Zaza : Conservatrice de tissus royaux et peintre

Pour la "princesse Fang", la conservation de ces étoffes est devenue un combat et un art! Isabelle Mendene Foe, épouse…

Pour la « princesse Fang », la conservation de ces étoffes est devenue un combat et un art!

Isabelle Mendene Foe, épouse Duval alias Zaza ou princesse Fang, est grande et belle avec des mensurations qui rappellent son passé de mannequin. Le présent de cette dame reconvertie dans l’art c’est le tissu. Cet objet précieux, créé de l’imaginaire africain et qui à travers motifs, dessins, couleurs et croquis racontent l’histoire des peuples, transmet des messages et surtout a créé dans le passé la différence sociale entre les hommes du pouvoir et le peuple. Le tissu africain qui s’installe dans la durée mais qui, sans être préservé se détruit emportant avec lui toute une histoire. La fragilité de la culture africaine c’est le caractère périssable de ses supports de communications : tissus, objets usuels et paroles.

Isabelle Mendene Foe est une révoltée de cet art. Elle est tombée sous le charme des tissus anciens et a décidé d’en être la gardienne. Les tissus précieux et royaux comme le ndop du Cameroun, le Kumba du Zaïre, le kente du royaume ashanti (Ghana), ou encore le ntshakkuba du Congo ont repris vie entre ses mains. Elle réalise des panneaux de décorations à base de ces tissus. Pour se battre contre la déperdition de ces toiles dans les pays d’où ils viennent, elle a créé à Paris une association pour la promotion de l’art et de la mode africaine. Salons, Expositions, foires, Vitrines, Zaza parcours le monde avec ses objets de luxe. Décoration de plan pour le cinéma aux Etats-Unis, décorations d’intérieures pour des hôtels à Paris, l’artiste continue à travailler, fait des recherches et se rend compte que de nombreux peintres occidentaux ont été inspirés par ces tissus.

Le déclic? Notre artiste en plus de la déclinaison ethnique de la décoration d’intérieur, s’est lancée dans la peinture. Le récent voyage du chef de l’état camerounais à l’Unesco à Paris a permis au Cameroun de se rendre compte que cette artiste était des leurs. Quand on lui parle du Cameroun et de cette possibilité d’entrevoir une exposition, Zaza répond « je n’attends que ça. Mais il faut que les conditions, notamment de sécurité soient remplies mais l’idée m’enchante énormément ». Très peu connue au Cameroun, elle souhaiterait vivre un retour aux sources dans des conditions acceptables pour une artiste de son gabarit.
Nous sommes bien loin de ce 2 juin 1999 où Zaza exposait la première fois au press club de Paris, parrainée par Hervé Bourges, alors directeur du Csa. Il rappelait à ce propos: »c’est par les artistes et les artisans que se joue aujourd’hui la grande revanche culturelle de l’Afrique ». Près de 10 ans sont passées et Zaza est devenue l’ambassadrice de l’hybride culturel dont nous fait part Cheick Hamidou Kane dans  » l’aventure ambiguë « . Aujourd’hui, on parlera de métissage. Voilà la raison pour laquelle, ces supports de communication à l’origine africaine s’intègrent parfaitement dans des décors occidentaux. Artistiquement!


Journal du Cameroun)/n