Peut-on contrôler durablement un peuple et son président par la sorcellerie et la magie ?
«Avancer sans regarder en arrière, c’est arriver à moitié»
J’ai regardé avec un sourire en coin, un ministre problématique de la République, le ministre des routes en l’occurrence, dansé avec ferveur sous un soleil de plomb, au boulevard Ahmadou AHIDJO, avant l’ouverture du défilé du 20 mai 2023. Et comme beaucoup de Camerounais, j’ai dû me poser une question : qu’est-ce-qui pourrait bien motiver et justifier la liesse »individuelle » de ce ministre en une telle circonstance solennelle et nationale sérieuse, surtout quand l’on sait le lourd poids négatif et égoïste que sa gestion problématique fait peser intelligemment sur le budget de ce ministère et sur le développement du réseau routier du pays? Pour un ministre qui n’a pas officiellement la danse dans ses gènes, cela paraissait curieux et interrogateur.
Quel est la symbolique des ministres qui dansent ?
Ce cliché qui était tout aussi assimilable à la joie qui se lisait sur les visages de certains autres membres du Gouvernement, semblait contraster avec la mine renfrognée qu’arbore certains autres. On aurait dit qu’ils étaient au fait de quelque mauvais présage dont n’était peut-être pas au courant le ministre danseur.
Le plus important dans ce partage de clichés, est la différence d’humeurs perceptible chez ceux qui tiennent le pouvoir dans notre pays. Entre la liesse et l’inquiétude, il importe de s’appesantir sur l’assurance qui apparaît comme une trame commune à leurs reflets comportementaux. D’où tiennent-ils leur assurance? Ont-ils de bonnes raisons d’être aussi assurés et flegmatiques, dans un pays où tous les citoyens sont inquiets et perplexes sur les lendemains de leurs vies et de leurs devenirs?
Une raison irrationnelle…pour une explication rationnelle !*
Malgré toute la bonne volonté, aucun ou du moins très peu d’observateurs et d’analystes de la scène politique Camerounaise ne pourraient trouver des raisons elles-mêmes objectives, pour justifier *la liesse, l’allégresse, la joie et l’agitation effervescente des membres du gouvernement* d’un pays où tout stagne, rien ne marche; *un pays où le Peuple est visiblement en asphyxie létale et terminale, pendant que les gouvernants longévités vont et se vantent impunément de scandale en scandale.
Il n’y a qu’une raison irrationnelle qui puisse expliquer de manière rationnelle cet état de fait. Le Cameroun est sous un plomb et un étau mystique artificiel. Aucune autre raison valable.
Le Cameroun a-t-il cessé d’être un pays normal ?
Quelques signes évidents pour le démontrer. Le Peuple souffre et dépérit continuellement et graduellement depuis trois(3) décennies, mais ne se soulève jamais. Après les périodes de braise de 1991-1992 qui ont d’ailleurs été les dernières, il y a comme une chape de plomb qui aura été jetée comme un mauvais sort sur la conscience populaire.
Ni les *coupes multiples de salaires* de 1990, 1992 et 1994 (du fait de la dévaluation), ni les *éternelles promesses de campagne* (grandes ambitions, grandes réalisations, grandes opportunités) non tenues, ni *les scandales effrénés et à répétition , ni les crimes économiques* toujours plus nombreux et spectaculaires, ni *l’impunité endémique* etc. n’ont pu réveiller le Peuple Camerounais de ce sommeil. Même *les »émeutes de la faim »* de février 2008, malgré leur caractère artificiel et politiquement spécieux, n’ont pu lever le Peuple, à défaut de réfréner les ardeurs malfaisantes de nos dirigeants.
Et pourtant, tous ces ingrédients réunis auraient suffi dans un pays normal, à provoquer une véritable révolution populaire. Est-ce donc à dire que le Cameroun n’est pas un pays normal ? Si oui, quand a-t-il cessé d’être un pays normal ? Quels sont les élixirs et les potions qui auraient été utilisés pour le travestir?
Au-delà de la peur du gendarme!*
La peur du gendarme, de l’armée ou de la police, suffit-elle à justifier *cet amorphisme du Peuple Camerounais qui est déjà presque devenu une référence et une curiosité en Afrique* ? La réponse est négative. Le sang du peuple Camerounais n’est pas moins bouillonnant que celui du peuple malien, sénégalais, ivoirien, centrafricain, tchadien, soudanais, burkinabè, guinéen etc. Il faut chercher ailleurs.
Opposition morte…!*
Même au sein de l’Opposition, l’endormissement est acté. Tous les leaders historiques ont été retournés, pour certains dans la tombe, pour d’autres dans leur vie. Citons principalement : EBOUA Samuel, Victor AYISSI MVODO, NI John FRU NDI, BELLO Bouba Maïgari, Anthar GASAGAÏ, Adamou NDAM NJOYA, etc.
Les moins honteux ont fait des revirements à 360° en se vendant corps et âme au pouvoir en place. Les plus honteux se sont installés dans les faux-semblants dans une attitude d’opposant-collaborateur du pouvoir en place. Et ces attitudes ont achevé d’assommer la volonté et d’anesthésier la conscience politique du Peuple.
Le pouvoir entre les mains des postiches!
Mais que s’est-il donc passé ? Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette situation ? En révisant dans nos acquis d’expérience, il apparaît plus ou moins clairement qu’une petite caste de ceux qui sont au pouvoir aurait mis la main sur les clés essentielles. Ils n’ont pas réussi à en ouvrir les portes destinées. Cela ne se pouvait pas, puisqu’ils n’en ont pas l’Onction. Mais le fait d’avoir introduit ces clés dans ces serrures sans en avoir l’Onction, a bloqué tout processus d’ouverture ou de rétractation. Ils ne peuvent accéder à la félicité du pouvoir éternel puisque les portes sont restées fermées malgré l’introduction des clés. Aucun »Oint » ou »Elu » ne pourrait accéder aux portes, puisque les clés sont détenues par des »postiches » et confisquées dans les serrures. *Le Peuple qui est derrière la porte ne peut accéder à la lumière du jour, car il reste enfermé par des mains souillées qui ont corrompu les clés et la porte.*
En langage facile, la porte du changement reste fermée parce que l’Élu au pouvoir aurait confié la clé du Cameroun à des individus pour des usages obscurs. Pour se maintenir au pouvoir et s’éviter les humeurs du Peuple, l’Élu actuel aurait donné autorité à certains de ses affidés pour agir » en ses lieu et place sur l’Esprit et l’Âme du Peuple et de la Nation. Du fait de cette confiance investie indûment en eux, ils ont perdu de vue le grade de celui qui les a élevés et l’intérêt de la Nation.
AHIDJO patriote malgré lui?
En effet, il faudrait le préciser, le Cameroun n’est pas un pays commun. La clé du Cameroun se donne »sur inspiration » d’une main à une autre. La Constitution et les élections ne sont que des faire-valoir. Pour nous en convaincre, au-delà des raisons historiques évoquées jusqu’à ce jour, rien n’explique pourquoi le Président Ahmadou AHIDJO avait refusé de céder le pouvoir à un autre Camerounais de son ère culturelle et géographique pour le confier à un autre, originaire d’ailleurs ».
Depuis1971 jusqu’ à son départ en 1982, il était étiqueté officiellement comme »rebelle » à la France qui continuait de désigner ses »préfets » en Afrique. Sont plus explicites encore à ce sujet, les affaires: Ernest OUANDIÉ (grippe avec la Gauche française de François Mitterrand), Camair, financement de l’ANC et condamnation de la politique d’apartheid en Afrique du Sud, grippe diplomatique avec la France suite à la construction du Palais des Congrès par la Chine en pleine guerre froide, opposition de la France sur la construction d’une raffinerie complète à Limbe, l’implication du Cameroun au côté de l’Algérie de Boumediene dans la revendication du Nouvel Ordre Economique 1972-1975, affaire du sabordage par la France de la Société Nationale des Investissements(SNI) 1977-1979, la longue attente d’audience du Président Camerounais en France en juillet 1981 après la prise de pouvoir de François Mitterrand depuis le 10 mai de la même année, etc.
Autant d’indices et bien d’autres qui réduisent suffisamment la thèse de l’influence extérieure sur le choix de son successeur. La preuve est que même au plus fort de ses regrets, le Président Ahmadou AHIDJO n’aura reçu aucun soutien de la France, encore moins son successeur lors du putsch manqué du 6 avril 1984.
