Au-delà du satisfécit quasi général sur des aspects tels que la qualité de l’accueil et des infrastructures, tout n’a pas été rose dans l’organisation du sixième Championnat d’Afrique des nations (Chan) 2020.
La sixième édition du Chan a connu de nombreux manquements imputables au Comité d’organisation présidé par le ministre Mouelle Kombi Narcisse. Le premier couac qui a valu un blâme et une amende de 50 000 dollars au Cameroun est l’envahissement de l’air de jeu par les supporters après le match des Lions A’ contre la RDC (1-2) à Japoma à Douala. Une déconvenue causée par l’insuffisance des stadiers qui doivent assurer la sécurité dans le stade.
Le Cameroun qui connait généralement des délestages a été rattrapé par ce phénomène durant la compétition. D’abord à l’occasion de la deuxième journée du groupe D lors de la rencontre Namibie-Tanzanie. On jouait la 70e minute lorsqu’un pylône électrique s’est éteint. Entre deux matchs à Douala, une coupure d’énergie a plongé toute la ville dans le noir. Et lors du match Cameroun – Maroc à Limbé, la partie a démarré avec une faible luminosité suite à un délestage et l’incapacité des générateurs d’assurer efficacement le relais. D’où l’extinction d’un pylône et le dysfonctionnement des appareils de sonorisation.
La billetterie a surpris plus d’un amoureux de foot durant ce Chan. Aucune information sur le nombre réel de tickets émis pour les matchs, Parmi les points de vente, les stations-service Total avaient été mentionnées. Or, toutes ne commercialisaient pas les billets. Certains acheteurs ont dû faire la ronde à la recherche des tickets d’entrée au stade.
La communication compte aussi parmi les plus grands flops du tournoi. La commission dirigée par Abel Mbengué, a été aussi peu remarquée que ses affiches d’annonce du Chan. Pas de page Facebook dédiée, pas de Twitter consacré, ni moins de site internet. Cela ne s’était plus vu depuis plusieurs années. Le groupe de travail dirigé par l’ancien reporter de la radio nationale s’est peu soucié du sort des journalistes. Leur transport d’un site à un autre n’a que quelques fois pas été assuré. Les journalistes camerounais ont été laissés pour compte lors du match des Lions A’ à Limbé une zone en conflit sécuritaire. Si bien qu’un cameraman d’une télévision panafricaine a été brutalement agressé lors de son retour à Douala par des individus non-identifiés qui ont sérieusement endommagé son matériel de travail. Pourtant, plusieurs membres de la commission communication qui ont l’expérience des compétitions internationales savent qu’en pareilles circonstances, des navettes par bus ou avion sont systématiquement mises à la disposition de la presse pour couvrir le tournoi, et en assurer par ricochet la promotion.
La gestion des volontaires a fait grand bruit. Des jeunes présents dans les stades parfois six heures avant les matchs, autant que les journalistes, se sont régulièrement plaints de manquer de rafraichissement. Incapables d’entrer dans le stade avec d’autres bouteilles que celles du partenaire du tournoi la Société anonyme les brasseries du Cameroun (SABC). A côté de cela la remise des frais de transport à ces volontaires a presque toujours été précédée des mouvements d’humeur.
Sur le plan santé, la gestion de la pandémie du Covid-19 a connu son lot de polémiques. Le Cameroun accusé d’avoir trafiqué les tests Covid-19 de la RDC son adversaire de quarts de finale. La commission médicale de la CAF n’a pas cru devoir communiquer là-dessus, encore moins la commission médicale du Cocan qui avait certainement un mot à dire dans ce vent de récriminations, fondées ou pas, sur le pays organisateur.
Il faut dire que le pays organisateur renvoyait déjà des mauvais signaux dès le début de la compétition. En effet, la délivrance des badges d’accréditation s’est effectuée à quelques heures du coup d’envoi. Plus de 1000 personnes dans chaque site ont retiré ce précieux sésame dans une grande cacophonie ponctuée à Douala par une échauffourée entre hommes de médias et forces de l’ordre. Officiels de la CAF, journalistes, personnels de la Fédération camerounaise de football, du ministère des sports et d’ailleurs se marchaient dessus avec les volontaires et ramasseurs de balles. Tous devaient retirer leurs accréditations aux mêmes endroits, servis par une poignée de personnes qui ont vu leurs machines planter plusieurs fois sur le coup de la forte sollicitation.
Après le match d’ouverture Cameroun – Zimbabwe (1-0), la première conférence des entraineurs se déroule sans traducteur. Or, il s’agit d’un impératif dans les compétitions internationales. L’on apprend dans la foulée que l’absence de traducteur découle d’un mouvement de protestations des membres de ladite commission. Un membre est quasiment imploré de venir rattraper le tir au second match Mali – Burkina Faso (1-0).
Le ministre des Sports, président du Comité local d’organisation vient d’indiquer que l’heure est au bilan du Chan. Les bons et mauvais points de l’organisation doivent être en effet relevés afin que le pays réussisse pleinement la Coupe d’Afrique des nations qui sera plus contraignante avec 24 équipes en lice.