Cameroun – Guinée équatoriale: Exit les sujets qui fâchent!

Le communiqué final qui sanctionne la visite du président Obiang au Cameroun parle d’une volonté commune des deux pays de travailler ensemble

Affiches et Banderoles dans les rues de la capitale, accueil des grands jours avec un direct à la télévision et à la radio nationales, la visite du président équato guinéen Teodoro Obiang Nguema n’est pas passée inaperçue. Au terme de son séjour, un communiqué a été signé par les ministres des affaires étrangères des deux pays. « Les deux Chefs d’Etat se sont félicités de leur parfaite convergence de vues sur l’ensemble des questions abordées et ont réaffirmé leur engagement d’ uvrer au renforcement de la paix et de la sécurité à leur frontière commune et à promouvoir le dialogue ainsi que les mécanismes de prévention et de règlement pacifique des différends », fait savoir le communiqué. Les deux chefs d’Etat semblent aussi engagés à réaliser un certain nombre d’objectifs communs, comme le projet de construction du pont sur le Ntem reliant les deux pays. On a aussi évoqué la création « d’un organisme de financement des projets d’intérêt commun, notamment dans les domaines des logements sociaux et de l’agro-industrie » : « Je me félicite que nous ayons eu cette occasion de faire un tour d’horizon des questions bilatérales, sous régionales et internationales. Je n’ai d’ailleurs jamais douté que nos entretiens fassent apparaître un large éventail de convergences », a-t-il expliqué lors du toast porté en l’honneur de son hôte.

Pourtant, les sujets de divergences ne manquent pas, avec aux premières lignes la libre circulation des personnes entre les deux pays ou plus exactement du Cameroun vers la Guinée Equatoriale. Le boom pétrolier aidant, de nombreux ressortissants du Cameroun et de bien d’autres pays visitent l’eldorado guinéen qui s’avère souvent être un calvaire. La presse camerounaise a rapporté plusieurs fois des témoignages de camerounais dépossédés de leurs biens, des entrepreneurs abusés dans le règlement de leurs factures, et récemment encore des refus d’entrer sur le territoire non justifiés. Pour sa part, le Président guinéen a remercié le peuple camerounais pour l’accueil qui lui a été réservé, et exprimé sa gratitude au Chef de l’Etat qui a facilité cette visite suite à sa demande. Le Chef de l’Etat équato-guinéen a relevé que les deux pays voisins sont condamnés à vivre ensemble « éternellement ». Aussi, a-t-il poursuivi, « les idées et comportements individuels » de quelques-uns ne doivent-ils pas porter atteinte à l’intérêt des deux peuples frères. Il a souhaité que les deux pays puissent multiplier les contacts de ce genre pour éviter les malentendus, avant de louer « la grande vision d’homme d’Etat et la clairvoyance » du Président Paul BIYA, qui n’a jamais porté une oreille attentive aux sirènes de la division entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale. La rencontre a finalement été celle de deux chefs d’Etat qui appartiennent à une autre génération et qui au-delà des problèmes sont condamnés à s’unir pour faire face à l’adversité d’une partie de l’opinion et des partenaires intrenationaux, qui veulent les voir passer la main. Alors que la Guinée Equatoriale se prépare à accueillir le sommet des ACP, le président Biya pourrait aller honorer de sa présence, l’évènement que reçoit son « ami ».

Quelques photos de la visite du couple Obiang au Cameroun, vendredi 30 novembre 2012
Journalducameroun.com)/n

Guinée Equatoriale: Le fils Obiang fait vice-Président du pays

Sa nomination est considérée comme un acte de plus indiquant la volonté de son père d’en faire son successeur à la tête du pays

