Sa famille, des amis et des nombreux témoins assurent qu’il a été arrêté dimanche pour avoir manifesté contre le 3e mandat du président Pierre Nkurunziza
Tout le monde l’appelait Lisuba. Agé de 27 ans, Pascal Trésor Nshimirimana était un féru de la culture burundaise. Chanteur, il jouait aussi de plusieurs instruments traditionnels, dont les fameux tambours du Burundi, et il était le leader d’un groupe culturel assez populaire, qui se produisait lors des fêtes. Il a été tué dimanche matin par la police à Musaga, un quartier contestataire du sud de Bujumbura. Sa famille, des amis et des nombreux témoins assurent qu’il a été arrêté pour avoir manifesté contre le 3e mandat du président Pierre Nkurunziza. La police, elle, jure que c’était un criminel, terme qui désigne officiellement les insurgés «Sindumuja», terme qui signifie «Je ne suis pas un esclave» et qui désigne ceux qui luttent contre le pouvoir burundais.
Une polémique de plus alors que l’on compte par centaines le nombre de personnes déjà tuées depuis le début de la crise fin avril 2015, dont de nombreux cas d’exécutions extrajudiciaires, malgré les dénégations de Bujumbura.
Les deux versions sont diamétralement opposées comme d’habitude. Selon des témoins, des policiers ont arrêté le jeune artiste burundais vers 7h3O. Il aurait été désigné du doigt par un homme en tenue civile.
Une trentaine de minutes plus tard, alors qu’ils l’amenaient en direction du domicile d’un haut responsable de la police qui inspire la terreur dans le quartier, Pascal Trésor aurait tenté de fuir. Un policier lui aurait alors tiré une balle dans le bas du dos, et la balle est ressortie par le ventre. Le jeune artiste est alors tombé visage contre terre pour ne plus se relever, selon des sources concordantes.
Mais pour la police du Burundi, les choses se sont passées autrement. Des hommes en patrouille seraient tombés sur « un groupe de quatre jeunes gens qui s’apprêtaient à commettre un crime », explique le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye.
Quel crime ? Personne ne sait trop, mais les policiers les auraient alors interpellés. Pascal Trésor Nshimirimana aurait été touché par une balle de fusil d’un policier qu’il tentait de désarmer, selon toujours Pierre Nkurikiye. Le porte-parole de la police ajoute que l’une des trois autres personnes arrêtées serait l’assassin présumé de Jacqueline, une jeune militante du parti au pouvoir au Burundi, tuée après avoir été violée il y a un mois, dans ce quartier contestataire du sud de Bujumbura.
La famille de l’artiste a réagi au quart de tour en dénonçant « un mensonge éhonté de la police » et demande si dans ce cas, le jeune artiste était armé. La police du Burundi assure pour sa part qu’une enquête va être ouverte.
La police dans les rues de Musaga, le 24 juillet 2015.Droits réservés)/n
Ce lundi 28 décembre 2015, l’Ouganda accueille les représentants du gouvernement, de l’opposition et de la société civile burundaise
Ce lundi 28 décembre 2015, l’Ouganda accueille les représentants du gouvernement, de l’opposition et de la société civile burundaise. Les pourparlers vont démarrer si tout se passe bien à Entebbe, près de la capitale, Kampala, où se trouve le palais présidentiel et sous l’égide justement du président ougandais Museveni.
Ce lundi 28 décembre 2015 au matin, lors de l’arrivée des délégations participant à la reprise des négociations, difficile de savoir qui est présent. Les participants sont dans des véhicules aux vitres teintées. Leur entrée s’est faite lentement à cause des nombreux contrôles pour arriver jusqu’à la State House.
Très vite, après l’ouverture à 9 h, les délégations vont se retrouver à huis clos. Il y a environ 70 personnalités à participer : le gouvernement burundais, le parti au pouvoir le CNDD-FDD, l’opposition, la société civile, les femmes, les médias… Quelques-unes de ces personnalités doivent prendre la parole lors de ce huis clos. Un choix d’orateurs qui faisait encore débat, semble-t-il hier. Même si cette première journée a valeur symbolique : en effet, la rencontre devrait se terminer vers midi.
Les différentes délégations arrivées hier, dimanche soir, se voulaient optimistes et voulaient y croire. Dans cet hôtel de Munyonyo où les différentes délégations sont logées, les discussions allaient bon train. On se met d’accord, m’ont confié différents participants. L’Ivoirien Kassimi Bamba de l’Union africaine (UA) était présent et tentait de répondre et d’écouter toutes les parties demandeuses. Malgré toutes ces bonnes volontés, les discussions vont tout de même être difficiles.
De maigres chances de succès
Interrogé juste avant de prendre l’avion pour Kampala, le ministre des Relations extérieures, Alain Aimé Nyamitwe pose une série de conditions et de limites à la participation du gouvernement : « D’abord, il s’agit du dialogue, pas de négociations. Deuxièmement, pour nous, nous avons clairement indiqué au facilitateur que nous n’allons pas cautionner, ni légitimer, les putschistes, ni le mouvement putschiste ».
Le gouvernement refuse notamment de discuter avec le Conseil national pour le respect de l’accord d’Arusha et la restauration d’un Etat de droit au Burundi (Cnared) en tant qu’organisation, plateforme créée par des anciens du régime de Pierre Nkurunziza, des opposants politiques et des membres de la société civile, qui demande toujours le départ du président burundais.
Pour l’opposant Charles Nditije, l’une des très rares figures politiques d’opposition, qui a signé la déclaration de création du Cnared, à vivre encore ans le pays, la médiation ne doit pas se tromper : « Il est important et nous soulignons cela, surtout vis-à-vis de la médiation, le pouvoir de facto de Nkurunziza, il est partie prenante au conflit. Il n’a pas à imposer la méthodologie parce qu’il est le mal absolu. Toutes ces victimes, ces assassinats, ces enlèvements, c’est de la faute du troisième mandat ».
Putschistes d’un côté, mal absolu de l’autre, voilà le ton à la reprise de ce dialogue, dont personne n’est sûr qu’il se prolongera après ce lundi. C’est l’un des enjeux de cette journée de reprise.
A Nairobi, au Kenya, le 20 décembre, des manifestants marchent en faveur de la pluralité politique et la démocratie au Burundi.Droits réservés)/n
Par Vincent Sosthène Fouda, président national du Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie (MCPSD)
Les informations en provenance du Burundi, les images des cadavres qui jonchent les principales artères de la capitale du pays, les cris non audibles dans les campagnes loin des objectifs des caméras de télévisions et des radios, nous amène à demander le départ du Président actuel du Burundi. Le 12 mai 2015, à la veille des élections qui ont conduit Pierre Nkurunziza à briguer un troisième mandat, nous écrivions:
Nadine Nyangoma écrivit ceci en regardant les crânes fendus d’enfants, de femmes, d’enfants, de coupables et d’innocents : « O notre Burundi, terre rouge d’Afrique, terre rouge de notre sang, de nos plaintes et de notre détresse. Terre aux égorgements suivis de silence, aux morts trop nombreux à compter. Terre qui est en nous et nous qui sommes en cette terre ». Elle voulait alors dire plus jamais ça ! Mais la tradition semble vouloir se perpétuer au Burundi où depuis 1965 les génocides se succèdent sans que les c urs s’humanisent et que la mémoire se construise. Les dates sont pourtant là gravées dans la conscience collective de ceux qui osent encore affronter l’épreuve du miroir, 1965, 1969, 1972, 1993, 1994, des milliers de cadavres qui jonchent les routes, les sentiers, les plantations, les collines, les femmes et les enfants éventrés !
