En rapport aux problèmes d’embouteillages inhérent dans les grandes villes du Cameroun, le sociologue estime que ce membre du gouvernement ne peut pas être si incompétent après tant d’années aux affaires.
JDC : Qu’est-ce qui à votre avis, peut justifier la recrudescence de l’insécurité pendant la période des fêtes ?
Pr Claude Abé : La période des fêtes est un moment potentiellement insécuritaire. Dans la mesure où, en principe dans l’imaginaire des individus beaucoup d’argent circulent. Les uns et les autres doivent faire baptiser et communier les enfants, organiser les arbres de noël et la fête de la Saint Sylvestre. Du coup, les criminels se disent, il y’a de l’argent qui circulent, il faut inventer des possibilités, de prendre notre part dans cet argent qui circule. Et donc de mon point de vue, les fêtes sont sources de l’insécurité et les individus eux-mêmes structurent l’insécurité par leurs comportements. Parce qu’ils pouvaient également organiser leurs activités longtemps avant et faire en sorte que le jour de la fête, que ce soit le moment de la fête.
Concernant les embouteillages : Comment faire pour avoir plus de fluidité de circulation dans les grandes villes du Cameroun
Vous me poser une question qui renvoie au ministre en charge des Travaux publics, qui de mon point de vue est incompétent. Vous ne pouvez pas être ministre des Travaux publics pendant si longtemps et un ministre de la ville n’est pas si incompétent. On ne sait pas comment il fonctionne pour que les voiries urbaines restent exactement les mêmes alors que la population évolue. Il ya ce décalage entre la démographie et les voies de circulation. Et cela est accentué pendant la période des fêtes. Deuxième élément, le ministre de la Ville ne prend aucune disposition pour qu’on essaye de circuler normalement. Pour ma part c’est des gens qui doivent démissionner.
La cause d’insalubrité dans nos grandes villes, notamment Yaoundé, est-il lié à un problème d’éducation ?
Non ce n’est pas juste l’éducation ! C’est vrai qu’il y’a un problème d’incivisme qui est lié à deux choses. L’absence d’éducation au civisme, il y’a des gens qui vivent dans la saleté et dans cette saleté ils ne sont pas émus par l’insalubrité. L’insalubrité est un milieu dans lequel ils prospèrent. Mais il y’a aussi, des gens qui en réalité ne vivent pas dans l’insalubrité mais qui choisissent l’insalubrité comme étant un terrain pour dénoncer la manière dont fonctionne notre société
Enfin sur la flambée des prix des produits de premières nécessités. Pensez-vous que le gouvernement a les moyens pour stopper ce phénomène ?
Il y’a des Bayam sellam grandeur nature qui estiment détenir les clés de l’économie au Cameroun alors qu’en fait, ils ne sont que des commerçants. Et ces commerçants organisent des ruptures d’un certain nombre de produits pour se faire davantage. La loi de l’offre et de la demande, de mon point de vue, le ministère du Commerce n’a même pas commencé à jouer son rôle. Je ne comprends pas, on est dans un pays où on ne régule pas les activités comme celle-là. Comment pouvez-vous penser que le prix de l’huile du Diamaor qui est de 1150 FCFA augmente jusqu’à 1800 dans nos agglomérations urbaines, ça veut dire qu’on est dans une arnaque bien organisée.
Interview réalisée par Pierre Tahingam