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Cameroun : allons-nous vers une augmentation des prix du carburant et du gaz domestique en 2024?

Le Cameroun s'apprête à importer 660.000 tonnes de produits pétroliers au 4e trimestre 2023 pour approvisionner son marché. Le gasoil…

Le Cameroun s’apprête à importer 660.000 tonnes de produits pétroliers au 4e trimestre 2023 pour approvisionner son marché.

Le gasoil représente 54,6% des besoins et le Super et le kérosène 45,4%. Cette importation est en hausse de 9.000 tonnes comparée à la même période en 2022. L’augmentation des importations des produits pétroliers au moment où cette année le prix du baril de pétrole coûte relativement moins cher ne pose aucun problème  en soit pour le consommateur ainsi que sur l’enveloppe de subvention prévue pour l’exercice budgétaire 2023.

Selon l’expert en mines et pétrole, Dr Youmssi Bareja, nous sommes dans une période post Covid ou toutes les économies sont en pleine croissance, tous les indicateurs sont au vert malgré la guerre en Ukraine qui continue ainsi que des perturbations dans certaines chaînes d’approvisionnements, à l’instar de la sortie de Russie de l’accord si l’exportation du blé Ukrainien.

Le prix du baril de pétrole qui impacte généralement et directement sur les enveloppes de subvention reste dans les limites fixées par les économistes  c’est à dire en dessous de 90 dollars par baril. Qu’à cela ne tienne, tous ces indicateurs positifs ne doivent pas faire perdre de vue la politique du gouvernement camerounais qui consiste à réduire le volume de l’enveloppe dédiée à la subvention dictée par le FMI.

Au cours de l’exercice 2024, l’enveloppe allouée aux transferts et subventions devrait connaître une diminution partant de 1 172,8 milliards de Fcfa en 2023 pour s’établir à 1 033,2 soit une baisse de 139,5 milliards (-11,9%). Selon le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2024-2026, cette régression projetée est principalement attribuée à la dotation dédiée au soutien du prix du carburant à la pompe. Celle-ci devrait passer de 453,3 milliards en 2023 à 200 milliards de Fcfa en 2024 soit une chute de 253,3 milliards de Fcfa en valeur absolue et 55, 8% en valeur relative.

Le document produit par la Direction générale du Budget logée au ministère des Finances (Minfi) anticipe cette diminution des subventions par : « les effets conjugués de la baisse des cours mondiaux et du relèvement des prix à la pompe ». Ces prévisions du gouvernement s’inscrivent dès lors, en droite ligne avec une récente analyse de l’agence de notation financière américaine Fitch Ratings dans laquelle,  elle annonçait une nouvelle hausse des prix à la pompe au Cameroun et plus globalement, le taux d’inflation.

En effet, cette dernière indiquait que les subventions aux carburants, passées de 700 milliards de Fcfa en 2022 à 453,3 milliards de Fcfa en 2023, vont poursuivre leur tendance baissière au prochain exercice.A noter que la baisse des subventions en 2023 s’est traduite par l’ajustement des prix à la pompe. Ainsi, depuis le 1er février, le prix du litre de super est passé de 630 Fcfa à 730 Fcfa (+15,8%)  et le gasoil à 720 Fcfa le litre contre 575 Fcfa avant (+25,2%).

De l’autre côté, même s’il ne s’appesantit pas sur les mécanismes à implémenter, l’Etat entend tout de même procéder à la réhabilitation et à la modernisation de la Société nationale de raffinage (Sonara) qui avait été victime d’un violent incendie en mai 2019 (un accord vient  d’être signé par le Cameroun lors du sommet Russie -Afrique sur sa reconstruction par une compagnie Russe). Le but étant de réduire la facture des importations de plus en plus croissantes. Pour preuve, d’après les données de l’Institut national de la statistique (INS), le Cameroun a dépensé 692 milliards de Fcfa (+65%) pour l’achat des carburants et lubrifiants  de l’étranger à fin septembre 2022.

Dans la même veine, l’on apprend qu’une provision de 20 milliards a été prévue pour le soutien du prix du gaz. On se souvient qu’en 2022, le pays avait débloqué 75 milliards de Fcfa pour les mêmes fins. C’est-à dire que la subvention du prix du gaz entre les deux exercices aura connu une chute de 55 milliards de Fcfa (-73,3%). Des chiffrent qui n’excluent non plus une hausse du prix du gaz dans les jours à venir

Recommandations du FMI

Il convient de souligner que le Cameroun ne fait que s’aligner aux recommandations du Fonds monétaire international(FMI), l’un des principaux bailleurs de fonds qui s’oppose au financement des produits consommés par la population. «Le FMI ne s’embarrasse pas de diplomatie pour faire savoir au gouvernement que les subventions actuelles plombent la réalisation et l’atteinte des objectifs qu’il se fixe et surtout l’évolution sereine du programme économique et financier qu’il a conclu en juillet 2021 et qui va lui permettre de capter d’importants appuis budgétaires», indiquait tout courroucer l’institution de Bretton Wood en juin 2022.

C’est dire qu’à long terme, l’objectif du FMI est de supprimer complètement les dépenses ayant trait aux subventions des carburants dans l’optique de créer un espace budgétaire pour financer les investissements productifs et les dépenses sociales. «Les subventions sont mal ciblées en ce qui concerne les couches vulnérables, et ont un effet d’éviction sur les dépenses prioritaires. A titre d’illustration, les subventions aux prix des produits pétroliers représentent six fois le budget alloué à l’agriculture, quatre fois celui de la santé et plus de trois fois celui de l’énergie et de l’eau», relevait l’institution au lendemain de hausse des prix à la pompe au Cameroun en février dernier.

Donc il faut s’attendre à l’augmentation des prix à la pompe en 2024 d’une valeur ne dépasse pas les 100 Fcfa par litre et le même scénario se produira en 2025 ; au finish selon les projections le prix du litre de carburant à la pompe se fixera autour  de 930 Fcfa le litre d’ici 2025.

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