Nous sommes en 2015, au moment où le peuple burundais descend dans la rue pour exiger que le président Pierre Nkurunziza s’entête à briguer un troisième mandat au mépris des accords d’Arusha en Tanzanie. Le mouvement Camerounais pour la Social-Démocratie, soucieux d’une Afrique où le peuple se prend en main et assure son destin voudrait ici appeler le président Pierre Nkurunziza à la responsabilité et au patriotisme.
L’Afrique noire se souviendra encore pendant longtemps des images de ces deux derniers jours, des milliers d’hommes et de femmes, de jeunes et moins jeunes cherchant à faire entendre leur voix. Alors que la situation est confuse à Bujumbura, nous nous devons ici de rappeler aux différents acteurs les milliers d’hommes et de femmes qui ont déjà perdu la vie dans les différents conflits ethniques qui secouent ce pays depuis 1906 alors qu’il s’appelait encore Urundi. C’est ici l’occasion de rappeler à notre souvenir tous ces hommes politiques morts dans ces violences:
Pierre Ngendandumwe (premier ministre 1965), Ntare Ndizeye (prince héritier de la couronne 1972), Melchior Ndadaye, (président démocratiquement élu 21 octobre 1993), Cyprien Ntaryamira (le 6 avril 1994). Peut-être cette fois pouvons-nous dire collectivement que nous ne voulons plus du sang dans cette terre déjà trop rouge ?
En politique nul n’est indispensable, l’histoire ne retient positivement que les artisans de paix. Nous avons la possibilité et la capacité d’éviter que l’Afrique vive un autre génocide au Burundi car tout génocide est avant tout une acceptation par les uns et les autres de la banalisation du meurtre, du mal.
Le Burundi s’oppose au projet de l’envoi d’une force militaire de l’Union africaine, selon le vice-porte-parole de la présidence burundaise
Le Burundi s’oppose au projet de l’envoi d’une force militaire de l’Union africaine, selon le vice-porte-parole de la présidence burundaise. Joint par RFI, Jean-Claude Karerwa Ndenzako a néanmoins précisé qu’il s’exprimait à titre personnel.
Le Burundi acceptera-t-il la force de 5 000 hommes que l’Union africaine compte déployer sur son sol ? Bujumbura a jusqu’à ce mardi pour répondre. Cependant, d’ores et déjà, Jean-Claude Karerwa Ndenzako, porte-parole adjoint du président Pierre Nkurunziza estime que son pays s’opposera à l’arrivée de la mission de l’UA. Curieusement, monsieur Karerwa Ndenzako dit s’exprimer à titre personnel mais pas au nom du pouvoir en place.
« Je ne peux pas dire si oui ou non le gouvernement va accepter le déploiement de l’Union africaine mais si vous voulez une opinion personnelle, je trouve que ce n’est pas fondé, un déploiement d’une force de l’Union africaine de 5 000 hommes au moment où, même au Congo, lorsqu’il s’agissait de chasser le M23 du territoire congolais, on n’a pas eu besoin de 5 000 hommes. Le Burundi est un pays paisible. Je trouve inconcevable que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine décide d’envoyer 5 000 hommes au Burundi. Pour faire quoi ? C’est ça la question que le gouvernement se pose aujourd’hui », a déclaré à RFI Jean-Claude Karerwa Ndenzako, vice-porte-parole de la présidence burundaise.
Selon M. Karerwa Ndenzako, le Burundi est paisible, ce qui n’est pas l’avis de l’Union africaine qui veut déployer cette mission de 5 000 hommes afin d’éviter que le pays ne bascule dans la guerre civile. Le Burundi est en crise depuis avril 2015, après l’annonce de la candidature suivie de la réélection contestée à un troisième mandat présidentiel de Pierre Nkurunziza.
Le corps d’un homme tué à Cibitoke, un quartier contestataire de Bujumbura, le 9 décembre 2015.Droits réservés)/n
La nuit a été violente à Bujumbura au Burundi et, ce vendredi matin, le calme semble loin d’être revenu.
La nuit a été violente à Bujumbura au Burundi et, ce vendredi matin, le calme semble loin d’être revenu. Deux camps militaires du nord et du sud de la capitale ont été attaqués simultanément à l’aube et les assaillants repoussés après plusieurs heures d’intenses affrontements.
Tout a commencé ce vendredi matin, à l’aube, vers 4 heures (heure locale). Des insurgés armés ont attaqué deux camps militaires. Le premier est situé au nord de la capitale, le camp Ngagara, où les assaillants ne sont pas parvenus à pénétrer et selon des sources militaires, ils ont subi beaucoup de pertes. Dans le sud de Bujumbura, dans le quartier de Musaga qui abrite plusieurs campas militaires, les affrontements ont été très violents. Certains soldats ont rejoint les insurgés et se sont servis en armes dans un camp de base avant de s’introduire dans l’Iscam, l’institut supérieur qui forme les officiers burundais.
A ce moment, les insurgés ont été attaqués par des militaires venus d’une autre caserne toute proche. Il y a eu de violents affrontements qui ont duré plusieurs heures avant que les assaillants ne décrochent. Les sources militaires évoquent plusieurs dizaines de blessés et évoquent aussi des morts. Un bilan difficile à obtenir puisque, selon une autre source, la Croix-Rouge n’est pas encore autorisée à se rendre sur place.
Les habitants de Bujumbura se disent terrorisés. Ils parlent d’explosions, de tirs à la mitrailleuse et d’un déluge de feu comme ils n’en avaient pas entendu depuis la guerre civile pour certains. Après des heures d’affrontements, il semble que le temps soit à l’accalmie pour l’instant même si des tirs sporadiques sont encore entendus dans les quartiers contestataires de Bujumbura.
Situation tendue depuis plusieurs mois
Les ambassades des Etats-Unis, de Belgique, de France et des Pays-Bas ainsi que l’ONU ont appelé vendredi leurs ressortissants et employés à ne pas quitter leur domicile. Le Burundi est en proie à des violences qui ont déjà fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés depuis que Pierre Nkurunziza a décidé en avril de briguer un troisième mandat, qu’il a remporté cet été, ignorant les protestations de l’opposition qui jugeait cette initiative contraire à la Constitution.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a jugé de son côté, il y a dix jours que le Burundi était au bord d’une guerre aux « effets potentiellement désastreux sur une région déjà fragile ».
Des officiers de la police patrouillent dans le quartier de Ngagara, à Bujumbura, le 27 avril 2015.Droits réservés)/n
Les autorisations de survol du territoire burundais et d’atterrissage au Burundi ont été annulées, font savoir des membres de l’entourage du président béninois
C’est une mission annulée pour Thomas Boni Yayi au Burundi. Le président béninois devait se rendre ce lundi, 07 décembre 2015, à Bujumbura. Selon son entourage, c’est la présidente de la Commission de l’Union africaine qui lui avait demandé de faire le déplacement pour aider à sortir le pays de la crise qu’il traverse depuis la contestation du troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Mais finalement, le chef de l’Etat burundais n’était pas disponible pour le recevoir.
Les autorisations de survol du territoire burundais et d’atterrissage au Burundi ont été annulées, font savoir des membres de l’entourage du président béninois. Leurs interlocuteurs burundais auraient évoqué un problème d’agenda du président Nkurunziza.
Les autorités du Burundi avaient pourtant validé le principe d’une rencontre entre les deux présidents à Bujumbura, s’étonne notre source. La présidence burundaise a peu goûté la publicité donnée à ce déplacement et son caractère improvisé, confie un proche de Pierre Nkurunziza sous couvert d’anonymat.
