypte a, depuis le temps des pharaons, des revendications sur le désert libyen.

Une autre solution serait que les forces spéciales de tel ou tel pays mettent hors d’état de nuire les passeurs. Si on procède de cette manière, on ne le dira pas. Mais c’est peu probable. En tout état de cause, il ne saurait s’agir d’une décision européenne, seulement d’un Etat.

Les sommets européens successifs auraient pu être l’occasion de poser le principe selon lequel, en cas de guerre ou d’oppression, ce sont les pays voisins qui ont les premiers vocation à recevoir les réfugiés, non l’Europe, mais que celle-ci serait prête à soutenir généreusement ces politiques d’accueil. On ne l’a pas fait. Cela serait contraire, dit-on, au principe de l’universalité du droit d’asile. Fort bien, en attendant, les réfugiés se noient.

Embrumée de bureaucratie et de grands principes, la Commission de Bruxelles n’est pas près de trouver une solution. Pas davantage que , quand elle a pris en main l’immigration à l’échelle européenne, elle n’a fait la preuve de la moindre efficacité.

Confronté à sa propre impuissance, M. Juncker s’est donc contenté de proposer de répartir les réfugiés entre les pays d’Europe en suivant des quotas : la Commission de Bruxelles a demandé mercredi 27 mai aux Etats de l’Union européenne de prendre en charge 40 000 candidats à l’asile syriens et érythréens arrivés en Grèce et en Italie, dont 20 000 immédiatement. Le quota français est de 6752.

Au temps de l’ Union soviétique, on savait que toute décision partant d’un a priori idéologique serait stérile. Rien ne sortait jamais des décisions du parti. Ce qui marchait, industrie de défense, lopins agricoles individuels, marchés kolkhoziens se faisait en marge ou en dehors de l’idéologie, voire contre elle.

A Bruxelles, c’est la même chose : le mieux qu’on puisse attendre d’une politique commune est qu’elle ne fasse pas trop de dégâts. Mais généralement, elle en fait. Ce qui marche – Airbus, Ariane – se fait en dehors des politiques européennes officielles et généralement sur la base de coopérations intergouvernementales à géométrie variable.

Il est probable que la question des migrations méditerranéennes ne sera résolue que quand les deux ou trois pays les plus concernés, parmi lesquels l’Italie, principal lieu de passage, et la France, destination la plus attractive se concerteront pour traiter la question et cela en liaison avec les Etats africains les plus impliqués. Il est clair qu’on n’en est pas encore là.


Droits réservés)/n

Afrique: le nombre de pauvres devrait atteindre les 400 millions en fin 2015

L’information a été révélée mardi à l’ouverture d’un atelier de trois jours organisé par les Nations unies à Douala

L’Afrique comptera 400 millions de pauvres à la fin de l’année en cours. Ce chiffre a été communiqué mardi 16 juin 2015 par l’experte de la Commission économique pour l’Afrique (Cea) des Nations unies, Iris Macculi. C’était au cours de la cérémonie d’ouverture d’un atelier de trois jours que l’entité organise dans la capitale économique du Cameroun, Douala, sous le thème: [i «Mesurer l’exclusion humaine dans une optique de transformation structurelle-l’Indice africain de Développement social (Iads)».

A l’ouverture de cet atelier sous-régional, les participants, venus des pays de la Cemac, de Sao Tomé et Principe, du Burundi, des Comores et de Madagascar, ont écouté l’experte dire que le taux de croissance démographique demeure plus élevé que celui de la croissance économique, d’où l’augmentation, en valeur absolue, du nombre de pauvres. On en comptait 180 millions il y a 20 ans, indique les chiffres présentés. Autre cause selon l’experte, «les bénéfices de la croissance» économique «ne sont pas partagés» équitablement.

Autres données révélées
S’agissant de l’exclusion humaine, en Afrique subsaharienne, un enfant sur neuf meurt avant cinq ans, soit 16 fois plus que la moyenne des pays développés; deux enfants africains sur cinq de moins de cinq ans présentent un retard de croissance; 133 millions de jeunes africains sont analphabètes (la majorité étant des femmes), etc.

Et pourtant, selon le directeur le Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Cea, Emile Ahohe, le continent enregistre depuis une dizaine d’années, «une croissance économique sans précédent», même si malgré des «progrès remarquables, les pays du continent ne sont pas encore parvenus à transformer leurs économies, ni à atteindre les niveaux de développement social enregistrés dans d’autres régions du monde.»

Dans la perspective d’éradiquer les inégalités, le chômage et améliorer les conditions de travail, la Cea a mis au point l’Iads pour aider les Etats-membres à mesurer le degré d’exclusion humaine sur le continent et concevoir des politiques de développement plus inclusives.

Cet indice mesure l’exclusion sur six plans: la survie, la santé, l’éducation, l’emploi, les revenus tirés de la production et la qualité de vie.
L’atelier de Douala, qui s’achève demain jeudi, a pour but de permettre aux participants de se familiariser avec cet outil, développer leurs compétences et partager leurs expériences dans la formulation de politiques sociales plus inclusives et équitables.


Droits réservés)/n

Le Cameroun classé 18e économie la plus compétitive en Afrique en 2015

La 5e édition du Rapport sur la compétitivité en Afrique, publiée le 04 juin, classe le Cameroun au 18ème rang sur une liste de 38 pays. Au plan mondial, le Cameroun, 116e sur 144 pays, perd une place

Le Cameroun figure au 18ème rang des pays les plus compétitifs en Afrique, sur une liste de 38 pays du continent, pris en compte dans la cinquième édition du Rapport sur la compétitivité de l’Afrique. L’étude a été publiée le 04 juin 2015, et lancée au Cap, en Afrique du Sud, lors de la tenue, du 02 au 05 juin, du Forum économique mondial pour l’Afrique.

Le classement présenté dans le Rapport sur la compétitivité de l’Afrique 2014-2015, publié cette année sur le thème «transformer les économies africaines», s’appuie sur des données de l’Indice de compétitivité mondiale (ICM) du Forum, plus connu en anglais comme le «Global Competitiveness Index» (GCI). Selon cet indice, qui a considéré les performances de 144 pays cette année, le Cameroun régresse dans le classement sur le plan mondial. 116e en 2015, il perd une place par rapport à l’ICM 2013-2014 où il occupait la 115e place et quatre places par rapport à l’ICM 2012-2013 où il était 112e sur 144 pays.

