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Cameroun : Anicet Ekane, l’homme qui refuse de rallier le pouvoir jusqu’à la fin

Figure historique de l’opposition camerounaise, Anicet Ekane meurt en prison le 1er décembre 2025, après 50 ans d’opposition. Journal du…

(Archives)

Figure historique de l’opposition camerounaise, Anicet Ekane meurt en prison le 1er décembre 2025, après 50 ans d’opposition. Journal du Cameroun retrace son parcours en présentant quelques points essentiels qui ont marqué sa vie politique.

Fin de parcours politique du vieux lion de 73 ans. Après avoir milité à des mouvements syndicaux dans la jeunesse, il a évolué au sein de l’UPC originelle dans les moments de la grande répression avant de créer son propre parti. Au contact des épreuves, Anicet Ekane s’est forgé un mental d’acier.

Suite à ses études primaires et secondaires faites au Cameroun, le jeune Georges Anicet Ekane s’envole pour la France. Il poursuit ses études supérieures jusqu’à l’obtention d’un diplôme en économie à l’Université de Lille 1 et à l’Ecole supérieure et d’administration des entreprises de Lille. Son arrivée en France est suivie par son intégration dans l’Union National des Etudiants Kamerunais (UNEK), un syndicat actif dans la communauté camerounaise du Nord de la France. Ce militantisme juvénile venait d’être activé au Cameroun. Le jeune homme a vécu le 15 janvier 1971 à Bafoussam, la fusillade de Ernest Ouandié, l’une des figures marquantes de l’UPC au Cameroun. Il était encore élève en terminale au Collège Alfred Saker de Douala. Il se trouvait à Bafoussam avec son collège pour disputer un match de football contre le Lycée de Bafoussam.

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Selon le récit de Shance Lion, étant encore en France, Georges Anicet Ekane adhère à l’Union des populations du Cameroun en 1973. Il y milite jusqu’à son retour au Cameroun en 1983, près d’un an après l’accès au pouvoir du président Paul Biya. Il mène une activité politique clandestine de l’UPC au pays. Fin 1989, il encadre le groupe de démocrates patriotes aux côtés de Me Yondo Black, une autre figure politique historique.

Son activité au sein de ce groupe lui coûte une interpellation, les membres de ce groupe avec, le 19 février 1990. Ils sont jugés par le tribunal militaire de Yaoundé et condamné en avril 1990. Le jugement du tribunal le condamne à quatre ans de prison ferme, à une amende de 20 millions, à l’obligation de payer les frais de tout le procès. Il écope aussi d’une déchéance de tous ses droits civiques. Six mois durant, il est détenu dans plusieurs maisons d’arrêt. Il séjourne à la Brigade mixte mobil du Cener, à la prison productive de Batouri, à la prison productive de Yokadouma, à la prison d’Edéa. A la faveur de la grâce présidentielle décidée le 14 août 1990, il recouvre la liberté.

Mais la prison, les tortures, la souffrance, le travail forcé n’ont fait qu’augmenter le courage et la témérité de l’homme. Il relance ses activités politiques. Le 03 mars 1991, il crée le MANIDEM avec d’autres membres du l’UPC. En décembre 1991, il est élu secrétaire national à la coordination et porte-parole de l’UPC-MANIDEM. Il est aussi membre-fondateur de la coordination nationale des partis politiques de l’opposition. Il est animateur de poids des villes mortes, animateur de la campagne présidentielle de l’Union pour le changement en octobre 1992. En 1995, le MANIDEM devient légal. Ekane refuse de rallier la majorité présidentielle. Il reste fidèle à l’idéologie de l’UPC. Il est investi par son parti à l’élection présidentielle d’octobre 2004 et d’octobre 2011.

En 2025, grâce à cette expérience politique de 50 ans, Anicet Ekane drible la majorité présidentielle, crée l’embrouille à la veille de la convocation du corps électoral. Puis contre toute attente, il fait une passe décisive à Maurice Kamto. Il a très tôt compris qu’il fallait mettre sur pied une stratégie et une tactique pour éviter une disqualification technique de la candidature de la principale figure de l’opposition en 2025.

« Nous trouvons totalement injuste, totalement antidémocratique que l’édition de 2025 se passe sans Kamto qui est l’une des figures importantes du microcosme politique. C’est pour cela que le parti a pris la décision que pour mettre tous les candidats sur la même ligne d’arrivée, et de départ, qu’on investisse Kamto », a déclaré Anicet Ekane dans un entretien accordé à Canal2international.

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