Pas de date de report « Les pays d’Afrique de l’Est ont peut-être mal pris cette initiative », ajoute une bonne source au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. L’Ouganda est en effet chargé par la sous-région et jouit du soutien du reste de la communauté internationale pour mener une médiation entre les parties au conflit au Burundi.
« Mais le déplacement de Boni Yayi n’était en aucun cas une mission parallèle, Nkosazana Dlamini-Zuma l’a sollicité en complément des initiatives en cours », objecte un diplomate béninois, qui espère encore que la rencontre ait lieu bientôt. Pour l’instant, aucune date de report n’a été fixée.
Thomas Boni Yayi, président du Bénin, était en visite à Paris le mardi 9 juin 2015.Droits réservés)/n
Boni Yayi devrait atterrir lundi 07 décembre en milieu de journée à Bujumbura pour rencontrer le président Pierre Nkurunziza au sujet de la crise que traverse le pays
Le président du Bénin devrait atterrir lundi 07 décembre en milieu de journée à Bujumbura pour rencontrer le président Pierre Nkurunziza au sujet de la crise que traverse le pays. L’Union africaine et les Nations unies ont adopté des résolutions pour encourager le gouvernement et l’opposition opposée à un troisième mandat de Nkurunziza, de se retrouver autour de la table des négociations. La présidence ougandaise était pressentie pour organiser ce dialogue. Mais en l’absence de résultats, l’Union africaine a demandé au président béninois de tenter de débloquer la situation.
La mission de Boni Yayi a été improvisée en marge du sommet Chine-Afrique. A Johannesburg avant-hier, la présidente de la commission de l’UA Nkossazana Dlamini-Zuma lui a demandé de se rendre dès que possible au Burundi.
« Il est francophone, il s’est déjà penché sur des dossiers minés du continent, et Nkurunziza et Boni Yayi sont tous deux évangélistes », fait valoir une source dans l’entourage du président du Bénin.
Cette initiative n’a pas vocation pour l’heure à se substituer à la présidence ougandaise, pressentie pour mener des pourparlers pour le compte de la communauté des Etats d’Afrique de l’Est.
« Personne n’est de trop, car la situation est complètement bloquée au Burundi », ajoute notre source, qui précise aussi que l’initiative a le soutien de plusieurs chancelleries occidentales.
La présidence burundaise insiste sur un dialogue inter-burundais au Burundi conduit par les autorités au pouvoir, elles auraient donc le loisir de fixer les modalités des pourparlers, la liste des participants et donc le lieu des échanges, ce que rejette l’opposition, alors que chaque jour des cadavres ou des blessés sont évacués des rues de la capitale suite aux agressions souvent nocturnes imputées et à des partisans du pouvoir et à une frange de l’opposition.
Le président béninois Boni Yayi,à Pretori, en mai 2014.Droits réservés)/n
Selon un rapport rendu public par Refugees International, les mesures coercitives prises à l’encontre des civils qui souhaitent quitter le pays et fuir les persécutions sont inquiétantes
Selon un rapport rendu public par Refugees International, des civils burundais sont empêchés de quitter leur pays. L’ONG s’inquiète des mesures coercitives prises à l’encontre des civils qui souhaitent quitter le pays et fuir les persécutions. L’ONG pointe également du doigt les Imbonerakure, une milice non-gouvernementale à l’origine de violences à l’encontre des déplacés. Depuis le début de la crise burundaise, l’ONG estime que plusieurs dizaines de milliers de civils sont des « déplacés » à l’intérieur de leur propre pays.
« Depuis le début de la crise, le gouvernement burundais a mis en place de nouveaux contrôles de sécurité le long de la frontière », explique Michael Boyce, qui s’est rendu au Burundi pour Refugees International. Pour lui, ces mesures prises par les agents du gouvernement burundais constituent une répression qui vise tout particulièrement les opposants politiques.
« L’argument avancé par les autorités est que ces contrôles empêchent ceux qui fuient le pays de rejoindre une rébellion anti-gouvernementale dans un pays voisin, dénonce Michael Boyce. Mais ces mesures ont un impact lourd sur les civils qui tentent de fuir les persécutions. D’après les témoignages des déplacés et des réfugiés que nous avons recueillis sur le terrain, ce sont des agents du gouvernement qui font pression sur les civils et leur demandent de ne pas quitter le territoire. Parfois, ces agents arrêtent des personnes qu’ils pensent être des opposants au gouvernement. »
Refugees International dénonce également le rôle de la milice non-gouvernementale Imbonerakure. « Ses membres circulent le long de la frontière, ils s’attaquent et malmènent ceux qui essaient de fuir le pays, ajoute l’envoyé spécial de l’ONG. Je pense qu’actuellement le Burundi traverse une crise politique. Une crise dans laquelle si vous n’êtes pas à 100 % derrière le gouvernement, vous êtes perçu comme étant contre le gouvernement et donc comme une menace potentielle. »
Makamba, province très touchée par la crise
Michael Boyce s’est rendu dans la province de Makamba, dans le sud du pays, à la frontière avec la Tanzanie. Pour lui, la situation actuelle de cette région démontre que la crise que traverse le Burundi ne touche pas que la capitale Bujumbura. « C’était très troublant de traverser cette province de Makamba, de rencontrer des gens qui se cachaient, qui ne pouvaient pas dormir chez eux le soir, qui devaient se cacher dans la forêt le long de la frontière tanzanienne pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, parce qu’ils étaient poursuivis et ne pouvaient pas revenir en ville pour voir leur famille »,raconte-t-il.
Il assure que « beaucoup de réfugiés et déplacés » ont été pris pour cible « à cause de leur opinion politique », plus précisément de leur appartenance à un autre parti que celui au pouvoir, le CNDD-FDD. Au micro de RFI, il insiste sur le fait que la crise ne se cantonne pas à Bujumbura. « Je pense vraiment que le conflit burundais se ressent dans tout le pays, et qu’il y a à l’échelle locale, des conséquences pour les familles. »
Des réfugiés burundais attendent à l’entrée du camp de réfugiés de Nyarugusu, dans le nord de la Tanzanie, le 11 juin 2015.Droits réservés)/n
Après l’annonce faite par le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine, samedi, de l’ouverture d’une enquête approfondie sur les violations des droits de l’homme dans le pays, Bujumbura réagit
Après l’annonce faite par le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine, samedi 17 octobre, de l’ouverture d’une enquête approfondie sur les violations des droits de l’homme et des exactions contre les populations civiles au Burundi, Bujumbura réagit par la voix du ministre des Relations extérieures, Alain Aimé Nyamitwe.
«Il y a des efforts qui ont été menés au sein du pays. Il y a des efforts qui sont en cours au niveau de la région. Je peux vous affirmer que les consultations avec la région n’ont jamais été interrompues. Donc le travail se fait. Maintenant, qu’ils viennent avec un marteau pour imposer une série de mesures sur le Burundi, nous, nous sommes en droit de nous poser la question: est-ce que cette décision émane véritablement du Conseil de paix et sécurité, ou d’ailleurs?», interroge le ministre des Relations extérieures burundais, Alain Aimé Nyamitwe. «Au vu des réactions de satisfaction qui sont venues de certains partenaires, on est en droit absolument de se poser la question de savoir si cette décision n’a pas été dictée ou inspirée tout au moins d’ailleurs», ajoute-t-il.
L’Union africaine (UA) a annoncé samedi 17 octobre le lancement d’une enquête sur les violations des droits de l’homme au Burundi. Elle a appelé à la mise en place de sanctions ciblées contre ceux qui contribuent à la montée continue de la violence. Une mission africaine doit également être prête à se déployer au Burundi pour éviter des violences généralisées.
