L’ancien secrétaire général de l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic) a rendu l’âme dans la nuit du 21 au 22 décembre 2024 à Yaoundé.
Un lion tombe. « Le Lion », comme il l’aimait se faire appeler au milieu de ses apprenants, sort de la forêt sacrée, tel qu’il est souvent annoncé à l’Ouest, sa région d’origine, en pareilles circonstances, parlant du roi. Lion, il l’était par le caractère robuste de son physique. Il s’imposait devant quiconque avec force et énergie, cumulées au fil des exercices de judo. Lion, il l’était aussi dans son regard. Le caractère fauve apparaissait au fond de ses yeux étincelants lorsqu’il lui arrivait de menacer. Il savait remettre sur les rails ceux qui, à dessein ou par ignorance, sortaient du cadre aménagé. Ce qui lui a permis de recadrer nombre d’étudiants.
Un maître des amphithéâtres tire sa révérence. Jean François Nguegan entre à l’Esstic après des études de droit public. Il termine la formation initiale, s’en va exercer sur le terrain avant de poursuivre ses études dans le domaine des sciences de l’information et de la communication jusqu’à l’obtention d’un doctorat. Il tiendra les jeunes en qualité d’assistant, puis comme chargé de cours, enfin comme maître de conférences, enseignant émérite.
De l’étudiant à l’enseignant, il évoluera aux côtés de ceux qu’il appelait « grands maîtres » : le Pr Laurent Charles Boyomo Assala, le Pr Paul Célestin Ndembiyembe, etc. Au sein de la même institution, il occupera des postes de chef de département radio, de secrétaire général. Il aura marqué des générations d’étudiants par sa façon de dispenser le savoir avec rigueur, tempérance, bonne humeur, humanisme, et surtout par des conseils d’un père à ses enfants. Toutes qualités qui ont amené les étudiants de la 48è promotion de journalisme à le choisir comme parrain.
Une voix de la radio s’éteint. La signature Jean François Nguegan est connue au sein de la CRTV. Il y a fait ses preuves en qualité de reporter avant se voir confié de nombreuses responsabilités dont celle de rédacteur en chef de Crtv FM94. A ses étudiants, il contait ses 20 ans de passion de journaliste à la suite du président de la République. Voix unique, distinguable par la diction, elle se reconnaissait aussi par l’insistance particulière sur la phonétique des voyelles et des syllabes. Dans l’exercice du métier, il a été au contact de plusieurs peuples du Cameroun. Il pouvait ainsi s’exprimer en plusieurs langues nationales. Depuis l’annonce de son décès, ses étudiants lui rendent hommage.