Tous deux, libérés le 24 février 2014 après 17 ans de prison, avaient été condamnés pour des affaires de détournements de fonds publics
Il y a un an, le 24 février 2014, l’homme d’affaires français d’origine camerounaise, Michel Thierry Atangana, et le politique camerounais, Titus Edzoa (ancien secrétaire général à la présidence), étaient libérés après 17 ans de prison. Tous deux avaient été condamnés pour des affaires de détournements de fonds publics.
Ce dossier avait compliqué les relations entre Paris et Yaoundé. Il avait fallu des discussions diplomatiques et une prise de position officielle de l’ONU qui avait dénoncé les conditions de détention d’Atangana pour faire bouger les choses. C’est finalement un décret présidentiel de Paul Biya qui les avait sortis de prison. Un an plus tard, chacun à sa manière tente de reprendre le cours de ses activités.
Depuis sa libération, Titus Edzoa vit en famille, près de Yaoundé. Il lit énormément et passe une bonne partie de ses journées à travailler dans son bureau. Un de ses proches le décrit comme un homme en bonne santé, qui sort rarement. Une sorte de retraite spirituelle qui lui a permis de prendre de recul et de s’engager progressivement de nouveau dans la vie politique :
«Je prépare ma rentrée socio-politique, indique-t-il. Je suis toujours dans le même parti, je n’ai jamais démissionné du parti, jamais démissionné du gouvernement»]. Ce qui le motive ? « Après 17 ans de prison politique, sourit-il, on ne jette pas l’éponge comme ça.»
Atangana: «Effacer les condamnations»
De son côté, en France, Michel Thierry Atangana est un homme marqué par ses 17 années de détention. L’homme d’affaires tente de prendre du recul. Dès son retour, il lui a fallu reprendre des forces et trouver ses marques dans un monde qui lui paraissait changé, moderne: «J’étais détenu dans une cellule, souligne-t-il. Il faut impérativement procéder à une rééducation mentale, à une rééducation physique, psychique et sociale. Un an, c’est long et c’est peu. Pour l’instant, je suis encore très, très loin d’obtenir le plein équilibre qui me permettrait d’être autonome.»
Michel Thierry Atangana doit encore reconstituer son cercle familial qui s’est, dit-il, «brisé à cause de la prison». Sur le plan professionnel, cet ancien conseiller financier n’a pas retrouvé d’activité. Atangana raconte être happé par les blocages administratifs. Aujourd’hui, il se bat pour obtenir des réparations pour ses années passées en détention.
«Le carcan judiciaire qui m’a enfermé ne me permet pas pour l’instant d’exercer mon métier. J’ai été libéré par un décret présidentiel donnant une remise de peine. Cela est contradictoire avec les recommandations des Nations-Unies qui parlent clairement de détention arbitraire. A la suite de ce décret, la France elle aussi m’a délivré une attestation qui respecte à peu près l’esprit du décret qui a été signé au Cameroun. Donc pour l’instant il reste dans mon extrait de casier judiciaire, les séquelles de ces condamnations. Donc, mon combat actuel, c’est de les effacer», confie-t-il.