L’économie camerounaise repose, selon les auteurs du rapport, sur les services (49,3%), l’industrie (31%) et l’agriculture (19,7%).

«L’Afrique en miniature» devance des pays comme le Nigéria (27e en Afrique et 127e dans l’ICM), l’Egypte (20e en Afrique et 119e dans l’ICM) ou encore l’Angola (35e en Afrique et 140e dans l’ICM).

Maurice (1er en Afrique et 39e sur le plan mondial) fait office de meilleur élève du continent. Cet Etat situé dans l’océan indien gagne six places par rapport à l’édition précédente où il occupait la 45ème place. La Guinée ferme le classement en se situant au 38e rang sur 38 pays africains et 144e/144 pays à l’échelle mondiale, derrière le Tchad (37e en Afrique et 143e à l’échelle mondiale). En Afrique centrale, zone Cemac, c’est le Gabon qui occupe le meilleur rang (12e en Afrique et 106e dans le classement mondial).

Dans le Rapport sur la compétitivité de l’Afrique 2014-2015, les auteurs du rapport félicitent le Cameroun pour les réformes entreprises dans le domaine des institutions publiques. Le Nombre de procédures pour lancer une entreprise est l’indicateur où le pays est le mieux classé (32e sur 144 pays). Parmi les facteurs les plus préoccupants soulevés au Cameroun figurent: la corruption, l’accès aux financements, l’inadéquation des infrastructures existantes, la réglementation fiscale, les taux d’imposition, la lourdeur de l’administration publique.

Le rapport est publié conjointement tous les deux ans par la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, le Forum économique mondial et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Les meilleurs élèves en Afrique subsaharienne
L’ICM met l’accent sur trois domaines clés de l’activité économique, à savoir: la productivité agricole, la croissance du secteur des services et les chaînes de valeur mondiales et régionales. Le classement prend spécifiquement en compte 12 piliers parmi lesquels: les institutions, les infrastructures, l’environnement macro-économique, les services de santé et ceux l’éducation, la formation et l’enseignement supérieure, la taille du marché, l’environnement des affaires et la capacité d’innover.

Le rapport montre que le continent est loin de constituer un ensemble homogène en termes de compétitivité. Sur le plan mondial, des pays comme Maurice et l’Afrique du Sud (2ème en Afrique et 56ème dans le classement mondial) font mieux que la moyenne des pays d’Asie du Sud-Est, ils se situent également devant des économies émergentes comme le Brésil et l’Inde. Ils sont suivis par un second groupe de pays: Rwanda (62ème), Maroc (72ème), Botswana (74ème) et Algérie (79ème), qui sont plus compétitifs que l’Amérique du Sud et les Caraïbes.

La Zambie, le Gabon, le Lesotho, le Ghana, le Sénégal, Le Cap Vert, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, et l’Ethiopie font mieux que la moyenne des pays de l’Afrique subsaharienne.

Les cinq premiers pays africains dans l’Indice de compétitivité mondiale 2014-2015:
1) Maurice (39ème)
2) Afrique du Sud (56e)
3) Rwanda (62e)
4) Maroc (72e)
5) Botswana (74e)

Télécharger le Rapport sur la compétitivité de l’Afrique 2014-2015

Le Port de Douala, au Cameroun (Photo pour illustration)
worldbank)/n

Boko Haram: la mentalité du colonisé, l’autre acteur du conflit

Par Paul Daniel Bekima

Demandez à un citoyen ordinaire du monde la relation qui existe entre d’une part les multinationales, la politique étrangère des pays dits riches, la science politique telle qu’enseignée dans les universités occidentales, les institutions et organisations internationales, les medias occidentaux, les ONG, et d’autre part, la pauvreté, la misère, les guerres, les coups d’état, les leaders impopulaires, certaines endémies en Afrique ainsi que, l’émigration de masse et la mentalité arriérée, et écoutez sa réponse.

Que ce citoyen réponde par un: «je n’en voie pas un» ne devrait pas être étonnant, car bien qu’il y ait un rapport direct dans ce sens ci que les premiers produisent les deuxièmes, ce rapport est tellement bien dissimulé par des outils sophistiqués qu’il n’est pas évident pour le commun des mortels de l’identifier correctement.

Toute cette structure de dissimulation mise en place par les puissants s’écroulerait, si la fondation ou le fondement qui lui permet de rester en place était détruit, et cette fondation est la mentalité de colonisé que beaucoup d’africains continuent de porter en eux. Le maintien de cette mentalité par les uns et sa destruction par les autres est donc l’enjeu du conflit d’abord culturel puis politique et économique sans merci que se livrent les prédateurs et les partisans de l’Afrique libre.

C’est dans le cadre de ce conflit qu’il faut évaluer la situation de l’Afrique aujourd’hui et saisir la dynamique qui soutend les activités des prédateurs. Ces derniers ont de l’expérience, les moyens et essayent de s’adapter aux situations en fonctions des réalités du terrain, ils utilisent ce que l’on appellerait en informatique des algorithmes adaptatifs, mais leurs objectifs restent les mêmes. Il est donc question pour les africains d’observer ces prédateurs dans leurs manigances afin de les contrer, mais aussi et surtout d’anticiper leurs mouvements. C’est ce décryptage des actions des adversaires de l’Afrique que nous allons essayer de faire en utilisant l’exemple du conflit contre Boko Haram.

Les 3 véritables entités du Conflit de Boko-Haram
Pour une bonne compréhension des enjeux de ce conflit il est judicieux de commencer par considérer séparément et sans un ordre précis les acteurs présents qui sont: les pays riverains, les prédateurs et les trouble-fêtes, mais surtout le choc de 2 mentalités: l’une positive qui représente l’africain décomplexé, l’autre négative et dont Boko-Haram n’est qu’une triste manifestation.

Les 2 Afriques
Des évènements récents sur l’étendue du sol africain ont mis en lumière deux Afriques qui coexistent sur le continent: une nouvelle Afrique décomplexée et qui prend ses responsabilités en trouvant des solutions africaines aux problèmes africains. Cette Afrique émergente qui effraye tous les prédateurs vient d’être révélée au monde par la coalition du bassin du lac Tchad où quatre pays avec l’appui de leurs voisins et frères ont pris sur eux la lutte contre un groupe terroriste.

