Les évêques réunis en conférence épiscopale dénoncent la disposition qui autorise l’avortement
Le communiqué final des évêques réunis la semaine dernière à Yaoundé vient clore le débat qui a eu cours depuis la ratification du protocole de Maputo par le président de la république. La province ecclésiastique de Douala par la voix du Cardinal Christian Tumi s’était indignée officiellement de cette décision. Pétitions, appels et communiqués de presse avaient été mis à contribution. L’Effort camerounais, magazine édité par Macacos y a consacré un dossier: Comment ne pas se préoccuper des continuelles atteintes à la vie, de la conception jusqu’à la mort naturelle ? De telles atteintes n’épargnent même pas des régions où la culture du respect de la vie est traditionnelle, comme en Afrique où on tente de banaliser subrepticement l’avortement par le protocole de Maputo, ainsi que par le plan d’action adopté par les ministres de la santé de l’union africaine. (Cf. L’Effort camerounais du 17 juin 2009).
Face aux sorties médiatiques du Cardinal, face à l’indignation sociale et compte tenu de la pression médiatique sur le sujet, l’archevêque métropolitain de Yaoundé, par ailleurs président de la conférence épiscopale du Cameroun, Mgr Tonye Mbakot, avait diffusé un communiqué qui rappelait que Les évêques du Cameroun, en tant que corps, ne se sont pas encore prononcés sur ce document: Que personne ne parle en leur nom.
Maintenant c’est fait
L’un des enjeux publics des travaux de la 34e assemblée plénière de la conférence épiscopale du Cameroun était de donner une position officielle pour mettre fin au grabuge. Et au fond, la réaction de l’église ne surprend personne. Les évêques du Cameroun condamnent le Protocole de Maputo en son article 14 et demandent aux fidèles et à tous les hommes de bonne volonté de s’engager pour le respect de la vie, depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle. Les évêques rappellent, par ailleurs, que le principe de l’article 14 du protocole de Maputo est contraire à la loi camerounaise, qui prohibe les interruptions volontaires de grossesse.
Adopté le 11 juillet 2003, lors du second sommet de l’Union africaine à Maputo, au Mozambique, le protocole exige des gouvernements africains l’élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des femmes en Afrique et la mise en uvre d’une politique d’égalité entre hommes et femmes. Ce protocole vient en complément de la Charte africaine, pour promouvoir les droits fondamentaux des femmes en Afrique et veiller à la protection de ces droits. Parmi ses dispositions figurent le droit à la vie, le droit à l’intégrité physique et à la sécurité des personnes, le droit de participer à la vie politique et aux processus de décision, le droit à l’héritage, le droit à la sécurité alimentaire et à un logement décent, la protection des femmes contre les pratiques traditionnelles dangereuses et la protection lors des situations de conflit armé. Sont également prévues des dispositions concernant l’accès à la justice et une protection égale devant la loi pour les femmes. C’est l’article XIV, intitulé « Droit à la santé et au contrôle des fonctions de reproduction » qui a créé la polémique. Il stipule qu’il faut protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du f tus.