Le Président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbazogo, a promu son fils aîné, Teodorin Obiang Nguema Mangue au rang de vice-président en charge de la sécurité et de la défense et de l’Etat. La promotion de «Teodorin», qui jusque-là occupait le poste de ministre de l’agriculture et des forêts est perçu par de nombreux opposants au régime comme l’expression manifeste de la volonté de son père de lui confier le pouvoir et de perpétuer un système fortement critiqué à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Les débuts de cette réforme ont pris corps lorsque le président Obiang Nguema Bazogo a fait voter lors d’un récent référendum, une réforme prévoyant la limitation du nombre de mandat à deux. Selon plusieurs observateurs, il envisagerait de se retirer du pouvoir au terme de son actuel mandat pour diverses raisons dont celle liée à sa santé. Mais celui qui a été présenté comme un autocrate par les organisations des droits de l’homme, veut assurer ses arrières, en remettant les manettes du pouvoir en des mains sûres. Depuis un certain temps, il est apparu évident que Teodorin était préparé à conduire la vie politique du pays. Ministre dans le gouvernement depuis plusieurs années, il a été titulaire de portefeuilles clés dont celui de l’agriculture. Ces postes affirment ses détracteurs, lui ont permis « d’amasser une grosse fortune ». Une richesse que des organisations des droits de l’homme jugent mal acquise, et qui a récemment valu à Teodorin Nguema, le lancement par la justice française d’un mandat d’arrêt international.

La nomination du fils Obiang intervient aussi dans le cadre d’un réaménagement de l’appareil politique équato-guinéen. Ignacio Milam Tang jusque-là Premier ministre du pays, a été aussi nommé vice-président. Par ailleurs, Teodoro Obiang Nguéma a également nommé l’ancien secrétaire général de la présidence, Vincenté Ehaté Tomi comme Premier ministre. L’ancien ministre de l’intérieur Clementé Engonga et l’ex-ministre de l’Information, Alfonso Nsue Mokuy, autre figure de proue du régime de Bata ont, quant à eux, été nommés vice-Premier ministre et second vice-Premier ministre. La formation d’un nouveau gouvernement, désigné par le n°1 équato-guinéen, devrait intervenir dans le courant de la semaine. Le Bureau de l’Information et de la presse de Guinée équatoriale a déclaré sur son site web que les nominations se poursuivent dans les prochains jours, dans le cadre de la réforme constitutionnelle approuvée par référendum qui s’est tenue en novembre dans le pays. La Loi fondamentale inclus dans cette réforme implique la création de nouvelles institutions comme le Sénat, la Cour des comptes, le Conseil d’État, le Conseil pour le développement économique et social et le Médiateur. Cette mutation en Guinée Equatoriale rappelle celle du pays voisin le Gabon, où le président omar Bongo avait huilé la machine qui devait conduire son fils Ali à la tête du pays.

Teodoro Nguema Obiang Mangue est vice-Président de la Guinée Equatoriale en charge de la sécurité et de la défense
flickr.com)/n

Union Africaine: Obiang Nguema, un président qui ne fait pas l’unanimité

Porté à la tête de l’organisation pour un an, les contestations se font déjà ressentir

Le président de la Guinée équatoriale, Theodoro Obiang Nguema Mbasogo, a pris lors du 16e sommet de l’Union africaine (UA), qui s’est déroulé du 30 au 31 janvier 2011 à Addis-Abeba (Ethiopie), la présidence de l’Union africaine (UA). Il remplace ainsi, et pour un an, le président malawite, Bingu Wa Mutharika, sur le fauteuil rotatif. Après avoir accepté la présidence lors de l’ouverture de la 16ème session ordinaire de l’Assemblée de l’UA, M. Mbasogo a déclaré que les signes d’instabilité constatés dans plusieurs pays africains constituent une menace pour la paix, la stabilité et la promotion des valeurs essentielles pour la cohésion au sein des pays membres de l’UA. Il s’est référé au thème du sommet « Vers une plus grande unité et une intégration par le biais de valeurs partagées » et il a observé que l’Afrique avait élaboré différents instruments pour promouvoir ces valeurs partagées.