L’Union africaine demande par ailleurs la convocation rapide d’un dialogue, à Kampala ou à Addis-Abeba, impliquant tous les acteurs burundais, y compris ceux qui se trouvent à l’extérieur du pays. L’Union européenne partage l’analyse de l’UA et soutien l’annonce du lancement d’un dialogue ouvert à l’extérieur du pays.
Cette dernière requête sera satisfaite, mais le choix de la ville doit être négocié, répond Alain Aimé Nyamitwe. «Je crois que le plus important pour la région, pour l’Union africaine et pour les Nations unies en général, c’est qu’il puisse effectivement y avoir un dialogue ouvert, un dialogue inclusif. Et c’est le but que nous recherchons, affirme le ministre des Relations extérieures. Je peux vous dire que la volonté y est et que nous sommes prêts à rencontrer tous les Burundais, qu’ils soient au Burundi ou à l’étranger, pourvu que le but recherché soit la paix. Nous sommes absolument désolés qu’on impose une ville. Ça ne se fait pas. Parce qu’ici, même la ville est objet de discussions, de négociations.»
Un policier patrouille dans les rues de la capitale Bujumbura, fin juillet 2015.Droits réservés)/n
Ces sanctions, que le Conseil doit formellement adopter jeudi, consistent en une interdiction de visa et le gel des avoirs dans l’UE, des personnalités responsables de la récente répression
Après les Etats-Unis, l’Union européenne devrait adopter jeudi, 1er octobre, des sanctions contre quatre proches du président burundais Pierre Nkurunziza. Ces sanctions ont obtenu l’accord de principe des 28 Etats membres de l’UE la semaine dernière, mais elles devraient formellement être adoptées jeudi par le Conseil de l’Union européenne. Elles consistent en une interdiction de visa et le gel de leurs avoirs dans l’UE, des personnalités responsables de la répression de ces derniers mois.
Les discussions ont été longues pour établir la liste des quatre. Selon des sources diplomatiques, il s’agit de fonctionnaires ayant un poste à responsabilité dans les services de sécurité, des personnalités considérées comme directement impliquées dans les violences de ces derniers mois.
«Il ne s’agit ni de personnalités politiques, ni d’exécutants, mais bien de donneurs d’ordres», précise une source diplomatique européenne. «On est dans le registre du symbolique», commente toutefois un autre diplomate européen, reconnaissant qu’il était peu probable que les personnes visées aient des comptes en banque à l’étranger ou l’intention de voyager.
Article 96 de l’accord de Cotonou
La décision de principe de prendre des sanctions cette semaine a surpris plus d’un diplomate à Bujumbura. Certains estiment qu’il aurait peut-être été plus judicieux de commencer par l’autre procédure lancée par l’Union européenne, à savoir l’ouverture de discussions autour de l’article 96 de l’accord de Cotonou. Cet accord fixe la coopération entre l’Union européenne et les pays tiers. Ces discussions pourraient aboutir à la rupture de toute coopération si des progrès notables n’étaient pas enregistrés en termes de respect des droits de l’homme, des libertés publiques et d’ouverture démocratique.
Pourquoi prendre des sanctions avant de proposer des négociations? Les deux procédures auraient pu coïncider, mais le commissaire européen chargé de la coopération internationale, Neven Mimica, avait renvoyé la décision sur l’article 96 à la mi-octobre toujours selon des sources diplomatiques, le temps d’obtenir un complément d’information. Neven Mimica souhaitait également en discuter avec les chefs d’Etat de la région. Il était au Rwanda, en Ouganda et au Kenya mi-septembre.
Le président Nkurunziza avec ses deux vice-présidents, le 20 août 2015.Droits réservés)/n
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique centrale présente la situation sécuritaire actuelle sur le continent, et l’épineuse question des élections
Abdoulaye Bathily, du Sénégal, est depuis juin 2014 le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale et le chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), dont les bureaux se trouvent à Libreville, au Gabon. A ce titre, M. Bathily a pour tâche d’aider les pays de la sous-région à promouvoir la paix et la stabilité. M. Bathily a rencontré la Radio des Nations Unies et le Centre d’actualités de l’ONU avec qui il a discuté de la crise au Burundi, des élections à venir dans plusieurs pays du continent africain et de l’impact du groupe Boko Haram dans les pays du bassin du lac Tchad.
Vous avez été nommé en juin médiateur dans la crise au Burundi. Quelle est votre réaction s’agissant des récentes élections dans ce pays?
Ce que je peux constater en tant que responsable des questions politiques dans la région, c’est que les élections ne règlent pas le problème politique dans ce pays. Il y a un problème politique, il y a une méfiance, une crise politique, et cela, élections ou pas, quelle que soit la nature des élections, quoiqu’on pense des élections, il faut régler cette crise. On ne peut régler cette crise politique que par un dialogue, que par le consensus entre les acteurs, avec un accompagnement international. Le Burundi fait partie de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) et à ce titre, il fait partie des pays qui ressortent de mon mandat, dans le cadre de la mission que le Secrétaire général m’a confiée sur la base de la mission qui a été donnée au Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale. A ce titre-là, je continue de suivre la situation au Burundi comme dans tous les autres pays d’Afrique centrale. Nous sommes préoccupés par cette crise au Burundi qui menace de s’étendre au reste de la région.
Est-ce que vous estimez que ces élections au Burundi ont été libres et démocratiques?
Ce que nous devons dire c’est que, aussi bien l’Union africaine que tous les observateurs sur place, ont constaté que les conditions n’étaient pas réunies pour des élections libres, démocratiques, transparentes et apaisées. Dans le rapport que nous avons fait en tant qu’équipe internationale de facilitation, nous avons dit que, s’il n’y a pas de dialogue entre les acteurs pour arriver à une solution consensuelle, il ne peut pas y avoir d’élections pouvant être considérées comme acceptables. Nous constatons aujourd’hui que les élections se sont bien déroulées mais tout le monde constate également qu’organiser des élections c’est une chose, mais apaiser la situation dans le pays en est une autre. Et c’est un objet de préoccupation pour tout le monde. L’Union africaine vient de faire une déclaration en ce sens appelant encore une fois au dialogue et à un processus consensuel pour résoudre la crise. Les Nations Unies sont parfaitement en phase avec cette position de l’Union africaine.
Le Secrétaire général de l’ONU a demandé à la veille des élections à ce que les acteurs burundais aient un dialogue franc. A l’heure actuelle, pensez-vous que c’est possible?
Non seulement c’est possible mais c’est incontournable. Si on ne veut pas que le Burundi sombre dans le chaos. Malheureusement l’histoire du Burundi dans le passé l’a montré, si le dialogue ne s’installe pas, si un minimum de consensus ne s’installe pas pour revenir à l’esprit et à la lettre des accords d’Arusha, nous n’arriverons pas à stabiliser ce pays. C’est pourquoi, je voudrais encore une fois lancer un appel à l’ensemble des acteurs burundais pour qu’au-delà de ces élections, qui sont loin d’être des élections consensuelles, ils se retrouvent pour sauver leur pays du chaos. On ne peut pas construire la démocratie sur une base non consensuelle, on ne peut pas construire la paix sur une base non consensuelle. Il faut qu’il y ait un souci de responsabilité de la part de tous les acteurs à tous les niveaux de l’espace politique et social burundais pour que le pays soit sauvé de cette catastrophe.
En tant que chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, quel serait votre rôle s’il y avait un dialogue, si la situation venait à s’améliorer? Quel rôle pouvez-vous jouer pour améliorer les choses?
