De nombreux acteurs politiques et assimilés jettent un regard analytique sur le conflit qui oppose le ministère des Sports et la Fédération camerounaise de football. Presque tous dévoilent des enjeux politiques derrière cette bataille qui enfonce le football camerounais.
Des responsables de partis politiques, observateurs ou encore des spécialistes des sciences politiques observent un glissement du terrain sportif à la sphère politique. Comme dans les gradins des stades, ils commentent le match qui oppose le gouvernement à la Fédération camerounaise de football depuis bientôt deux mois sous l’angle de la politisation. Invités des débats sur les plateaux de télévision le dimanche 02 juin, des panélistes ont croisé le verbe.
Celestin Djamen, président de l’Alliance patriotique et républicaine (APAR), soutien de Samuel Eto’o, pense que la Fécafoot est victime de la notoriété nationale et internationale de son président. Sa personnalité selon lui, est le seul problème de ses adversaires.
« Il y a autour de tout cela la personnalité de Samuel Eto’o. Samuel Eto’o, il l’a dit sur plusieurs chaines de télévision, n’a pas d’intentions présidentielles. On les lui prête. Il n’a aucune intention présidentielle. Malgré ses mises au point, on continue à lui prêter ces intensions-là. Et même s’il les avait, c’est un citoyen camerounais. Président de la Fecafoot, il aurait parfaitement l’aloi s’il remplit les conditions, d’être candidat à la présidentielle. Je pense que la popularité et sa notoriété à la fois nationale et à l’internationale font peur à certaines personnes. Mais il n’y a pas de peur à avoir quand on a des convictions républicaines et démocratiques, on va au choc, on va à la compétition », a déclaré l’homme politique à Club d’Elite du 2 juin 2024 sur Vision 4 télévision.
Au cours du même programme télévisé, Raymond Njiya, un autre homme politique, a exprimé sa désolation face à la manifestation de la division au sein de l’équipe gouvernementale. « C’est une situation de honte qui a entraîné l’Etat dans la rue. C’est une honte pour la République. C’est la preuve qu’on ne peut plus parler de l’équipe gouvernementale. Le gouvernement est émietté. Et c’est d’autant plus grave que les hautes instructions partent du secrétariat général de la présidence sans passer par le chef du gouvernement. C’est dire que le Secrétaire général de la présidence est en même temps ministre d’Etat et Premier ministre », a-t-il décrié.
Par ailleurs, au cours de l’émission Libre Expression sur Info TV, le professeur Eric Mathias Owona Nguini a identifié trois lignes de politisation de cette crise. La première ligne est d’entretenir un climat de défiance dont la finalité est la désobéissance civile. « Parce que si vous niez le principe des hautes instructions, vous retirez à un pouvoir politique présidentielle ce qu’on appelle la prérogative. Vous dites en termes simples qu’il n’y a plus de président de la République. Vous dites que le SGPR fabrique les hautes instructions ».
Comme deuxième ligne, l’enseignant d’université soutient qu’il y a des intérêts qui visent à faire déborder cette affaire. Le but est que la crise sectorielle qui se joue dans le monde du football devienne une crise générale. « Parce que quand vous dites qu’il n’y a plus de hautes instructions, il n’y a plus de tête. S’il n’y a plus de tête, il y a une sorte de power vacuum. Il s’il y power vacuum, il y a une crise. Et s’il y a une crise il faut mettre des dispositions de crise en place ».
Le vice-recteur range en troisième ligne des manœuvres politiques se situant à l’intérieur de la fédération. « Il est clair qu’à l’intérieur de la fédération, il y a des manœuvres qui ne relèvent pas simplement du football. Ce sont des manœuvres qui visent à avoir un impact sur la dynamique politique générale. Il y a des agents qui sont dans l’espace du football et dans l’espace politique ». Ils agissent en prévision de l’élection présidentielle d’octobre 2025.