Theodoro Obiang Nguema, militaire de carrière, a pris le pouvoir par les armes en 1979 en renversant son oncle, le président Francisco Macias Nguema, qu’il fera fusiller. Il dirige depuis d’une main de fer la Guinée équatoriale, petit pays d’Afrique centrale d’un million d’habitants, mais troisième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne. «Le règne d’Obiang sur la Guinée Equatoriale se caractérise par un bilan désastreux en matière de violation des droits de l’homme et de corruption qui, de fait, incarnent l’exact opposé de ce que l’UA cherche à promouvoir sur le continent», estime Aloys Habimana, de l’organisation Human Rights Watch. L’accession de M.Obiang à la tête de l’UA enverrait «tout, sauf un signal positif», ajoute-t-il. Dans son rapport 2010, l’ONG Transparency International fait figurer la Guinée équatoriale à la 168e place sur 178 pays en matière de corruption. Selon le Sénat américain, le président Obiang et son entourage auraient détourné une part significative des revenus pétroliers du pays.

La présidence de l’Union africaine est confiée à tour de rôle, pour un an, à l’une des cinq sous-régions du continent et le Sommet de l’UA entérine normalement le choix de la sous-région. Après l’Afrique australe en 2010, c’est au tour de l’Afrique centrale de prendre cette présidence tournante. Le président en exercice n’a qu’un rôle limité sur la destinée du continent et les décisions majeures de l’organisation se prennent lors des deux sommets annuels par les chefs d’Etat et de gouvernement. «Je n’attache pas grande important à la présidence annuelle de l’UA (…) Pour moi, c’est un peu plus qu’un poste honorifique», juge Désiré Assogbavi, officier de liaison du groupement d’ONG Oxfam auprès de l’UA. Toutefois, d’autres analystes soulignent qu’en dépit du rôle largement symbolique du président de l’UA, ce dernier incarne l’Afrique pendant 12 mois. L’organisation en est parfaitement consciente, elle qui a écarté en 2007 la candidature du président soudanais, Omar El Bechir, en raison notamment de la guerre du Darfour. Pour Rueben Lisuka, directeur de Transparency International pour la Zambie, l’UA pâtit d’un manque cruel de dirigeants dûment élus. «Il y a une pénurie de dirigeants africains crédibles. Nous devons en finir avec le mode d’élection du président en exercice de l’UA et inventer un mécanisme différent, qui permette à l’Afrique de se choisir une figure positive», estime M.Lisuka.

Une organisation africaine de défense des droits de l’Homme a exprimé son indignation après la nomination du chef de l’Etat équato-guinéen. Le Rassemblement africain de défense des droits de l’Homme (RADDHO) a affirmé que le choix d’Obiang Nguema Mbasogo allait sérieusement porter atteinte à l’image du continent africain et que le débat prévu par l’UA sur les valeurs démocratiques allait manquer de crédibilité. La RADDHO a rappelé que l’UNESCO a été obligé de renoncer au prix offert par Obiang Nguema à cette organisation, surtout à cause de « la situation catastrophique des droits humains en Guinée équatoriale ».
Aussi le pays ne fait pas de la place ni à la liberté de presse, ni aux organisations de la Société civile.

Obiang Nguema Mbasogo ici à la tribune des nations unies
Liberation.fr)/n

Bien mal acquis: La justice française relance les poursuites

Elle déclare recevable la plainte de l’organisation Transparency International au sujet de 3 chefs d’états africains

Transparency International France, crédibilisée dans son action en justice
C’est une victoire pour Transparency International et les organisations impliquées dans les poursuites judiciaires concernant les logements de luxe et les avoirs bancaires détenus en France par trois présidents africains, une décision à haut risque pour Paris. La cour de cassation a annulé un arrêt de la cour d’appel de Paris de 2009 qui déclarait irrecevable la plainte de l’organisation Transparency International concernant les familles d’Ali Bongo (Gabon), de Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et de Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) pour défaut de qualité. La Cour ordonne le renvoi du dossier à un juge d’instruction de Paris pour que soit instruite cette plainte de l’ONG, qui considère que les biens en question aurait été forcément acquis avec de l’argent public détourné dans les pays concernés. L’histoire débute en 2007, lorsqu’une enquête de police recense 39 propriétés et 70 comptes bancaires détenus par les familles des présidents concernés. L’enquête avait été classée sans suite par le procureur de Paris mais un juge d’instruction avait dans un premier temps, début 2009, ordonné contre son avis une enquête pour « recel de détournement de fonds publics, blanchiment, abus de biens sociaux, abus de confiance ». Le parquet avait fait appel, suspendant cette décision et, en octobre 2009, la cour d’appel avait déclaré la plainte irrecevable. C’est cet arrêt que la Cour de cassation a annulé.