Le rôle des Nations Unies c’est d’accompagner la région, la communauté est-africaine d’abord, accompagner l’Union africaine, qui est l’organisation régionale. Et à ce titre, nous allons apporter toute notre contribution. Car les Nations Unies ont une mission principale, c’est de ramener la paix dans tous les coins du globe, y compris évidemment au Burundi. En coopération avec les organisations sous régionales et l’organisation continentale, nous allons continuer de travailler pour apporter la paix, que ce soit sur le plan politique, que ce soit sur le plan humanitaire. Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui, on est à plus de 160.000 réfugiés dans les pays voisins. Et cela, ce n’est pas la région seule qui peut apporter une contribution pour régler ce problème des réfugiés. Il faut que les Nations Unies interviennent. S’agissant de la question des droits de l’homme, il y a des centaines de prisonniers politiques aujourd’hui au Burundi. La situation économique s’est beaucoup dégradée au Burundi ces derniers mois. A cause de tout cela, le Burundi a besoin de l’ensemble de ses partenaires, y compris les partenaires internationaux. Ce pays, jusqu’ici, dépend, pour 52% de son budget, de l’aide internationale. Quand on est dans une situation comme celle-là, on ne peut pas faire fi de l’accompagnement international. Donc, j’appelle à une prise de responsabilités, à ce que le souci soit affiché concernant ces milliers de Burundais qui souffrent dans les camps de réfugiés. Ce sont des milliers de Burundais qui sont aujourd’hui dans un système, il faut le dire, de terreur. Il faut penser aujourd’hui à ces Burundais qui voient leurs perspectives économiques bouchées. C’est un souci de responsabilité qui doit nous concerner tous, aussi bien les acteurs burundais que les acteurs internationaux.
Dans les années à venir plusieurs pays de la sous-région organisent des élections, y-a-t-il, selon vous, une « maladie du troisième mandat » en ce qui concerne les dirigeants au pouvoir?
Ce n’est pas seulement la question du troisième mandat qui se pose. Par rapport à mon expérience, je dis qu’on ne peut pas construire la démocratie sans que les acteurs politiques ne s’accordent sur un minimum de règles adoptées de manière consensuelle et que les uns et les autres appliquent de manière fidèle. C’est cela la question capitale, c’est cela le problème de fond, que ce soit pour un troisième mandat ou contre un troisième mandat, pour un mandat illimité ou pas, s’il n’y a pas de consensus politique, les pays sont exposés à des crises politiques graves. Et aujourd’hui, quand vous regardez la géographie politique du continent africain, au-delà même de cette région d’Afrique centrale, la principale source de conflit, ce sont les élections, à travers tout le continent, depuis au moins une décennie. Tous les conflits ont pratiquement éclaté à partir des élections, soit avant, soit pendant, soit après les élections. Donc la question électorale est devenue une question de fond pour la sauvegarde de la paix, pour la consolidation de la démocratie sur le continent. Et il en va de la responsabilité de l’ensemble des acteurs, à commencer par les dirigeants eux-mêmes.
Abdoulaye Bathily (au centre) fait un exposé à Libreville, en mai 2015, devant le corps diplomatique sur la situation géopolitique et sécuritaire en Afrique centrale.UNOCA)/n
Concernant les troubles causés par le groupe Boko Haram, où en est la lutte contre ce groupe extrémiste?
Nous avons constaté que Boko Haram a changé de modus operandi après sa défaite militaire, après avoir tenté de conquérir des territoires, du mois décembre jusqu’à il y a quelques semaines. Maintenant, le mode d’action de Boko Haram, ce sont les opérations kamikazes, des actes ignobles, des femmes qui sont transformées en bombes ambulantes, des enfants qui sont transformés en bombes ambulantes. Rien ne justifie ces actes barbares, insoutenables. Et aujourd’hui, c’est cela qui crée la situation au Tchad, au Cameroun. Aujourd’hui encore, Boko Haram a sévi à Maroua, dans l’extrême-nord du Cameroun. Et malheureusement, on observe les mêmes formes d’action au Nigéria. Il faut encore plus de collaboration, pas seulement militaire, parce que la force internationale conjointe, qui devait être mise en place et qui est actuellement en train de se positionner, n’est pas suffisante. Ce n’est pas le seul mode opératoire. On voit maintenant que face à ces actions kamikazes, il faut d’autres formes de collaboration, en matière par exemple de renseignement. Il faut une association plus étroite entre les forces de police, les forces de renseignement dans les différents pays de la région du bassin du lac Tchad pour éradiquer ce phénomène, pas seulement au niveau d’ailleurs des Etats, des structures formelles en tant que telles des Etats. Il faut aussi que les populations elles-mêmes soient impliquées dans ce processus d’éradication de Boko Haram, parce qu’il faut l’adhésion effective des populations pour isoler ce mouvement terroriste, en tenant compte évidemment des droits de la personne humaine. Car il faut bien faire attention dans la lutte contre Boko Haram de ne pas, de manière indiscriminée, s’attaquer aux populations parce que ces dernières pourraient se retourner contre ceux qui utilisent ce type de méthodes. Il faut une réflexion approfondie sur la manière aujourd’hui d’isoler Boko Haram.
Abdoulaye Bathily (au centre), lorsqu’il était Représentant spécial adjoint au sein de la MINUSMA au Mali, en visite à Kidal dans le nord du pays en novembre 2013.ONU / Marco Dormino)/n
Est-ce que l’un des problèmes avec l’apparition du Boko Haram n’est pas le sous-développement du nord du Nigéria par rapport au sud du pays?
Oui, il y a un problème de gouvernance globale qui se pose par rapport à ces mouvements terroristes, que ce soit au Tchad, que ce soit au Nigéria, que ce soit au Cameroun, dans les pays du bassin du lac Tchad en général. Mais on voit aussi ce type de mouvements ailleurs dans le monde où il y a quand même des ressources, que ce soit en Iraq, en Syrie, dans d’autres pays du Moyen-Orient, en Afghanistan. C’est vrai que de manière globale, la pauvreté est le terreau le plus fertile, mais au-delà de la question économique de la pauvreté, il y a une dimension gouvernance, la gestion de la diversité politique, de la diversité sociale, de la diversité culturelle, de la diversité religieuse, sous ses différentes formes. Il y a donc un problème global de gouvernance. C’est pourquoi aujourd’hui, la lutte contre Boko Haram ne peut pas être seulement une question militaire, une question de renseignement, c’est aussi une question globale, comment tirer ces populations de la pauvreté, comment les intégrer dans un ensemble national pour leur permettre de s’épanouir en tant que populations.
Abdoulaye Bathily, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale, devant le Conseil de sécurité en juin 2015.ONU/Loey Felipe)/n
Plus d’une semaine après la tenue d’élections législatives et communales, la Céni a publié les résultats provisoires. Le parti au pouvoir ressort largement en tête de ces scrutins
Plus d’une semaine après la tenue d’élections législatives et communales très contestées au Burundi, la Céni vient enfin de rendre publics des résultats provisoires. Le parti au pouvoir ressort largement en tête de ces scrutins boycottés par l’opposition et la société civile.
Le taux de participation était le véritable enjeu de ces élections législatives et communales contestées. Il est d’environ 75 %, a annoncé la Céni. C’est un score très élevé, mais pas autant que les communales de 2010, ou l’on était autour de 90 % de participation.
Dans la capitale Bujumbura, véritable bastion de l’opposition, le taux d’abstention bat des records. Seuls 29 % des électeurs se sont déplacés pour les élections du 29 juin. Autre chiffre: les abstentionnistes et ceux qui ont voté nul culminent à 20 %. C’est dans ces conditions et sans aucune surprise que le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, arrive très largement en tête de ces législatives, avec 77 % des 100 sièges qui étaient en jeu.
