Le principal opposant du président Paul Biya, président sortant, l’homme politique Maurice Kamto a été débouté ce 05 août 2025 devant l’institution présidée par Clément Atangana. Le Conseil constitutionnel vient de confirmer le rejet de sa candidature.
La décision définitive et irrévocable tant redoutée par une bonne partie de l’opinion vient de tomber. Le Conseil constitutionnel a rejeté la candidature de Maurice Kamto au terme d’une audience qui s’est déroulée lundi 04 août et dont le délibéré a été renvoyé à ce mardi 05 août 2025. L’élection présidentielle du 12 octobre 2025 se fera sans Maurice Kamto, ancien président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, militant du MANIDEM. Il a été déclaré non fondé dans sa requête.
Sa requête a été introduite le 28 août dernier contre Elections Cameroon (Elecam), l’organe chargé des élections et le ministère de l’Administration territoriale (Minat). Elle portait sur la constatation de l’annulation de la résolution du Conseil électoral du 26 juillet portant rejet des candidatures à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Selon le Conseil électoral, la candidature de l’ancien président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun a été rejetée pour « pluralité d’investiture du MANIDEM ».
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Une faction du parti qui l’a investi a déposé une autre candidature, celle de Dieudonné Yebga, à la direction générale des élections. Ce concurrent de Maurice Kamto issu du MANIDEM a initié une autre requête ciblant les mêmes acteurs (Elecam et Minat) pour contester la résolution du Conseil électoral rejetant sa candidature. Lors de l’audience lundi, le conseil a opéré une jonction des deux requêtes pour statuer. Bien que les conseils de Maurice Kamto s’y sont opposés, la juridiction a maintenu la décision. Les requêtes ont été examinées ensemble. Le verdict aussi a été rendu au même moment. Aucun des deux candidats n’a été retenu.
Audience sous haute sécurité les 04 et 05 août 2025
L’audience a drainé des centaines de Camerounais au palais des congrès de Yaoundé, siège du Conseil constitutionnel le 04 août 2025. Malgré les dispositions sécuritaires prises pour filtrer les deux principales entrées dudit palais, certains curieux ont accédé au site, tandis que d’autres ont attendu le verdict du Conseil constitutionnel étant hors de l’enceinte du palais. Les forces de sécurité ont investi les entrées du palais ainsi que les alentours. Elles ont quadrillé la zone et ont tiré des gaz lacrymogènes la veille pour disperser des habitants de la ville venus assister à l’audience et n’ayant eu la possibilité d’accéder au palais. Certains habitants dont les membres du MRC, ancien parti de Maurice Kamto, ont été arrêtés et conduit dans des commissariats, alors qu’ils tentaient d’accéder au site de l’audience bien qu’ayant été interdits de le faire. La sécurisation du site s’est étendue à la ville. Les grands carrefours de la ville aussi ont connu la présence permanente des gendarmes et des policiers. Au rond-point de la Poste centrale, des camions anti-émeutes ont été stationnés.
D’autres mesures prises pour la sécurisation de l’audience ont concerné la retransmission en directe à travers les médias. Ni les médias publics ni les médias privés n’ont reçu l’autorisation de diffuser les audiences en direct. Naja TV qui avait lancé la retransmission en direct sur Facebook de l’audience relative à l’affaire Léon Theiller Onana contre Elecam, le RDPC et le Minat, a été sommée d’arrêter la diffusion. Le journaliste Brand Kamga a été auditionné avant d’être conduit à l’extérieur du palais des congrès.
Les germes de l’échec de Maurice Kamto
Investi par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun à l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, Maurice Kamto a été déclaré 2è à l’issue du scrutin, avec 14% des voix derrière le président Paul Biya. Le président national du MRC a engagé la contestation des résultats et l’annulation su scrutin devant le Conseil constitutionnel. Après être débouté devant le juge de la régularité du scrutin, il a poursuivi avec les militants de son parti, la contestation sous le slogan « non au hold-up électoral » à travers des marches dites pacifiques. Lesquelles ont été la cause de l’interpellation, le jugement et l’emprisonnement de nombreux militants.
À la suite de cette série noire, le MRC a boycotté les élections législatives et municipales du 09 février 2020. Or, celles-ci allaient permettre au parti d’occuper des sièges soit à l’Assemblée nationale, soit dans les conseils municipaux. Ce boycott constitue le premier signe d’échec de la candidature de Maurice Kamto, le code électoral en son article 121 alinéa 1 exige au parti qui investit un candidat d’être représenté, d’avoir un élu au moins. N’ayant pas participé aux élections en 2020, le MRC comptait sur les législatives et municipales prévues en février 2025.
Mais le 24 juillet 2024, une loi votée au Parlement au cours de la session parlementaire de juin 2024 est promulguée par le chef de l’Etat. Elle proroge le mandat des députés de 12 mois. Dans le même sens, un décret du président Paul Biya en date du 24 juillet 2024 a prorogé le mandat des conseillers municipaux du 25 février 2025 au 31 au 31 mai 2026. À cause des deux prorogations, le MRC ne pouvait pas déposer une candidature valide sans réunir 300 signatures des parlementaires, des conseillers municipaux, les conseillers régionaux, de chefs traditionnels de premier degré, ou de membres d’une chambre consulaire exigées par l’article 121 alinéa 2 du code électoral.
En voulant contourner cette exigence, Maurice Kamto a pris un chemin tortueux en empruntant le MANIDEM, un parti politique sujet à une crise de leadership dormante. Une fois investi par ce parti à la présidentielle par le camp de Anicet Ekane, Dieudonné Yebga a ressuscité la crise en déposant sa candidature. Le Conseil électoral rejette les deux candidatures au motif d’une « pluralité d’investiture ». Décision que le Conseil constitutionnel entérine ce 04 août 2025 malgré les plaidoiries des avocats : Maurice Kamto n’ira pas à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.