Samuel Dieudonné Ivaha Diboua met en garde le promoteur de la chaîne de télévision Equinoxe, Sévérin Tchounkeu, contre l’ « incitation répétée à la révolte populaire ».
Le ton est martial, le style menaçant et la démarche argumentative. « Je vous mets de ce fait en garde contre toute récidive face à laquelle sera appliquée la loi dans toute sa rigueur car, lorsque le seuil de la provocation atteint l’intolérable, la liberté d’expression perd tout son sens », ainsi lance le gouverneur de la région du Littoral au promoteur de la chaîne Equinoxe télévision.
En effet, depuis le 28 février 2022, le torchon brûle entre le patron de la circonscription administrative régionale Samuel Dieudonné Ivaha Diboua et le patron de la chaîne bleue Sévérin Tchounkeu.
En effet, la plus haute autorité administrative de la région accuse Equinoxe Tv de s’illustrer « par une ligne éditoriale outrancièrement belliqueuse ». Et ce depuis des années.
Selon lui, par le biais de certaines productions, le média privé d’informations générales « s’active avec véhémence dans l’apologie de la violence et de la déstabilisation, qui consiste à présenter ou à commenter les faits très souvent malicieusement déformés, avec un cynisme déconcertant, en vue d’attirer des passions, dans l’espoir de susciter une révolte contre les institutions républicaines ».
Les derniers faits illustratifs remontent au dernier jour du mois de février 2022. Le représentant du chef de l’Etat et du gouvernement dans la région invoque une édition de l’émission « Droit de réponse », diffusée le 28 février 2022.
Au cours de ce programme, « l’un de vos panelistes, au terme d’une analyse incongrue, a clairement appelé les parents et les élèves à rejoindre le mouvement d’humeur des enseignants, l’objectif étant d’obstruer les efforts du gouvernement dans la recherche d’une issue heureuse à la crise », rappelle le gouverneur, qui détaille que cet appel a « même eu l’effronterie de s’inspirer des manifestations de 2016 ayant débouché sur la crise sécuritaire » des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Cette mise en garde bien que n’ayant pas précisé ce qui arriverait à la chaîne en cas de récidive, vise sans doute des sanctions administratives qui relèvent de la compétence de ministère de l’Administration territoriale. Il s’agit de la suspension, de la fermeture ou du retrait de l’autorisation de fonctionner, à la chaîne qualifiée de plus suivie par les Camerounais parmi la trentaine de chaînes à capitaux privés.
A noter qu’au Cameroun, en raison des coûts élevés liés à l’exploitation, la majorité de chaînes de télévision tourne grâce à la tolérance administrative. Du coup, leur fonctionnement ne tient qu’à un fil. L’on se rappelle qu’en mars 2020, le ministre Paul Atanga Nji a mis en garde certains médias dont Equinoxe Tv en les traitant de « radios de mille collines » et leur rappelant le proverbe « celui qui vend les œufs ne cherche pas la bagarre ».