Pascal Nyabenda, le président du parti, n’a pas caché sa joie après la proclamation des résultats: «Je suis content, même si je voudrais encore beaucoup plus de siège. Mais ça ne fait rien, je suis content!» Le CNDD-FDD est suivi par la coalition des Indépendants de l’espoir menée par Agathon Rwasa et Charles Nditije, qui avaient pourtant annoncé leur retrait du processus électoral. Mais rien à faire, la Céni leur a attribué 21 sièges, en affirmant qu’elle n’a jamais reçu de requête formelle pour leur retrait.
«On rejette ces résultats pour plusieurs raisons. Le scrutin conduit ce jour-là était sur fond de controverse quant au calendrier. Les conditions dans lesquelles cela s’est déroulé: sans médias, sans observateurs neutres, sous le coup de l’intimidation sur tout le territoire national. Tout ça, ce sont des indicateurs qui montrent que c’est un scrutin qui n’est pas du tout valide, pas du tout crédible», proteste Agathon Rwasa.
La coalition des indépendants a donc prévenu: elle rejette les résultats issus d’élections non crédibles et jure qu’elle ne va pas siéger à l’Assemblée nationale. Enfin, les deux derniers sièges reviennent à l’Uprona, allié du parti au pouvoir.
Des membres de la Céni comptent les voix, dans un bureau de vote de Bujumbura, le 29 juin 2015. Droits réservés)/n
Le président burundais a approuvé le nouveau calendrier électoral établi par la Commission électoral nationale indépendante fixant le scrutin présidentiel au 15 juillet prochain
Le président burundais Pierre Nkurunziza a approuvé le nouveau calendrier électoral établi par la Commission électoral nationale indépendante (CENI), fixant toutefois le 29 juin pour les élections des conseils communaux et des députés, au lieu du 26 juin, date proposée par la commission électorale.
Le scrutin présidentiel aura lieu le 15 juillet et les élections des sénateurs le 24 juillet, selon un décret que le président Nkurunziza a signé mardi soir, au lendemain de la publication d’un projet de nouveau calendrier électoral.
Lors de son sommet extraordinaire tenu le 31 mai à Dar es Salaam en Tanzanie, les dirigeants des pays de la Communauté est-africaine (EAC) avaient proposé que le Burundi reporte de 45 jours ses élections, y compris le scrutin présidentiel prévu le 26 juin, à cause de la situation tendue provoquée par la décision du président Nkuruniziza de briguer un troisième mandat.
Les manifestations qui ont éclaté le 26 avril après l’annonce de la candidature de Nkurunziza ont déjà des dizaines de morts.
Réagissant au nouveau calendrier électoral, l’opposition a déclaré que la CENI qui compte seulement trois membres après la démission de deux commissaires n’est plus compétente pour réguler les élections.
Le gouvernement américain l’a réaffirmé dans un communiqué de presse distribué lundi soir aux médias par l’ambassade des Etats-Unis à Bujumbura
Le gouvernement américain a réaffirmé que la tentative du président burundais Pierre Nkurunziza de briguerl un 3ème mandat viole l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation (AAPRB) de 2000, selon un communiqué de presse distribué lundi soir aux médias par l’ambassade des Etats-Unis à Bujumbura.
Ce communiqué est sorti au lendemain du sommet de la Communauté est-africaine (EAC) sur la crise burundaise, tenue dimanche à Dar- es-Salaam en Tanzanie, qui s’est gardé de prendre position sur cette question « controversée » du 3ème mandat du président Nkurunziza.
« Nous continuons vivement d’exhorter le président Pierre Nkurunziza à reconsidérer son intention de conserver le pouvoir au détriment de l’Accord d’Arusha et de la stabilité chèrement acquise après une tragique guerre civile », insiste le communiqué de l’ambassade des Etats-Unis.
Pour le gouvernement des Etats-Unis, l’Accord d’Arusha doit être respecté et toute violation de cet accord de paix porte gravement atteinte à la stabilité du Burundi, indique le communiqué.
« Les conditions pour des élections libres, justes, transparentes et crédibles, ne sont pas actuellement réunies au Burundi, suite au rétrécissement de l’espace politique, à la fermeture des médias privés et indépendants, la répression violente du gouvernement burundais des manifestations politique, la persistance des cas rapportés de violences et des intimidations par une milice armée des jeunes du parti au pouvoir », ajoute le communiqué du gouvernement américain.
Dans le communiqué, les Etats-Unis appellent aussi à la retenue toutes les parties burundaises et les partenaires régionaux.
Le président burundais NkurunzizaDroits réservés)/n
Du Burundi au Burkina Faso, l’opposition et la société civile restent sont bien décidées à veiller au bon déroulement des élections. Trois questions à la directrice du groupe Africa International.
Election de façade au Soudan, répression de manifestations pacifiques au Burundi, bilan mitigé au Togo… Quelles sont les reculs et les avancées notables de la démocratie en Afrique?
La démocratie de type occidental est une greffe qui met du temps à prendre, dans la mesure où les circonstances de l’histoire ont amené les pays africains à commencer là où d’autres, notamment au Nord, ont abouti au terme d’un long processus de maturation politique, économique et sociale.
C’est la bourgeoisie, en France, qui a porté ce type de régime d’égalité civique, basé sur un certain niveau de vie et d’éducation. En Afrique, la « bourgeoisie » se réduit à une classe moyenne très restreinte, vivant sur les fonds publics et creusant les inégalités sociales. Elle se retrouve donc généralement du côté du pouvoir contre les masses de jeunes désoeuvrés et des populations rurales appauvries par la mauvaise utilisation des ressources et l’égoïsme de ceux que le système a enrichis.
Ce qui a changé, c’est la détermination des jeunes – la majorité de la population africaine, comme on sait – à obtenir le changement. La montée des contestations se heurte souvent à la violence d’état, mais les avancées obtenues ici et là poussent inexorablement vers le respect des institutions démocratiques. Avec des hauts et des bas, bien sûr, mais le mouvement est une lame de fond.
Dans plusieurs pays d’Afrique francophone, les présidents tentent de modifier la Constitution pour prolonger leur mandat. Du Burundi au Burkina en passant par le Congo Brazzaville et la RDC, la société civile dénonce les « tripatouillages » constitutionnels. Quel est le poids de la société civile dans ces pays?
Les populations en ont marre d’entendre égrener les taux de croissance élevés en Afrique, « nouvel eldorado », tout en pataugeant eux-mêmes dans le chômage, sans perspectives, sans espoir. Avec les réseaux sociaux, des groupes de jeunes structurent désormais la société civile avec plus de résultats qu’auparavant, car la force de mobilisation est considérable. Et les pouvoirs contestés comme au Congo-Kinshasa ne s’y trompent pas, qui ont prestement emprisonné des membres du collectif citoyen « Filimbi », « sifflet » en swahili ; ils participaient à une activité avec des représentants de « Y’en a marre » et « Bali Citoyen », autres mouvements citoyens qui ont mené le changement au Sénégal et au Burkina Faso. Désormais les jeunes militants civiques sont sous surveillance dans différents pays, mais pendant combien de temps? Les tripatouillages passent de plus en plus mal.
A contrario le Bénin, jusqu’alors présenté comme un exemple à suivre en termes de démocratie, n’est-il pas en train de reculer?