La deuxième Afrique quant à elle est la vieille Afrique, celle que les media occidentaux adorent, cette Afrique timorée, misérable, peu confiante en elle et dont l’étalage dans les medias a amené l’opinion publique occidentale conditionnée à se demander si le monde en général ne vivrait pas mieux sans ce boulet aux pieds du monde. C’est cette 2eme Afrique qui pose problème car elle est le point d’encrage, c’est-dire le socle sur lequel s’appuient les oppresseurs pour mener à bien leurs opérations de contrôle de l’Afrique. A quoi ressemble cet africain que nous qualifions de captif de la colonisation?
C’est celui qui dans le cas du Cameroun par exemple a de la sympathie pour des gens qui ont massacré environ 400 000 de ses concitoyens (10% de la population de l’époque) et qui appellent incitateurs à la haine ceux qui dénoncent ce génocide.

C’est lui qui a accueilli avec enthousiasme la mort de Kadhafi donnant ainsi un sacré coup de frein au rêve du Fond Monétaire et à la Banque Africaine que ce dernier voulait mettre en place. C’est le même qui aujourd’hui continue de célébrer Sarkozy, alors que ce dernier, noyé dans les problèmes de justice est loin d’être une référence morale.

C’est celui qui fait des victimes les coupables et des coupables les victimes; Areva non seulement confisque l’uranium nigérien mais en plus l’exploite à ciel ouvert empoisonnant ainsi tout l’environnement. Dans cette histoire, le colonisé donne tort au Niger et raison à Areva.

C’est celui qui, même dans sa relation avec le Tout-Puissant, adopte la représentation de Dieu servie par une autre culture et méprise celle de ses ancêtres et appelle leurs cultes du sacré, activité satanique.

C’est celui qui comme dernièrement en Afrique du Sud, est prêt à découper à la machette son frère venu chercher une vie meilleure, mais qui n’ose même pas questionner les positions de privilège qu’occupe l’oppresseur qui est venu le déposséder de ses terres.
C’est celui qui comme le ministre camerounais de l’agriculture, Lazare Essimi Menye saute dans le premier avion en direction de Florence (Italie) afin de soumettre le problème de la transformation et de l’exploitation de la farine de manioc aux chercheurs de l’Université de cette ville qui eux ne connaissent pas grande chose du manioc, mais qui en même temps évite de parler aux chercheurs camerounais qui eux maitrisent le manioc et ont écrit des tonnes d’articles et de thèses sur le sujet de sa transformation et de son exploitation.

L’on peut multiplier à l’infini des exemples d’activités du colonise captif. Même le football n’est pas à l’abri.

Voilà en quelques mots l’outil qui permet aux prédateurs de maintenir une domination sans partage sur le continent africain. L’on ne peut vraiment dire combien le visionnaire Steve Biko avait raison lorsqu’il déclarait : « L’arme la plus redoutable entre les mains de l’oppresseur est la mentalité de l’opprimé ». C’est cette mentalité qui donne un avantage incroyable au bourreau dans la dynamique proie-prédateur, et le bourreau ne se fait pas prier pour l’utiliser à fond, en multipliant les actes qu’un esprit aussi confus que celui de son captif ne peut comprendre.

Le cas de Boko-Haram
Voilà un groupe d’illuminés qui se réclament d’un islam authentique (soit dit en passant que l’islam n’est pas une religion africaine) et dont le nom se traduit par l’éducation occidentale est un péché, et qui dans leur confusion mentale ne voient pas la contradiction entre ce qu’ils prétendre être et qui ils servent, ils ne se posent même pas la question de savoir quelle éducation produit les armes qu’ils retournent allègrement contre leurs vrais semblables.

Passons maintenant aux pays riverains du bassin du lac Tchad.

Les pays riverains du Bassin du Lac Tchad
Que se passe-t-il dans cette zone qui soit de nature à attirer l’attention des maitres du monde?

-Le Cameroun a un président en fin de règne qui montre des velléités d’indépendance et embrouille le processus de transition de pouvoir; il y a donc un risque énorme de voir le pouvoir tomber entre les mains des nationalistes. En plus l’on aurait découvert dans la partie Nord de ce pays d’immenses gisements de pétrole et d’uranium qui sont des matières premières stratégiques.
.Le Niger est l’hôte des plus grands gisements d’uranium au monde, et il a commis «l’erreur» de vouloir en tirer un meilleur profit de ses richesses en essayant de renégocier les contrats d’exploitation de ce minerai par la société française Areva. Il a en plus commis le «péché» de vouloir faire jouer la carte de la concurrence chinoise.
.Le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique et il est immensément riche, son économie étant devenue depuis peu la 1ere d’Afrique. Sa grande population et son pouvoir financier pourraient le rendre incontrôlable par les prédateurs, il est donc nécessaire de le fragmenter en petites entités étatiques comme on l’a fait au Soudan.

-Le Tchad qui au départ n’était pas directement visé est riche en pétrole et a à sa tète un président aussi en proie à de grosses velléités d’Independence qui en plus ne mâche pas ses mots lorsqu’il est question de fustiger le comportement de ses alliés français.
Passons aux prédateurs et trouble-fêtes
Les Maitres du monde
.Les Etats-Unis cherchent à établir des bases militaires en Afrique depuis qu’ils ont compris que ce continent pourrait devenir l’arbitre de la compétition que leur livre la Chine ; il est donc question pour eux, à défaut de chasser la Chine d’Afrique, au moins de limiter son avancée. C’est dans le même esprit qu’Obama a initié les accords de commerce trans-pacifiques.
.La France: si ce pays perd l’Afrique, il ne s’en remettra peut-être jamais, c’est aussi simple que cela. Le bassin du lac Tchad est essentiel à son maintien en Afrique, c’est la raison d’être de la base militaire Barkhane, et du balai diplomatique des officiels français dans les capitales africaines et surtout à Yaoundé (Cameroun).

Qu’en est-il de la Chine?
Ce pays comme tous les autres a compris que l’accès aux matières premières africaines était essentiel à son rayonnement, mais contrairement à ses concurrents, elle a adopté une approche intelligente et habile qui consiste à établir des relations gagnant-gagnant.

Au rang des « trouble-fête », l’on peut citer la Russie et la Turquie, la 1ere ayant une dent à régler avec ses adversaires de toujours, qui n’ont fait qu’exacerber la tension avec Moscou à travers leur rôle dans le problème Ukrainien. Le 2eme pays quant à lui a vécu comme une humiliation sa non-intégration à l’union européenne, et avec la situation actuelle au Moyen-Orient il veut s’affirmer comme un acteur majeur dans la conduite des affaires du monde.