Jusqu’où ira la justice française ?
Il suffit, pour qu’une constitution de partie civile soit recevable, que les circonstances sur lesquelles elle s’appuie permettent au juge d’admettre comme possible l’existence du préjudice allégué et la relation directe avec une infraction à la loi pénale, a indiqué la Cour dans un de ses énoncés. En terme claire, Transparency international a désormais, le droit d’agir puisque la lutte contre la corruption est son objet unique et qu’elle y consacre tous ses moyens, a précisé la Cour. Cette décision de la justice française est lourde de conséquence, pour de nombreux gouvernements des pays concernés par les affaires de biens mal acquis. Les autorités de Yaoundé, la capitale camerounaise, suivront la suite de cette affaire avec beaucoup d’attention, d’autant plus qu’il ya quelques jours, une plainte pour « recel de détournement de fonds publics » déposée auprès du parquet de Paris émane par l’Association pour une diaspora active présidée par Célestin Njamen, opposant camerounais vivant à Paris. Selon cette association, Paul Biya au pouvoir depuis le 6 novembre 1982 aurait acquis en France, un patrimoine immobilier pouvant atteindre plusieurs centaines de millions d’euros. Et ce, en détournant l’argent public de son pays. L’affaire n’est qu’un rebondissement. Lors de la sortie du rapport du CCFD qui mentionnait l’hypothèse d’existence de biens mal acquis par le dirigeant camerounais, toute la classe politique proche de lui s’était unie pour rejeter la crédibilité des associations initiatrices du rapport.

Déjà la riposte
C’est la première fois en France, la deuxième fois au monde après la plainte d’une association espagnole contre Obiang Nguema et sa famille, qu’une enquête sur l’origine du patrimoine d’un chef d’État étranger serait ouverte à la demande d’une association. Au-delà des relations franco-africaines, c’est aujourd’hui la capacité de la justice et des autorités françaises à poser des limites au pillage des pays du Sud, qui est désormais à l’épreuve. La Cour de cassation française donne aujourd’hui raison à la juge française Françoise Desset, qui pour juger la plainte de Transparency recevable, avait procédé par analogie avec les associations antiracistes ou antitabac, habilitées par la loi et la coutume judiciaire, à agir auprès des tribunaux, sur des faits en lien avec l’objet de leurs activités. La première conséquence de cette décision est qu’une fois l’enquête lancée, le ou les juges d’instructions désignés ne pourront poursuivre les chefs d’Etat en question, du fait de l’immunité diplomatique qui leur est accordée. Mais leurs proches qui ne sont pas concernés par l’immunité, pourront du moins en théorie être questionnés, voire arrêtés, sauf immunité diplomatique. Déjà la polémique s’installe. L’association Transparency International France a salué logiquement la décision de la Cour de cassation, observant qu’elle va ainsi permettre la désignation d’un juge d’instruction et l’ouverture d’une information judiciaire. Il appartiendra à ce dernier de déterminer dans quelles conditions le patrimoine visé a été acquis et celles dans lesquelles les très nombreux comptes bancaires identifiés par les services de police ont été alimentés, a ajouté par communiqué le porte parole de cette organisation. Déjà la riposte des Etats concernés s’est fait entendre. Selon une information rapportée par Associated Press, Me Olivier Pardo, avocat du président de la Guinée-Equatoriale, a affirmé que rien dans le dossier ne permettait d’incriminer son client et que « ce sera confirmé » pendant l’instruction. Il ne faut pas prendre les chefs d’Etat africains pour des gens sans foi ni loi, a-t-il déclaré face à des journalistes.

Feu Omar Bongo, Denis Sassou-Nguesso et Theodoro Obiang Nguema au c ur d’une affaire judiciaire liée à leurs fortunes et celles de leurs proches
journalducameroun.com)/n