Le Bénin, comme tous les autres pays, subit les aléas de la démocratie en gestation. Deux bonnes élections successives ne prémunissent pas contre les fraudes, ni même les tentatives de violer la constitution. Mais les citoyens sont vigilants. La dernière élection présidentielle était entachée d’irrégularités assez graves, mais les Béninois ont fermé les yeux parce que le président entamait ainsi son second et dernier mandat. Implicitement, les populations, au sortir de règnes illimités qui duraient des décennies, semblent indulgentes lorsqu’il s’agit de reconduire un chef d’état dans les limites prévues par la loi fondamentale. Au-delà, on se heurte à la révolte de citoyens vigilants…
Marie-Roger Biloa, directrice du groupe Africa International.Droits réservés)/n
Les Lionceaux qui ont été accrochés à domicile au match retour (1-1) se qualifient néanmoins au tour suivant à la faveur de leur victoire du match aller
Le Cameroun a été accroché par le Burundi dimanche à Yaoundé en match retour du troisième tour qualificatif à la Coupe d’Afrique des nations junior 2015 prévu au Sénégal.
Vainqueurs au match aller (1-0) à Bujumbura, les Camerounais ont été surpris d’entrée sur leur stade dans la cuvette de Mfandena à Yaoundé par un but de Mvuyekure. Le milieu Burundais profitait des largesses défensives des locaux pour rabattre du pied un centre d’un coéquipier (1-0, 26e).
Ce but des Burundais relançait ainsi le match. Les Lionceaux étaient dans l’obligation de marquer des buts. C’est ainsi que les hommes de Souleymanou Aboubakar rétablissaient le score peu après la demi-heure de jeu.
Sur une attaque bien placée, Mbende Moïse plaçait une frappée repoussée par le portier Burundais, mais Marius Noubissi ayant suivi l’action, propulsait le ballon au fond des filets (1-1, 31e). Sur le coup de la joie, le buteur était expulsé pour un deuxième carton jaune après avoir récupéré une paire de godasses sur le banc de touche avant de l’envoyer dans les tribunes. Un geste sanctionné par Woungui Beranger, l’arbitre central de la partie qui infligeait un deuxième carton jaune au jeune attaquant, synonyme d’expulsion.
Ayant perdu un joueur, les Camerounais étaient obligés de défendre pendant près d’une heure de jeu, face à des Burundais qui auront tout tenté, en vain. En dépit de ce match nul (1-1), le Cameroun se qualifie pour le troisième et dernier tour qualificatif à la faveur de sa victoire au match aller (1-0).
Pour obtenir la qualification pour le tournoi final, les Lionceaux devront se défaire de leur homologues d’Afrique du sud qu’ils croiseront au match aller à Yaoundé en août prochain.
Son élection à ce poste de l’organe décisionnaire international du football est survenue lors de la 63 ème assemblée qui s’est tenue en Ile Maurice
Lydia Nsekera est devenue la première femme dans l’histoire élue pour quatre ans au comité exécutif de la Fifa, vendredi lors du Congrès de l’Île Maurice. Elle a été élue par 95 voix en sa faveur. Deux autres femmes y ont été cooptées pour un an. Il s’agit de Moya Dodd d’Australie et Sonia Bien-Aime de Turks-et-Caicos. Cette élection survient après que l’an dernier, au Congrès de Budapest, Lydia Nsekera, avait déjà été la première femme à entrer au «comex», mais en étant seulement cooptée pour un an. C’est donc une première historique qui a eu lieu à l’Île Maurice avec cette élection d’une femme dans l’organe décisionnaire de la Fifa pour un mandat de quatre ans.
Agée de 45 ans, présidente de la Fédération de football du Burundi (FFB) depuis 2004, cette femme a contribué à la promotion du football surtout féminin. Elle a été la vice-présidente de la Commission du football féminin au Burundi et elle a lancé pour la 1èrefois de l’histoire du ballon rond au Burundi la toute première édition du championnat national de football féminin. Et cela avec l’appui de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association). Il faut noter qu’elle a été aussi la toute 1ère femme à occuper la présidence de la FFB.
La Burundaise Lydia Nsekera première femme élue au comité exécutif de la FIFAafriqueenelles.com)/n
Hassan Ruvakuki, qui a été condamné une première fois à vie sera fixé sur son sort après un an de détention
Le verdict du procès dans lequel est impliqué Hassan Ruvakuki est attendu ce mardi 8 janvier 2013. Condamné une première fois à la prison à vie, pour [i actes de terrorisme,] il avait de nouveau été jugé en appel. Les faits remontent au 28 novembre 2011, il y a un an, lorsque le journaliste, correspondant de RFI en swahili a été arrêté par des policiers accompagnés d’agents de services de renseignement. Après son arrestation il a été emmené dans un lieu inconnu à l’Est du pays pendant que son domicile était perquisitionné dans la capitale. Il venait tout juste de se rendre en Tanzanie pour couvrir, en tant que journaliste, la naissance d’un nouveau groupe rebelle burundais. Un déplacement qui n’était pas apprécié par les autorités. Ce qui lui a valu des menaces afin qu’il livre des informations sur les rebelles.
Après de long mois de procédure judiciaire, le 20 juin 2012, la justice se prononce en première instance et Hassan Ruvakuki est condamné à la prison à vie pour actes de terrorisme sans avoir même pu se défendre. Les médias dénoncent un verdict inique et parlent de règlement de compte politique. Un nouveau procès en appel s’organise début octobre. La procédure est plusieurs fois reportée. Mais au cinquième jour d’audience, Hassan a enfin l’occasion de faire entendre sa version. Oui, il est allé en Tanzanie, mais ce n’était que pour faire son travail de journaliste, explique-t-il. Le procureur demande néanmoins la confirmation de la peine de prison à perpétuité. Ses confrères de Bonesha FM dénoncent une année injustement passée derrière les barreaux.
Le verdict du procès du correspondant de RFI au Burundi attendu aujourd’huigreatlakesvoice.com)/n
Plus d’un quart des prisonniers burundais seront libérés d’ici vendredi. Une mesure spéciale prise par le chef de l’Etat pour désengorger les prisons surpeuplées
Dans son discours prononcé le 1er juillet, à l’occasion de la commémoration des 50 ans d’indépendance de son pays, le président Burundais Pierre Nkurunziza, avait annoncé une grâce présidentielle pour plus de 4000 détenus. La mise en uvre de ces mesures a débuté lundi 9 juillet et doit se poursuivre jusqu’à vendredi 13 juillet, avec pour objectif de libérer plus du quart des détenus, en leur faisant bénéficier de la libération conditionnelle. Les autorités réfléchissaient donc depuis plusieurs mois sur ce qu’il fallait faire en vue de soulager toute cette misère. Willy Nyamitwe, porte-parole adjoint du président burundais, interrogé par RFI justifie la décision du chef de l’Etat «Cette décision est justifiée en grande partie par le souci du chef de l’Etat de désengorger les maisons carcérales et aussi pour prendre des mesures exceptionnelles de clémence à l’endroit de certains condamnés pour pouvoir célébrer ensemble le cinquantenaire». «Mais cette mesure ne va pas bénéficier à tous les détenus. Elle ne s’applique pas, par exemple, aux cas de crime de guerre, de crime contre l’humanité ou de viol. Sont également exclus les détenus condamnés pour atteinte à la sûreté de l’Etat notamment» conclut-il.
Fruit d’une pression de la société civile
Le 15 juin dernier, l’ONG Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM) a plaidé pour le désengorgement des prisons avant la célébration du cinquantenaire de l’indépendance. « Le désengorgement s’avère nécessaire étant donné que les conditions de détention qui étaient déjà déplorables risquent de s’empirer du fait que les finances publiques ne suffisent plus pour supporter les charges publiques dont l’entretien des détenus», affirmait Faustin Ndikumana , président de l’Ong (PARCEM). Au 15 juin dernier, la population carcérale était estimée à 10.484 alors que la capacité d’accueil est seulement de 4.050, soit un taux d’occupation de plus de 258,8% . Cette mesure spéciale va donc résoudre définitivement le surpeuplement carcéral.