Il est maintenant question d’expliquer le rôle de Boko-Haram dans la guerre de prédation.

Boko-Haram comme instrument de déstabilisation et de conquête.
Sur le sujet des stratégies de conquête utilisées par le prédateur, beaucoup de livres ont été publiés mais à notre avis l’auteur qui traite le mieux la question est John Perkins, car contrairement à des universitaires qui font des constructions théoriques sur le sujet en s’appuyant sur des hypothèses plus ou moins plausibles, John Perkins est un homme de terrain qui décrit la réalité concrète en s’appuyant sur son expérience personnelle d’ancien agent en première ligne dans cette campagne de banditisme. Ses 2 livres sur le sujet: Confessions of an Economic Hit man et Hoodwinked sont fortement recommandés. Dans ces livres, il décrit différents scenarii et outils qui ont pour finalité de mettre en captivité les pays riches en ressources stratégiques.

Nous pouvons citer dans le désordre: la dette, les changements de régime, le contrôle des successions au pouvoir, la création et le financement des rebellions armées et des groupes terroristes, des assassinats. L’ordre dans lequel ils procèdent dépend de la situation; dans certains cas l’on peut commencer par des actes de bienveillance et finir par la violence, dans d’autres cas l’on peut commencer directement par la violence, au cas où elle ne mord pas, enchainer avec des actes de bienveillance pour éventuellement revenir à la violence.

Dans le cas qui nous concerne, le 1ere phase de violence n’a pas réussi à obtenir les résultats voulus par les envahisseurs qui font maintenant semblant d’être gentils.

Prenons par exemple le Cameroun et regardons ce qui s’y passe depuis peu.

Quelques actes de bienveillance
Mars 2015: le Japon débloque une aide de 9 milliards de francs CFA pour les refugiés au Nord-Cameroun, ces fonds sont gérés par le HCR, le PAM, Le PNUD, l’UNICEF.
Avril 2015: L’agence spatiale Airbus Defense & Space veut s’installer au Cameroun
Avril 2015: Automobile : Volkswagen s’installe au Cameroun
Mai 2015: Les Etats-Unis offrent 20 milliards de francs CFA au Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad pour la lutte contre Boko-Haram.
Mai 2015: La chambre de commerce du Canada promet un don de 1 milliards 250 millions à Synergie Africaine.
Nous ne reviendrons pas sur les actions de la France, nous vous referons plutôt à l’article de Gabriel Makang: France-Cameroun: Les Attitudes Coupables de la France, mais nous ne pouvons pas ignorer les hallucinations d’un illuminé nommé Jean-Louis Borloo qui du jour au lendemain s’est découvert des vertus messianiques au point de prendre sur lui la responsabilité d’électrifier l’Afrique toute entière alors qu’on ne lui connait aucune action d’éclat lors de son passage au gouvernent, ni même à la tète de la mairie de Valenciennes.
Beaucoup de lecteurs se posent probablement la question de savoir quels intérêts certains pays précités en particulier le Japon et l’Allemagne ont dans cette affaire. Ces deux pays n’ont peut-être pas un intérêt direct, mais sont membres de la trilatérale (www.trilateral.org) et comme tels sont appelés à rendre par (loyauté au groupe) des services aux autres membres.

La commission Trilatérale fut officiellement créée le 1er Juillet 1973 à Tokyo sur proposition de David Rockefeller. Elle regroupe en son sein entre 300 et 400 personnalités influentes recrutées en Europe de l’Ouest en Amérique du Nord et l’Asie Pacifique; le tout bien encadré par le groupe Bilderberg et le Council of Foreign Relations. Son but officiel est de Promouvoir et construire une coopération politique et économique entre ces trois zones clés du monde. Mais pour beaucoup d’observateurs avertis comme l’universitaire Gérard Soulier, le vrai but de cette commission est de préparer la constitution du gouvernement du Nouvel Ordre Mondial.
D’après l’universitaire Olivier Boiral, cette commission s’active en réalité à protéger les intérêts des multinationales et à « éclairer » avec ses conseils les décisions des dirigeants politiques de ce monde.
C’est donc dans le cadre de cette stratégie d’endormissement que l’on nous envoie des gens de prime abord insoupçonnables, exactement comme les terroristes l’ont fait par le passé pour déjouer la vigilance des services de police (voir le livre de Charles Villeneuve: Histoire Secrète du Terrorisme: Les Juges de l’Impossible), afin de nous faire tomber par manque de vigilance dans le piège tendu.

Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette situation?
I. Pour les Africains
Il est clair que les matières premières africaines bon marché (ou gratuites) sont indispensables aux industries occidentales et leur puissance qui en dépend d’ailleurs ; vu sous cet angle nous ne pouvons pas compter sur leur aide pour nous tirer d’affaire. Ou avez-vous déjà vu un prédateur (dominant) donner à sa proie (dominée) les armes de sa libération, surtout si ceci signifie la perte de ses privilèges?

Les africains ne peuvent donc compter que sur eux-mêmes sur leurs partenaires naturels les Afro-descendants (avec lesquels il faudrait établir sans délais des relations solides), et sur un jeu habile d’alliances de circonstance pour se tirer d’affaire. Les aides et les programmes d’assistance ne sont que des enfumages.

Le transfert de technologies tant promis par l’occident n’est qu’une illusion. L’Afrique doit ouvrir et financer ses propres centres de recherche, afin de contrôler ses ressources et son destin.
Réduire les facteurs de vulnérabilité, en décentralisant la gestion, car l’hypercentralisation du pouvoir est un puissant outil entre les mains des prédateurs.

II. Pour les Français
res plus de 50 ans d’exploitation sans partage de l’Afrique francophone, il est temps de tourner la page, les modèles de gestion anciens ont vécu et sont aujourd’hui dépassés. La France doit se rendre à l’évidence qu’elle n’aura jamais plus accès gratuitement aux matières premières des africains et ne confisquera plus jamais leur argent dans son trésor publique car même la domination à hauteur de plus de 80% de ces économies par les entreprises françaises prendra fin dans le court terme. Il vaut mieux prendre les devants, en s’asseyant avec les africains afin de discuter sérieusement du futur du franc CFA et des accords de défense. Si la France ne le fait pas, tôt ou tard les africains le ferons et probablement en leurs termes en écartant la définitivement la France.

