Sous-programme avec le Fonds monétaire international (FMI), le Cameroun a déjà injecté plus de 120 milliards de F dans le soutien des prix des produits pétroliers à la pompe cette année.
Le FMI s’oppose aux subventions de l’Etat du Cameroun qui ne cesse d’injecter de l’argent pour maintenir le prix du carburant à la pompe. Une situation qui courrouce au plus haut point le FMI en ce sens qu’il voit une grande partie des efforts du Cameroun s’orienter vers le financement de ce que consomment les populations. Aussi l’institution de Bretton Woods donne-t-il jusqu’en fin d’année aux autorités afin d’afficher la vérité des prix dans les essenceries si elles ne souhaitent pas assister au gel de la validation des différentes revues du programme triennal en cours.
L’équipe de mission du Fonds monétaire international en séjour au Cameroun dans le cadre de la revue des accords au titre de la facilité élargie de crédit et du mécanisme élargi de crédit séjournent dans le pays. Celles-ci ont eu des entretiens avec les autorités dont le Premier Ministre, le secrétaire général de la Présidence de la République, le ministre de l’Economie ainsi que le ministre des Finances.
«Le FMI ne s’embarrasse pas de diplomatie pour faire savoir au gouvernement que les subventions actuelles plombent la réalisation et l’atteinte des objectifs qu’il se fixe et surtout l’évolution sereine du programme économique et financier qu’il a conclu en juillet 2021 et qui va lui permettre de capter d’importants appuis budgétaires. Si la courbe que l’on observe actuellement évolue à la vitesse des quatre derniers mois, la facture pourrait être plus insoutenable en fin d’année», explique un responsable proche du dossier.
A en croire Ecomatin, si la résilience du pays face aux chocs exogènes est saluée par les experts de Washington, reste que les cadres de l’institution ne cachent pas leurs préoccupations face à la montée des subventions des carburants à la pompe. En effet, entre février et fin mai, en raison de la guerre en Ukraine et de la remontée des cours du brut sur le marché mondial, le Cameroun, importateur net de produits pétroliers, est obligé de soutenir les prix à la pompe. Ce qui a déjà englouti plus de 120 milliards F en quatre mois.
Au niveau international, le prix du pétrole a connu une hausse considérable. Certains pays, pour faire face à cet environnement conjoncturel, ont également augmenté les prix à la pompe. « Quand la situation est difficile, on fait les choix », a indiqué le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, devant les députés lors des discussions du projet de loi portant ratification de l’Ordonnance du 02 juin 2022 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi du 16 décembre 2021 portant loi de finances pour l’exercice 2022. C’était hier à l’Assemblée nationale.
L’approche du gouvernement était, ni d’augmenter les impôts encore moins de contracter une nouvelle dette. « Nous avons fait des évaluations au niveau du ministère. Elles ont montré que c’est en moyenne 500 milliards de Fcfa qu’il faut prévoir pour que les camerounais continuent de payer le prix actuel. Certains pays ont augmenté comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire », a souligné le Minfi. Une hausse considérable de la subvention. Pour trouver ces ressources, les budgets alloués à certaines administrations ont été revus à la baisse. Et jusqu’à quand, le Cameroun va résister à l’augmentation des prix du carburant à la pompe.