Le président Burundais Pierre Nkurunziza a gracié plus de 4000 détenuspbase.com)/n
Cinq radios et une télévision indépendantes ont bravé interdiction du gouvernement de publier, commenter ou analyser des informations sur le massacre de Gatumba
Cinq radios et une télévision indépendantes ont décidé d’organiser, durant toute la journée de jeudi 22 septembre, une synergie des médias en vue d’appeler les Burundais à se mobiliser pour la paix et la sécurité, après le massacre perpétré dimanche à Gatumba, a expliqué Vincent Nkeshimana, vice-président de l’Association burundaise des radiodiffuseurs (ABR). Au menu, des journaux, des tables rondes et des débats en direct au cours desquels on a commenté et analysé le massacre de Gatumba et les nouvelles violences dans ce pays, sans tenir compte de l’interdiction gouvernementale.Nous osons espérer que ça ne va pas envenimer nos relations explique Vincent Nkeshimana. Nous osons espérer qu’en nous disant, vous en faites trop, ils ne nous disent pas que c’est mauvais de défendre la paix. Nous voulons bien comprendre ce qui les préoccupe, mais nous nous confirmons que nous nous engageons pour la paix, pour la sécurité, dans ce pays . Le gouvernement burundais n’a pas voulu, ou n’a pas pu, intervenir sur-le-champ. Les cinq radios ont organisé des tables rondes, des débats politiques concernant le massacre de Gatumba et la résurgence de la violence dans le pays depuis un an. Elles ont regroupé leurs rédactions et leurs programmes pour l’occasion.L’interdiction d’évoquer le massacre de Gatumba ne doit durer qu’un mois, c’est une décision du gouvernement qui doit être respectée. (..) la correspondance leur avait déjà été remise, mais malgré ça ils l’ont fait., a insisté la ministre burundaise de l’Information, Concilie Nibigira. Nous allons analyser ce qui s’est passé et prendre une décision a-t-elle déclaré. Pour le directeur de la station privée, Radio publique africaine (RPA), Eric Manirakiza, qui a déjà été plusieurs fois la cible des autorités: Il n’y a pas de sujets tabous dans ce pays. Le gouvernement connaît très bien la loi. S’ils veulent décréter un état de siège, qu’ils l’assument. Mais on ne peut pas accepter une décision illégale.
Tout est parti d’une accusation très grave, portée par le Conseil national de la sécurité burundais mardi 20 septembre 2011, par la bouche du ministre de l’Intérieur, Edouard Nduwimana: Le Conseil national de sécurité déplore le comportement de certains politiciens et certains médias, qui voudraient profiter de cette situation pour semer la confusion, diviser la population et l’inciter à la confrontation. Le Conseil a alors recommandé d’interdire purement et simplement aux médias burundais de parler du massacre d’au moins 39 personnes ce 18 septembre 2011, à Gatumba, une commune de la périphérie de Bujumbura, tant que les enquêtes sont en cours. La décision est tombée très rapidement et a pris la forme d’une annonce du ministère de l’Information, interdisant tous les organes de presse audio-visuels et écrits de publier, commenter ou analyser, des informations en rapport avec les enquêtes en cours sur le massacre de Gatumba. Le communiqué du ministère de l’Information comporte une autre interdiction: Les émissions en direct à caractère politique sont suspendues durant le mois que vont durer les enquêtes sur le massacre de Gatumba. La mention vise en fait l’émission de débats avec les auditeurs Kabizi, diffusée par la RPA. Le, entre le gouvernement burundais et bras de fer est donc engagé les médias indépendants, qui accusent à leur tour le pouvoir, de profiter de l’occasion pour régler ses comptes.
Pierre Nkurunziza, le président burundais à Gatumba sur le lieu du massacre de plus de 30 personnesrfi.fr)/n
Suite au décès d’une trentaine de personnes après une attaque meurtrière perpétrée dans la nuit du dimanche au lundi 19 septembre dans un bar de Gatumba
Pierre Nkurunziza, la président burundais a promulgué trois jours de deuil national à compter d’hier lundi, 19 Septembre, suite à la mort d’une trentaine de personnes dans la zone Gatumba (15 km à l’ouest de Bujumbura), tuées dimanche soir par des hommes armés non identifiés. Le président Nkurunziza s’est rendu hier lundi dans la ville de Gatumba, située dans la province de Bujumbura. Devant une foule de près de cinq mille personnes, il a juré de: traquer les auteurs de ces massacres partout où ils seront, sur le territoire national ou à l’étranger, demandant à la police, à la justice et à la population burundaise de conjuguer leurs efforts afin de traquer ces malfaiteurs. Ceux ont commis ce massacre ne sont pas passés par les airs, ils sont venus à pied… Ce sont les ennemis du Burundi ajoute-t-il. Le président Nkurunziza, qui devait partir lundi pour assister aux travaux de l’Assemblée générale des Nations Unies, a annoncé sa décision de remettre à plus tard ce voyage afin de se joindre aux Burundais dans ce deuil. Une fois arrivé à New York, je vais soumettre cette question au cours de l’Assemblée générale des Nations Unies pour que le monde entier nous aide à traquer ces malfaiteurs, a déclaré le chef de l’Etat.
Le président burundais a aussi promis que la prise en charge médicale des blessés serait assuré par le gouvernement. Présent lundi matin à Gatumba comme la plupart du corps diplomatique accrédité à Bujumbura, l’ambassadeur de France, Jean Lamy, a dénoncé un: acte terroriste inqualifiable, et rappelé que la communauté internationale condamnait avec la plus grande force ces actes de violences. L’attaque a eu lieu lundi vers 20h00 locales (18H GMT) dans un bar appelé Club des amis. 23 personnes ont été tuées sur le champ alors que l8 autres blessées ont succombé dans les hôpitaux de Bujumbura où elles avaient été évacuées. Des dizaines de personnes, certaines en uniforme militaire avec des fusils kalachnikov et des grenades sont entrés dans le bar ‘Chez les Amis’. Ils ont dit à tout le monde de se coucher par terre et ont commencé à tirer, a raconté une survivante qui a perdu deux frères et un ami dans l’attaque.Ceux qui nous ont attaqués ne sont pas de simples bandits, ce sont des combattants, des rebelles, (…), je peux le jurer sur ma tête, car je les ai vus, avait plus tôt lancé un blessé, sous couvert d’anonymat. Un médecin a déclaré que l’hôpital où il travaillait était totalement débordé par le nombre de blessés. Nous manquons de sang, d’équipements et de médicaments pour traiter tous les blessés, a-t-il affirmé. Le bilan ne cesse de changer.
Selon le gouverneur de Bujumbura rural, Jacques Minani, un enfant de 2 ans figure parmi les personnes tuées au cours de l’attaque et la plupart des victimes sont des joueurs de l’équipe Etoile F/C de Gatumba, qui fêtaient leur victoire d’un match. Selon des témoins, l’attaque, survenue vers 20H00 (18H00 GMT), a duré environ 20 minutes. Certaines informations indiquent que l’attaque serait l’ uvre d’un mouvement rebelle qui se cache dans l’est de la RDCongo et a mené l’attaque en profitant de la densité de la réserve naturelle de Rukoko située à la lisière de Gatumba.Gatumba est le fief des membres de l’ancien mouvement PALIPEHUTU FNL dirigé par Agathon Rwasa, qui est en exil depuis plus d’un an.
Le chef d’Etat burundais a décrèté trois jours de deuil national après une tuerie qui a fait plus de trente mortshakiza.wordpress.com/)/n