III. Pour les américains
Il est temps que les américains mettent en place leur propre politique africaine et qu’ils cessent de dépendre de la France dans la conduite de leurs affaires sur ce continent. L’Amérique a sous sa main une carte-clé à savoir la population Africaine-Américaine. Plutôt que de garder diviser les membres d’une même famille de part et d’autre de l’Atlantique, il est temps qu’elle (Amérique) commence à favoriser leur rapprochement. Si elle le fait et adopte la philosophie chinoise dans ses relations avec l’Afrique, elle en sortira grande gagnante, car même les problèmes qu’elle rencontre avec sa population noire trouveront une solution. De toutes les façons, avec les nouvelles cartes géopolitiques qui se dessinent, elle aura à décider qui, de la France à bout de souffle ou de l’Afrique unifiée lui sera le plus utile. Une erreur de décision va sceller le sort de la compétition avec la Chine.

Conclusion
Au moment où de nouvelles cartes géopolitiques sont entrain d’être dessinées, les ressources naturelles africaines sont une fois de plus au centre de toutes les man uvres, car selon les belligérants, celui qui va les contrôler dominera le monde. Mais cette fois-ci la situation s’annonce différente, car une nouvelle mentalité africaine est entrain de s’épanouir. Cette mentalité qui caractérise l’africain décomplexé doit être cultivée, car ce n’est qu’à travers elle que les africains pourrons de nouveau jouir d’une grande liberté et mettre leurs ressources au service du bien être de leurs populations et éventuellement apporter au monde une seconde humanité. Au rythme où vont les choses, la planète en a terriblement besoin.


Droits réservés)/n

Fuite des cerveaux en Afrique: ampleur et piste de solutions

Par Louis-Marie Kakdeu

Mumpasi Lututala (2012) définit l’exode de cerveaux en Afrique comme étant le départ des Africains qualifiés à l’étranger. Il s’agit des migrants qui ont des qualifications professionnelles avérées: professeurs d’université, médecins, enseignants, ingénieurs, chercheurs, artistes, sportifs, etc. Au regard de la nouvelle donne des économies du savoir (Dia 2005), que faut-il faire?

L’ampleur du phénomène est importante. Plus de 20 000 professionnels africains s’exilent chaque année (Tapsoba et al, 2000 ; Kouame, 2000 ; Lututala, 2006); ils étaient 1 388 000 en l’an 2000 selon Marfouk (2007): leur pourcentage dans l’ensemble des émigrés africains est passé entre 1990 et 2000, de 22 à 31%, faisant perdre à l’Afrique plus de 10% de sa main d’ uvre qualifiée. Selon Clemens et Pettersson (2006), au moins 16 pays africains ont perdu entre 51 et 75% de leurs médecins formés alors que le continent en manque cruellement. En fonction des filières, le pourcentage des non-retours parmi les étudiants africains atteint jusqu’à 83% (Adreda, 2000). McCabe (2011) souligne que malgré leur haut niveau de qualification, 18,5 % des migrants africains vivent sous le seuil de la pauvreté.

Quels impacts?
Nous n’avons pas la prétention de traiter ici des raisons des départs. Nous discutons de l’impact sur le développement. Comme le rappelle Mumpasi Lututala (2012), certains économistes utilisent la trilogie nature-travail-capital pour désigner les facteurs de production que sont les ressources naturelles, les ressources humaines et les ressources financières. Le facteur ressources humaines «est le plus important, car c’est lui qui permet de mettre en valeur les ressources naturelles, et par conséquent de générer le capital nécessaire pour soutenir cette mise en valeur». Gingras et Mosbah-Natanson (2010) ont montré qu’en 2004, l’Afrique n’avait contribué qu’à concurrence de 1,8% à la production mondiale des connaissances en sciences sociales, ce qui ne signifie nullement que les Africains ne produisent pas, mais plutôt que leur production scientifique est validée ailleurs.

À ce rythme de pertes, il sera difficile au continent de trouver à l’interne des solutions originales aux défis d’amélioration des conditions de vie qui l’attendent. En considérant les coûts de formation dans les pays d’origine, Mills et al (2011) estiment à 2 milliards de dollars les pertes financières des pays africains uniquement sur la formation des médecins qui s’exilent. C’est un «gros gâchis». Enfin, sur le plan politique, l’exode pose un problème de contrôle vertical en démocratie c’est-à-dire d’insuffisance de masse critique pour servir de contrepoids à la mauvaise gouvernance.

Que faut-il faire?
Nous n’avons pas non plus la prétention de détenir la solution miracle à ce problème. Nous observons toutefois que deux approches existent dans la littérature (Kouame, 2000): l’idée de l’organisation d’un«retour au pays natal» (irréaliste parce que les mouvements migratoires sont liés à l’histoire de l’humanité et les individus sont libres de choisir où ils veulent vivre) et l’idée de rationaliser l’utilisation de la diaspora africaine à partir de leurs lieux de résidence.

Les États africains devraient se mettre à la recherche des capitaux en créant un cadre institutionnel profitable aux transferts d’argent afin que les flux partent de l’informel (80% dans l’économie de la consommation) au circuit formel de l’économie (investissement). En l’état, comme le montre Mills et al (2011), ce sont les pays d’accueil qui tirent d’énormes bénéfices financiers en utilisant les cadres formés en Afrique à l’instar du Canada (384 millions de dollars US), des États-Unis (846 millions), de la Grande-Bretagne (2 milliards), de la France (3,6 milliards), etc.

Il faudrait investir dans l’amélioration de la qualité de formation (notamment en entrepreneuriat) afin de ne pas laisser partir les jeunes africains. Il suffit de créer un cadre d’interconnexion favorable à la mobilité de la diaspora et aux échanges de savoirs. De nos jours, la circulation du savoir entre la diaspora et les structures de production dans leurs pays d’origine n’est que symbolique. Aussi, les postes d’enseignants associés, même à titre bénévole, restent presque fictifs et la mobilité universitaire reste orientée vers le Nord. Pis, les centres d’études africaines à l’étranger sont peu développés, ce qui limite la diplomatie culturelle et scientifique. Il faudrait tendre vers la création des centres d’excellence et des pépinières d’entreprise permettant de profiter des plus brillants sur place.

Une nouvelle impulsion est nécessaire au niveau de la gouvernance et de l’optimisation de l’action publique afin d’offrir un environnement attractif aussi bien à la diaspora désirant revenir qu’aux locaux devant être convaincus de rester sur place. Cela implique entre autres des réformes institutionnelles pour promouvoir l’investissement et l’entrepreneuriat, l’investissement dans les infrastructures en partenariat avec le privé, la valorisation du mérite et de la compétence, la stabilité politique et la protection des droits et libertés. Cela suppose aussi et surtout la redéfinition du statut du citoyen et la réduction de l’emprise du social (liens de parenté). Les gouvernements africains devraient rejeter la xénophobie et s’ouvrir aux matières grises qui ne recherchent que la reconnaissance et de meilleures conditions de travail.

Louis-Marie Kakdeu
fr.cluj2015.eu)/n

Palais de l’Unité: Jean Louis Borloo échange avec Paul Biya

L’ancien ministre d’Etat français est venu consulter le chef d’Etat camerounais sur la question de l’électrification du Cameroun et de l’Afrique

Ancien ministre d’Etat, plusieurs fois ministre en France, retiré de la politique l’année dernière, Jean Louis Borloo a été reçu en audience mercredi 27 mai 2015 par le chef d’Etat camerounais ? Paul Biya. L’hôte s’est donné pour nouvelle mission le développement de l’Afrique. Avec pour point de mire l’énergie. Un domaine dans lequel il s’investit avec sa fondation, «Energie pour l’Afrique» nouvellement lancée.

L’électrification du Cameroun et de l’Afrique était donc au centre des échanges entre les deux personnalités.

A sa sortie du palais de l’Unité, Jean Louis Borloo a indiqué à la presse que le président Paul Biya est engagé dans un programme d’électrification rapide et massive qu’il partage avec d’autres chefs d’Etat africains. Selon lui, le «point manquant» pour ce projet continental, ce sont les financements. D’où la nécessité, soutient-il, que des subventions internationales d’un montant de quatre milliards d’euros (soit un peu plus de 2620 milliards de FCFA) par an soient trouvés, pendant une dizaine d’années, pour électrifier l’Afrique.

Pour les commodités de mise en uvre du projet, Jean Louis Borloo projette la mise en place d’une agence d’électrification en Afrique. Il reviendrait à cette agence, de financer les projets d’électrification à partir des fonds collectés.

En ce qui concerne le Cameroun, l’ancien ministre rappelle que le pays dispose du second potentiel hydroélectrique en Afrique. De plus, il aide la planète, grâce à son massif forestier, en absorbant des tonnes de gaz carbonique. Ce serait, à son avis, un juste retour d’ascenseur que d’aider le Cameroun. Il ajoute du reste que tout le monde est d’accord aujourd’hui que le développement de l’Afrique est vital. Et qu’il s’agit d’un «problème de justice, un problème moral» que de développer l’Afrique. Son rôle à lui étant de susciter une prise de conscience et rechercher les financements nécessaires.

Jean Louis Borloo reçu par Paul Biya, mercredi, au palais de l’Unité, à Yaoundé.
Droits réservés)/n

Pourquoi l’Afrique subit-elle la domination des occidentaux?

Par Guy François Olinga

Les africains aujourd’hui se croient sous le joug d’une fatalité (biblique?) qui les contraint à la servitude vis-à-vis de l’occident. Pour les uns, il n’y a rien à faire contre cette malédiction du peuple noir. Pour d’autres, il faut se révolter, résister, combattre l’oppresseur en vue de son indépendance, garante de l’accès au développement. Ce groupe de personnes fait des occidentaux la source de tous les malheurs de l’Afrique.

Et pourtant, et c’est ce que nous révèle le Pasteur Luc Bimaye, la cause profonde de ce drame africain réside d’abord et avant tout dans l’ignorance. Les africains sont ignorants de la structure de l’univers et des lois qui le régissent. Les africains ignorent le véritable principe du pouvoir. Les africains ne savent pas en quoi consiste réellement le développement.

Si seulement les africains savaient que la position qui est celle de l’occident aujourd’hui en matière de visibilité et de pouvoir dans l’univers visible fut autrefois détenue par le moyen orient et le proche orient en passant par l’Afrique? Comment faire savoir aux africains que l’occident n’a fait que récupérer la position que détenait l’Afrique égyptienne il n’y a pas trop longtemps?

En tout cas, pour conserver les africains dans la servitude, l’occident a savamment entretenu leur ignorance au travers de loges mystiques, de la religion, par la corruption sémantique et en leur présentant les conséquences du développement comme étant le développement tout en veillant à conserver la soi-disant élite africaine au même niveau que la masse: de simples consommateurs égoïstes qui ne sont mus que par leur réalisation individuelle dans le temporel.

L’Afrique
bourse.lesechos.fr)/n

L’Afrique contre elle-même: une ivresse névrotique du pouvoir à vie

Par Thierry Amougou, animateur et fondateur du Crespol (Cercle de réflexions, économiques, sociales et politiques)

La grammaire de la transition politique en Afrique se mue en grammaire funèbre, résultante logique de régimes prédateurs dans la conquête, l’exercice et la conservation du pouvoir. Comment le pouvoir à vie et l’assassinat d’Africains peuvent-ils prendre racine dans un continent si averti via son histoire des désastres humains d’un pouvoir qui omet de servir la vie?

Des cadavres sans propriétaires jonchent des ruelles ravinées des bidonvilles. Les visages hagards de soudards à la gâchette facile sont les maîtres de ces lieux orphelins de vie. La chasse à l’homme va jusque dans les hôpitaux où le soin est battu au sprint par la mort déchaînée. Le désarroi de mamans africaines désorientées baluchons sur la tête et bébés agrippés à califourchon sur les dos meuble la scène d’une Afrique folle. Les allées et devantures de maisons sont tartinées d’un sang humain témoin d’un Bujumbura où le staccato de la kalachnikov remplace les chants des grands lacs. Une population courageuse revendique pourtant son droit de faire son histoire malgré le sifflement des balles qui fendent l’atmosphère de la terre nègre. Ce ne sont pas là des effets d’un groupe terroriste adepte d’une violence aveugle mais bien quelques coordonnées du visage politique qu’offre le Burundi depuis quelques jours. La cause de ce visage politique macabre est typiquement africaine. Elle témoigne d’une Afrique contre elle-même. Une Afrique où la crédibilité des armes surgit constamment des casernes pour occuper l’espace public suite à la faillite de la crédibilité des hommes. Une Afrique où la barbarie de ses fils évince le différentiel entre l’homme africain et la bête de somme. Qu’est-ce qui peut l’expliquer? De quel ressort ce tableau est-il la matérialisation de la force? Quel diable habite donc l’Afrique et fait d’elle son propre adversaire?

