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Les historiens camerounais sont actuellement sous pression

La Commission Macron les accule à un choix cornélien entre Histoire et Mémoire. Les deux objets partagent le souci d'actualisation…

La Commission Macron les accule à un choix cornélien entre Histoire et Mémoire.

Les deux objets partagent le souci d’actualisation du passé, que celui-ci soit proche ou lointain, mais ils ne vont pas toujours de pair. L’histoire a pour caractéristique principale la compréhension du passé, le but en étant la libération du présent. La tâche historique s’exécute par des enquêtes scientifiques de terrain, des recherches documentaires et le traitement des données dans le secret des laboratoires.

Les résultats de l’histoire (quel que soit le lieu où elle s’est déroulée) s’adressent à l’ensemble de l’humanité. Ceci explique le souci de rigueur et d’objectivité du travail de l’histoire. C’est en cela que l’histoire de l’Egypte antique me parle autant que celle de la Grèce, de la Chine, de Rome, de Sparte, du Mali ou du Zimbabwe.

Par contre, la mémoire, elle, a une dimension plus subjective et s’adresse à un peuple ou à un groupe de peuples particuliers (Juifs, Tutsi, Noirs, etc.). Voilà pourquoi la mémoire soulève tant de passions, car elle a pour fonction d’entretenir le poids du passé sur le présent. Là est la fonction des mémoriaux dans des pays comme le Rwanda.

A l’époque où j’y travaillais sur la question du génocide, j’avais observé un phénomène récurrent : chaque année, à l’approche du 6 avril (date du début du génocide de 1994), une hystérie collective s’emparait de l’ensemble du pays. Celle-ci pouvait durer des jours, voire des semaines ; et la tâche des psychologues et des psychiatres était particulièrement difficile, compte tenu de l’afflux des patients dans les rares formations hospitalières de ce pays par ailleurs dépourvu à l’époque de praticiens (psychologues, psychiatres) qualifiés.

Sans dévoiler un secret professionnel, je puis dire que le souhait de quelques experts internationaux que nous étions était d’enterrer au plus vite les victimes atrocement mutilées, l’oubli étant une fonction vitale de la psychologie et de l’histoire humaines.

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