Dans son discours d’ouverture de la session parlementaire ce 05 mars, Laurentine Koa Fegue, veuve Mbede fait le bilan à 12 mois de la fin du mandat des députés. Selon le plus âgé des membres de l’Assemblée nationale, les députés « pouvaient mieux faire » en 48 mois. Voici l’intégralité de son discours.
« − Excellences,
− Honorables Députés et chers collègues,
− Mesdames et Messieurs,
Ils ont encore frappé.
Et au cœur de ce que la nation a de plus cher : sa Jeunesse. Quel crime ignoble, que celui perpétré contre des jeunes camerounais à NKAMBE dans la Région du Nord-Ouest, le 11 Février dernier en pleine célébration de la fête de la jeunesse. Nos enfants ne demandaient qu’à s’exprimer et en retour, à être encouragés en ce jour à eux dédié par la République.
The so-called separatists – what can I say? These bloodthirsty terrorists couldn’t think of anything better than to disrupt the peace and quietness, the festivities and the solemnity of the day, by shooting at the young people parading in the festival square. The result: one dead and some forty seriously injured. It’s not so much the death toll that’s important. But the act committed, the timing and the target are all facts that point to the seriousness of this attack.
On behalf of all the Members of Parliament gathered here today, I say no! Once again, enough is enough!!! Enough is Enough! In the name of all mothers, I condemn and denounce with the utmost energy. I say and affirm that shooting children, in such circumstances is inhuman, unacceptable and absolutely criminal.
Aux parents de la jeune Cherish Lemnyuy, élève en classe de 3eme qui a perdu la vie suite à cette barbarie, j’adresse les sincères condoléances de la Représentation Nationale.
Des condoléances que j’adresse également à la famille de l’Honorable ALI MAMOUDA, notre collègue décédé en Inde le 15 Janvier 2024, des suites de maladie. Député RDPC de Bénoué-ouest, le défunt était à son 2éme mandat dans cet hémicycle.
− Excellences,
− Honorables Députés,
− Mesdames et Messieurs
Vous voudrez bien vous lever afin d’honorer la mémoire des défunts en observant une minute de silence.
Silence
− Monsieur le Doyen d’Age du Sénat ;
− Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
− Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
− Monsieur le Président du Conseil Constitutionnel ;
− Monsieur le Premier Président de la Cour Suprême ;
− Monsieur le Procureur Général près ladite Cour ;
− Excellences Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique ;
− Mesdames et Messieurs les Parlementaires et Chers Collègues ;
− Distingués Membres de la Société Civile ;
− Chers invités,
− Mesdames et Messieurs,
Une fois n’est pas coutume. Nous sommes habitués, nous les Députés à interpeler les autres. Rarement et même jamais, nous n’avons pris le temps de faire notre introspection, c’est-à-dire notre propre examen de conscience. En ma qualité de Doyenne d’Age et sans prétention aucune, de m’ériger en donneuse de leçons, c’est à cet exercice que je voudrais vous convier ce jour.
En effet, démarrée en mars 2020 à l’occasion de la session de plein droit, au lendemain des élections du 9 Février 2020, la législature en cours, la 10ème du genre pour cette Chambre, cette législature s’achève en principe au début de l’année 2025.
A tout prendre, il nous reste quelques douze mois de vie dans cet hémicycle après les 48 que nous avons déjà passés ensemble. Un regard rétrospectif sur le temps écoulé m’amène à me poser la question suivante : qu’avons-nous fait de ces 48 mois de notre mandature ? Avons-nous tous été réellement à la hauteur de la confiance placée en nous par les camerounaises et les camerounais ? Je peux me tromper, mais la mention d’ensemble serait : pouvait mieux faire.
Sans vouloir mettre tous les œufs dans un même panier, il nous a été loisible de constater qu’au-delà de l’inertie des uns, d’autres beaucoup plus, se sont abimés dans des comportements tels que l’intrigue, la délation, les dénonciations calomnieuses souvent par réseaux sociaux interposés, les guerres de positionnement, l’affairisme et la recherche effréné de l’argent. L’absentéisme à l’hémicycle. Oui l’absentéisme !! C’est au forceps que nous atteignions parfois le quorum requis pour la tenue de nos séances.