De la fête de l’«Uhuru» aux désillusions des peuples
Une fois de plus un Africain s’agrippe au pouvoir comme spider man à sa toile dans un jeu vidéo, sauf que là, c’est une téléréalité grandeur nature. Encore une fois un Africain refuse de respecter la loi, c’est-à-dire sa société. Encore fois, un leader au pouvoir piétine le droit, c’est-à-dire la liberté. Encore une fois, un homme est prêt à faire couler le sang de ses compatriotes pour satisfaire la tyrannie de ses désirs personnels et égoïstes. Encore une fois, c’est lors du mandat qui vient, le mandat de trop, que chaque président Africain compte faire des miracles pour développer son pays alors que dix, vingt ou trente ans passés au pouvoir n’ont très souvent été ponctués que de médiocrité et d’incomptables incuries: la garantie et la clé du succès de la gouvernance africaine est toujours dans le mandat de trop, le mandat anticonstitutionnel, le mandat interdit, le mandat qui a le sang de ses compatriotes pour mortier. Conséquence, l’industrie politique africaine est une industrie de la honte et de la mort depuis 1960. La honte quand, à l’instar de Mobutu, Ben Ali, Moubarak ou Campaoré, on préfère «le coup de pied au cul» à un départ dans la dignité. Et la mort lorsque le moment de la transition se solde en cadavres d’Africains, marchepieds de régimes négateurs de la vie humaine.

En dehors de quelques cas qui sortent de l’ordinaire, la fin constitutionnelle du règne d’un régime africain vire constamment en violence paroxystique et sauvage au lieu d’être un moment où le leader dit au revoir à sa population et cède la place à un autre Africain pour la suite du travail de construction du continent. La grammaire de la transition politique en Afrique se mue en grammaire funèbre, résultante logique de régimes prédateurs dans la conquête, l’exercice et la conservation du pouvoir. Contre l’Afrique et finalement contre elle-même dans son ivresse du pouvoir, l’élite politique, militaire, intellectuelle et traditionnelle au pouvoir depuis les indépendances reste une énigme. On se serait attendu à ce qu’elle s’attèle corps et âmes à sortir le continent noir des situations internes et externes de tutelle afin que les Africains et l’Afrique redeviennent maîtres d’eux-mêmes. A tout le moins, il aurait été psychologiquement normal que des fils et les filles d’un continent si humilié, spolié et abêti par l’entreprise coloniale mettent un point d’honneur à faire du pouvoir exécutif le ferment d’une esthétique du pouvoir refondatrice de l’Afrique dans sa dignité. Cela reste un v u pieux congelé depuis 1960 au stade d’une simple projection onirique d’une Afrique débout imaginée dans l’enthousiasme exubérant des indépendances formelles fêtées en ch ur avec emphase comme le moment tant attendu de l’«Uhuru».

S’il est vrai que les anciennes puissances coloniales n’ont pas facilité la tâche aux nouveaux leaders africains, il est indiscutable, plus de cinquante ans après l’Etat-colonial, que l’Afrique se saborde. Elle serait un bateau qu’elle se coulerait elle-même en se précipitant volontairement dans les récifs coralliens. Elle serait le Titanic qu’elle irait volontairement dans l’iceberg. Le moins que l’on puisse dire est que l’Afrique est contre elle-même car ses fils qui la dirigent depuis 1960 ont, en dehors de quelques exceptions qui confirment la règle, posé des actes qui ne démontrent ni le moindre amour pour elle, ni le moindre sérieux pour restaurer sa grandeur, ni le moindre sentiment compatissant à l’égard de leurs compatriotes. Les Africains gèrent l’Afrique avec désinvolture, sans vergogne, sans altruisme, sans amour pour elle et sans éthique de responsabilité. Ils la dirigent imbibés d’un égoïsme légendaire qui fait du pouvoir à vie la norme de gouvernance la plus partagée et dont l’objectif est l’enrichissement personnel au service d’une jouissance subséquente.

Comment peut-on expliquer que les descendants de 50 millions d’Africains déportés par le commerce triangulaire, que ceux dont le continent a été dépecé et partagé en leur absence à Berlin en 1884, que ceux dont les pères et les mères ont été victimes du code de l’indigénat et des brimades atroces du complexe colonial aient eu comme descendances politiques les Mobutu, Macias Nguéma, Bokassa, Idi Amin Dada, Ahmadou Ahidjo, Omar Bongo, Hissen Habré ou encore Samuel Ndo, Paul Biya, Eyadema, Kabila-fils et Kurunziza? Comment le pouvoir à vie et l’assassinat d’Africains pour garder le pouvoir peuvent-ils prendre racine dans un continent si averti via son histoire des désastres humains d’un pouvoir qui omet de servir la vie?

Le syndrome de Stockholm et la reproduction mimétique de la prédation
C’est le cas de le dire, en dehors des effets d’aubaines liés aux conjonctures internationales favorables aux termes de l’échange des matières premières, le continent africain a été grosso modo mis dans l’état d’une boutique de porcelaine après le passage d’un troupeau d’éléphants. Si encore en exercice Mobutu accumula une fortune supérieure à la colossale dette de son pays, Idi Amin Dada est un cas d’école en termes d’égarement, de bouffonneries et de violence aveugle dont font preuve plusieurs Africains à la tête de leur pays. Une explication de la dérive médiocre et meurtrière de la première génération des leaders africains dont Mobutu et Idi Amin sont les figures archétypales, peut résider dans le fait que la victime d’un traumatisme du rang de l’Etat-colonial peut avoir pour résultat paradoxal l’admiration et la défense de son bourreau. Big Dada était fasciné par les Britanniques qu’il servît et Mobutu par le roi Baudouin jusque dans la gestuelle lors de ses prestations de serment. Ce mécanisme-là serait une des explications de la reproduction mimétique de la prédation du pouvoir colonial par d’anciens colonisés admirateurs inconscients de leurs anciens maîtres érigés en modèles de gouvernance.

