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Cameroun-agro-alimentaire : les applications de contrôle qualité sont en vogue dans les supermarchés

L’idée est de scanner les produits dans les grandes boutiques afin, d’en choisir ceux qui sont de bonne qualité à…

L’idée est de scanner les produits dans les grandes boutiques afin, d’en choisir ceux qui sont de bonne qualité à travers les informations recueillies.

Entre les rayons d’un supermarché à Yaoundé le 17 juin, Mélanie téléphone portable en main scanne divers produits disposés. Depuis qu’elle a découvert l’application Yuka, il y a six mois, elle est « accro ». Ce n’est pas tant la teneur en sucre ou en calories qui l’inquiète, elle n’a pas besoin de l’appli pour savoir que les « snacks » ne sont pas diététiques, mais les additifs chimiques. « En particulier ceux toujours autorisés au Cameroun alors qu’ils sont interdits en Europe. » Résultat : Mélanie a renoncé à de nombreux produits mal notés, notamment des cosmétiques, avec l’impression d’avoir « un peu repris la main » sur ses achats.

 

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Grâce à un système d’évaluation allant du rouge au vert (soit du mauvais à l’excellent) et de 0 à 100, l’application, qui revendique son absence de liens avec les marques, permet grâce à un scan de code-barre de connaître les qualités nutritionnelles d’un produit ou de repérer s’il contient des additifs controversés. Pour la jeune dame, ces dernières années, plusieurs affaires ayant trait à la sécurité alimentaire ont eu un fort retentissement au Cameroun. Elle se souvient notamment du décès dans son quartier d’un enfant de trois ans après avoir consommé une compote importée. « En scannant, on a accès d’une certaine façon à ce que les producteurs ne veulent pas nous dire », confie-t-elle.

Comme Mélanie, de nombreux clients aujourd’hui font usage de ces applications « qui changent la vie »  des consommateurs. Si Mélanie mise plus sur le contrôle qualité, Nadine elle, est à l’affût des meilleurs prix. L’application O’Solde sur son téléphone, l’aide à référencer les promotions dans différents supermarchés de la ville et lui permet ainsi de faire de petites économies. « Au Cameroun, tout est cher, on ne s’en sort pas. Il faut donc être rusé pour avoir de la nourriture à sa table chaque soir », affirme la jeune dame. La plateforme lui permet donc d’avoir des informations en temps réel sur les prix des produits disponibles. « Cela dépend des périodes aujourd’hui je peux avoir du riz, des biscuits demain de l’huile, savons et autres lessives », déclare Nadine.

Pour la multitude de consommateurs séduit par ces applications, la prise de conscience dépasse le seul effet de mode : elle reflète une attention croissante aux failles de la réglementation camerounaise, généralement plus permissive que celle en vigueur en Europe. « Le succès de ces applis est lié à la crise de confiance vis-à-vis des industriels », soupçonnés de faire passer les profits avant la santé publique.

Une analyse confirmée par Olivier Tcheudon, professeur de marketing au sein d’un institut privé d’enseignement supérieur (IPES). « Le succès de ces applications est lié à la volonté des consommateurs de faire bouger les industriels et ainsi redonner le pouvoir aux consommateurs. Regardez l’appli Yuka par exemple est dotée d’une fonctionnalité qui permet d’interpeller directement sur la présence d’ingrédients classés à risque », affirme-t-il. L’utilisation de ces applis est d’ailleurs à l’origine de la baisse du chiffre d’affaire de certaines grandes surfaces dans la ville. Pour cet enseignant,  « plus on aura d’utilisateurs, plus leurs choix pourront influencer les industriels comme en France », espère-t-il.

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