Pendant ce temps, nos villes se mouraient et se meurent encore, étouffées par des montagnes d’immondices ; les routes des mêmes villes et de l’arrière-pays, se sont transformées en de véritables tombeaux ; la corruption a continué de gangrener le service public. Les coupures intempestives d’électricité, une catastrophe énergétique. Les maladies hydriques ont gagné du terrain faute d’une eau potable en quantité suffisante. La majorité de nos Centres de Santé continuent d’être malades, malades de l’insuffisance du personnel, des médicaments et de la médiocre qualité des plateaux techniques.
Que dire de l’enseignement ? Le secondaire par exemple ressemble à un bateau à la dérive. Les seigneurs de la craie, loin des salles de classe, battent plus le pavé, proclamant une kyrielle de revendications qui, malheureusement, restent sans solutions pour la plupart, malgré les fermes instructions de la Très Haute Hiérarchie. La violence et la drogue ont élu domicile dans les campus scolaires. Quant aux campus universitaires, la rigueur au travail et la discipline laissent à désirer. Le laxisme dans bien des cas, y a définitivement fait son lit.
Autre phénomène, la fuite des cerveaux. A leurs risques et périls, beaucoup de nos jeunes quittent le pays afin d’aller chercher fortune ailleurs, notamment en occident et dans d’autres destinations très prisées en ce moment. Il faut le dire, nous restons impuissants devant ce phénomène. Sur un tout autre plan, je voudrais reconnaître les efforts de notre Gouvernement face à la conjoncture. J’encourage particulièrement les opérations coups de poing du Ministère en charge du Commerce afin de contenir l’inflation, de lutter contre la vie chère et les pénuries. Il n’en demeure pas moins que le panier de la ménagère a continué de subir des délestages.
Excusez du peu, car j’en oublie surement.
Honorables Députés,
À notre actif, nous avons voté des lois. De bonnes lois, j’en suis convaincue. Nous avons contrôlé l’action Gouvernementale à travers de pertinentes questions orales. Nous avons débattu d’importantes et intéressantes thématiques dans le cadre des activités des différents réseaux des parlementaires. Mais, 48 mois durant, nous sommes nous véritablement préoccupés des questions que je viens d’énumérer et qui pourtant touchent au quotidien de nos électrices et électeurs ? Avons-nous efficacement pris à cœur leurs intérêts que nous sommes supposés défendre dans cet hémicycle ? Sommes-nous allés suffisamment plus loin, au besoin, au contact des autorités en charge de ces questions ? Qui empêcherait, mais alors qui oserait empêcher un groupe d’Elus d’aller frapper à la porte de ces autorités pour s’enquérir d’une situation donnée afin de susciter une action ?
Encore 12 mois, certainement moins, à passer dans cette chambre. Pouvons-nous réussir le tour de force de redorer notre blason pendant ce laps de temps. Et pourtant il le faut. Je vous y engage d’ailleurs afin qu’au bout du compte, ceux de la 10ème législature qui auront raté le train de la 11ème et ceux qui y seront, anciens et nouveaux, tous mus par le même élan patriotique, qu’ils ressentent cette fierté d’avoir laissé ou d’être au sein d’une institution débout, stable, solide, auréolée de tout son prestige et logée dans le nouveau siège offert par le Président de la République, Son Excellence Monsieur Paul BIYA, avec l’aide de l’ami de toujours, la République Populaire de Chine.
Mesdames et Messieurs,
Pour terminer, je voudrais à présent m’adresser aux collaborateurs de l’Assemblée Nationale.
Chers collaborateurs,
Il n’y a pas d’institution parlementaire viable sans l’appui des femmes et des hommes de valeur que vous êtes, quels que soient les niveaux des uns et des autres. Elus et collaborateurs sont ainsi unis pour la même cause. Malgré les vicissitudes, vous aimez d’abord ce que vous faites.
− Excellences,
− Honorables Députés, mes chers collègues,
− Chers collaborateurs,
− Mesdames et Messieurs
Qui aime bien, châtie bien. J’ai été dure à certains moments de mon propos. Mais je vous sais gré de m’avoir écoutée.
Sur ce, je déclare ouverts les travaux de la première Session Ordinaire de notre Chambre pour l’année législative 2024
− Vive l’Assemblée Nationale ;
− Vive Son Excellence Monsieur Paul BIYA, Président de République, Chef de l’Etat ;
− Pour que vive le Cameroun notre cher et beau pays.
Je vous remercie »