Une telle explication, malgré sa pertinence, n’est pas moins accommodante et dangereuse pour l’Afrique parce qu’elle rejette encore une fois la faute aux Occidentaux. Elle nous réconforte dans un statut de victime qui ferme les yeux sur sa responsabilité. Sans omettre la responsabilité des puissances coloniales jamais véritablement parties, la génération de leaders qui a suivi celle des Mobutu et Idi Amin ne peut pas évoquer le syndrome de Stockholm pour expliquer ses incartades et turpitudes au pouvoir. Les Charles Taylor, Campaoré, Eyadema-fils, Sasou Nguesso, Paul Biya, Kabila-fils et bien d’autres ne brillent pas par le respect de la norme suprême de leur pays. Ils ont pourtant vu la trajectoire chaotique imprimée à l’Afrique par leurs devanciers mais reproduisent à la lettre les mêmes chemins dans l’exercice d’un pouvoir africain qui continue d’être au service de la mort tous azimuts. Cette seconde génération de présidents incarne toujours une Afrique contre elle-même malgré le fait qu’elle ne fût pas directement victime de l’arbitraire colonial.

A ce stade la responsabilité est totalement africaine car ce ne sont pas les Occidentaux qui demandent à Kurunziza de tuer les Burundais pour le pouvoir. Ce ne sont pas les Occidentaux qui demandent à Kabila-fils de convoquer nuitamment les députés pour changer une Constitution qui lui interdit un mandat supplémentaire. Ce ne sont pas les Occidentaux ou la colonisation qui font de la Constitution gabonaise, algérienne, camerounaise ou congolaise un paillasson mais bien des Africains n’ayant majoritairement pas connu directement la colonisation.

Césarisme sans César, capitalisme sans capitalistes, démocratie sans démocrates et panafricanisme sans panafricanistes
Avec les indépendances l’élite politique africaine avait un projet politique en or. Celui de refaire l’histoire du continent via une utopie critique consistant à créer l’Africain nouveau acteur de son histoire et moteur d’une renaissance africaine à laquelle devait s’atteler tous les projets politiques nationaux et panafricains. Cette utopie critique a un incontestable fondement historico-scientifique et peut faire l’histoire en servant de boussole, de ligne de mire et de balisage à un renouveau africain car des peuples sans utopies sont des peuples atones parce que sans défis à surmonter, sans stimulants pour l’action et sans antidotes à certains désastres de l’histoire : c’est l’utopie critique qui rachète l’histoire et apporte un nouveau souffle de vie et d’espoir au monde.

De nos jours force est de reconnaître que les effets contemporains de l’histoire traumatique semblent assez robuste lorsqu’à la responsabilité des Africains au pouvoir, s’ajoute une aliénation inconsciente du continent tout entier. Tous les chefs d’Etat africains, et le Burundais Kurunziza en constitue l’incarnation la plus actuelle, semblent vouloir instaurer un Césarisme dans un continent qui n’a jamais connu de César. Le rêve d’un Césarisme sans César n’est-il pas aussi le résultat d’une aliénation qui renforce le constat que «le colonisé admire et déteste à la fois le colonisateur». Ce que dit Albert Memmi via le portrait du colonisé et du colonisateur peint de fort belle manière les leaders africains contemporains à la fois revendicateurs de souveraineté et copieurs invétérés de figures de gouvernance extra- africaines. La preuve, Bokassa dans sa folie des grandeurs ne prit par exemple pas le titre de «grand Kan Kan Moussa africain» mais celui d’empereur Bokassa Ier, rêve africain d’un Césarisme sans César. Mobutu n’est pas devenu un «Mwami», grand roi du Congo, mais le seul et unique Maréchal du Zaïre. Rêve d’un pétainisme tropicalisé par Kiku Wendu Waza Banga?

Seul Kadhafi, porteur d’un panafricanisme ambitieux, s’est fait intronisé roi des rois africains en référence aux royaumes africains d’où le processus démocratique peut tirer des éléments positifs même si, comme bon nombre de ses pairs, Kadhafi incarna une Afrique schizophrénique en ce sens que ses leaders exaltent un discours démocratique sans être des démocrates. Il en résulte que le projet panafricaniste initié par l’âme immortelle des diasporas africaines et porté de mains de maîtres par de grandes figures comme N’krumah a déserté le champ politique et économique africain. Il n’est plus qu’un appendice maintenu en vie par quelques universitaires et organisations périphériques à la gouvernance africaine alors qu’une Afrique qui tue des Africains et transforme le pouvoir en un instrument de mort a besoin de retrouver son âme solidaire profonde afin de se débarrasser du diable en elle, c’est-à-dire de l’ange de la mort avide de pouvoir qu’est devenue sa modernisation politique et économique ratée.

Une Afrique folle car administrée par des schizophrènes est en train de transformer la solidarité africaine en une fausse légende dont se moque le monde alors que «l’Ujama», grande famille africaine, en constitue une réalité historique incontestable. De là une autre idée qui peut expliquer la perte de repères des peuples et de leur dirigeants. L’idée d’une Afrique perdue et sans repères éthiques dans un capitalisme africains sans capitalistes africains. L’Afrique profonde eut bien entendu un éthos économique particulier en dehors de l’utilitarisme véhiculé aujourd’hui par un capitalisme africain bâtard parce que fille aînée du complexe colonial. L’utilitarisme du pouvoir qui anime le besoin du pouvoir à vie des présidents africains fait du pouvoir un instrument personnel d’assouvissement de ses plaisirs sans se préoccuper de «l’Ujama» où l’homme économique n’a jamais été un robot sans attaches sociales, sans sentiments et sans solidarité altruiste. Du coup le capitalisme africain devient irrationnel parce que ne reposant pas sur une méthode préalable de production des biens et de services afin que l’Afrique travaille pour elle-même et non contre elle-même. Sans surprise, être au pouvoir en Afrique devient donc par défaut le lieu de manifestation de l’utilitarisme économique car cela revient à accumuler de la richesse même en marchant sur les morts de ses compatriotes car c’est la fin qui justifie les moyens : le capitalisme se nourrit de vices et le vice de dominer les autres par le pouvoir est un plaisir. Vouloir faire du capitalisme sans éthos capitaliste historiquement installé fait que le pouvoir politique devienne le principal canal d’accumulation, une affaire florissante qui transforme le peuple en armée de réserve.

Le néocolonialisme occidental comme principale source des maux africains devient de ce fait une belle excuse pour une Afrique qui choisit la fuite en avant au lieu de se regarder en face car l’Afrique se coule elle-même et ce sont ses fils au pouvoir qui creusent sa tombe. Ce sont ses fils au pouvoir qui ne construisent pas une Afrique entrepreneur d’elle-même.


Droits réservés)/n