Cameroun-Alain Fogue : « Vous devez ordonner la libération immédiate des requérants »

L’universitaire, trésorier du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) en prison, donne l’injonction à la présidente de la Cour d’appel du Centre de libérer ses camarades.

Dans une lettre adressée à la présidente de la juridiction de second  degré siégeant dans la capitale Yaoundé, le prisonnier du MRC formule une demande. C’est celle de la libération des membres du parti politique auquel il est membre, de leur dédommagement. Pour motiver sa demande, l’universitaire plonge sa plume dans sa connaissance du droit en vigueur au Cameroun, qui selon lui, n’est pas appliqué. Pour leur cas, il est constitué en premier de la révision constitutionnelle du 18 janvier 1996, ainsi que du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par le pays le 27 juin 1984.

Cette lettre trouve son prétexte dans « le rejet systématique des requêtes d’habeas corpus des militants du MRC formulé sur la base de l’Avis du Groupe de Travail sur la détention arbitraire du 4 novembre 2022 demandant leur libération immédiate et leur dédommagement », peut-on lire. L’objet de la correspondance est de montrer « ce que les juges cachent au peuple au sujet des procédures en habeas corpus ». Le but visé n’est rien d’autre qu’obtenir auprès de la présidente de la Cour, cette libération, ce dédommagement des membres du MRC jugés et condamnés à des peines privatives de liberté allant jusqu’à huit ans d’emprisonnement ferme.

Au bout de son argumentaire, Alain Fogue, après avoir relevé les points saillants de l’Avis du Groupe de Travail de l’ONU qui leur sont favorables, réitère la demande d’un ton ferme : «  Madame la présidente, (…) vous devez ordonner la libération immédiate des requérants ainsi que le dédommagement. En le faisant, vous aurez appliqué la constitution et les lois de notre pays », peut-on lire.

Cameroun : l’ONU demande de libérer et dédommager des prisonniers du MRC

Le Groupe de travail de l’organisation intergouvernementale a émis un avis sur l’arrestation et la détention des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun.

Les Nations unies par le biais de son Conseil des droits de l’homme demandent la libération et l’indemnisation des militants  du MRC arrêtés jugés et incarcérés. C’est ce qui ressort de l’avis N°63/2022 que  le Groupe de travail de l’ONU a adopté en sa 94è session tenue du 29 août au 2 septembre 2022. Cet avis porte sur la détention arbitraire d’Olivier Bibou Nissack, Alain Fogue et autres militants du MRC, ainsi que de Sisiku Ayuk Tabe leader séparatiste et ses 9 codétenus.

Le Groupe de travail des Nations unies après  avoir reconnues arbitraires l’arrestation, le jugement et la détention des militants du MRC, demande leur libération. Ces conclusions se fondent sur  la Déclaration universelle des droits de l’homme ainsi que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, des conventions auxquelles le Cameroun est partie.

Cet avis est bien accueilli au sein des rangs du parti dont Maurice Kamto est le président. Se basant sur les conclusions de  l’avis, le chargé de la communication du MRC s’interroge sur l’exécution des exigences de l’ONU en mettant par-là la pression sur les autorités camerounaises.

« Quand la justice internationale a tranché en faveur du Cameroun dans le conflit l’opposant au Nigeria sur la presqu’île de Bakassi, nous  avons tous sauté de joie. Maintenant que la même justice  acquitte les prisonniers politiques militants du MRC et demande de leur payer des dommages, allons-nous nous exécuter ? », lance Joseph Emmanuel Ateba sur Facebook.

Pour sa part, Arlette Framboise Doumbe Ding, proche de Maurice Kamto, « cette victoire d’étape du  MRC contre l’injustice ne doit pas passer inaperçue. Tous ceux qui soutiennent le faux tissé par le régime corrompu de Yaoundé pour museler l’opposition et régner par la terreur doivent  le savoir (…) Je rappelle à ceux qui ont oublié, que les militants  du MRC ont été condamnés devant les tribunaux militaires en violation des règles du Cameroun », mentionne-t-elle.

Les conclusions du Groupe de travail de l’ONU sont basées sur les témoignages des détenus. Selon le gouvernement, le Cameroun est un pays souverain et ceux qui violent nos lois sont jugés par les tribunaux.

Cameroun : le procès des prisonniers du MRC renvoyé au 20 octobre 2022

L’audience opposant le Pr Fogue Tedom Alain et 38 autres au Commissaire du gouvernement n’ira pas jusqu’au bout.  Elle a été ouverte à la cour  d’appel du Centre ce 15 septembre en matinée. Un nouveau rendez-vous vient d’être fixé.

La cour d’appel du Centre n’a pas rendu son verdict à l’issue de l’audience ouverte cette matinée. Statuant au second degré après le tribunal militaire, elle vient de renvoyer l’affaire au 20 octobre 2022. Un renvoi qui selon les militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, était prévisible. « Nous  le savions déjà : en attendant les instructions, les renvois des audiences des prisonniers politiques vont se multiplier. Prochaine mise en scène le 20 octobre 2022 », a déclaré Joseph Emmanuel Ateba, secrétaire national  à la communication du MRC sur son compte Facebook.

Lors du procès, l’on a pu remarquer la présence des prisonniers Alain Fogue Tedom, Olivier  Bibou Nissack et bien d’autres. Le Pr. Maurice Kamto, président du MRC annoncé aux côtés du collège des avocats pour défendre ses militants de son parti, est arrivé pendant  que le procès était en cours. Le secrétaire national à la communication du parti a annoncé au début de l’audience que l’accès au palais de justice lui a été refusé. Il a tout de même pu remarquer que « les prisonniers politiques, malgré leurs conditions carcérales exécrables, restent debout et fier », peut-on lire sur Facebook.

Pour rappel, Olivier Bibou Nissack, Alain Fogue Tedom et les 36 autres ont été condamné à des peines allant de 5 à 7 ans depuis décembre 2021 par le tribunal militaire de Yaoundé. Ils ont été interpellés dans le cadre  des marches dites pacifiques du 22 septembre 2022.