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Transport de l’énergie électrique: Basile Atangana Kouna viole la loi !

Par Jean Baudelaire Belengue, Secrétaire général adjoint du RACE Lundi dernier 1er décembre 2014, le gouvernement camerounais, à travers M.…

Par Jean Baudelaire Belengue, Secrétaire général adjoint du RACE

Lundi dernier 1er décembre 2014, le gouvernement camerounais, à travers M. Basile ATANGANA KOUNA (Ministre de l’Eau et de l’Energie), a signé un protocole d’accord avec la société chinoise TBEA Co. Ltd portant sur la construction de 02 nouvelles lignes de transport de l’énergie électrique dans les régions du Sud et du Centre. La première ligne de 225 kV sera construite entre Ebolowa et Kribi et la seconde de 90 kV entre Mbalmayo et Mekin.

Cette convention est une violation flagrante de la nouvelle loi N°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité. En effet, l’article 23 de ce texte législatif stipule clairement que : «Il est institué par la présente loi une société à capital public, gestionnaire du réseau de transport de l’électricité dont les missions, l’organisation et les modalités de fonctionnement sont fixées par décret du Président de la République».

En somme, après le rôle espiègle qu’il a joué dans le tour de passe-passe actionnarial entre le groupe AES et le fonds ACTIS, le MINEE Basile ATANGANA KOUNA persiste dans la mise en péril du secteur de l’électricité. Avec la signature de cet accord, le gouvernement de la République étale pour la énième fois au grand jour, son incohérence et son inconsistance en qui concerne la gouvernance de ce secteur névralgique de l’économie nationale.

Pourtant, à cause des énormes enjeux financiers inhérents à son exploitation et son incidence directe sur le prix du kWh appliqué aux consommateurs, le transport de l’énergie électrique est la pierre angulaire du secteur de l’électricité. C’est ainsi que, malgré la controverse ayant émaillé son adoption en 2011 – notamment avec l’intrusion de la Banque mondiale et du groupe AES dans sa formulation, le RACE et tous les observateurs du secteur avaient salué cette nouvelle loi. Pour nous, à défaut d’obtenir une renationalisation pure et simple de l’ensemble des activités du secteur, l’article 23 de cette loi donnait l’occasion à la puissance publique de reprendre la main sur ce dossier éminemment important. Certains avaient même vu en cette loi, une astuce pour l’Etat de contourner les contraintes juridiques d’une rupture sèche du contrat de concession du 18 juillet 2001.

C’était malheureusement sans compter avec l’inertie et l’immobilisme qui caractérisent les relais administratifs chargés de mettre en application les décisions structurelles cruciales, quand bien même elles concernent un secteur de souveraineté d’intérêt stratégique comme l’électricité.

Pour la gouverne de chacun, voici de façon synoptique ce qu’il faut retenir sur cette activité au Cameroun: de par sa nature fongible et consomptible l’électricité est un produit qui ne peut pas être stocké. Cela implique que lorsqu’elle est produite, elle doit être instantanément transportée, puis aussitôt consommée. De ce fait, la performance d’un réseau de transport se mesure par sa capacité à maintenir l’équilibre le plus proche possible entre la production et la consommation d’électricité. Au Cameroun, la quantité d’énergie produite et distribuée est considérablement réduite à cause des défaillances techniques endémiques du réseau de transport/distribution. Ce dysfonctionnement occasionne des pertes qui représentent près de 40% du prix du kWh payé par les consommateurs.

Par ailleurs, dans notre pays, la plupart des lignes de transport/distribution qui alimentent les consommateurs partent des postes sources HT et MT. D’après les données 2010 fournies par ENEO (anciennement AES/SONEL), pour transporter les 1022 Mégawatts de production électrique nationale, (environ 4 millions Mégawatts/heure), le réseau de transport/distribution comprend actuellement 480 km de lignes à 225 kV, 337 km de lignes à 110 kV et 1067 km de lignes à 90 kV, avec un périmètre de distribution reparti en quatre régions électriques (Littoral, Centre, Ouest et Nord) et composé de 11450 km de lignes de 5,5 à 33 kV et 11158 km de lignes de 220 à 380 kV. Tout ce maillage assure l’alimentation en électricité à plus de 800.000 abonnés dûment répertoriés dans les cahiers d’ENEO. Seulement, il se trouve que la plupart des lignes qui acheminent le flux énergétique des centrales de production jusqu’aux consommateurs sont vétustes, mal entretenues et saturées, ce qui engendre énormément de pertes techniques, perturbent l’approvisionnement et a un impact négatif sur le tarif de l’électricité. Malgré l’installation récente de 700 km de fibre optique et l’utilisation d’une nouvelle méthode de télégestion du flux énergétique dénommée SCADA, l’obsolescence de l’infrastructure de transport/distribution reste la principale cause des nombreuses avaries qui affectent le réseau et occasionnent les fameux délestages.

Compte tenu des conséquences insidieuses de cette réalité intangible sur les usagers de l’électricité, le Réseau Associatif des Consommateurs de l’Energie (RACE) dénonce les petits arrangements mesquins et récurrents de M. ATANGANA KOUNA avec les opérateurs privés étrangers. Nous demandons l’arrêt immédiat de la surenchère stérile dans l’attribution des concessions de production et exigeons l’accélération du processus de création de l’entité publique Grt (Gestionnaire du Réseau Transport), tel que prévu par l’article 23 de la loi N°2011/022 du 14 décembre 2011.

L’accès à l’énergie est un droit essentiel et inaliénable !

Fait à Douala, le 03 décembre 2014

Pour le Bureau Exécutif du RACE, Jean Baudelaire Belengue, Secrétaire général adjoint


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