Le député Cavaye Yeguie Djibril, chef du bureau de Chambre, vient de créer un comité ad hoc dans le but de passer au peigne fin les comptes de l’institution parlementaire criblée de dettes.
D’année en année, la stabilité que l’opinion reconnaît à l’Assemblée nationale camerounaise amorce une courbe décroissante. Des crises successives perçues dans la gestion administrative, l’implication dénoncée de certains représentants de la nation dans des réseaux de trafic, la crise de la gestion financière en ce moment, voilà qui plombent l’image de l’institution. Le 07 août dernier, le président du bureau de Chambre a décidé de la création d’un comité chargé de l’évaluation administrative et financière de l’Assemblée nationale.
Placé sous la supervision d’un des six vice-présidents, le député Théophile Baoro, le comité devra au bout de l’évaluation, formuler des propositions en vue de remédier aux dysfonctionnements constatés. L’instance spéciale dispose d’un délai de trois semaines, jusqu’au 30 septembre prochain, pour rendre sa copie au président Cavaye Yeguie Djibril. Même si aucun autre détail n’apparaît dans cette décision, cette dernière laisse comprendre qu’il y a une question de fonds qui se pose et qui nécessite un traitement approfondi.
Aussi, à la lecture des données issues de certaines enquêtes médiatiques, l’Assemblée nationale dispose d’un budget de 29,6 milliards en 2023. L’enveloppe est en hausse d’un milliard par rapport à celle de 2022. Mais, l’institution court le risque d’arrêter les paiements dans les prochains jours. Sous réserve du rapport du comité mis sur pied, les caisses de l’institution seraient presque vides. Elle aurait consommé les ¾ de son budget annuel à ce jour. Le seul quart qui reste en caisse serait insuffisant pour couvrir les charges des trois mois restants sur l’exercice en cours. Ces charges vont des salaires et indemnités du personnel administratif et des élus, du fonctionnement de la Chambre, de l’organisation de la session parlementaire de novembre, etc.
Les causes pouvant justifier cette panne financière qui s’annonce se trouvent dans la gestion administrative et financière de la Chambre législative. Au cours des années 2012, 2022 et 2023, des questeurs ont estimé des dettes de l’institution à un montant de près de 22 milliards de FCFA. A cela s’ajoute un trou financier de près de trois milliards de FCFA au cours des exercices 2022 et 2023, expliquent nos confrères de Camerounweb.
Ces contrôleurs membres du bureau définitif de Chambre décrient des déviances telles l’usurpation de pouvoirs, des dérives dans l’attribution et l’exécution des marchés publics, le faux et l’usage de faux entre autres. Sont aussi dénoncés, des recrutements de près de 500 personnes en usant d’une fausse signature du président, l’augmentation de 50% des salaires des hauts cadres sans avis du bureau, révèle la même source.
Autant de dérives et de scandales qui ont amené le Cabinet du président à créer en avril dernier, une commission interne chargée de filtrer le courrier destiné au chef de Chambre. Le but étant de mettre fin aux réseaux parallèles qui font parvenir le courrier à signer auprès de Cavaye Yeguie Djibril, 83 ans dont 31 au perchoir.
Des pratiques devenues courantes, faisant « le lit des accords ou visas douteux et inauthentiques », précisait la note. La décision faisait davantage peser des soupçons de mal gouvernance au sein de l’Assemblée. Ces soupçons sont nés depuis le licenciement le 12 février 2022 de l’ancien secrétaire général de l’institution, Gaston Komba.