D’après l’Agence de régulation des télécommunications, l’entreprise de l’attaquant Camerounais n’est pas un opérateur de téléphonie mobile, mais un revendeur de crédit
C’est à travers un communiqué publié dans le quotidien gouvernemental du 5 janvier 2012, que l’ART clarifie la situation. L’agence a pris connaissance de la campagne promotionnelle engagée par la société Eto’oTelecom Sa pour la fourniture des services de téléphonie mobile. A ce titre, il convient de souligner que la société Eto’o Telecom a reçu de l’Art un récépissé transitoire de déclaration pour la fourniture des services à valeur ajoutée, l’activité envisagée par le requérant relève du régime de la déclaration, conformément aux dispositions de l’article 15 (1) de la loi n°2010/13 du 21 décembre 2010 régissant les communications électroniques au Cameroun, souligne d’entrée de jeu le directeur général de l’ART. L’activité principale d’Eto’o Telecom consistera à la revente de trafic téléphonique au travers des réseaux des opérateurs concessionnaires de téléphonie, à savoir, Camtel, Orange Cameroun et Mtn Cameroun. Une soixantaine de sociétés disposent de titres d’exploitation similaires au Cameroun. Cette activité consiste à acheter du trafic en gros, en marque blanche et à le commercialiser au grand public sous enseigne ou appellation commerciale personnalisée, ajoute Jean Louis Beh Mengue. Avant de dévoiler le vrai visage d’Eto’o Telecom. Aussi, du fait que les activités d’Eto’o Telecom s’appuient sur les réseaux des opérateurs concessionnaires de téléphonie suscités, il s’agit bien de la revente de trafic téléphonique et non de l’établissement et/ou l’exploitation d’un nouveau réseau de téléphonie mobile, conclut Jean Louis Beh Mengue.
Conférence de presse d’Eto’o Telecom
Les précisions de l’ART sont donc claires. Eto’o Telecom n’est pas un 3e opérateur du mobile, mais plutôt un revendeur de crédit. Contrairement à ce qu’a laissé entendre l’administrateur directeur général (ADG) le 22 décembre 2011, à Douala. Au cours de la conférence de presse de présentation de la marque Set Mobile ce jour-là, Charles Gueret est allé droit au but. Sur la question de savoir si Eto’o Telecom fera dans le mobile, le Français, qui a d’ailleurs travaillé pour le groupe France Telecom au Togo, s’est voulu direct. On sera opérateur de téléphonie mobile au même titre qu’Orange et MTN, a réagi Charles Gueret. Au Cameroun, plusieurs personnes ont encore les puces des deux opérateurs. Cela veut dire qu’elles ne sont pas totalement satisfaites. Donc, notre entreprise va miser sur la qualité, et se distinguera par des tarifs avantageux et une gamme de terminaux accessibles à tous, a-t-il ajouté. Autant de déclarations qui ont sans doute amené plusieurs Camerounais à acheter la puce Set Mobile. En effet, on parle d’un peu plus de 50.000 dont les propriétaires n’attendent que leur activation prévue ce 21 janvier 2011. Donc, la semaine prochaine. Avec l’assaut lancé par l’Art l’engouement restera le même? Personne ne peut se hasarder sur ce sentier pour l’instant. Après cette sortie musclée du régulateur. Des sources généralement bien informées, cette sortie vise à éviter des soucis à l’ART et même au ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel). L’Art a divulgué ce communiqué parce que les différentes communications d’Eto’o Telecom font état de ce que la société est un 3e opérateur du mobile. Ce qui n’est pas le cas, confie un cadre du ministère des Postes et télécommunications (Minpostel). La société a demandé une licence pour travailler en tant qu’un opérateur virtuel. Il se trouve que les textes sont encore en signature à la présidence de la République. Mais, pour lui permettre de travailler, l’Art lui a remis un récépissé transitoire de déclaration et l’a mis dans le segment des revendeurs de crédit. Ce n’est pas le même cheminement pour un opérateur du mobile, poursuit notre source.
Eto’o Telecom va sous-traiter avec Orange
Cette dernière apprend ainsi que le processus est plus compliqué. Et demande une surface financière qui se conjugue en centaines de milliards de francs CFA. Pour le mobile, le dossier n’est plus au niveau du Minpostel, mais du président de la République qui signe un décret d’approbation. Et il faut au moins 50 milliards FCFA pour cela, précise notre informateur. Ce n’est pas tout. Après la licence qui absorbe déjà plusieurs milliards, il faut maintenant se tourner vers les équipements. C’est également une hydre à mille têtes. Au regard de la cherté des équipements. On apprend ainsi qu’un seul pylône à construire coûte au moins 125 millions FCFA hors taxes. Le Minpostel révèle qu’Orange Cameroun dispose de 900 dans tout le Cameroun, soit un peu plus de 81 milliards d’investissement. C’est sensiblement la même chose également pour Mtn Cameroun. C’est un domaine qui demande beaucoup de moyens et Eto’o ne peut pas s’en sortir, conclut notre informateur, en reprécisant la nature de l’activité d’Eto’o Telecom. L’opérateur virtuel n’est pas un opérateur mobile. Il n’a pas d’équipements, ainsi qu’un réseau propre. Il achète les minutes en gros et les revend à ses abonnés, insiste-t-il. On apprend ainsi que l’entreprise de l’attaquant camerounais va traiter avec Orange Cameroun, l’entreprise pour laquelle il a été longtemps ambassadeur. C’est donc le crédit de l’entreprise française qu’Eto’o Telecom va revendre dans un premier temps. Pour l’instant, aucune précision sur la revente du crédit des deux autres opérateurs. Encore moins sur la quote-part à gagner dans la revente du crédit. Cette quote-part sera-t-elle suffisante pour faire tourner une entreprise dont l’ambition se place au-delà des frontières? C’est la question fondamentale qui taraude les esprits des Camerounais.
