Le président du Front pour le salut national du Cameroun s’interroge sur les objectifs de cette interdiction ordonnée depuis sommet de l’Etat.
Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), n’a pas pu sortir du pays le 31 juillet 2025 pour aller se recueillir sur la tombe d’Ahmadou Ahidjo, premier président du Cameroun, dont la dépouille repose au Sénégal. Il a été stoppé net à l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen. Il a été « arbitrairement empêché d’embarquer par décision d’un commissaire affirmant agir sur instruction directe e la présidence de la République », a-t-il déclaré.
Son intention, affirme-t-il, était de rendre hommage aux pères fondateurs de la nation. Ce, pour « tous les sacrifices qu’ils ont consentis afin que notre pays recouvre sa liberté, sa dignité et son indépendance ». L’ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnel dénonce cette interdiction « grave » de quitter Yaoundé et considère la décision comme un moyen d’empêcher le peuple de respirer. Pour lui, c’est la preuve que le système gouvernant redoute la vérité et craint la transition. Il dit être persécuté comme tout bon candidat qui incarne la transition.
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Autorisation préalable du président Paul Biya
À la suite de cette déclaration, un communiqué attribué à Aminatou Ahidjo, fille de l’ancien président et membre du Rdpc parti au pouvoir, dénonce « l’escroquerie politique et morale ». Selon elle, Issa Tchiroma Bakary n’a jamais daigné présenter ses condoléances à la famille Ahidjo éprouvée par de nombreux décès. Elle dénonce aussi « les mensonges d’un homme politique qui veut ignorer sciemment les règles établies au Cameroun s’agissant des mouvements des nouveaux et anciens ministres, qui doivent requérir l’autorisation de monsieur le Président de la République avant toute sortie à l’étranger.
Indignation au sein de l’opposition
Cependant, au sein de l’opposition, des leaders réagissent. Me Akere Muna, candidat du parti UNIVERS à l’élection présidentielle exprime sa « vive condamnation » et sa « profonde inquiétude. « Tchiroma s’est vu refuser l’embarquement sans aucune notification formelle ni document justificatif. Il lui a simplement été signifié verbalement qu’il devait obtenir l’autorisation de la présidence de la République ». L’avocat international soutient que cette « mesure arbitraire » constitue une violation des droits fondamentaux de M. Tchiroma, sa liberté de circulation en l’occurrence. Il y voit aussi des signes de confusion et de panique du gouvernement à l’approche de l’élection.
Le député Jean Michel Nintcheu, coordonnateur par intérim de l’APC, alliance qui soutient la candidature de Maurice Kamto, trouve « cet acte liberticide », « illégal et inacceptable ». Selon lui, « il marque une nouvelle étape dans la dérive totalitaire d’un régime aux abois, incapable de se réformer, mais toujours prompt à réprimer ». L’opposant soutient aussi que interdire un citoyen de « circuler librement sans motif valable ni procédure régulière », c’est piétiner les libertés.
Tout ceci arrive alors que Issa Tchiroma Bakary ayant démissionné du gouvernement, a rendu son passeport diplomatique. Il a quitté la résidence gouvernementale. Sa candidature a été retenue par le Conseil électoral pour le scrutin du 12 octobre 2025.