Les faiblesses de BIYA ont travesti le Pouvoir suprême !*
Ce pouvoir que Paul BIYA a reçu »naturellement » et »gracieusement », il devra le remettre par les mêmes procédés. Contrairement à son prédécesseur, sa faiblesse, ses peurs et son impréparation l’auront contraint à ouvrir la mystique de ce pouvoir suprême dont il est l’unique détenteur, à certains de ses »amis », dans le but de l’aider à trouver les »voies » et »moyens » de l’y maintenir. Des recours ont ainsi été faits à de redoutables agences, cercles et pratiques mystiques et ésotériques, tant dans l’Eglise qu’en dehors.
BIYA ensorcelé…!*
Cette greffe a réussi. Le peuple s’est avachi. Le pouvoir en place s’est stabilisé et équilibré. Beaucoup de pontes au pouvoir et leurs aspirants, ce sont livrés corps et âmes à ces pratiques et dans ces cercles, pensant y trouver le Président et au besoin l’y confisquer. Ils sont devenus de grands ésotériques qui lisent leur Chef dans leurs boules de cristal. *Ils ont neutralisé mystiquement sa volonté d’agir* . Le Président ne peut donc plus rien faire qui aille à l’encontre de leurs intérêts. Ils en sont même arrivés au point de savoir qu’il n’allait pas traverser l’année 2022. Autrement dit qu’il n’aurait pas le temps physique pour les rattraper dans leurs malfaisances. D’où l’augmentation exponentielle des scandales et des crimes économiques ainsi que des luttes de pouvoir entre 2019 et 2022.
Entre sorcelleries blanche et noire!*
Ce qu’ils n’ont pas compris, c’est que *BIYA les a tous utilisés pour se maintenir au pouvoir. Ils ont cru qu’ils pouvaient former avec lui et sous son onction, un gang de brigands mystiques sur le dos et contre les intérêts des Camerounais et du Cameroun. Mais hélas. Depuis 2008, notamment avec la visite du Pape BENOÎT XVI, BIYA a opéré un revirement à la normalité du pouvoir, un retour aux sources ancestrales telluriques. Désormais, il connaît les gris-gris de ces cercles et pratiques qu’il méprise à présent.
Mais eux, ils continuent de se prendre au sérieux dans ces illusions. Désormais et ce *depuis sa prestation de serment en 2018, BIYA a entamé la marche lente vers Sa Sortie et sa Félicité. Eux, ils sont restés dans l’illusion d’un président enchaîné par leur complicité mystique, conditionné » par la peur de leurs »petites sorcelleries » blanches et noires. Très sûrs d’eux, ils se sont exprimés à travers la bouche d’un de leurs congénères et ami, lors d’un meeting d’un parti d’opposition à Bafoussam : »… ce sera en 2025 ou avant ».
Un nouveau BIYA nous est revenu des États-Unis !
Mais BIYA n’est pas mort en 2022. Il est toujours vivant en 2023. Peut-être le sera-t-il toujours au-delà de 2025? Qui sait ? Beaucoup n’ont même pas pu remarquer que c’est un autre Paul BIYA, physiquement différent, qui est rentré des États-Unis en fin décembre 2022, sortant du Sommet États-Unis-Afrique du 15 au 17 décembre 2022.
Une chose est claire. Sa longévité est devenue de plus en plus gênante pour eux et pour leurs projets. Beaucoup en sont presque arrivés à mettre en doute leurs certitudes mystiques.
Même BIYA croit connaître son successeur !
Et pourtant, il y a une chose que BIYA sait, mais que ses amis mystiques semblent refuser de comprendre : *la dévolution du pouvoir au Cameroun échappe même à son détenteur. BIYA partira du pouvoir et le cédera d’une manière étonnamment simple. Il le donnera à un individu dont lui-même ne comprendra pas la fortune. Mais ce sera celui-là. Et personne d’autre.
Lorsque le moment de passer la main sera venu, comme en 1982 et dans un espace-temps très bref, *tout s’arrêtera, le Prince entrera dans une transe, il dira et fera ce que l’Esprit et l’Âme du Cameroun lui dicteront*, puis, puis, puis…il fondra lui-même dans les mémoires. C’est bien cela qui était arrivé au Président Ahmadou AHIDJO entre le 04 et le 06 Novembre 1982. *L’hypnose ancestrale s’était dissipée qu’il était déjà trop tard* BIYA tenait désormais le pouvoir.
Personne n’échappera au châtiment !
Toute danse de jubilation est donc inconsciente, imprudente et vaine. Personne de ceux qui ont fait du mal aux Camerounais et au Cameroun sous BIYA, n’échappera. Le châtiment suprême et final commencera par lui et s’achèvera après lui.