CAN 2019



EN CE MOMENT


Cameroun : Clarence Seedorf, chronique d’un échec annoncé

De sa nomination surprise, le 10 aout 2018, à ce mois de juillet 2019 en Egypte, le technicien néerlandais aura…

De sa nomination surprise, le 10 aout 2018, à ce mois de juillet 2019 en Egypte, le technicien néerlandais aura vécu 11 mois difficiles à la tête des Lions indomptables. Après ses échecs au Milan Ac (Italie), à Shenzhen Fc (Chine) et au Deportivo La Corogne (Espagne), il était absurde de penser qu’il viendra réussir au Cameroun comme sélectionneur.

Le soir de l’élimination du Cameroun par le Nigeria (2-3) en huitième de finale de la Can 2019, Joseph Antoine Bell, chroniqueur sur Rfi, a fait ce constat amer : « Cela fait un an, ou presque que Clarence Seedorf est là. On peut accepter un certain temps, afin que le coach mette en place son jeu, ses idées, ses joueurs.  J’estime que cette équipe ne montre pas grand-chose. Ce n’est vraiment pas très spectaculaire. C’est même lassant, il faut le dire. On dit souvent qu’une équipe ressemble à son entraineur. Si c’est le cas, il est mauvais ».

Comment est-on arrivé là ? A Ismaïlia, après trois matches de poule disputés dans le groupe F, Clarence Seedorf n’avait toujours pas trouvé la clé aux problèmes des Lions indomptables, malgré les 19 joueurs utilisés. Il faut dire que depuis le match nul (1-1) face aux Comores le 8 septembre 2018, à la défaite devant le Nigeria ce samedi 6 juin 2019, le sélectionneur du Cameroun a très peu été heureux dans ses choix. L’élimination face aux Supers Eagles en a donné une nouvelle preuve.

En football plus qu’ailleurs, il peut arriver que les joueurs passent à côté d’un match. Qu’une équipe entière soit dans un jour sans. Surtout quand il s’agit des pseudo stars dont l’amour de l’argent dépasse celui du maillot.

Mais vendredi dernier, les Lions ont été accompagnés dans la déroute par leur sélectionneur. Si l’élimination ne peut pas lui être totalement imputable, elle l’est en grande partie. A l’heure de jeu, pendant que le Cameroun dominait le Nigeria (2-1), il choisit de remplacer Georges Mandjeck, par Zambo Anguissa. Deux joueurs aux caractéristiques bien différents. C’est pourtant connu de tous bons observateurs du football, si le demi-défensif de Maccabi Haifa sait seulement barrer, le milieu relayeur de Fulham n’excelle pas dans la récupération.

Le coaching perdant

Ce changement va déséquilibrer l’équilibre défensif des Lions qui vont encaisser deux buts coup sur coup. Pis, le Cameroun va terminer le match avec quatre attaquants non complémentaires : (Choupo-Moting, Jacques Zoua, Toko Ekambi et Stéphane Bahoken). Conséquence, ils ne se sont créé aucune occasion franche. Seedorf n’a pas compris que son équipe souffrait plutôt dans la transmission milieu-attaque.

Le coaching perdant de Seedorf s’illustre davantage dans ses tâtonnements permanents. Lors du premier match face à la modeste formation de Guinée-Bissau (2-0), il a aligné son 4-3-3. Cela a bien fonctionné.  Contre le Ghana (0-0), contre toute attente, il a choisi comme système le 5-3-2, avec par prudence, deux rideaux défensifs sur les couloirs. Avec cinq changements dans le onze de départ, le résultat a été désastreux sur le plan du jeu.  Face au Bénin (0-0), il a de nouveau procédé à cinq changements dans son onze de départ, en optant cette fois-ci pour un 4-4-2.

Pendant les éliminatoires, les victoires à Yaoundé devant les modestes Comoriens et Malawites, respectivement de 3-0 et 1-0 n’étaient qu’un leurre. En déplacement, face à ces mêmes équipes, le Cameroun n’a pu faire que des nuls 1-1 et 0-0. Chaque fois que le Cameroun a été confronté à une équipe de bon niveau, il a perdu : 2-0 devant le Maroc et 1-0, en match amical face au Brésil, le 21 novembre 2018.

Prisonnier d’un clan

Depuis que le Cameroun a perdu sa couronne en Egypte, l’avenir du patron technique des Lions fait débat au sein de l’opinion nationale. Certains en appellent à un limogeage immédiat, tandis que d’autres pensent qu’il est important de conserver le technicien néerlandais dans la tanière. A l’instar de Mathias Eric Owona Nguini, qui pense qu’il est nécessaire de laisser le coach des Lions indomptables « travailler en profondeur ».

Pour ce politologue féru de football, Seedorf, qui découvrait le métier de sélectionneur au Cameroun, n’a pas eu suffisamment de marge de manœuvre. Il est alors important d’après l’universitaire, que les pouvoirs publics et la Fecafoot l’aident à avoir une mainmise totale dans le choix des joueurs, afin qu’il mettre en place une équipe beaucoup plus compétitive en 2021.

Mathias Eric Owona Nguini est donc conscient du fait que Seedorf est prisonnier du clan qui l’a amené à diriger la sélection nationale. Pourra-t-il s’émanciper de ce clan ? En refusant à un de ses adjoints Jean Alain Boumsong de s’assoir sur « sa place » dans le bus ; en interdisant le préparateur physique Hervé Mbomé d’expliquer un schéma de jeu aux joueurs ou encore en refusant l’accès à certaines réunions à Salomon Olembé Olembé (team manager) et à Lucrèce Medou Djemba (team press), Clarence Seedorf a montré qu’il avait de l’envergure, mais son caractère ombrageux a divisé le staff.

Son inexpérience à ce poste et surtout son incapacité à proposer un jeu conquérant aux Lions devraient pousser les autorités en charge de notre football à prendre une sage décision, sur son avenir.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne