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Cameroun : Haman Mana rend hommage au journaliste Abodel Karimou

Le célèbre journaliste, directeur de publication du quotidien Le jour, rend public ce 30 décembre le texte d'hommage au "monument…

Le célèbre journaliste, directeur de publication du quotidien Le jour, rend public ce 30 décembre le texte d’hommage au « monument de la presse camerounaise » Abodel Karimou. Voici l’intégralité du texte.

« Nous sommes tous des enfants de Abodel
C’est en ces moments pendant lesquels on s’interroge sur les curseurs moraux et techniques du journalisme, que s’éteint celui qui au Cameroun fut l’un des ultimes gardiens du temple.
Le  » journalisme à l’ancienne » comme le disent les nouveaux Marchands du Temple aujourd’hui, goguenards et fiers de leurs transgressions et de leurs mélanges qu’ils enrobent des fumigènes du  » progrès » et de la tarte à la crème des Nouvelles Technologies de l’information et de la communication , tangue.
Abodel Karimou , depuis La Presse du Cameroun jusqu’à La Gazette, durant des heures où les  » Ordonnances de 62″ vous menaient en’ camp de réhabilitation civique » à Mantoum ou à Tcholliré, a fait le choix de rester sur l’ouvrage, pour dire comment son pays allait. Le choix du faits divers à fond la caisse à La Gazette, avec la succulente accroche  » La Gazette était là », procédait certainement de la manœuvre d’évitement, tout en gardant le cap : informer.
C’est Eugène Letenou, son contemporain, faits-diversier dans l’âme, qui, au jeune journaliste que j’étais à l’époque, alors que je parlais du faits divers en me pinçant le nez, me mettait en garde contre le mépris des gens, en me réveillant l’attention sur ce que racontent sur une société, et la qualité du Contrat Social, les mains courantes de police, les procès en comparution directe, la petite et la grande délinquance, … Abodel et sa Gazette ont raconté le Cameroun de ces années – là, en regardant par la fenêtre des maux de la société . Un choix de survie professionnelle, mais aussi pour assumer une citoyenneté dont la quête n’est toujours pas une évidence à ce jour.
Une grande rédaction, c’est aussi et toujours , un grand atelier de formation, dont se réclament les apprentis. Nous parlons ici d’un métier où comme dans les Forges, un maître doit  » toucher  » de sa main calleuse, l’apprenti. Pius Njawé, le plus célèbre d’entre-deux, a porté au loin, le feu sacré sorti des Forges de Abodel. Il aimait à souligner qu’il était entré chez Abodel comme  » garçon de courses « …Il y en a de plus modestes , et Camille Nelle n’est pas des moindres, qui ont eux aussi, là où ils étaient fait le boulot. L’affaire Mpondo, meutre scabreux d’un jeune cadre du secteur pétrolier à une époque où le citoyen n’avait même pas le droit de savoir que le pays produisait de l’or noir nous fut racontée par la plume de ce dernier. Depuis l’assassinat en 1979, jusqu’au passage au poteau d’exécution en 1989 de Njomze et Oumbe…
Pleure, ô profession bien aimée, serait-on tenté de dire, en accompagnant cette complainte de ce  » chaque société a les médias qu’elle mérite « , cette saillie peu engageante d’un Alain Minc. Par ces heures où il est surtout question de rendre hommage à un illustre aîné qui a arrêté sa carrière alors que je débutais la mienne, je souligne que La Gazette fut pour toute la presse camerounaise d’essence non étatique, comme ce grain qui comme le disent les Saintes Écritures,  » tombé en terre refuse de mourir , il reste seul. « 
Nous sommes tous les enfants de la Gazette!
Haman Mana »
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